H. L. Mencken à propos des gouvernements et des hommes politiques

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From the Archives : Originally published February 04th, 2013
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Les écrits volumineux (dix-neuf ouvrages et plusieurs milliers d’essais, articles et commentaires) de H. L. Mencken, l’un des plus grands écrivains des Etats-Unis mais aussi le plus grand journaliste et chroniqueur de l’Anglais Américain, sont un trésor oublié d’esprit et de sagesse. Tout comme l’histoire des Etats-Unis et le respect de leur Constitution, voilà bien des décennies que les Américains les ont mis au grenier. Consulter les perles de Mencken sur le gouvernement, la démocratie, les hommes politiques et les élections, ou encore le capitalisme et le socialisme, suffit à percevoir ce que les Etats-Unis étaient autrefois et ne font plus que prétendre être aujourd’hui. Dans Prejudices : First Series (1919), Mencken écrit que ‘le gouvernement est le négociant de notre pillage’, et que chaque élection n’est rien de plus que la mise aux enchères anticipée de biens volés. Dans le même ouvrage, il dit aussi que ‘le besoin de sauver l’Humanité est bien souvent le masque derrière lequel se cache le besoin de dominer’, et définit le socialiste comme ‘un homme souffrant du désir inconditionnel de croire en ce qui n’est pas vrai.

‘La démocratie est une forme de culte’, écrit Mencken dans The American Credo: A Contribution Toward the Interpretation of the National Mind (1920). ‘Elle est le culte d’un chacal par des jeanfoutres’. Il indique également que ‘le socialisme est simplement le capitalisme dégénéré de capitalistes en banqueroute. Son objectif unique est de rendre ses professeurs toujours plus riches’. Dans The American Mercury (24 avril 1924), il se penche sur l’endoctrinement des jeunes par l’Etat : ‘Il est une hypothèse erronée de penser que le rôle de l’éducation publique est de développer l’intelligence et le savoir des jeunes pour qu’ils puissent un jour eux aussi remplir leur devoir de citoyen de manière indépendante. Rien ne pourrait être plus dénué de réalité. L’objectif premier de l’éducation publique n’est pas de développer le savoir des jeunes mais de réduire le plus d’individus possible au même niveau, d’élever des citoyens standardisés et d’éviter toute forme de dissentiment ou d’originalité. C’est ce que font les Etats-Unis et ce, peu importe ce que peuvent bien dire leurs politiciens, pédagogues et autres charlatans. C’est la même chose partout’.

Dans The American Mercury (27 août 1924), il écrit ceci : ‘L’objectif premier de la démocratie est de lier les esprits libres à un harnais commun. Elle les standardise, les suce de tout le respect qu’ils ont d’eux-mêmes, pour les transformer en des Pierre Untel dociles. Son succès se mesure par sa capacité à les faire taire et à les normaliser. La mesure d’une civilisation correspond à la manière dont elle parvient à résister et à survivre. La seule forme de liberté qui existe dans une démocratie est la liberté de ceux qui n’en ont pas de ne pas bafouer la liberté de ceux qui en ont’. Dans Notes on Democraty (1926), Mencken élabore ce point. ‘La liberté se base sur des idées fausses à la complexité si enfantine qu’elle doit être protégée par tout un système de tabous, sans quoi même des incapables se rendraient compte qu’elle ne vaut rien. Ce sur quoi la liberté doive avant tout se pencher est l’interdiction de la liberté de penser… L’individu moyen n’a pas besoin de liberté. Il a besoin d’être en sécurité’.

Dans Chrestomathy (1949), qui compile ses écrits, Mencken identifie la ‘vraie nature’ du gouvernement :

Tout gouvernement, dans son essence, est une conspiration contre l’être supérieur. Son objectif permanent est de l’oppresser et de le handicaper. S’il est un gouvernement aristocratique, alors il recherche à protéger l’homme qui est supérieur selon la loi de l’homme qui est supérieur dans les faits ; et s’il est un gouvernement démocratique, il recherche à protéger les plus faibles contre ces deux types d’êtres supérieurs. L’une de ses fonctions premières est de régenter les individus de force, de manière à les rendre aussi similaires et interdépendants que possible, et de combattre toute forme d’originalité. Tout ce qu’il perçoit d’une idée originale est le changement qu’elle est capable d’apporter, une invasion de ses prérogatives. L’homme le plus dangereux pour un gouvernement est celui qui est capable de penser pour lui-même sans peur aucune des superstitions et des tabous. Il sait que le gouvernement qui le dirige est malhonnête et intolérable, et s’il s’avère être un romantique, il tente de changer les choses. Et même sans être un romantique, il n’en est pas moins apte à diffuser son mécontentement parmi ceux qui le sont.

