La vérité sur l'€uro.

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Published : March 13th, 2017
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                          Sommaire.

1. Question n°1 : l’€uro, pour faire quoi.

. L’erreur.

. Ludwig von Mises et la théorie de la monnaie (décennie 1920)

. Les effets de la monnaie.

. La vérité

2. Les coûts cachés.

. Le coût de la situation.

. Le coût de l'échange.

. Le coût de la production de monnaie.

. Remarques.

3. La contrefaçon : le mensonge premier.

. les banquiers.

. les réglementations

4. Question n°2 : l’€uro, comment s’y sont-ils pris.

. La quantité d'€uro.

. Un paquet de réglementations.

. Pas d'innovation.

. Le concept "€uro".

5. Perspective ...

Il est un fait économique incontesté que ce qu'on dénomme "monnaie"(1) aujourd'hui a été inventé par les gens il y a bien longtemps.

(1) "Argent" quand on se moque de la signification des mots, comme c’est le cas en France (cf. ce texte de novembre 2014 ) -

Et il y a consensus sur ce fait …

Mais le consensus disparaît dans l'instant pour répondre à ces deux questions :

- comment s’y sont-ils pris ?

- pour faire quoi ?

Laissons de côté les réponses à ces questions pour transposer ces dernières à ce qu’on dénomme « €uro ».

L’€uro est une "monnaie régionale réglementée" des pays de l’Union européenne, récente à l’échelle de l’histoire (depuis 1999-2002).

Et inversons l’ordre des questions.

1. Question n°1 : l’€uro, pour faire quoi.

Des économistes répondent à la question que la gestion de la quantité d’€uro par les hommes de l’état de la Banque centrale européenne doit promouvoir la croissance économique des pays membres de la "zone €uro".

Mais c’est, d’abord, une attente purement imaginée.

Ensuite, la réalité passée de ce fait a été pour le moins fort discutée (cf. ce texte de janvier 2013 ou celui-ci de mars 2016), mais peu importe.

Peu importe, en particulier, l’évolution passée du prix de l’€uro en dollar des Etats-Unis d’Amérique de 1999 à 2016 qui cache tous les échanges convenus dont il a résulté (cf. graphique ci-dessous).

                                               Tableau

                         Prix de l’€uro en dollar des Etats-Unis.

                                              1999-2016

          Source : https://fred.stlouisfed.org/series/DEXUSEU

Et la perspective que l’€uro perdure pour cette raison, est bien évidemment discutée et discutable.

a. L’erreur.

Reste que nos économistes articulent leur propos sur une erreur qu’il faut dénoncer.

Leur propos voudrait que l’existence et le fonctionnement de l’€uro aient tout à voir avec sa gestion étatique et les prétendus effets favorables de celle-là sur le développement économique.

Il n’en est rien.

Et les controverses vont bon train

Empiriquement et théoriquement, la plus grande confusion règne sur le propos depuis au moins les idées de Keynes (décennie 1930) ou de Friedman (décennie 1960-70) … pour fixer les idées.(2)  

(2) Cf. mon texte d’il y a un an.

b. Ludwig von Mises et la théorie de la monnaie.

Auparavant, au début du XXème siècle, Ludwig von Mises a eu l'occasion de faire le point sur ce qu'on avait dit sur le sujet de la monnaie jusqu'alors, dans un article de journal scientifique de 1917-18 (cf. ce texte de juin 2014) (3).

(3) Soit dit en passant, on ne peut que regretter que les historiens de la pensée économique fassent peu de cas de cet article (cf. Fand D.I. (1970), "A Monetarist Model of the Monetary Process", Journal of Finance, pp. 275-289).

A cette occasion, il a pu remettre en cause l'idée absurde, infligée malgré tout à longueur de temps, que "la monnaie était politique" et qu'elle devait rester monopole privilégié des hommes de l'état - ce propos est d’ailleurs au cœur des défenseurs de l'€uro...-.

Mais les macro économistes sont arrivés dans la décennie 1930 pour enfoncer le clou…

c. Les effets de la monnaie.

Quant à l’idée générale de l’effet qu’aurait la variation de la quantité d’€uro sur la situation économique, elle est un fait récent : c’est, grosso modo, ce qu’en disent les gens de la politique monétaire depuis le XXème siècle qui se fait entendre.

