Aux Etats-Unis, les prix de l’immobilier
ont enregistré une reprise hésitante depuis la crise des subprimes. Mais sur
d’autres marchés, comme en Nouvelle-Zélande et au Canada, les achats
frénétiques des nouveaux riches chinois désespérés de pouvoir accumuler du
capital à l’étranger a fait flamber les prix, pour porter le rapport prix de
l’immobilier/revenus jusqu’à des niveaux records. Au Canada, l’indice d’accessibilité
a atteint un record historique de 1,4.
Certaines vulnérabilités ont
fait surface sur le marché boursier : le ratio dette empruntée/solde des
comptes de courtage des emprunteurs a atteint de nouveaux records, ce qui
nous indique que les récents gains sont vulnérables à une vente forcée des
positions à découvert – quand les services de courtage ferment les positions
de leurs clients.
Chose à soulever : la
hausse de la dette des comptes sur marge a retracé la hausse du S&P 500.
Le VIX – une mesure du niveau
attendu de volatilité – a chuté jusqu’à atteindre un bas sur plusieurs
décennies, ce qui suggère que les marchés ont adopté une attitude
complaisante face à l’effondrement à venir. Les ratios de revenus par action
ont désormais atteint des niveaux similaires à ceux enregistrés par la bulle
sur la dot-com.
Une brève observation des
courants d’échange intra-journaliers révèle également des signes de tension :
Maloney, qui reprend les recherches de John Hussman de chez Hussman Funds, l’ancien
professeur de finances de l’Université du Michigan qui a su voir venir la
crise de 2008, explique qu’il a récemment pu observer ce qu’il qualifie d’ «
écarts de fatigue » de plus en plus souvent. Hussman définit un écart de
fatigue comme une ouverture du S&P 500 au moins 0,5% au-dessus de sa
fermeture précédente, alors même qu’il se situe à 2% de son record
historique. Ces écarts montrent que l’offre de capital qui afflue sur le
marché se tarit, et que « plus personne ne souhaite acheter au sommet du
marché ».
Les obligations ont enregistré
un « parfait marché haussier » pendant 36 ans, comme l’explique
Maloney. Mais les modèles historiques suggèrent que le choc à venir le
forcera à prendre fin. Plusieurs décennies durant, les taux d’intérêt ont eu
tendance à passer autant de temps de chaque côté d’un pic. Si cette tendance
se poursuivait, alors le marché haussier des obligations n’en a plus que pour
deux à trois ans. Ce qui nous amène à une autre question importante :
quand l’effondrement se produira, à quoi la situation ressemblera-t-elle ?
Maloney estime que l’effondrement
se développera en deux étapes :
Les
investisseurs prendront d’abord refuge sur le sentiment de sécurité qu’offrent
les marchés des obligations, ce qui les fera temporairement flamber pendant
que les actions et l’immobilier plongeront.
Puis, les trois marchés plongeront
alors que l’effondrement de la dette apportera la fin du système monétaire
basé sur le dollar.
Au XXe siècle, le
paradigme monétaire global s’est trouvé transformé tous les 30 à 50 ans.
Et les transformations des
tendances du marché obligataire séculier tendent à les reproduire. Maloney,
qui recommande de longue date la propriété d’or et d’argent, a révélé avoir
acheté quelques Bitcoins et autres devises cryptographiques. La hausse de la
demande en or orientale a contrebalancé le déclin de la demande des
Etats-Unis. Jusqu’à présent, les excès de capacité du marché américain ont pu
compenser cet écart.
Mais ce déséquilibre se
verra bientôt accru, et le prix de l’or – qui a déjà augmenté depuis le début
de l’année – enregistrera une hausse rapide et soutenue.