Après l’Espagne et l’Irlande, c’est à l’Italie que l’Institut de
l’Entreprise consacre sa dernière note de benchmark.
Contrairement
aux deux autres pays déjà étudiés, l’Italie était dans une situation
économique peu favorable bien avant l’arrivée de la crise de 2008. C’est
« le pays de la zone euro qui a connu la croissance du PIB par habitant
la plus faible entre 1997 et 2007. »
Pour Charles
Trottmann – l’auteur de l’étude – la situation italienne trouve son origine
dans plusieurs facteurs, notamment « un faible investissement dans
l’éducation et l’innovation » ou une démographie défavorable.
Cependant,
trois raisons principales expliquent la dégradation de l’économie transalpine
bien avant l’arrivée de la crise.
Premièrement,
les rigidités du marché du travail. Elles sont telles que le taux d’emploi
italien en 2007 (58,7 %) « était le plus faible de la zone euro
après celui de Malte. » La péninsule connaissait également « une
forte conflictualité des relations de travail », une fiscalité sur le
travail particulièrement élevée (« 46,4 % en 2007, soit 10 points
au-dessus de la moyenne de l’OCDE »), et des modalités peu optimales de
fixation des salaires au niveau des branches plutôt qu’au niveau des
entreprises.
Deuxièmement,
une dette publique élevée, « fruit d’une gestion des finances publiques
laxiste au cours des années 1980 et de la première moitié des années 1990,
avec des déficits publics constamment supérieurs à 10 % de 1981 à
1993. » Il convient cependant de noter que, depuis le milieu des années
1990, l’Italie dégageait des excédents primaires – c’est-à-dire avant le
paiement du service de la dette – de manière constante. Ce qui n’était pas
le cas de la France, par exemple.
Par ailleurs,
contrairement à l’Espagne ou l’Irlande, l’Italie n’a pas connu, avant la
crise, d’accroissement excessif de la dette privée.
Troisièmement,
le poids important des dépenses publiques. Elles représentaient 47,6 %
du PIB en 2007, plaçant l’Italie au-dessus de la moyenne européenne
(45,8 %). La dépense publique italienne était principalement due au
« poids important des ‘services généraux’ », reflet de la
« faible efficience de l’administration italienne », et à celui des
dépenses de retraite.
L’Italie est
touchée singulièrement par la crise de 2008. En effet, contrairement à
l’Espagne ou l’Irlande, elle « n’a été que peu affectée par l’éclatement
de la bulle immobilière et financière ». Par ailleurs, les prix de
l’immobilier sont restés pratiquement stables entre 2007 et 2009
(- 5 %) alors qu’ils baissaient fortement en Irlande
(- 30 %) et en Espagne (- 16 %). Quant au système
bancaire italien, il a traversé « la première phase de la crise, liée
aux subprimes, sans connaître de faillite de grande ampleur. »
L’Italie a, en
revanche, connu, dès le début de la crise, un ralentissement de son activité
économique. « La production industrielle a diminué de 19,2 % entre
2008 et 2009. Parmi les grands pays de la zone euro, l’Italie est ainsi,
après l’Espagne, celui qui a connu la chute la plus rapide et la plus durable
de sa production industrielle au cours de la crise. »
En mai 2011,
les agences de notation mettent le pays sous surveillance. En effet, la
faible activité économique de l’Italie perdure et inquiète ; et les
soubresauts de la vie politique italienne ne sont pas là pour rassurer. C’est
ainsi que les taux à dix ans augmentent fortement au cours de l’année 2011
(7 % en janvier 2012). Tout cela entraîne une perte de confiance des
investisseurs. Les capitaux quittent le territoire italien (70 milliards d’euros
en 2011, 25 en 2012). Les banques, très exposées à la dette souveraine,
connaissent à leur tour des difficultés. Difficultés accentuées par
l’augmentation des créances irrécouvrables. À leur tour, les banques baissent
le volume des prêts aux entreprises et augmentent les taux d’intérêt.
Conséquences
de tout cela :
-
une contraction du
PIB de près de 9 % depuis 2008, contre 1,7 % pour l’ensemble de la
zone euro ;
-
une hausse du
chômage qui est passé de 6,7% en 2008 à 12,2 % en 2013, et même
13,4 % en novembre 2014 (49,3 % pour les jeunes) ;
-
une baisse du
revenu disponible des ménages : - 8 % entre 2007 et 2012
(contre, par exemple, - 3 % en Espagne) ;
-
une augmentation
des dépenses publiques : de 47,6 % du PIB en 2007 à 50,6 % en
2012 ;
-
une aggravation du
déficit public, qui est passé de 1,6 % du PIB en 2007 à 5,4 % en
2009, pour se stabiliser à 3 % en 2012 et 2013. Une augmentation
toutefois modérée au regard d’autres pays, tels l’Espagne ou le
Royaume-Uni ;
-
un accroissement de
la dette publique, qui a atteint 135 % du PIB en 2014 pour devenir la
plus élevée de la zone euro après la dette grecque.
À suivre
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