A ce propos controversé de l’effet économique de la variation de la quantité d’€uro, on devrait opposer la proposition sur les divers coûts que l’€uro cache et fait supporter aux gens, qui rejoignent la question générale originelle de l’existence de la monnaie, et dont peu de gens, sinon personne, parlent aujourd’hui (4)

(4) Cf. Menger, 1892.

d. La vérité.

Sans échange, sans besoin ou désir des gens d’échanger au moindre coût (cf. ce texte de novembre 2015), l’€uro n’existerait pas.

Il ne fait pas exception à ce qu’en disait JB. Say dans son Catéchisme, il y a deux siècles :

« Qu’est-ce qu’on entend par un échange ?

Un échange est le troc d’une chose qui appartient à une personne, contre une autre chose qui appartient à une autre personne.

Les ventes et les achats sont-ils des échanges ?

La vente est l’échange que l’on fait de sa marchandise contre une somme de monnaie ; l’achat est l’échange que l’on fait de sa monnaie contre de la marchandise.

Quel but se propose-t-on quand on échange sa marchandise contre une somme de monnaie ?

On se propose d’employer cette monnaie à l’achat d’une autre marchandise ; car la monnaie ne peut servir à aucune autre fin qu’à acheter. » (Say, 1815, p.48)

« Qu’en concluez-vous ?

Que les ventes et les achats ne sont, dans la réalité, que des échanges de produits.

On échange le produit que l’on vend et dont on n’a pas besoin, contre le produit qu’on achète et dont on veut faire usage.

La monnaie n’est pas le but, mais seulement l’intermédiaire des échanges.

Elle entre passagèrement en notre possession quand nous vendons ;

elle en sort quand nous achetons, et va servir à d’autres personnes de la même manière qu’elle nous a servi. » (ibid. p.49)

b. Un intermédiaire récurrent des marchandises (cf. ce texte d'août 2016).

Depuis l'origine, l'€uro a été un intermédiaire récurrent des marchandises et rien d'autres.

Les théories sur quoi des économistes se fondent (si tant est qu'ils aient cette démarche, ce dont on peut douter...) sont fausses car elles procèdent, chacune, d'une causalité non expliquée, le plus souvent non cernée (cf. ce texte de 1928).

Exemplaire a été le livre d'Irving Fisher (1911) intitulé The Purchasing Power of Money (Its Determination and Relation to Credit, Interest, and Crises) (cf. ce texte de décembre 2015) qui a contribué à grand ouvrir l’hérésie actuelle et à quoi personne ne s'est opposée.

En particulier, les "monétaristes" ne s'y sont pas opposés, mais s'y sont moulés (cf. ce fameux texte de Friedman, 1970).

Peu importent les taux d'intérêt des instruments financiers à quoi beaucoup se réfèrent sans raison.

Ceux qui prétendent qu'il existe des "dei ex machina" du genre "quantitative easing process" faisant en sorte que l'augmentation de sa quantité par l'achat d'instruments financiers améliore la situation économique et accroisse, en particulier, l'activité et l'emploi, font fausse route.

L'€uro continuera à exister tant que le coût de l'échange indirect des choses en €uro ne sera pas trop dénaturé par la chimère et jugé "trop élevé" par les gens ... (cf. ce texte de mars 2016).

2. Les coûts cachés.

Qu’on le veuille ou non, à son aube, l’€uro a donné l’impression aux gens d’amoindrir des coûts qui étaient cachés par les monnaies nationales réglementées existantes et qu’ils supportaient.

Et Mises lui-même n'avait pas mis le doigt sur la cause de la (quantité de) monnaie exprimée en termes économiques, à savoir "amoindrir, à la fois, le coût de la situation où chacun se trouve avec insatisfaction, le coût de son action d'échange avec quoi il essaye d'amoindrir ces deux coûts" et le coût de la production de ce qu’on dénomme « monnaie ».

Par la suite, l’€uro a connu des réglementations nouvelles.

Ont été mis en oeuvre

- la "facilité européenne de stabilité financière"  , puis

- le "mécanisme européen de stabilité", traité particulier...

- l’union bancaire,

et ce n'est vraisemblablement pas fini....

Et l’€uro a moins confirmé l’impression initiale qu’il amoindrissait des coûts de la situation économique de chacun, des actes d’échange et de l’intermédiaire des échanges qu’il était.

