Depuis l’arrivée au pouvoir du premier ministre Andreas
Papandreou en 1981, la Grèce s’est illustrée comme un modèle
d’irresponsabilité budgétaire. Pensez donc : l’État grec a eu un déficit
budgétaire moyen de 8,7% du PIB du pays entre 1981 et 1999.
Aspirant à aider le « berceau de la
démocratie », les capitales européennes ont oublié toute prudence (et
jusqu’aux normes juridiques et financières de l’Union) lorsqu’elles ont permis
à la Grèce de rejoindre l’Union européenne en 1981 et l’Union économique et
monétaire en 2001.
La folle politique budgétaire grecque continue donc. En
2009, l’État grec enregistre un déficit budgétaire de 15,6% et une dette
publique égale à 127% du PIB du pays. En 2010, lorsqu’il devient apparent que
la situation du déficit est encore pire que ce qui est admis officiellement,
l’État grec perd la confiance des investisseurs étrangers.
Si vous êtes un jour à la tête d’un État en situation de
détresse financière, il faut savoir qu’en général, on essaie de résoudre le
problème en deux étapes.
Première étape : le pays en
difficulté doit réduire son déficit budgétaire afin que ses finances
publiques redeviennent soutenables.
Deuxième étape : le pays fait
de grandes réformes afin de faire en sorte que la croissance économique soit
libérée.
Ce qu’il faut faire : la Lettonie
Comme la Grèce, la Lettonie a connu une grave crise
financière. Mais elle a été sérieuse dans la gestion de cette crise et elle
en est maintenant sortie. La Grèce, elle, n’a pas été sérieuse et est encore
en pleine crise.
Première étape : s’attaquer au déficit
En septembre 2008, il devient apparent que la Lettonie se
dirige vers un déficit budgétaire de 18% du PIB en 2009. Le gouvernement
letton réagit à la gravité de la situation. Il corrige le tir en 2009 et 2010
en mettant en œuvre un ajustement budgétaire cumulé de 14,7 points de PIB au
cours de ces deux années. Dès juillet 2009, l’État letton regagne la confiance
des investisseurs qui réinvestissent bientôt dans le pays. Bilan : la
récession lettone n’a duré que deux ans.
Malheureusement pour le peuple grec, le gouvernement
décide à l’inverse de ne pas appliquer la méthode lettone lorsque la crise
grecque éclate en 2010. Alors que celle-ci est pire que la crise lettone, le
gouvernement décide de ne mettre en œuvre qu’un petit ajustement budgétaire
cumulé de 6,6 points de PIB en 2010 et 2011. La tentative de thérapie n’est
pas à la hauteur de la maladie, ce qui exclut toute guérison. Aucune
confiance financière n’est restaurée. La crise continue.
Une manière de réduire le déficit budgétaire d’un État est
de réduire ses dépenses. Et là, sans surprise, le contraste entre la Lettonie
et la Grèce en termes de réduction des dépenses publiques est
particulièrement significatif.
En 2010, en pleine crise, les dépenses publiques grecques
représentent 52% du PIB du pays,44% dans le cas de la Lettonie.
Trois années plus tard, en 2013, la part des dépenses
publiques grecques a augmenté, atteignant 59% du PIB. La Lettonie, elle, a
réduit ce ratio à 36%.
Certes, le gouvernement grec a réduit certaines dépenses
publiques, mais pas suffisamment pour que cela soit visible en terme de
pourcentage du PIB.
La Grèce nous montre le coût social, économique, politique
que l’on doit payer lorsqu’on ne choisit pas un ajustement budgétaire
sérieux.
Deuxième étape : réformer le pays
La Lettonie a fait beaucoup plus que la Grèce en matière
de réformes structurelles.
Dans le classement des pays où il est le plus facile de
faire des affaires établi par la Banque mondiale (Doing Business 2015
),
la Lettonie est à la 23ème place. La Grèce est à la 61ème place. Au sein de l’Union
européenne, seules Chypre et la Croatie font pire que la Grèce.
Récapitulons le cas grec. Des
dépenses publiques excessives « investies » pour contenter les
intérêts des employés publics afin d’assurer une clientèle électorale au
gouvernement grec. Un niveau de taxation parmi les plus élevés en Europe,
décourageant l'investissement des entreprises. Et face à la crise, un
gouvernement qui augmente encore les impôts et ne baisse pas assez les
dépenses publiques. Le tout sans faire de vraies réformes structurelles pour
faire revenir la croissance.
Et l’on s’étonne que la Grèce
soit toujours en crise !
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