Mais si M. Trump acceptait de
travailler avec M. Poutine malgré la longue liste de transgressions russes, qui
commence avec l’annexe de la Crimée et se termine avec l’interférence de la
Russie dans les élections présidentielles américaines de 2016, il pourrait
passer pour faible alors même que M. Poutine pourra se vanter d’avoir rétabli
les relations entre les deux chefs d’Etat.
— New York Times
Les Etats-Unis se réveillent
doucement, pour se retrouver une fois de plus à lire les crétineries
stupéfiantes publiées par leur Journal de référence dans son amas
de propagande de première page du jour. Le système éducatif des
Etats-Unis est certes parvenu à détruire les capacités critiques de ces trois
dernières générations, au point que le public ne fasse plus aujourd’hui que
baigner dans un potage d’irréel. Dans les actualités, comme dans la vie en
général, tout peut arriver, et plus rien n’a d’importance.
Je ne peux m’empêcher de penser
aux éditeurs qui nous servent ces histoires à dormir debout. Sont-ils les
simples servants de la Rand Corporation et des autres partis qui tirent des
intérêts de la guerre, ou croient-ils eux-mêmes en leurs propres extrusions fabriquées
d’agit-prop ?
Pour citer un exemple, l’« annexe
de la Crimée » par la Russie nous est présentée comme s’il s’agissait d’une
sorte de Ruritanie nostalgique de princes indépendants, de paysans hauts en
couleurs et de commis des postes sincères asservis par des cosaques assoiffés
de sang. Non. La Crimée a été une province de la Russie depuis 1783 – l’année
de la déclaration officielle de la fin de la Révolution américaine par la
signature du Traité de Paris.
Après la Révolution russe
(1917), la péninsule de Crimée est devenue une province autonome de l’Union
soviétique, ce qui signifie que la région est restée membre de ce qui était
alors la Russie. En 1954, Nikita Khrouchtchev en a remis la responsabilité
administrative à la République socialiste soviétique d’Ukraine, qui était
alors une province de l’URSS, c’est-à-dire de la Russie. Tout au long de l’histoire
moderne, la Crimée a accueilli la seule base navale d’eau douce de l’URSS,
puis de la Russie. Demandez pourquoi à n’importe quel étudiant américain, et
vous ne recevrez certainement de sa part qu’un regard vide d’expression.
La Crimée est une péninsule de
la mer Noire, qui est reliée à la mer Méditerranée. D’où l’importance
stratégique de la région. Pendant seulement quelques années au cours du XXIe
siècle, suite à l’éclatement de l’URSS, l’Ukraine indépendante s’est
retrouvée en possession de la Crimée, et a loué ses bases navales existantes
à la Russie. La petite nation en difficulté, elle-même dépendante de l’importation
de gaz naturel russe, a ainsi pu obtenir une source nécessaire de revenus.
Quand le président élu de l’Ukraine,
Victor Ianoukovitch, a été renversé en 2014, avec l’aide du Département d’Etat
américain et de la CIA, la Russie s’est retrouvée dans l’obligation de
protéger ses bases navales de Crimée – une région dont une vaste majorité des
habitants étaient de toute façon culturellement et linguistiquement russes.
Un référendum a ensuite ratifié le transfert de la Crimée à la Russie. En
laissant de côté ces détails de procédure, il devrait être évident que la
Russie n’aurait jamais accepté de céder sa base stratégique de la mer Noire à
l’Ukraine, et moins encore en sachant que le pays assiégé était manipulé par
les Etats-Unis et l’OTAN, qui cherchaient à en faire une présence adverse sur
sa frontière.
Les Etats-Unis et l’OTAN
continuent de jouer à la guerre dans les Balkans, sur la frontière russe, et
des soldats américains ont été déployés en Lituanie. A quelle guerre se
préparent-ils exactement ? Quel est donc le problème (en-dehors de la
soif apparente des Etats-Unis pour la guerre) ?
Cette dernière question s’applique
tout autant la métaphore incessamment répétée de l’interférence de la Russie
dans les élections présidentielles de 2016. Où est supposé se trouver le
problème ? Le New York
Times nous rabâche ces accusations vides depuis maintenant un an,
sans pour autant jamais nous avoir spécifié le comment de cette « interférence ».
En cours de route, le journal a perdu toute sa crédibilité en se lançant dans
ce qui est aujourd’hui une chasse aux sorcières – une campagne contre des
forces de l’ombre mystérieuses et surnaturelles. Il porte grandement atteinte
à un public américain déjà peu éduqué, économiquement en détresse et rongé
par la drogue. Il n’est plus rien qu’un fauteur de guerre.
La couverture de la réunion
Trump-Poutine à l’occasion de la conférence du G20 a des airs de
retransmission d’un championnat de la WWE. Quel président sera le plus fort ?
Lequel en ressortira perdant ? Les Etats-Unis et leurs agences
médiatiques agissent comme s’ils voulaient que ce pays se suicide par la
stupidité.