Si la structure de ces divers coûts actuels venait à se détériorer aux yeux des gens et à inquiéter les espérances qu’ils se forment sur les prix en monnaie des biens économiques titres financiers inclus), il y a fort à parier qu’il disparaîtrait au profit d’un ou plusieurs autres intermédiaires des échanges, inconnus aujourd'hui... (cf. ce texte de novembre 2014).

a. Le coût de la situation économique.

En effet, pour changer la situation économique dont ils ne sont pas satisfaits, pour amoindrir le coût qui lui est donné par chacun, les gens agissent, mènent des actions étant donné à la fois l'abondance des actions qui s'offrent à eux ou qu'ils imaginent, les méthodes et la succession nécessaire des actions économiques l'une après l'autre.

Bref, les actions économiques suivies par les gens visent à améliorer la situation a priori insatisfaisante, la "valeur" donnée à la situation, et à amoindrir son coût, autre "valeur":

… « Bastiat l'avait dit plusieurs fois expressément : c'est dans l'amoindrissement successif de la valeur que le progrès de l'humanité consiste. » (Asser, 1893, p.344)(5)

(5) H.L. Asser, « Frédéric Bastiat et les néo-économistes autrichiens » , Journal des économistes, mars 1893, pp.337-346

Par exemple, une inflation attendue, certes avec incertitude, sinon basse, au moins inférieur à ce que peuvent craindre les gens, satisfait un coût de la situation amoindri.

b. Le coût de l'échange.

Au nombre des actions économiques, il y a, par exemple, l'échange de droits de propriété sur les choses, le commerce avec autrui ou encore la « catallaxie ».

Comme toute action économique, l'échange est coûteux.

Mais ce fait a été en général mis à l'écart par les économistes(6) ou bien ceux-ci ont fait l’hypothèse que le coût de l'échange était nul.

(6) Et des économistes s’en sont inquiétés comme , par exemple, Ulph, A.M. et Ulph, D.T. (1975), "Transaction Costs in General Equilibrium Theory - A Survey", Economica, 168, novembre, pp.355-372).

Ils ont insisté à la place sur les concepts – tout nouveaux au XXème siècle - d’offre et de demande de monnaie.

Il n'en reste pas moins qu'en pratique, dans le passé, les gens ont essayé d'amoindrir le coût de l'échange (cf. ce texte de février 2015), un coût nécessairement inférieur au coût qu’ils donnaient à leur situation, en inventant diverses méthodes.

Exemplaire comme méthode a été la valeur qu'étaient l'"intermédiaire des échanges" et les formes qui lui ont été données (de ce qu'on dénomme "monnaie" au "commissaire-priseur" en passant par l’entrepreneur…).

Le "coût", notion de théorie économique (cf. Marget, 1935 ou Buchanan, 1969), recouvre malheureusement, à la place, des mots de rhétorique "au mauvais sens du mot" comme les incapacités juridiques, techniques ou économiques de chaque personne juridique physique (sigle P.J.P.) pour échanger une marchandise contre une autre.

Il faut voir dans les intermédiaires de l’échange un long processus d'amoindrissement des coûts des actes d'échanges des choses entre les gens dont ceux-ci ont bénéficié et qui utilisaient ses formes au fur et à mesure qu'elles éclosaient.

Ce processus n'est qu'une illustration de la fameuse "loi de l'économie" qui continue à interloquer même les physiciens (cf. Omnès, 1994 et ce texte de juillet 2015).

Le processus d'amoindrissement a déjà connu beaucoup d'étapes depuis son invention attribuée à personne par les historiens, malgré les recherches sur le sujet ...

Les dernières grandes étapes ont donné lieu, dans une majorité de pays, à la "pièce de monnaie", puis s'y sont juxtaposé les "billets en monnaie" et les comptes de dépôts bancaires, rassemblés sous la notion de "substituts de monnaie bancaires".

La notion de "coût des échanges", notion récente dans la théorie économique dominante, est d'ailleurs dénommée faussement "coût de transaction", anglicisme notoire, par certains économistes comme si la transaction n'était pas un moment de tout échange, celui du débat par les parties (cf. Bastiat, 1850, l'échange), sauf bien sûr quand les prix sont supposés imposés par les hommes de l'état ou ce qui est dénommé "concurrence", en vigueur (cf. ce texte d'octobre 2016).

Ce qu'on dénomme "monnaie" n'est plus, en particulier, un élément de la théorie de la valeur, point de départ, hier, de l'économie politique (cf. ce texte de novembre 2015).

