Le terrorisme
est une véritable plaie pour le peuple car il instille un climat
de peur. Pour mes les gouvernements, la chose n’est pas aussi claire. En
effet, l’ acte terroriste qui a frappé la France a permis à un chef d’État
au plus bas dans les sondages de voir sa cote bondir
soudainement et sans raison, tout en bénéficiant – fait rarissime – du soutien
de l’opposition qui a pu verser dans l’emphase la
plus abjecte après les attentats contre Charlie Hebdo.
La hausse de
la cote de popularité du chef d’État français et de son ministre
des affaires étrangères est même une anomalie quand on analyse la désastreuse
politique étrangère de la France, principalement au Moyen-Orient :
Fabius avait félicité un groupe rebelle syrien, Al-Nosra, dans sa lutte
contre Bachar el-Assad. Ce dernier est effectivement un criminel endurci et
le fait que son régime soit actuellement malmené ne doit pas faire oublier
les exactions
dont il se rend coupable à l’égard de la population.
Toutefois,
est-il pertinent, pour le ministre des affaires étrangères, de prendre parti
pour un des belligérants dans cette guerre ? Que dirait le peuple si la
police française soutenait un caïd contre un autre sans se soucier de
mettre fin aux crimes de chacun d’entre eux ?
La politique
étrangère française au Moyen-Orient a montré ses limites et les groupes
rebelles se sont alors retournés contre la France, en témoignent les
attentats contre Charlie Hebdo.
Aujourd’hui,
la France cherche à réparer son soutien passé aux groupes rebelles syriens en
montrant ses « muscles » contre l’État Islamique. Elle participe
ainsi à la coalition visant à abattre ce groupe terroriste. Sauf que cette
campagne militaire a un coût important pour un budget de la Défense déjà mis
à mal par les récentes guerres au Mali et en Centrafrique. Le contribuable
risque donc de passer à la caisse. Mais ce n’est pas tout…
Face à cette
menace terroriste dont il est indirectement responsable, le gouvernement a
choisi de déployer
10 500 militaires pour protéger les lieux sensibles. Coût de
l’opération : un million d’euros par jour !
Qui plus est,
nous avons pu voir, aux États–Unis,
Après les
attentats contre Charlie Hebdo, l’opposition a succombé à la même tentation
sécuritaire que celle de l’Administration américaine, qui après les attentats
du 11 septembre 2001, avait élargit ses pouvoirs et limité les libertés
individuelles. Le Patriot Act ne devait être qu’une mesure temporaire.
Il est devenu permanent. Valérie Pécresse et plusieurs autres personnalités
de droite ont à leur tour appelé à un Patriot Act à la française.
Manuel Valls n’a pas explicitement rejeté cette idée.
Mais, en
attendant, son gouvernement a préparé toute une série de mesures
liberticides. Se fondant sur le fait que la prise d’otages de l’Hyper Cacher
de la Porte de Vincennes a été alimentée grâce aux paiements en liquide, le
ministre des finances, Michel Sapin, a souhaité exercer un plus grand
contrôle sur les transferts financiers de faibles montants.
Les mesures
annoncées sont les
suivantes :
-
Les paiements en
espèces seront limités à 1 000 euros, contre 3 000 actuellement, à partir du
1er septembre, hors paiements entre particuliers, et à 10 000
euros, contre 15 000 actuellement, pour les non-résidents ;
-
Les retraits et
dépôts d’espèces d’un montant cumulé supérieur à 10 000 euros sur un mois
seront quant à eux signalés automatiquement à Tracfin à partir de janvier
2016 ;
-
Il sera désormais
obligatoire de présenter une pièce d’identité pour toute opération de change supérieure
à 1 000 euros ;
-
Le gel des avoirs
financiers de personnes soupçonnées de terrorisme par la justice sera
désormais possible pour les avoirs immobiliers et mobiliers.
L’ensemble de
ces mesures, et plus particulièrement la dernière, font froid dans le dos
d’un amoureux de la liberté : la présomption d’innocence est piétinée.
Un simple soupçon peut ainsi conduire à la saisie de biens. La France
peut-elle continuer à s’autoproclamer « patrie des droits de
l’homme » ?
En outre,
Michel Sapin ne fait que succomber à la démagogie ambiante : comme le
rappelait une chercheuse de l’ONG, Human Rights Watch, le gouvernement
français dispose,
depuis longtemps, d’importants moyens dans la lutte antiterroriste. De plus,
s’attaquer au paiement en espèces de faible montant parce que des terroristes
ont pu utiliser le paiement en espèces dans leurs opérations est d’un
ridicule consommé. Pourquoi ne pas interdire la voiture parce que certains
ont trouvé la mort suite à des accidents ?
Mais, en
réalité, si Michel Sapin parvient à faire passer des mesures démagogiques et
probablement improductives qui ne feront qu’alourdir le travail, déjà
délicat, de la police et de la magistrature pénale, c’est parce qu’il sait
que le peuple français soutient
des lois et règlements radicaux en la matière.
Il est
peut-être temps de dire que le peuple n’a que les dirigeants qu’il mérite.
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