A l’heure où j’écris ces lignes,
le marché boursier français (le CAC 40), effectue un grand jeté (avec une
hausse de plus de 4,5%) en réponse à la victoire attendue d’Emmanuel Macron
face au dragon qu’est Marine Le Pen. Mais ce à quoi nous venons d’assister n’était
que le premier tour d’élections dont le système est quelque peu intéressant.
Sachez que deux des candidats à avoir été éliminés, Messieurs Fillon et
Mélenchon, ont obtenus près de 40% des votes. Pouvons-nous être certains de
la direction du vote de leurs électeurs dans deux semaines ?
Je suspecte qu’une majorité des
Américains – même ceux qui suivent Rachel Maddow – s’intéressent tout autant
à la politique française qu’au calcul différentiel. Macron, 39 ans, est une
page vierge. Il a été Ministre des Finances sous le président sortant,
François Hollande, du Parti Socialiste, mais a déclaré au cours de sa
campagne ne pas être un socialiste. Pour lui, ce qui importe est d’être au
service de son pays, une promesse qu’il s’engage à respecter au travers de
son propre parti, En Marche ! Il semble représenter une forme de
continuité en matière d’Union européenne, ce qui le place, à ce moment
crucial, du mauvais côté de l’Histoire – si vous supposez, comme c’est mon
cas, que l’Union européenne est tant truffée de contradictions financières
désespérées et de tensions politiques centrifuges qu’elle ne parviendra plus
à survivre très longtemps.
Et pourtant, ce qui est
compréhensible, les gens ont du mal à changer le système sous lequel ils
vivent. Le Pen veut faire sauter l’Union européenne, et notamment la
bureaucratie de Bruxelles devenue un monstre perpétuel au service de ses
propres intérêts. Faire sauter l’Union européenne signifierait
nécessairement, semble-t-il, la mort de la Banque centrale européenne, et
donc des combines à la Ponzi qui ont permis d’établir un semblant de normalité
malgré un taux de chômage de 10,5% en France et une vague de massacres
publics commis par des djihadistes, certains d’entre eux des réfugiés
radicalisés qui sont entrés sur le territoire européen grâce aux politiques
de l’Union.
Macron pourrait servir les
intérêts du Deep State américain, qui est déterminé à établir une ligne de
division entre l’Europe et un bloc économie Chine-Russie-Iran susceptible de
consolider le commerce dans l’hémisphère oriental. Les Etats-Unis veulent que
l’Occident demeure ce qu’il a été soixante-dix ans durant : le bloc
dominant. Même si les conditions sous-jacentes restaient les mêmes, il y a
peu de chances que ce soit possible.
Et ces conditions sous-jacentes
changent aujourd’hui, d’une manière telle que les manœuvres politiques de l’Occident
ne pourront en altérer la transformation, ou même la comprendre. Les
économies industrielles matures ne pourront plus croître. C’est là la
conséquence directe de la fin de l’énergie peu chère. Malheureusement, l’absence
de croissance ne débouchera pas sur une stagnation, mais sur un effondrement
à mesure que la société échouera à générer suffisamment de nouveau capital
pour rembourser ses dettes.
Nous venons d’assister à une
démonstration particulièrement impressionnante de la part des nations
avancées en termes de jeux financiers désespérés destinés à dissimuler cette
corrosion. Mais la malhonnêteté ambiante devient peu à peu évidente, et le
problème d’une telle malhonnêteté dans les affaires financières est qu’elle
représente quelque chose qui n’est pas réel. Le dynamisme des flux monétaires
par-ci et par-là a permis à cette fiction de régner pendant un temps sur les finances
internationales. Mais ce règne est bientôt terminé. Les politiciens et
économistes se heurteront bientôt à la réalité ultime, qui veut qu’il soit
impossible pour quiconque de créer sa propre vérité.
Peu importe ce que vous pensez
des élections françaises, ou du destin de l’Union européenne, votre opinion
pourrait changer à mesure que le grand effondrement de notre temps se
profilera à l’horizon et forcera les nations de notre monde à faire tout leur
possible pour ne pas tomber à genoux. Cet instant magique pourrait survenir
cette semaine, au retour des vacances de Pâques, quand le Congrès américain
réalisera l’ampleur du problème du plafond de la dette des Etats-Unis. Si la
note de crédit des Etats-Unis était révisée à la baisse, le système monétaire
global s’en trouverait bouleversé. Une déchirure apparaîtrait dans le tissu
spatio-temporel financier, au travers duquel disparaîtront les valeurs
présumées de toutes sortes de choses, pour ne plus jamais réapparaître.