Malgré cela, on ne saurait le retrancher en deçà de l'origine de l'économie politique.

La monnaie, valeur de l'économie politique, a, en effet, une origine. Cette origine, c'est le coût des échanges entre les gens.

Le coût est une façon de parler rhétorique "au bon sens du mot" des choses de la réalité comparé aux façons de parler rhétoriques "au mauvais sens du mot", en particulier, dans le domaine de ce qu'on dénomme "monnaie" (où il est question de "fonctions", de "difficultés, de "bonne ou mauvaise monnaie", etc.).

Il faut d'abord être sensible au fait que le coût n'est pas objectif, mais subjectif.

Le coût de la monnaie ne tombe pas du ciel, chacun donne des coûts aux actions qui lui importent au nombre de quoi il y a l'action d'échange et la recherche de son amoindrissement.

Cette origine de la monnaie, ce sont aussi les échanges coûteux des marchandises qu'ils ont menés jusqu'au jour où, dans un lointain passé, leurs aïeux ont cherché à amoindrir le coût de l'échange qu'ils cernaient ou ressentaient et y sont parvenus.

L'homme a en effet inventé l'"intermédiaire de l'échange" pour amoindrir les coûts qu'il cernait ou ressentait dans l'échange.

L'intermédiaire allait de pair avec l'échange indirect et non plus avec l'échange direct ou troc (barter ou swap en anglais).

La monnaie, création de valeur, a eu, en conséquence, des effets économiques bénéfiques autres que l'amoindrissement du coût de l'échange (comme les prix en monnaie, la comptabilité des échanges, le calcul économique, etc.).

Et on peut penser que cela a contribué à ce qu'elle ne disparaisse pas à la suite des malversations dont elle a été l'objet.

« Comment la monnaie sert-elle dans les échanges ?

Elle sert en ceci, que lorsque vous voulez changer le produit qui vous est inutile, contre un autre que vous voulez consommer, il vous est commode, et le plus souvent indispensable de commencer par changer votre produit superflu en cet autre produit appelé monnaie, afin de changer ensuite la monnaie contre la chose qui vous est nécessaire." (Say, op.cit, pp.49-55)

Selon Cournot :

«Dans l'acte de l'échange, comme dans la transmission du mouvement par les machines, il y a des frottements à vaincre, des pertes à subir, des limites que l'on est assujetti à ne point dépasser.[…]

Pour trouver les équations du change, nous admettrons d'abord

- que les frais de change sont inférieurs aux frais de transport, ou

- que le change s'opère sans qu'il y ait un transport réel d'argent, sans que la répartition des métaux précieux entre les places de change cesse d'être la même.» (Cournot, 1838, p.29)

c. Le coût de la production de monnaie.

Les formes ont fait que les coûts de ce qu'on dénomme abusivement "monnaie" aujourd'hui (sigle "C.Q.D.A.M.A.") sont toujours restés "un peu plus" inférieurs ou, à l'extrême, égaux aux coûts des actes d'échange amoindris (cf. ci-dessous).

Il est surtout caché que "CQDAMA" s'explique par les coûts des échanges des gens désireux d'améliorer, chacun, leur situation par le choix de mener l'acte d'échange (cf. ce texte d'avril 2014).

De forme exemplaire de l'intermédiaire des échanges, il y a eu ce qu'on a dénommé "monnaie".

Comparé à l'échange direct impossible et par conséquent jugé trop coûteux, le principe de l'échange indirect, avec monnaie, moins coûteux, conduit à divers résultats: - à des échanges aboutis de marchandises plus nombreux, - à des prix en monnaie des marchandises, - à des quantités de monnaie unitaires convenues, - à une quantité de monnaie totale, - à des gains des échangistes non mesurables, - à des calculs économiques et - à une possibilité de comptabilité pour enregistrer les échanges effectués (à partir de l'unité de la quantité de monnaie, "unité de valeur" prise pour "unité de compte").

Pour autant, des échanges avec monnaie n'aboutissent pas, eux aussi, car ils restent "trop coûteux", mais ils sont moins nombreux que dans le cas du principe de l'échange direct.

L’ont été aussi, en particulier, les formes qui, elles-mêmes, lui ont été données par la suite par les gens.

Pour ne pas remonter trop loin dans le passé, disons les "pièces de monnaie", les "coupures de billets en monnaie bancaires" et les "comptes de dépôt bancaires".

