(…La
création monétaire, vraie définition de
l’inflation)
De nos
jours, les banques centrales (les agents du gouvernement disposant du
monopole d'émission de la monnaie) produisent volontiers presque
n'importe quelle quantité de crédit et de monnaie
demandée par les acteurs de marché aussi longtemps que
l'inflation des prix de consommation ne s'éloignent pas trop du niveau
d’alerte abordé précédemment. Cependant, du point
de vue des économistes autrichiens, une telle politique
monétaire est inflationniste.
L'inflation
est pourtant demeurée invisible pour la majorité des gens.
Ces
dernières années, la forte augmentation de la quantité
de crédit et de monnaie a entraîné une forte inflation
des prix des actions, des valeurs immobilières, etc. et, de
façon bien moindre certes, entraîné une augmentation des
prix à la consommation. Pour empirer les choses, l'augmentation du
prix des actifs consécutive à l’augmentation de la
quantité de monnaie a
été largement saluée comme un “effet de
richesse”, « un marché haussier «
des actions et de l’immobilier accueilli comme un bienfait pour la
production et l'emploi.
Au
même titre que la hausse des prix consommation traditionnelle, on peut
s'attendre à ce que la hausse du prix des actifs encourage une
mauvaise allocation des ressources, entraînant des investissements
inutiles. Pire encore, un “boom” de l'inflation ne peut
être soutenu qu'à la condition que les effets stimulants
illusoires provoqués par l'inflation demeurent. Si l'inflation
ralentit, ce “boom” va tôt ou tard s'effondrer.
Les
économistes autrichiens considèrent que cette augmentation
obstinée de la quantité de crédit et de monnaie est au
cœur de ce “boom” crée par l'inflation : la hausse
des prix des actifs n'en est que le symptôme. Par conséquent,
sitôt que cette augmentation du crédit et de la monnaie va
commencer à ralentir, les économistes autrichiens
prédisent l'arrivée d'une phase de récession, voire
même de déflation.
Cependant,
ce sont ces phases de récession et de déflation –
très coûteuses en termes de diminution de la production et de
pertes d'emploi – qui constituent les processus d'ajustement
nécessaires au retour de l'économie à un
équilibre obtenu par les changements des prix relatifs.
Il n'est pas
difficile de prévoir que les banques centrales contrôlées
par les gouvernement, au moment de décider
entre le fait de garder le contrôle de l'inflation ou d'éviter
toute récession, risquent très probablement de faire le choix
de la croissance, quoi qu'il arrive, même si cela signifie une baisse
du pouvoir d'achat de la monnaie.
Une fois que
la crise, ou que l'angoisse qu'une telle crise se produise, devient
manifeste, le public exige des taux d'intérêts encore plus bas
et davantage de crédit et de monnaie. De bas taux
d’intérêt et le crédit facile sont largement
perçus comme la recette magique permettant d'éviter et
récession et déflation. Il est donc peu probable que les
banques centrales s'opposent à la satisfaction de ce genre de
demandes.
Et ce,
d'autant plus que les économistes tenants de la théorie
dominante considèrent l'abaissement des taux d'intérêt
– quels que soient les effets d'une telle politique sur la
quantité de crédit et de monnaie – comme la bonne
politique à mener aussi longtemps que l'inflation des prix de
consommation reste à un “niveau acceptable”.
(…
à suivre)
Thorsten Polleit
Thorsten
Polleit est professeur honoraire à l’Ecole de Finance et de
Management de Frankfort
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