GoldMoney a été repris par
un service de Bitcoin / or qui s’appelle BitGold.
Quel est le point
de vue de BullionVault ?
« Beaucoup d’investisseurs dans l’or auront
été surpris par l’annonce faite la semaine passée du rachat par BitGold de
l’un de nos concurrents, GoldMoney »..
D’un point de vue personnel,
je suis ravi pour James Turk, le fondateur et guide de GoldMoney, qui était
déjà en retraite et avec qui j’ai participé à plusieurs événements et
déjeuners. Mais le rachat a un nombre d’aspects qui demandent absolument à
être commentés.
Les données de
GoldMoney.
L’entreprise que je dirige,
BullionVault, publie ses résultats audités chaque année. GoldMoney ne l’a
jamais fait, et cela montre une fois de plus pourquoi la transparence est
profondément saine.
A 00H41 samedi matin, heures
de Londres (après la clôture de la bourse de Toronto vendredi soir), l’historique récent du négoce de GoldMoney a été
discrètement publié par BitGold. Cette société a dû indiquer au marché des
actions ce qu’elle avait acheté. Les résultats font peur.
- Les ventes
de GoldMoney ont chuté – de 78,7% sur trois ans.
- L’entreprise
a perdu 9,4 millions de livres sterling (13,16 M€) en seulement un an
(2014).
- Ses actifs
nets ont reculé de 25,4 à 13,1 millions de livres (soit de 35,56 à 18,34
M€) entre 2013 et 2015.
- A la fin de
son année fiscale en mars 2015, l’entreprise enregistre encore des
pertes.
La première chose que nous
devrions comprendre est comment GoldMoney a perdu autant d’argent en 2014. La
réponse est probablement un ensemble de choses, mais surtout ils ont utilisé
leur gestion pour spéculer sur les cours de l’or. Ou dans un langage
spécifique aux annonces des entreprises :
« Les profits (et
pertes) pour l’année fiscale incluent certains gains et pertes sur des
inventaires non protégés de métaux, ce qui n’est pas une activité récurrente
pour BitGold. »
Combien exactement a été
perdu, cela n’a pas été dévoilé, mais ce sera un soulagement pour les
actionnaires de BitGold que cette partie des pertes peut être endiguée en
éliminant l’aspect spéculatif des politiques de l’entreprise.
Le stockage de l’or
Ce qui est plus important pour
les nouveaux et potentiels clients de BitGold est que BitGold continue de
promouvoir un modèle économique qui offre un stockage d’or gratuit.
Le stockage est l’un des coûts
les plus importants pour un service substantiel d’or en coffre, et le coût
doit sûrement être recoupé pour une jeune et fragile entreprise.
BitGold offre certainement un
stockage en coffre « gratuit ». Mais c’est seulement parce que
BitGold était, jusqu’à présent, si minuscule. L’entreprise n’avait qu’un
quart de tonnes d’or en coffres, donc elle a pu supporter les coûts de
stockage insignifiants jusqu’ici.
GoldMoney, d’un autre côté, gère 870 tonnes d’or et d’argent, qui appartiennent à ses
clients. Stocker et assurer une telle quantité de métaux dans un coffre-fort
d’une tierce partie arrache un morceau du budget mensuel, et BitGold n’est
simplement pas une entreprise viable si elle offre le stockage et l’assurance
gratuite pour tout l’or et l’argent.
BitGold le sait. Après une
clarification lors de la conférence téléphonique qui a suivi l’accord, il
semble que BitGold n’offrira pas aux nouveaux clients de GoldMoney le
stockage gratuit de l’or et de l’argent. Donc cette partie de la proposition
publiée sur leur site internet va probablement être supprimée, ou
possiblement retirée pour les utilisateurs de GoldMoney. Ce n’est pas encore
entièrement clair.
Sans le stockage gratuit le
trading qu’offre BitGold n’est pas spécialement attractif. 2% aller-retour en
plus ? C’est à peine impressionnant sur un marché aussi compétitif.
Réductions des fonds
de roulement
Cependant, selon moi, l’aspect
le moins attractif de l’accord est que les fonds de roulement dans
l’entreprise ont été retirés, laissant GoldMoney opérer avec des protections
financières beaucoup plus minces qu’elles ne l’ont été – depuis leurs pertes
significatives.