En tant que "valeurs", marchandises, les formes de monnaie avaient, chacune, un coût qui, à la fois résultait de la production et leur était donné par les gens.

Et, à son tour, ce coût de la monnaie ne pouvait qu'être inférieur au coût de l'échange.

La liste des formes de monnaie qui ont perduré, s'est étalée dans le temps.

Peu importent la "monnaie-or" ou "-argent" d'hier ou le "pouvoir d'achat" à quoi certains économistes font référence dans le meilleur des cas.

On peut considérer que cette évolution a concrétisé un amoindrissement progressif tant du coût de la monnaie que du coût de l'échange pour ne pas dire du coût de la situation, autant d'expressions économiques peu utilisées par les théories en vogue.

d. Remarques.

Traditionnellement, les économistes laissent de côté l’étude du coût de la situation économique de chacun au bénéfice de la notion d'équilibre économique général ou de celle d'équilibre macroéconomique.

On ne peut que s’interroger sur ce choix, sauf à supposer qu’ils sont, chacun, à leur optimum.

Longtemps, ils ont fait connaître à la notion de coût de l'échange le sort du coût de la situation.

Ces dernières décennies, sous l'anglicisme "coût de transaction", des économistes français ont sorti sa définition du mutisme ambiant.

Le coût de la monnaie a toujours animé les esprits mais sans que ceux-ci utilisent la notion de coût, ni ne soient capables de le relier au coût de l'échange, voire au coût de la situation.

Le "dada" des politiques et de leurs conseillers, à partir de la décennie 1930, a été néanmoins de vouloir diminuer la cherté de la monnaie (cf. Hicks par exemple) à leur façon, son coût de production.

Et ce fut l’interdiction de la conversion des substituts de monnaie bancaires en monnaie.

3. Le mensonge premier.

Il n'en reste pas moins qu'il ne faut pas oublier que, quelques temps, certes inconnus, après l’invention de ce qui allait devenir « monnaie », il y a donc bien longtemps, les hommes de l'état ont fait valoir que ce qu'on dénommait alors "monnaie" pouvait être l'objet de contrefaçon (cf. par exemple, Say, 1815).

Dans le but de protéger les gens contre la contrefaçon de la « monnaie » , ils ont fait valoir que, selon eux, ils devaient en avoir la maîtrise.

Et il s'ensuivit que, légalement, la "monnaie" fût un monopole privilégié et son emploi ne pût être refusé par les gens.

Il faut savoir qu'hormis les plaisantins d'aujourd'hui, personne n'a jamais donné aux pouvoirs publics le rôle d'avoir créé la monnaie (cf. ce texte de Bettina Bien Greaves, 1999).

Ludwig von Mises s'était chargé de montrer l'écart qui pouvait exister entre ceux qui laissaient à l'homme libre le rôle de cette découverte et ceux qui le situaient chez les pouvoirs publics (cf. le texte).

Contre toute attente, ces éléments de droits de propriété des gens ont été, chaque fois, privilégiés par les hommes de l'état au prétexte de garantir les formes de monnaie et de s'opposer à la contrefaçon.

Ils ont transformé l'invention en privilège de monopole de production de la "pièce de monnaie" ou en privilège de monopole d'émission du "billet en monnaie" pour eux-mêmes.

Et ils n'ont pas hésité à se vautrer dans la contrefaçon. Avec les interdictions de conversion de ces substituts en monnaie-or ou -argent convenues par nos falsificateurs internationalement au XXème siècle, une nouvelle forme est apparue insidieusement au grand dam de certains (cf. ce texte de juillet 2011).

a. Les banquiers.

Quelques siècles plus tard, une fois les "pièces de monnaie" monopolisées, les banquiers leur ont juxtaposé les coupures de billets en papier qu'ils venaient d'inventer.

Même démarche des hommes de l'état qu'antérieurement: il fallait protéger les gens contre la contrefaçon des coupures de billets.

Même méthode: ils ont donné à un banquier privilégié créé pour l'occasion et dénommé "banque centrale" le monopole de l'émission des coupures de billet, les autres banques existantes devenant "banques de second rang" et étant mises sous tutelle de la banque centrale.

C'est ainsi que, dans un premier temps, les "pièces de monnaie" furent battues par le "monopole de frappe privilégié" et que, dans un second, les coupures de billet qui leur ont été juxtaposées, ont vu leur émission "planchée" par la "banque centrale", monopole.

b. Les réglementeurs.