Ce qui se cache derrière tout ça est un sens profond de l’antagonisme entre le gouvernement et le peuple qu’il gouverne. Le gouvernement est appréhendé non pas en tant que comité de citoyens choisi pour gérer les besoins communs d’une population, mais en tant que corporation indépendante et autonome dévouée à exploiter une population au bénéfice de ses propres membres… Lorsqu’un citoyen est volé, un homme est privé du fruit de son industrie. Lorsque le gouvernement est volé, la pire des choses qui puisse se produire est qu’un groupe d’arnaqueurs ait moins d’argent à dépenser. L’idée que le gouvernement puisse avoir gagné son argent n’est jamais mise en avant, et même aux yeux du plus sensible des hommes, elle paraîtrait complètement grotesque. Les politiciens sont des voyous qui, par accident ou par loi, peuvent disposer d’une partie des revenus de leurs concitoyens.

Ils sont immunisés contre toute forme de punition. Leurs pires extorsions, celles qui n’ont pour objectif que de les enrichir, ne sont pas punies par nos lois. Depuis les premières heures de notre république, moins de douze politiciens ont été démis de leurs fonctions, et seuls quelques personnages obscurs ont été jetés en prison. Le nombre d’hommes qui comparaissent à Atlanta et Leavenworth pour s’être révoltés contre les extorsions du gouvernement est toujours dix fois plus important que le nombre d’officiels du gouvernement condamnés pour avoir oppressé les contribuables… Notre monde ne compte plus aucun citoyen. Il ne compte plus que des sujets, qui travaillent jour après jour au service de leur maître… Un jour viendra, d’ici une époque géologique ou deux, où ils seront à bout de leur endurance.

Mencken savait très bien que le bien-être des citoyens n’est pas ce qui motive un gouvernement :

Ces hommes ne sont que très rarement, voire jamais, touchés par ce que l’on pourrait appeler l’esprit public. A dire vrai, il n’existe parmi eux pas plus d’esprit public que parmi la communauté des cambrioleurs. Leur objectif premier est de promouvoir leurs avantages privés. C’est à cette fin seule qu’ils exercent les vastes pouvoirs qu’ils ont entre leurs mains. Peu importe ce qu’ils recherchent, que ce soit la sécurité, l’opulence ou le pouvoir, ils doivent le tirer du pot commun et ainsi réduire la part de tous les autres. Employer une personne supplémentaire au gouvernement entraîne une diminution des salaires de tous les salariés du pays… Donner à un membre du gouvernement plus de pouvoir nous retire à tous une part de notre liberté.

Selon Mencken, l’une des raisons pour lesquelles les mots ‘gouvernement’ et ‘tyrannie’ sont virtuellement synonymes est la naïveté des gouvernés : ‘l’Etat n’est pas une puissance en soi. Il dépend de la crédulité des hommes tout autant que de leur docilité. Il ne vise pas seulement à les faire obéir, mais à faire naître en eux l’envie d’obéir’. Le gouvernement peut-il parfois s’avérer utile ? Vous voulez rire ! ‘C’est la même chose pour un docteur. Mais supposez qu’un docteur demande, à chaque fois qu’il prescrit des médicaments contre le mal de ventre ou qu’il soigne un sifflement d’oreille, de repartir avec l’argenterie de famille, d’utiliser la brosse à dent de madame et à ce que lui soit accordé un droit de cuissage sur les femmes de chambre’…

Il semblerait que Mencken n’ait pas ressenti beaucoup plus d’affection pour la caste militaire que pour la bureaucratie civile.

La caste militaire n’est pas un groupe de patriotes, mais un groupe de bandits. Les bandits qu’étaient autrefois les chefs de tribus primitives sont un jour devenus rois. Le militaire professionnel porte en lui quelque chose que je ne puis associer qu’au banditisme. Il peut bien se battre avec bravoure, il en va de même pour les coqs de combat. Il peut bien ne rechercher aucune récompense matérielle, il en va de même pour les chiens de chasse. Son attitude générale est stupide et antisociale. Ce n’est pas pour rien si les Pères Fondateurs ont subordonné l’établissement militaire au pouvoir civil. Et bien que le pouvoir civil se concentre largement entre les mains de scélérats politiques, ces derniers ont au moins des desseins différents de ceux des militaires…

Mencken dénonce les jumeaux que sont la démocratie et le socialisme, il ridiculise les prétentions absurdes des politiciens (qu’ils soient civils ou militaires) et pleure la mort de la république aux Etats-Unis. Il s’est opposé à la participation de son pays à la première et la seconde guerre mondiale, et avait un profond mépris à l’égard de l’exécrable Franklin Roosevelt et de son catastrophique New Deal.

