De nombreux investisseurs détiennent de l’or et de l’argent physique
pour se protéger contre les risques variés de crises. Mais s’agit-il d’une
assurance efficace en cas de krach boursier ?
On a tendance à croire que le cours de l’or et de l’argent accompagne les
actions dans leur chute. Dans ce cas, ne serait-il pas plus sage d’attendre
et d’acheter ces métaux précieux juste après l’orage ? Avant d’élaborer de
grandes stratégies, voyons plutôt ce que nous enseigne l’histoire.
Krach boursier et prix de l’or : les enseignements de l’histoire
Je me suis penché sur les krachs boursiers du passé. J’ai calculé la
performance de l’or et de l’argent pour chacun d’entre eux afin de voir si on
peut dégager une tendance historique. Le tableau ci-dessous met en exergue
les 8 chutes les plus prononcées du S&P 500 sur ces 4 dernières
décennies, ainsi que la réaction des métaux précieux à ces effondrements. Les
chiffres sur fond vert signifient que les MP ont grimpé, en rouge qu’ils ont
baissé davantage que les actions et en jaune qu’ils ont baissé, mais moins
que les actions.
On peut tirer quelques conclusions raisonnables de ces données
historiques.
1. Dans la plupart des cas, le cours de l’or a augmenté durant les grands
krachs boursiers
Il est également opportun d’observer que quelle que soit la durée du krach
(à court terme ou à long terme), l’or a tendance à augmenter. Dans le pire
des krachs boursiers, l’or a même enregistré sa meilleure performance : la
baisse des actions de 56,8 % qui s’est étalée sur une période de 2 ans au
début des années 2000 a permis à l’or de s’apprécier de 25,5 %. La leçon à
tirer est la suivante : même si l’or a tendance à baisser au début d’un krach
boursier, cela ne signifie pas que la tendance se poursuivra. En fait,
l’histoire montre qu’il s’agit d’une excellente opportunité d’achat.
2. La seule baisse significative de l’or (- 46 % au début des années 80)
a eu lieu juste après le plus gros marché haussier de l’histoire moderne des
MP
De son plus bas de 1970 à son pic de 1980, l’or a explosé de 2300 %. Il
n’est donc pas vraiment étonnant que les métaux précieux se soient effondrés
de concert avec la Bourse. Aujourd’hui, la situation inverse se présente à
nous. L’or vient de sortir de l’un de ses pires marchés baissiers de
l’histoire moderne, soit une baisse de 45 % entre son pic de 2011 et son plus
bas de 2016.
3. L’argent s’est moins bien comporté que l’or durant ces krachs
boursiers
En fait, l’argent n’a augmenté sérieusement qu’à une seule reprise en cas
de krach, la seconde hausse étant si modeste qu’elle correspond presque à un
statu quo. Cela s’explique probablement par l’importante utilisation
industrielle du métal gris (environ 56 % de la production). Les baisses de la
Bourse sont souvent associées avec un environnement économique mauvais ou en
phase descendante. Cependant, on peut également constater que l’argent métal
baisse moins que le S&P 500. C’est significatif, car on aurait pu croire
qu’en raison de la volatilité de ce métal, il baisserait davantage. Remarquez
également que la seule hausse significative de l’argent (+ 15 % dans les
années 70) a eu lieu dans le cadre de son marché haussier le plus
spectaculaire de son histoire. Autrement dit, il y a un précédent historique
prouvant que l’argent est susceptible de bien se comporter durant un krach
boursier. Mais uniquement s’il se trouve déjà dans un marché haussier. Dans
le cas contraire, il éprouve des difficultés.
La conclusion est la suivante :
En cas de krach boursier, il y a de grandes chances de ne pas voir l’or
baisser. Pour l’argent, il faut qu’il soit dans un marché haussier, sans quoi
il éprouve des difficultés.
Cela dit, pourquoi l’or se comporte-t-il ainsi ?
L’or est le yin du yang que sont les marchés
La résilience de l’or durant les krachs boursiers s’explique par le fait
qu’il est inversement corrélé avec ce marché. Autrement dit, lorsque l’or
grimpe, la Bourse a tendance à baisser. Si on y réfléchit un peu, cela semble
logique : les marchés actions profitent de la stabilité et de la croissance
économique tandis que l’or prospère lorsque l’économie ne tourne pas, dans un
environnement de crise. (…) Voici d’ailleurs la corrélation historique entre
l’or et les autres grandes classes d’actifs :
(…)
Et s’il n’y a pas de krach boursier ?
Prédire un krach boursier est très compliqué. Que peut-on escompter en
l’absence d’un tel événement, par exemple si les marchés ne connaissent pas
de fluctuations importantes ? Vous pensez peut-être que c’est improbable en
raison des nombreux risques qui pointent à l’horizon. Mais souvenez-vous des
années 70, une période émaillée par 3 récessions, un embargo pétrolier, des
taux qui ont grimpé jusqu’à 20 % et l’invasion soviétique de l’Afghanistan.
Voici les fluctuations du S&P 500, ainsi que de l’or :
Durant cette période, le S&P 500 a vivoté autour des 100 points. Après
10 ans, il n’avait progressé que de 14,3 %. L’or, en revanche, enregistrait
une performance incroyable, passant de 35 $ par once à 850 $ à son pic de
janvier 1980, soit une hausse spectaculaire de 2328 %.
Autrement dit, la hausse la plus impressionnante de l’histoire moderne de
l’or a eu lieu dans un contexte de stagnation boursière. Cela s’explique par
le fait que la hausse de l’or n’a pas été engendrée par les actions, mais par
les problèmes économiques et d’inflation que l’on connaissait à l’époque.
Cette possibilité existe aujourd’hui.
La meilleure stratégie
Lorsque la volatilité fait rage sur les marchés, tout peut arriver. Mais
peu importe ce qui se prépare pour les actions, est-il sage de ne pas
posséder une quantité substantielle d’or et d’argent physique au vu des
nombreux risques qui existent ? Je ne le pense pas.
La solution idéale est peut-être d’avoir du cash prêt à être déployé en
cas de nouvelle baisse marquée des métaux précieux, mais aussi d’en avoir
déjà de côté au cas où ils devaient partir violemment à la hausse.
Article de Jeff Clark, publié le 22 janvier 2018 sur GoldSilver.com