Quelqu’un a fait exploser une bombe H la semaine dernière, mais ce n’était pas la Corée du Nord. C’était les États-Unis. Il ne s’agissait pas d’une bombe cinétique, le genre d’engin qui produit un champignon de fumée. C’était une bombe H financière.
Les guerres financières disposent de leurs propres armes, tactiques et commandants, comme dans les guerres conventionnelles. Dans la guerre financière actuelle, le commandant en chef est le secrétaire du Trésor. Parmi les armes à sa disposition : le gel des avoirs, les sanctions et la mise sur liste noire financière de certaines entreprises ou de certains individus.
L’équivalent financier d’une bombe H est l’exclusion totale du système de paiement en dollars. Le dollar américain représente 60 % des réserves mondiales, 80 % des paiements mondiaux et presque 100 % des ventes de pétrole. Un pays privé du dollar est comme un patient en soins intensifs à qui on coupe l’oxygène. C’est une question de vie ou de mort.
C’est exactement la menace qui a été proférée par le secrétaire du Trésor Steve Mnuchin à l’encontre de la Chine le 12 septembre. Il a menacé d’exclure la Chine du système de paiement en dollars si elle n’applique pas à la lettre les sanctions des Nations unies contre la Corée du Nord dans le but de la dissuader de poursuivre son programme nucléaire et de développement de missiles.
Le problème est que cela ne dissuadera en rien la Corée du Nord. Elle joue son va-tout, elle accélère autant que possible jusqu’à la ligne d’arrivée qui lui permettra de se doter d’un arsenal de missiles balistiques intercontinentaux comportant des charges nucléaires. La Corée du Nord ne fait pas de mystères quant à ses intentions, la détention de ces armes n’a pas pour objectif de pouvoir négocier une levée partielle des sanctions ou d’autres avantages économiques.
La Corée du Nord pourrait obtenir ces avantages d’un simple appel téléphonique aux États-Unis en promettant en échange de mettre un terme à ses programmes militaires. Ce qu’elle n’a pas fait.
Similairement, la Chine n’appliquera pas ces sanctions au-delà d’un respect superficiel. Pas autant que les États-Unis l’espèrent.
La Chine craint qu’une Corée du Nord déstabilisée provoque la réunification avec le sud au profit des États-Unis et de la Corée du Sud. La Chine craint également un flot de réfugiés en provenance de Corée du Nord. Et selon la Chine, la Corée du Nord est un problème américain et non chinois (c’est également le point de vue de la Russie).
Une guerre entre les États-Unis et la Corée du Nord n’est pas le pire scénario pour la Chine car cela saignerait les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud, toutes des nations rivales pour la domination de l’Extrême-Orient. Et, enfin, le comportement des Chinois est dicté par l’obsession de sauver la face.
Avec le Trésor américain qui fait une telle déclaration publique, la Chine ne peut faire machine arrière sans perdre la face. Et alors que la puissance chinoise augmente, ce pays ne veut pas perdre la face.
Mais tout ceci n’est pas sans conséquence : exclure la Chine des paiements en dollars signifie un défaut sélectif sur la dette du Trésor américain.
La Chine possède pour plus d’un trillion de dollars d’obligations américaines. Ces titres sont payés lorsqu’ils arrivent à maturité ; la Chine exclue du dollar, cela signifie que son portefeuille obligataire est de facto gelé.
La Chine compte sur ces réserves liquides de dollars pour renflouer son système bancaire insolvable et défendre sa monnaie. Il est quasi impossible de mesurer les conséquences dramatiques qu’aurait l’exclusion de la Chine du système de paiement en dollars. L’histoire semble déjà écrite : la Corée du Nord va tenter à tout prix de se procurer ces armes. Les États-Unis l’en empêcheront. Ils comptent sur l’aide de la Chine, qui ne viendra pas. On aura donc une guerre conventionnelle avec la Corée du Nord et une guerre financière avec la Chine.
Les investisseurs devraient déjà se positionner en allégeant leurs positions sur les marchés actions, en commençant à shorter certains titres sélectionnés et en se positionnant sur des valeurs refuges telles que les obligations américaines sur 10 ans, l’or, l’argent métal et le cash.
Cette guerre aura lieu dans 6 à 8 mois. Vous devez vous préparer maintenant.
Article de Jim Rickards, publié le 18 septembre 2017 sur DailyReckoning.com