On sait la suite : des contrefaçons publiques monumentales à l'initiative des hommes de l'état (incluant des périodes d'hyperinflation) dont les gens ont été les dindons, jusqu'au XXème siècle où les dernières réglementations en date ont privé ceux-ci de toute liberté monétaire (cf. ce texte de mai 2011).

Et les hommes de l'état n'ont plus fait référence à la protection contre la contrefaçon, mais aux prétendus effets économiques bienfaisants qu'ils imaginaient qu'une "bonne politique monétaire" pourrait développer, idée au moins aussi absurde que la précédente (cf. ce texte de mai 2015).

4. Question n°2 : l’€uro, comment s’y sont-ils pris…

A son origine, l'€uro a été le nom donné à une fusion des "monnaies nationales réglementées" d'une partie des pays de l'Europe géographique, en une nouvelle "monnaie réglementée", régionale cette fois (cf. ce texte d'août 2016).

Mais les "monnaies nationales réglementées" dont il est question et qui nous situaient alors à la fin du XXème siècle, ont peu de choses à voir avec les monnaies antérieures du début de ce siècle à cause des nouvelles réglementations internationales et nationales que les hommes de l'état sont convenus de se donner au cours du siècle, sans doctrine.

Les arguments développés à propos de l'€uro sont en général du même ordre, sans doctrine, de non seulement :

. de son existence,

. des conditions qui ont présidé à son existence et

. des grandes réglementations monétaires antérieures qu'on vient de préciser, mais encore

. des effets à moyen et long termes de ces dernières qu'on peut laisser de côté, sauf à voir dans l'€uro l'un de ces effets.

On ne saurait ne pas souligner, en effet, que l'€uro est le nom donné à une - prétendue - "monnaie" régionale réglementée, obtenue par fusion réglementaire de - prétendues - « monnaies » nationales réglementées, i.e. de systèmes monétaires nationaux, aux termes du traité de Maastricht (1992) et de ses codicilles:

- «prétendue» car si on respectait un minimum le sens des mots, leur sens premier, par simple honnêteté intellectuelle, on devrait parler de « substituts de rien bancaires » pour désigner ce qu'il recouvre et non pas de monnaie, on devrait parler de « monnaies » - monnaies entre guillemets "..." - pour désigner ces prétendues monnaies ;

- « régionale » car son monopole d'émission obligatoire (banque centrale tutelle des banques de second rang) est donné à un organisme à cheval sur plusieurs nations, disposant, chacune, d'un Etat à budget national voté annuellement par ses parlementaires élus par ses citoyens, et, par statuts, indépendant de ceux-ci.

La fusion a été effectuée sur la base des taux de conversion décidés eux-mêmes sur la base de l'observation des prix du marché des changes du moment, d'abord en mai 1998, puis au 31 décembre 1998.

Il a été convenu que s’échangeraient contre 1 €uro :

Allemagne 1.95583 Deutsche Mark,

Autriche 13.7603 Schilling,

Belgique 40.3399 Franc belge,

Espagne 166.386 Peseta espagnole,

Finlande 5.94573 Mark finlandais,

France 6.55957 Franc français,

Grèce 340.750 Drachme,

Irlande 0.787564 Livre irlandaise,

Italie 1936.27 Lire italienne,

Luxembourg 40.3399 Franc Luxembourgeois,

Pays-Bas 2.20371 Florin néerlandais,

Portugal 200.482 Escudo portugais.

Source : O.C.D.E.

Selon certains, l'€uro apparaît ainsi comme un "commun multiple" des prix de ces monnaies nationales réglementées les unes dans les autres, de leurs taux de change, qui présente la caractéristique d'avoir été fixé à l'unité et non pas d'avoir été le "plus petit" selon l'expression arithmétique consacrée .

Les architectes de cette fixation auraient dû savoir qu'elle ne saurait anéantir les actions humaines qui s'étaient harmonisé et avaient conduit à ces prix observables des "monnaies nationales réglementées' les unes dans les autres, variables d'un jour à l'autre.

A fortiori, ils auraient dû s'attendre à ce que ces mêmes actions la missent à bas.

Bref, ils auraient dû renoncer à se lancer dans l'expérience.

Mais au lieu de cela, aujourd'hui, les politiques inventent un discours. Dans le meilleur des cas, ne sont plus en question les taux de change des "monnaies" nationales réglementées d'hier puisqu'ils ont été sinon anéantis, du moins jetés au cachot par leurs soins.