Mencken n’est plus d’actualité parce qu’il semblerait que les principes qu’il défendait (aux côtés de beaucoup d’autres) dans les années 1920 sont également ceux qu’il a continué de glorifier jusqu’à sa mort en 1956. Le diabolique Franklin, en revanche, a été hissé au rang de héros simplement parce que les promesses qu’il avait faites en 1932 – le maintien de l’étalon or et de l’équilibre budgétaire, et la réduction des salaires des membres du gouvernement – furent abandonnées en 1933, et que sa promesse de 1940 - ‘Vos fils ne participeront à aucune guerre étrangère’ - fut rapidement laissée de côté en 1941. Aujourd’hui, une majorité d’Américains jugeraient les principes de Mencken de radicaux, d’extrêmes voire même d’hérétiques. Beaucoup diraient du personnage qu’il n’a rien d’Américain, et les néoconservateurs le classifieraient de défaitiste ou de traitre. Comment Mencken répondrait-il à de telles épithètes ? Voici comment (Letter to Upton Sinclair, 14 octobre 1917) :

‘L’idée qu’une personne à l’esprit radical n’éprouve pas d’amour pour son pays est complètement erronée. Cette personne aime son pays bien plus que tout le reste d’entre nous, et se trouve plus fortement affectée que nous par sa corruption. Elle n’est pas un mauvais citoyens se tournant vers le crime, mais un bon citoyen conduit au désespoir’.



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Sans contrôle des élus, notre démocratie est foutue.
"L’idée qu’une personne à l’esprit radical n’éprouve pas d’amour pour son pays est complètement erronée. Cette personne aime son pays bien plus que tout le reste d’entre nous, et se trouve plus fortement affectée que nous par sa corruption. Elle n’est pas un mauvais citoyens se tournant vers le crime, mais un bon citoyen conduit au désespoir’."
Oui, l'évolution de mon pays France me désespère.
La courbe de l'effondrement est exponentielle car à notre époque tout va vite. Contrairement à certains empires du passé où couler a pris du temps...
Lorsque mon gamin aura un métier, j'espère qu'il foutra le camp. Je me contenterai de cartes postale si je le sais dans un endroit où il reste encore un peu de respect pour les individus.






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Je comprends votre désir de voir votre gamin quitter son pays pour lui éviter l'hécatombe qui va bientôt le frapper. Malheureusement, j'ai bien peur que le désastre ne soit planétaire et que fuir ne lui soit d'aucun secours.
Par contre, je compte sur lui, sur mes enfants et nos petits-enfants pour mener la bataille que nous n'avons pas eu la clairvoyance (ou le courage) de mener lorsque cette folie de la mondialisation (Union Européenne, fusions effrénées d'entreprises, transfert des emploies vers les pays émergents et sauvetage des banques) nous est tombé dessus. Nous n'avons rien compris à ce qui nous attendais et nous nous sommes laissé berné par l'utopie du village global et la rassurante sécurité promise par la classe dirigeante.
Le mal est fait, l'équilibre des forces du marché est détruit, la justice sociale est agonisante, la classe politique ne cherche qu'à sauver sa peau et les peuples sont totalement endormis par l'avalanche d'informations biaisées (souvent trompeuses) transmises par les médias contrôlés par ce petit groupe fermement décidé à s'approprier la totalité des richesses de la planète.
Le combat sera long et ardu mais nos enfants réussiront à s'inventer un monde nouveau où je l'espère régnera une véritable justice sociale et où les peuples seront regroupés autour de vrais valeurs humaines et non en fonction de la soif de pouvoir de petits groupes dépourvus de sens commun.
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@ghis 111
Merci pour votre commentaire.
Il ne s'agit pas spécialement de fuir, mais de faire un choix de vie. Ce qui suppose une remise en question importante si on décide de changer de pays, voire de continent, de langue. Et aussi de fonder une famille dans une nouvelle nation. Chacun est maître de son destin. Mais pour un type de ma génération, qand je vois ce que la France est devenue, c'est à dire un pays en phase de colonisation par des gens qui nous feront régresser, une classe politique d'une corruption encore jamais vue, des institutions verrouillées, je me considère comme entré en résistance comme la génération de mes parents l'a connue sous l'occupation nazie. Il y a des forces en marche pour broyer les populations et cela je ne l'admettrai jamais. Alors, tant qu'on peut encore passer les frontières, je me dis que pour un jeune il est logique d'aller voir ailleurs.
Vous avez tout à fait raison en disant que les gens ont cédé à la sirène de la sécurité promise par les dirigeants. Mencken le dit bien, les gens préfèrent la sécurité à la liberté, c'est très vrai. C'est assez humain comme sentiment et les politiques comme les syndicalistes savent parfaitement jouer de cette corde.
Personnellement moi c'est la corde liberté qui me fait vibrer. Le terme de "sécurité (surtout !) sociale" me fait hurler, particulièrement quand on sait que c'est une escroquerie monumentale au même titre que la "justice (surtout !) sociale". Pour moi la justice n'existe pas, c'est un concept inventé par les hommes pour ne pas assumer leur destinée. Je crois à la destinée de l'individu, que la vie est une école, que nos choix ne sont ni bons ou mauvais mais nous aident à avancer pour notre perfectionnement sinon le fait même d'exister serait un non-sens.
J'espère simplement réussir à ce que mon second fils puisse être assez critique et lucide pour tirer un enseignement du monde qui nous entoure et lui laisser la liberté de ses choix. Oui, ce sera certainement exaltant de reconstruire le pays, moi c'est la phase effondrement qui m'inquiète...et je ne suis pas le seul, le morceau sera un peu dur à avaler, nous sommes allés très loin, la chute sera d'autant plus dure !
Voir d'ailleurs le célèbre film avec Humphrey Bogard: "The harder they fall".
Cordialement. Merisier.


