Un
des avantages indiscutables de la monnaie fiduciaire est qu’elle permet
de faire entrer régulièrement dans le monde de la finance des
mots en général réservés à
l’astronomie, et d’ôter tout semblant de signification
à ces magnifiques inventions de l’homme que sont les chiffres,
le calcul et la
monnaie. Tenez :
-
Un million, c’est mille fois mille. Chiffre simple, rond et facile
à comprendre, la preuve ma grand-mère savait qu’un million
d’anciens francs c’était dix mille nouveaux francs,
-
Un milliard, c’est mille millions, il y a à peine un milliard de
minutes que Brutus mettait fin à la dictature de César,
-
Un trillion, c’est mille milliards, mille millions de mille sabords,
-
Un quadrillion, c’est mille trillions, mille millions de milliards,
mille millions de, non, millliards de, non encore,
bref, de quoi voir venir un bon moment.
La
Banque des Règlements internationaux, ou BIS, la Banque Centrale
des Banques Centrales, nous informe au détour d’une page de son dernier rapport que
le montant total des produits dérivés atteignait
désormais 1.14 quadrillion de dollars se décomposant en 548
trillions de dollars de produits dérivés cotés, et 596
trillions de dollars supplémentaires de notionnel sur les
marchés OTC.
Soit
1.400.000.000.000.000 dollars. Même avec un dollar
dévalué, ce montant force le respect.
Les
produits dérivés, comme vous ne le savez probablement pas, sont
des paris effectués par les banques et autres établissements
financiers sur des crédits à haut risque. Nos
spécialistes bancaires, les mêmes qui nous annonçaient
que la crise de 2007 ne pouvait arriver qu’une fois tous les 2
milliards d’années, jurent leur grands dieux que ces montants
sont arbitrés, et que le total des risques ne dépasse pas les
2% de l’encours.
2%
de 1.140.000.000.000.000 dollars
représentent quand même près de 23 trillions de dollars,
une fois et demie le PIB américain, pardonnez du peu, et sensiblement
plus, imaginez vous, significativement plus, même, que le total des fonds
propres des banques et autres hedge funds ayant pris ces engagements.
Comme l’affaire Bear
Stearns nous l’a montré, les banques centrales vendront leur
mère plutôt que d’accepter qu’une institution
porteuse de ces armes de destruction financière massives puisse faire
défaut. Le prochain acronyme que la finance américaine se
prépare à nous apprendre est CDS, Credit
Default Swaps, une sorte de produit dérivé destiné
à garantir de la solvabilité d’une contrepartie.
Il y en a 62 trillions dans la nature.
62.000.000.000.000 de dollars. Une belle louche au dessus du PIB mondial.
Mettons les choses en perspective. Bear Stearns était porteur de 13.4 trillions de dollars,
dont 2.5 trillions de CDS. Son
rachat par JP Morgan a été effectué pour éviter
la faillite de ladite Morgan (qui
est également le principal actionnaire de la Fed, le monde est petit)
principal créancier de Bear Stearns.
Face à cela, le total de bilan de la FED
est un minuscule 800 milliards de dollars. Et ses fonds propres ?
C’est à peine si j’ose. 40 milliards de dollars. Vous
allez rire : 0,0000285714 % du
total. Pas de quoi aller très loin.
Une grosse faillite bancaire, un Bear Stearns, un Lehman Brothers, un UBS, un Crédit Lyonnais à
l’ancienne ou autre Kerviel bien de chez nous
et un gros paquet de ces CDS ne vaudra plus tripette, faisant imploser
immédiatement les bilans des banques détenant ces
créances sur l’établissement en cessation de
paiements. Les banques centrales
rachèteront leurs dettes pour éviter un Chernobyl
financier.
Et rappelez vous, les banques centrales
créent de la monnaie à l’ancienne.
En l’imprimant.
Cela dit, restons optimistes, tout n’est pas perdu. Il existe encore
d’autres mots pour le futur : quintillion suit quadrillion, et
sextillion permettra de rajouter encore trois zéros
supplémentaires lorsque cela deviendra nécessaire.
Pour
se payer un simple café.
A
propos, vous avez de l’or ?
Signé Véner
Véner est contributeur
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