Seuls leurs effets persistent comme, par exemple, l’excédent des exportations sur les importations de l’Allemagne et le déficit des exportations sur les importations de la France…

A la place des actions de vous et moi qui y conduisent aujourd'hui de façon sourde et ignorée, sont en jeu, au premier plan,

- les soldes comptables des budgets des Etats des pays de la zone euro ou bien

- les "compétitivités" des économies de ces pays réduites

* aux "coûts salariaux" nationaux ou, si on préfère l'expression,

* aux "salaires complets" nationaux,

i.e. aux différents prix des marchés du travail nationaux, lesquels ne forment pas un "marché unique" malgré les engagements politiques pris dans le passé (cf. O.C.D.E., décembre 2012 ).

A cet égard, il y a une grande différence à signaler entre - la réglementation instaurée en 1944 par les accords de Bretton-Woods et - la réglementation à quoi a donné lieu le traité de Maastricht (1992):

* avec l'une, les taux de change fixés restaient visibles,

* avec l'autre, ils ont été cachés en étant jetés au cachot.

Avec l'une, on a admis a priori qu'ils pourraient varier si nécessaire (à l'aide du Fonds monétaire international créé pour l'occasion), avec l'autre, on l'a refusé ... a priori et on n'a pas crû bon de créer d'organisme particulier en relation...

Mais c'étaient des voeux pieux.

On sait la suite : les accords de Bretton Woods ont été dénoncés en 1971-73 à cause des réglementations antérieures (à commencer par le F.M.I.), mais le F.M.I. a perduré (cf. ce billet de mars 2009).

Les arguments tenus actuellement sur l'€uro ont comme grande originalité, d'abord, d'être sans relation avec le fait qu'il n'existait pas il y a un siècle, ni il y a un demi siècle, ni même il y a vingt ans...

Est-ce à dire que ce fait nouveau qu'est l'existence de l'€uro est sans importance économique ?

On aurait tendance à le penser à entendre certains commentaires et à lire certains rapports qui n'hésitent pas à mettre de côté cette réalité, à ne pas s'intéresser aux effets économiques de l'existence de l'€uro et à suivre leur idée.

a. La quantité d'€uro.

Certes, l'€uro existe sous des formes traditionnelles (pièce en (alliage de) métal, coupure de billet en papier et dépôt bancaires) et, des formes en quantité - en "masse" comme certains le disent en France ...-, en rendent compte les comptabilités bancaires (cf. par exemple les agrégats monétaires M1 et M2, source : B.C.E.).

En proportion du produit intérieur brut (P.I.B., facteur d'échelle emprunté à la comptabilité nationale) des pays de la zone €uro, on peut parler de "demande unitaire d'euro", demande d'euro par unité de P.I.B. (cf. sources : Eurostat, Capital).

Mais ces existences de formes en quantités variables dont on parle - ainsi que de leurs effets économiques mesurés (par exemple, l'inflation dans la zone €uro et l'emploi tant dans la zone €uro que dans l'Union européenne) - ne sauraient l'emporter en importance économique sur la première, l'existence de l'€uro.

b. Un paquet de réglementations.

L'€uro est le fruit de règles de droit, de réglementations convenues entre les gouvernements des Etats dans la décennie 1990 puis après, qui ont limité encore les règles de droit en matière monétaire, et respectées ou non par la suite.

Au nombre de ces éléments, il y a l'obligation faite à vous et moi de paiements en €uro des échanges et des impôts sur le territoire des pays des Etats de l'euro et le privilège de monopole accordée à un organisme créé pour l'occasion, à savoir la Banque centrale européenne (cf. sa déclaration du 14 décembre 2012).

c. Pas d'innovation.

Bref, l'€uro existe pour cause de réglementations nouvelles de monnaies nationales étatiques, ce qui ne veut pas dire « innovation »...

Et les réglementations antérieures qui limitaient déjà les règles de droit en matière de monnaie ne sauraient être passées sous silence comme si elles n'avaient pas eu d'effet sur ce qu'il est devenu (cf. par exemple ce billet de septembre 2012).

Rien ne justifie de mettre tout cela de côté.

