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Parce qu’il faut en finir avec les écoles hors-contrat, pardi !

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Published : February 26th, 2018
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Naturellement, l’État aime bien se mêler d’autre chose que ses affaires, notamment les vôtres. En France, il n’aime pas, il adore. Et lorsqu’il s’agit de se mêler de vos affaires en matière d’instruction, ce n’est plus une passion mais une véritable compulsion obsessionnelle. Dès lors, il était logique qu’il finisse un jour par entrer en guerre quasi-ouverte avec les écoles hors-contrat.

Les escarmouches ne sont pas nouvelles. Le conflit larvé dure entre l’État et ces établissements qui échappent en partie au contrôle national, républicain et administratif serré qu’il entend leur imposer. C’est ainsi que régulièrement, de nouvelles couches législatives, écrites avec plus ou moins de bonheur, viennent s’ajouter aux nombreuses strates déjà pondues pour s’assurer que la liberté d’instruction en France soit aussi réduite que possible.

On se souvient par exemple qu’il y a quasiment deux ans de cela, Najat Vallaud-Belkacem tentait de reprendre l’avantage sur ces établissements et autres pratiques douteuses d’enseignement à domicile : une bonne grosse loi et l’affaire serait vite réglée. Manque de bol ou, plus exactement, manque cruel de compétence de la ministre, le Conseil constitutionnel censurait un an après l’article 14 de sa loi « égalité et citoyenneté » visant à durcir le régime d’ouverture des écoles hors contrat.

Flûte et zut. La Lutte contre les méchantes écoles hors-contrat venait de connaître un hoquet.

Avec l’arrivée au ministère de l’Édulcoration Nationale d’un Jean-Michel Blanquer qui semblait, pour une fois, plus proche de la réalité de terrain et certainement moins dogmatique, on s’attendait à une saine période de répit pour ces écoles qui, rappelons-le, ne concernent qu’un tout petit nombre d’élèves (un peu plus de 65.000) pour un nombre d’établissements dépassant à peine 1300. Malheureusement, réalité de terrain et pragmatisme n’ont pas suffit : voilà que le débat est à nouveau relancé puisqu’on apprend que le Sénat examine à présent une proposition de loi soutenue par le gouvernement qui cherche à renforcer les contrôles face aux risques de dérives.

Pour beaucoup en effet, « école hors contrat » signifie forcément dérives, endoctrinement et recul évident de la République, une, indivisible et nutellisée. Si tous n’ont pas la certitude que ces écoles particulières cachent en fait des bastions du coranisme, beaucoup aiment le croire et ce d’autant plus que, dans l’imagerie populaire, ouvrir une école hors contrat est d’une facilité déconcertante :

« Comment se fait-il que dans ce pays, il soit plus facile d’ouvrir une école qu’un kebab ou une laverie automatique ? »

… se demande ainsi une militante Les Républicains dans une émission de France 2 où Blanquer était invité, montrant par là que tout le monde accepte avec décontraction qu’il soit particulièrement pénible d’ouvrir une laverie automatique dans ce pays en s’offusquant que ce ne soit pas le cas pour une école, dans un égalitarisme maximal de la souffrance et de l’emmerdement administratif qui, au passage, explique très bien la situation générale du pays.

Et plutôt qu’expliquer qu’on devrait plutôt s’affairer à faire en sorte que laveries automatiques, boulangeries ou kebabs devraient être aussi faciles à ouvrir qu’une école, Blanquer a rapidement poussé le fait que le Sénat veille : il examine donc une proposition de loi d’une centriste, Françoise Gatel, qui veut lutter contre les dérives idéologiques, sectaires et pas carbono-réchauffistes dans ces écoles « libres ». Autrement dit : puisque c’est un enfer administratif d’ouvrir une boutique en France, on va progressivement arriver au même résultat pour les écoles qui devront être un enfer administratif aussi.

Que voulez-vous : tout indique que ces établissements sont en pleine croissance puisqu’entre 2011 et 2017, on est passé de 31 ouvertures par an à 122. Pour les politiciens, il n’y a aucun doute possible : ceci ne peut être que le résultat d’un travail de sape des fondements de notre belle unité nationale, et laisser ces établissements se développer revient à signer la fin de notre beau vivrensemble multiculturel qui a jusqu’à présent montré une si franche réussite.