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J'ajouterai quand même que la génération des baby-boomers n'a rien-vu-rien-fait mais a aussi soigneusement barré la montée naturelle de la génération suivante.
Peut-être le refus de vieillir qui n'a pas accepté de reconnaître la majorité en âge de leurs enfants et accepté de leur laisser la place sociale et l'autodétermination dont eux avaient bien apprécié de jouir 20-25 ans plus tôt ?

Il faudra donc peut-être compter sur la génération encore suivante, si elle existe, et si elle a quelque chose de bon dans le ciboulot.

"En démocratie, chaque génération est un peuple nouveau".

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Tout a fait d'accord avec ces réflexions, la justice nest qu'une invention humaine inexistante dans la nature elle ne réside que dans un seul principe : pour une même sanction la même peine! C'est tout (loin d'être en vigueuractuellement ) le reste est de l'enfumage politique.
Pour ce qui en est des jeunes générations, en tant que professeur de maths depuis seulement quelques années (j'ai connu le vrai monde du travail pendant plus de 20 ans ) je suis très pessimiste, ils n'ont aucune réflexion et l'éducation nationale est une vaste machine a abbetiser!
(Le niveau culturel de mes collègues est desastreux).
Les jeunes ne pensent qu'à amuser sur leur portable et a commenté le foot.
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@ buchla
En tant que prof de maths, si vous dites aux élèves que des droites parallèles peuvent se rejoindre (par l'effet de la perspective), vous racontez des salades à votre classe. De même si les médias ne donnent pas aux lecteurs/auditeurs les clés pour comprendre ce qui se passe sur le plan économique/politique afin d'avoir un minimum d'esprit critique, l'exercice qui consiste à mettre un bulletin de vote dans l'urne est faussé en amont !
Goebbels n'est pas mort !!!
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Occupez-vous de lui donner une identité et de le laisser se faire une personnalité.
Pour ce qui est du métier... il se pourrait que de grands changements pas vraiment consentis interviennent au cours de son existence.
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Murray Rothbard disait :"L’Etat moderne est inefficace et nuisible. Puisqu’il est inefficace on pourrait se passer de lui ; puisqu’il est nuisible on devrait le faire » et Friedrich NIETZSCHE: "L'État ment dans toutes les langues du bien et du mal, dans tout ce qu'il dit, il ment, et tout ce qu'il a, il l'a volé" .Merci à ceux qui ont eu les yeux ouverts et à ceux qui les ont conservés ouverts.
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@ buchla En tant que prof de maths, si vous dites aux élèves que des droites parallèles peuvent se rejoindre (par l'effet de la perspective), vous racontez des salades à votre classe. De même si les médias ne donnent pas aux lecteurs/auditeurs les clés p  Read more
merisier - 2/4/2019 at 7:47 AM GMT
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