Et il conviendrait toujours de distinguer l'une de l'autre, à savoir: .

la question de l'existence de l'€uro,

. la question de l'existence sous telle ou telle forme,

. la question de l'existence en telle ou telle quantité,

. la question de l'existence du concept "€uro",

. etc.

et d'être sensible au fait que la "théorie de la monnaie" dominante n'explique pas l'existence de la monnaie d'une façon satisfaisante.

d. Le concept "€uro".

S'agissant de l'existence conceptuelle de l'€uro, on peut se demander, en passant, si l'€uro est ... aux choses rondes dans la nature (par exemple, le ballon…) ce que l'amoindrissement des coûts est ... au cercle.

Dès lors qu'on abandonne la rhétorique au mauvais sens du mot qui fait parler de l'"argent" comme de ce qui "facilite les échanges" (cas du discours dominant), il faut reconnaître que le coût des actes d'échange présent que nous choisissons de mener pour améliorer notre situation, est la raison d'être de ce qu'on dénomme "€uro" aujourd'hui.

Il n’a rien à voir avec les taux d’intérêt comme tendent à le faire croire politiques et économistes officiels.

Si le coût des actes d'échange présent est estimé "trop élevé", on n'échange pas, on juge qu’on n'a pas la capacité d'échanger, certains diront qu'"il y a des obstacles ou des barrières" à l’échange, bref, il n'y a pas échange.

A l’opposé, parce que l'existence de l’"€uro" contribue sinon à diminuer des coûts des actes d'échange présent, au moins à les maintenir « peu élevé », on échange, des échanges deviennent possibles, des « biens échangeables », on acquiert la capacité d'échanger, certains diront, en "mauvaise rhétorique", "on abaisse les barrières, on surmonte les obstacles".

Encore faut-il avoir "en stock", i.e. "dans son esprit", en particulier, le concept d'"acte d'échange" de vous et moi et ceux de "coût de l'acte d'échange" et de "coût de la situation" pour le comprendre. Sinon, on est coincé (9).

(9) En écrivant la proposition comparative sur l'€uro et les choses rondes ci-dessus, j’ai fait une allusion implicite à la critique d'un propos de Stuart Mill sur l'existence des objets soutenue par Henri Poincaré au début du XXè siècle (cf. ce billet de mai 2012).

Contrairement à ce qu'a écrit Mill, à savoir qu'en définissant le cercle, on affirmait qu'il y avait des choses rondes dans la nature, Poincaré a expliqué que l'existence du cercle était une considération mathématique et signifiait l'absence de contradiction dans le raisonnement logique, rien d'autre.

Les objets empiriques (au nombre de quoi l'"amoindrissement des coûts") n'étaient pas des objets mathématiques.

Pour cette raison, il faut être réservé sur l'application d'une mathématique à un domaine de la pensée scientifique autre où, en particulier, interviennent des objets empiriques, et a fortiori sur ses interprétations.

5. Perspective ...

Ce qu'on dénomme "€uro" depuis 1999-2002 et que des gens utilisent comme intermédiaire récurrent des échanges indirects, peut-il être considéré comme ayant amoindri une fois encore tous les coûts évoqués?

On peut se poser la question (10) quoiqu'aucun politique, ni économiste officiel, ne l'évoquent jamais.

(10) Cf. ce texte de mai 2015.

Jusqu’à présent, l’€uro a perduré

- non pour les fausses raisons assénées par politiques et économistes officiels, à savoir que l’augmentation de sa quantité favoriserait le développement économique, 

- mais, qu’on le veuille ou non, parce que l’intermédiaire récurrent des échanges indirects à quoi son nom a été donné, a fonctionné : il y a eu amoindrissement des coûts de la situation économique, de l’échange et de l’intermédiaire récurrent des échanges indirects lui-même.

. Que sera l’avenir de l’€uro compte tenu de ces derniers faits ?

Comme on l’a écrit ci-dessus, tout dépendra des espérances de coûts attendues avec incertitude par les gens des genres évoqués (11),

(11) Cf. http://ec.europa.eu/eurostat/tgm/table.do?tab=table&init=1&language=fr&pcode=teicp000&plugin=1

assises sur les propos des prétendus « politiquement indépendants », à savoir les membres du conseil d’administration de la Banque centrale européenne et de leurs actions en matière de crédits dites « politiques conventionnelles » et « politiques non conventionnelles », nouvelle alternative monétaire irraisonnée.(12)

(12) Cf. http://www.ecb.europa.eu/mopo/implement/omo/html/index.en.html .

 

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