Les lingotins scellés avec certificat émis par les grandes monnaies
font partie des produits en or préférés des particuliers en raison de leur
haut degré de sécurité, qui les rassure. Outre-Atlantique, on se pose
néanmoins des questions concernant les lingotins de la Monnaie Royale
Canadienne. Si cette marque n’est pas beaucoup commercialisée en Europe (des
noms comme Valcambi, Degussa ou la Perth Mint sont plus courants), il est
tout de même bon de savoir qu’il y aurait apparemment de faux lingotins qui
circulent (un cas est avéré), pourtant certifiés par la RCM.
C’est CBC News qui relaie l’information via cet article :
« La Monnaie Royale Canadienne est en train de mener une enquête pour
savoir comment un lingotin scellé »d’or pur », avec les sceaux
officiels de la monnaie, pourrait être en fait un faux.
Le lingotin d’une once d’or, censé être pur à 99,99 %, a été acheté par un
bijoutier d’Ottawa le 18 octobre dans une agence de la Royal Bank of Canada.
Pourtant, des tests du lingotin ont montré qu’il pourrait ne pas contenir
d’or.
Alors que ni la monnaie, ni la banque n’acceptait de reprendre le
lingotin, le bijoutier Samuel Tang a contacté CBC News.
»Qui va s’assurer que celles lingotins sont authentiques », questionne
Tang. »Je crains qu’il y ait d’autres lingotins de ce type dans la
nature, sans que personne s’en doute. »
La Monnaie Royale Canadienne a désormais accepté de reprendre le lingotin
tout en remboursant le bijoutier. Il va faire l’objet de tests
complémentaires. Elle a déjà déclaré dans un communiqué qu’elle est sur le
point de tester le lingotin, »même si son apparence et l’emballage
suggèrent déjà qu’il ne s’agit pas d’un produit véritable ».
Selon William Rentz, professeur de l’université d’Ottawa et spécialiste
des investissements, cette nouvelle est inquiétante. »Un
faux-monnayeur ne se contente pas d’imprimer un seul faux billet, il en
produit beaucoup. Je crains donc que ce ne soit que la partie visible de l’iceberg. »
Comment se sont-ils rendu compte que le lingotin est un faux ?
Le mystère a démarré le 18 octobre, lorsque Tang a acheté ce qu’il croyait
être un lingotin d’or d’une pureté de 99,9 % dans une agence de la RDC,
située juste en face de sa bijouterie, Joy Creations.
Il a ensuite donné le petit paquet, de la taille d’une carte de crédit, à
son orfèvre, Dennis Barnard, qui a alors essayé de passer le lingotin dans
son laminoir de bijoutier.
»J’ai pensé que l’âge commençait vraiment à me diminuer, car
j’avais vraiment du mal à le laminer », a déclaré Barnard.
Quelque chose cloche
Il a ensuite essayé de plier le lingotin. L’or pur est en principe facile
à plier. Mais le lingot ne s’est pas laissé faire. »C’est à ce
moment-là que je me suis rendu compte que quelque chose clochait », a-t-il
ajouté.
Barnard a ensuite testé lui-même lors avec un test à l’acide. (…) Le
lingotin de la monnaie canadienne n’a pas passé le test de pureté de 18
carats (l’or pur est censé être du 24 carats). Plus tard, un marchand d’or
réalisera le même test pour de l’or 18 carats : ce fut également un
échec. »Cela pourrait être énorme. Il se pourrait bien que quelques
acheteurs se soient fait avoir. »
Le verdict du marchand d’or est sans appel : »Ce lingot ne vaut
rien. » La question à 1 million de dollars est de savoir comment il
a atterri dans cet emballage.
Chez Joy Creations, l’orfèvre Barnard ne se tracasse pas pour les
bijoutiers. Avec son patron, ils se font plutôt du souci pour les
particuliers qui achètent de l’or et qui ne touchent jamais au contenu de
l’emballage. (…)
Vérification des vidéos de sécurité
Le Pr Rentz affirme que la monnaie canadienne a tout intérêt
à élucider ce mystère, car cette affaire pourrait miner la confiance des
futurs acheteurs. (…)
D’après le manager de l’agence où le lingotin a été acheté, la Monnaie
Royale Canadienne serait en train de visionner les images des vidéos de
surveillance afin d’identifier une éventuelle manipulation, d’après les dires
d’un convoyeur. Si l’échange devait avoir été commis sur le site de
production, ce ne serait pas la première fois.
En novembre dernier, un salarié de 35 ans fut reconnu coupable d’avoir
volé pour 190 000 dollars de rondelles d’or sur plusieurs mois en les
dissimulant dans son rectum. »
Et, ironie du sort, l’article se conclut en affirmant que la fonction de
ce salarié était de… purifier l’or. En conclusion, pas besoin de paniquer à
propos des lingotins avec certificat des autres monnaies. Les plus anxieux
pourront toujours se retrancher sur les pièces d’or, beaucoup plus difficiles
à contrefaire. En revanche, si vous avez dans votre trésor de guerre des
lingotins estampillés RBC, un petit test du métal ne serait pas une mauvaise
idée.