Après avoir perdu la moitié de
ses actifs nets en trois ans – en baisse de 25,4 à 13,1 millions de livres
sterling, tout sauf trois
millions de dollars (2 M£) des 13 millions de livres restant du capital de
GoldMoney sont maintenant payés aux actionnaires. Cela fait 11,1 millions de
livres qui sortent de l’entreprise. Ce ne sont pas des pertes, mais une
« distribution spéciale » aux actionnaires de GoldMoney.
Ce qui reste, juste deux
millions de livres sterling (2,80 m€), sera ajouté aux liquidités nettes de
BitGold. C’est comme cela qu’ils arrivent à des fonds de roulement après
l’accord de 12,5 millions de dollars canadiens (9,18 M€).
Mais même quand (si) leurs
souscription sont exercées, amenant 5,5 millions de dollars canadiens en plus
(4 M€), cela ne fait que 18 millions de dollars canadiens de fonds de
roulement (environ 13 M€).
Au lieu de combiner une force
financière pour que les deux entités avancent de concert, l’effet du retrait
des actifs de GoldMoney est de réduire les capitaux tampons de 20,5 à 9
millions de livres sterling pour les deux entreprises. Avec 870 tonnes de
métaux à gérer, et les projets audacieux d’investissement et d’expansion de
BitGold, l’affaire est sérieusement légère en capitaux.
Les projets
d’expansion de BitGold
Les projets d’expansion de
BitGold méritent l’attention. BitGold est une nouvelle « entreprise de
technologie internet au stade de développement » (voir BitGold: Listing Application, TSX Venture Exchange, 8 Mai
2015) avec une remarquable cote des actions.
Son PDG, Roy Sebag, a amené
avec lui un enthousiasme louable pour l’or et les bitcoins, et des tonnes de
talent financier, mais son entreprise semble projeter d’offrir un amalgame
des trois idées. L’une d’entre elles est réalisée depuis longtemps moins
chère ailleurs, par des sociétés avec une base beaucoup plus solide que ce
qu’il peut offrir. Et deux autres idées ont déjà échoué.
- BitGold vous
offre la chance d’acheter et de posséder l’or. Selon le site de BitGold,
le coût net aller-retour pour l’or est de 2%. Cela n’est pas une valeur
exceptionnelle. L’aller-retour de BullionVault est de 1%, et cela se
réduire rapidement au-delà de 75 000 dollars (je connais encore mal la
proposition des frais de stockage de BitGold et comment cela
fonctionnera pour les utilisateurs de GoldMoney sur le long terme).
- BitGold
s’attend aussi à ce que vous utilisiez le service pour négocier de l’or,
des devises et des bitcoins. Le problème avec cette idée de négoce est
que cela a été essayé très récemment par Netagio (alors filiale de
GoldMoney) et cela a échoué. Nous les propriétaires d’or sommes un peu
des dinosaures. Et après quatre mois, Netagio a reçu peu d’intérêt de la
part des clients. Originellement financé par GoldMoney et lancé à l’été 2014, le service a fermé discrètement en février 2015.
- Enfin,
BitGold estime que vous allez choisir de faire des paiements soutenus
par une réserve d’or, et même faire du shopping avec un carte Visa
spéciale. Les deux diminueront votre stock d’or à mesure que vous
dépensez. GoldMoney a essayé, elle-même, d’offrir une fonction de
paiement avec l’or, et a laissé tomber quand ils ont fait face à la
pratique de la loi de Gresham qui dit que « la mauvaise monnaie
fait sortir la bonne » [de la circulation].
Ce que dit la loi de Gresham
est que ce sera une longue lutte en amont de persuader les gens qu’à la fois
a) l’or est meilleur que les dollars (ou les bitcoins) pour stocker la valeur
de votre épargne et b) qu’une fois que vous êtes finalement d’accord, et avez
acheté de l’or, vous devriez le dépenser ! C’est une contradiction. En
plus de cela, il semble y avoir des frais additionnels de 2% si vous utilisez
votre carte Visa BitGold. Est-ce vraiment ce que veulent les épargnants en
or ?
Roy Sebag a indiqué lors de la
conférence téléphonique qu’il pense que la barrière pour l’adoption des idées
de paiement de GoldMoney était technologique. J’en doute. Et James Turk
n’aura pas oublié ce que son équipe à GoldMoney a écrit à ces clients à ce
sujet en décembre 2011 :
« Cher
utilisateur,
…
nous avons décidé de suspendre les services suivants jusqu’à nouvel ordre
avec effet en date du 21 janvier 2012 :
· Le service pour faire et recevoir des
paiements en métaux or de et vers un autre client de GoldMoney.
