Double objectif, ne pas utiliser de dollars, car si les dollars sont utilisés dans les transactions alors celui qui s’en sert tombe sous les lois extraterritoriales américaines et donc se soumet par définition et nature aux lois et à la justice américaines, même si ce dernier n’a jamais mis les pieds aux États-Unis.
D’autre part, il faut se passer de SWIFT, qui est le système d’échange financier international et de paiement. Ce système a d’ailleurs exclu l’Iran sur demande américaine, et peut exclure n’importe quel pays en deux clics et quelques secondes. En moins de temps qu’il ne vous en faut pour comprendre, votre pays peut être exclu du système financier mondial. Fini le commerce, fini les transactions. Vous êtes relégué au rang de pays sous-développé et de paria de la communauté internationale.
Ces raisons-là poussent des pays comme la Chine, l’Iran, et la Russie à développer des systèmes techniques alternatifs pour contrer la toute-puissance américaine et assurer leur indépendance.
C’est sous cet angle-là qu’il faut comprendre cette information autour des cryptomonnaies, qui sont un des outils à la disposition d’États qui ne manqueront pas d’exploiter et d’utiliser ces technologies lorsqu’elles seront matures.
Un parlementaire iranien en déplacement en Russie a discuté avec les députés russes des possibilités de passer aux cryptomonnaies dans les échanges bilatéraux afin de diminuer l’influence du dollar. Après le retrait des États-Unis de l’accord avec l’Iran, ce pays est de nouveau exposé à des sanctions américaines.
Téhéran estime que l’utilisation des cryptomonnaies peut l’aider à réduire l’influence du dollar, a déclaré Mohammad Reza Purebrahimi, président de la commission économique au sein de l’Assemblée consultative islamique (le parlement iranien), lors de sa rencontre avec le sénateur russe Dmitri Mezentsev.
« Il s’agit de l’un des meilleurs moyens d’éviter l’utilisation du dollar et de remplacer le système SWIFT. Nous avons chargé la Banque centrale iranienne d’élaborer des propositions afin de passer à l’utilisation des cryptomonnaies », a-t-il précisé.
Le responsable iranien a indiqué qu’auparavant il avait discuté de cette question avec le comité de la politique économique de la Douma (chambre basse du parlement russe).
« [Les parlementaires russes, ndlr] partagent notre avis. Nous avons dit que si nous y arrivions, nous serions les premiers pays à utiliser les cryptomonnaies dans les échanges commerciaux », a-t-il ajouté.
En commentant le retrait américain de l’accord sur le nucléaire iranien et le rétablissement des sanctions à l’encontre de son pays, M. Purebrahimi a déclaré que l’Iran entendait défendre ses droits économiques. Selon lui, Téhéran a rempli ses obligations en conformité avec cet accord.
Dmitri Mezentsev a, à son tour, souligné l’importance du développement des liens entre les banques des deux pays.
« Sur fond de la pression exercée sur nous par un pays qui considère possible de construire un monde unipolaire, nous estimons que les liens interbancaires entre nos pays peuvent jouer un grand rôle », a-t-il déclaré.
D’après le sénateur russe, il s’agit du passage aux devises nationales dans le commerce bilatéral et de l’utilisation plus active du système de paiement russe Mir et iranien Shetab. Un groupe de travail pour la coopération financière et interbancaire russo-iranienne doit se réunir le 5 juillet à Téhéran.
Le 8 mai, le Président américain a annoncé sa décision de retirer les États-Unis de l’accord de Vienne sur le programme nucléaire iranien. Le Plan d’action global commun (PAGC) est un accord signé à Vienne, le 14 juillet 2015, par les huit parties suivantes : les pays du P5+1 : les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni) et l’Allemagne, ainsi que l’Union européenne et la République islamique d’Iran. Le locataire de la Maison Blanche a également annoncé le rétablissement de toutes les sanctions levées suite à l’adoption de cet accord.