De ce point de vue, personne ne semble s’interroger sur les raisons de ce succès, ni le ministre Blanquer, ni la sénatrice Gatel ni tous ceux qui s’empressent derrière eux de pousser à la saine, ferme et stricte régulation de tous ces vilains établissements largement soupçonnés d’endoctriner méchamment nos têtes blondes et autres. Pour ceux-là, cette réussite ne provient que d’un prosélytisme débridé qu’il convient de freiner pour garantir une République laïque et, à cette fin, on n’aura aucun mal à exhiber l’une ou l’autre batterie de contrôles qui auront amplement démontré que les établissements visités distribuaient « des contenus erronés, tendancieux » ou évitaient certains enseignements, comme par exemple les sciences, l’histoire ou l’EPS.

Cependant, l’échec catastrophique de l’Éducation Nationale dans sa mission initiale n’est même pas envisagé.

Pourtant, il n’est pas très compliqué d’imaginer que, devant la baisse du niveau des bacheliers (et de tous les diplômés du reste, prof compris), certains parents sont bêtement tentés de dégager leur progéniture des griffes de l’Éducation nationale pour les placer dans des établissements dont le contenu des enseignements serait plus en ligne avec ce qu’ils attendent.

Autrement dit, des contribuables qui paient déjà des impôts pour voir leurs enfants scolarisés dans les établissements prétendûment « gratuits » sont malgré tout prêts à payer à nouveau pour voir leurs enfants inscrits dans des établissements payants, mais non seulement aucun élu ou ministre ne semblent s’inquiéter des raisons du mouvement d’ensemble, mais – pire – s’emploient à rendre aussi misérable que possible la vie de ceux qui s’exfiltrent.

On pourrait peiner à comprendre cette attitude si on ne prend pas en compte l’idéologie qui se trouve maintenant profondément enracinée dans tout le système scolaire à la française : en réalité, ces établissements entrent bel et bien en concurrence frontale avec l’idéologie dominante, celle qui est valorisée par l’État et ses sbires, et qui impose que tout le monde soit traité (au sens « formaté ») de la même exacte façon, que tout le monde sache la même chose, et que cette chose corresponde parfaitement à ce qu’on attend du citoyen, à savoir outre son évidente obéissance, une saine absence de libre-arbitre.

Avec une concurrence libre et ouverte, impossible par exemple de faire totalement passer la propag les messages « essentiels » sur l’entreprise et l’économie qui ne peuvent se passer d’un ferme contrôle de l’État. Même chose pour la science, le progrès ou ce que vous voulez.

Avec une concurrence libre et ouverte, impossible de chanter unilatéralement les louanges de la Révolution française, quelque peu oublieuse du génocide vendéen ou des effets délétères du laïcardisme de combat ; impossible de complètement occulter le discours alternatif pondéré, scientifique et argumenté des sceptiques de l’aspect anthropique du réchauffement climatique, des OGM ou des pesticides ; impossible de faire taire ceux qui enseignent que non, tout ne se vaut pas, que tout ne peut pas se terminer dans un grand bain égalisant de moraline sirupeuse ; impossible aussi de museler ceux qui ont l’outrecuidance de s’en tenir aux méthodes éprouvées d’apprentissage de la lecture, de l’écriture, des mathématiques, de l’histoire (abominablement linéaire et scolairement chronologique !).

Avec une concurrence libre et ouverte, on peut raisonnablement obtenir des individus instruits, équilibrés et capables de penser pour eux-mêmes ce qui, dans une société où l’opinion dissidente est de plus en plus pourchassée, risque de créer des dissensions dans le vivrensemble.

Pire que tout : avec une concurrence libre et ouverte, on produit des individus qui comprennent le système et peuvent s’en servir ou s’en extraire facilement, qui passent pour des borgnes au milieu de ces millions d’aveugles mentaux que le système éducatif étatique officiel produit chaque année avec au mieux gourmandise ou, au pire, totale inconscience.

Et ça, en République du Bisounoursland du Vivrensemble Triomphant, c’est absolument impensable.

La lutte contre les écoles hors-contrat continuera donc.

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Source : h16free.com
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H. Seize rédige sur http://h16free.com ses chroniques humouristiques d’un pays en lente décomposition, et apporte des solutions dans son livre, Egalité, Taxes, Bisous. Dans un monde toujours plus dur, et alors que la crise, la vilénie, les aigreurs et les misères allant de la maladie aux bières tièdes font rage, un pays fait courageusement face et propose toute une panoplie de mesures plaisamment abrasives qui permettront d'aplanir les aspérités, gommer les difficultés et arrondir les angles. Ce pays, rempli de gentils et d'aimables tous les jours mieux pensant, est devenu un véritable phare scintillant dans la nuit noire de l'obscurantisme des méchants et des vilains. Et pour mieux scintiller, il s'est doté d'une devise qui est parvenue à se hisser au rang de slogan, d'accroche et de modus vivendi : pour chacun et pour tous, il faudra de l'égalité, des taxes, et des bisous.
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