· Le service de conversion directe entre
les différentes devises.
Notre
recherche a montré que l’utilisation des paiements en métaux de nos clients
et des services de conversion de devises ne sont pas significatifs et que
nous estimons que la suppression de ces services ne sera pas un inconvénient
pour la majorité de nos clients. »
Réserves d’or et
systèmes de paiement
Je soutiens entièrement la
suspension des services de paiement de GoldMoney en 2011 car je n’ai jamais
aimé lier des stocks d’or en coffre à des services de paiements.
Permettez-moi d’expliquer.
Peu de gens laissent 50 000
dollars US (la taille d’un compte normal de GoldMoney) dans leur compte
courant ou chèque. La plupart ne se sentiront pas confortable à l’idée de
laisser une telle somme d’argent dans un endroit où il est relativement
facile de payer quelqu’un d’autre. Mais BitGold essaie de laisser ou
encourager les détenteurs de compte GoldMoney de faire des paiements. Pour
BitGold, c’est l’idée de cet accord de rachat.
Mais il est peu raisonnable de
supposer que personne ne trouvera jamais les mots de passe de BitGold. Une
politique bien meilleure serait de supposer que les mots de passe seront
découverts mais que l’argent reste en sécurité.
C’est pourquoi les paiements
vers d’autres personnes sont interdits par BullionVault. La monnaie (ou l’or)
qui existe dans un compte BullionVault ne peut que retourner vers la source
des fonds, ce qui veut dire que si quelqu’un trouve les mots de passe et
pirate le compte (ce qui déclenchera une alarme anti vol sur votre téléphone)
le pire qu’ils puissent faire sera de vendre votre or au prix actuel du
marché et d’envoyer les recettes vers la source des fonds.
Selon moi, aucune réserve d’or
substantielle ne devrait être connectée à un système de paiements diverses,
et encore moins qui soit irréversible et anonyme, comme le sont les bitcoins.
Ce n’est pas très fiable.
La synergie GoldMoney
/ BitGold
A la conférence de mardi, Roy
Sebag a indiqué pourquoi il reprenait GoldMoney. Et il est parfaitement
logique, en se basant sur ce qu’il sait. Il cherche une masse critique pour
les effets de réseau qui sont nécessaires pour démarrer le système de
paiements BitGold.
Mais pour les raisons que j’ai
expliquées je pense qu’il ne trouvera pas plus d’enthousiasme pour les
paiements en or et bitcoins parmi les utilisateurs de GoldMoney qu’avait
trouvé James en 2011 et 2014, ou en effet que je trouverai parmi les
utilisateurs de BullionVault. La question importante devient alors de combien
de ses ressources limitées BitGold utilisera pour transformer les pertes de
GoldMoney en profits, si cela n’offre pas les récompenses qu’il anticipe.
Nous verrons.
BullionVault
Si vous êtes un client de
GoldMoney souvenez-vous que BullionVault et GoldMoney ont offert un service
similaire. Nous opérons de façon très similaire, bien qu’il semble que
BullionVault ait, au moins depuis quelques années, été l’organisation la plus
prudente. Nous étions autrefois de taille similaire. BullionVault a
maintenant trois fois le fond de roulement de 27 millions de livres (37,83
M€) que BitGold propose pour l’entièreté de son organisation (9,5 millions de
livres).
Rien n’a changé chez
BullionVault. Nous avons toujours été plus transparents que GoldMoney. Nos comptes audités ont toujours été publié sur notre site.
Nos audits
quotidiens ont toujours prouvé à nos clients quotidiennement que leur or
est bien là dans le coffre-fort. Les prix que
vous payez sont toujours considérés comme plus bas que ce que vous payez
chez GoldMoney. J’estime que ces raisons font que ces 36 dernières mois notre
entreprise s’est développée régulièrement par rapport à GoldMoney et ce de 1%
par mois, et c’est pourquoi nous sommes environ un tiers plus important que
GoldMoney en tout.
L’original de l’article ainsi
qu’un tableau comparatif est disponible sur la version anglaise de GoldNews.
Paul Tustain
CEO BullionVault
|