Le
Bulletin de Publication de la Réserve Fédérale de juin
1934 présente un graphique montant l’ampleur de la dévaluation
de janvier 1934 et son impact sur les réserves des banques du
système de réserve fédéral.
Comme vous vous en souvenez peut-être, le Gold Act (décret sur l’or) ou plus exactement le
décret 6102 du 5 avril 1933 a exigé des américains
qu’ils restituent leur monnaie or et les certificats sur les banques de
réserve fédérale pour le 1er mai 1933. Il n’y a eu
aucune poursuite pour non respect de la
législation sauf dans un cas qui a été porté
volontairement devant le tribunal par une personne qui souhaitait mettre en
cause la loi devant la justice.
Après qu’une quantité substantielle d’or ait
été restituée par les citoyens américains et
sortie de leurs coffres-forts de leurs banques
respectives, le gouvernement a officiellement dévalué le dollar
de 20,67 $ l’once à 35 $ (la loi sur les réserves
d’or du 31 janvier 1934).
Les gains
réalisés par le biais de cette dévaluation ont
été utilisés pour donner un coup de pouce significatif
aux positions des banques membres de la Réserve Fédérale
comme le montre le premier graphique ci-dessous.
L’inflation a été subie par le peuple
américain parce que cette mesure a contribué à la hausse
de l’indice des prix à la consommation de 1200 points de base
(0,01%) de -8% à +4% à la fin de 1933. Pour compenser quelque
peu l’inflation monétaire, la Fed a contracté la base
monétaire ce qui plutôt desservi la convalescence à peine
entamée de l’économie réelle et ce qui est
largement considéré désormais comme partie d’une
série d’erreurs de politiques économiques.
Le fait que ces actions
aient peu contribué à la baisse du chômage a
été un remède douloureux pour les salariés.
Heureusement, au
même moment, F.D. Roosevelt a mis en place les programmes du New Deal,
qui en dépit d’une opposition constante d’une
minorité républicaine au Congrès ont permis des mesures
de soulagement pour les plus de 20% du public qui souffraient du
chômage et de la stagnation des salaires.
Une
question revient de manière récurrente : « Le gouvernement
pourrait-il confisquer l’or
de nouveau ? ».
Alors qu’aucune
certitude n’est possible concernant l’éventualité
qu’un gouvernement commence à détourner la loi et
confisquer la propriété privée, il faut
s’interroger sur le contexte et les détails de ce qui
s’est afin de comprendre le précédent historique.
Techniquement, le gouvernement américain n’a pas purement
et confisqué la propriété privée parce
qu’à cette époque
les Etats Unis étaient encore sous le régime de
l’étalon-or et une grande partie des réserves d’or
des citoyens américains étaient faites sous la forme de
pièces de monnaie et de certificats.
Les gouvernements affirment toujours que la monnaie est leur
propriété et que l’usager ne la détient
qu’en tant que médium d’échange. L’argument
est fondé sur le fait que le gouvernement a exigé de rappeler
son or pour soutenir la garantie du dollar US contre le flux d’or
sortant des Etats-Unis dans le cadre du commerce international.
Les
gens demandent aussi :
« Pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas
réévalué le dollar sans rappeler tout l’or
détenu par le peuple américain ? »
La réponse semble
être que cela aurait été plus juste et plus
équitable pour le public. Le Trésor aurait pu acheter
l’or du peuple pour soutenir ses besoins du commerce extérieur.
Mais cela aurait laissé bien moins de liquidités pour
les banques.
Un meilleur argument consiste à dire que le rappel de
l’or monétaire,
incluant les réévaluations qui ont suivi et
bénéficié à un petit segment de la population des
banques, a constitué une forme de confiscation des richesses sans
compensation en contrepartie. D’où l’absence de poursuites
actives.
Bon, alors est-ce que le gouvernement va confisquer de nouveau
l’or pour sauver les banques en dévaluant le dollar ?
Cela est hautement improbable parce que non seulement, le gouvernement
n’a pas besoin de le faire mais aussi parce que le dollar n’est
plus garanti par l’or et qu’il n’aurait plus besoin de le
faire parce qu’il a déjà dévalué le dollar
pour sauver les banques.
Cette fois, la
confiscation pour sauver les banques s’est appelée TARP (troubled assets relief program
ou plan de sauvetage pour les actifs en danger).
Si l’on y réfléchit, les dollars US ont
été créés et fournis directement aux banques pour
stimuler leurs réserves disponibles de manière significative
à une échelle comparable ou plus importante qu’en
1933-34.
La confiscation des richesses est partagée par tous les
détenteurs de dollars US et en actifs en dollars, domestiques et
étrangers dans une forme plus subtile d’inflation
monétaire.
Je vous l’accorde, le gouvernement doit être encore plus
flou pour masquer ses actions tout en soutenant la confiance dans le dollar
tandis qu’une dévaluation a lieu mais, c’est exactement ce
qui se passe actuellement et qui arrive forcément dans un
régime de monnaie à cours forcé.
Il n’y a pas de raison de confisquer des matières
premières exogènes largement détenues par le public
telles que l’or ou le pétrole brut mais il leur suffit de
réduire les signaux avertissant que le dollar subit de nouveau une
dévaluation significative pour sauver les banques et cela, aux
dépens du peuple américain.
Regardez attentivement le graphe juste dessous.
En premier lieu, notez la
grande chute de l’or en circulation de 9.8 millions d’onces soit
à peu près 36% du stock répertorié fin 1932.
Pensez-vous que quelqu’un avait prévu la dévaluation du
dollar ? Nous suspectons que l’ordre a été
passé aux banques d’accumuler de l’or avant la
dévaluation pour commencer
à pousser le stock d’or vers les banques.
La réduction de l’or en circulation après
l’annonce du décret sur l’or en avril a été
d’environ 3,9 millions d’once soit environ 22% de l’or
restant en circulation en mars 1933.
Considérant que toutes les pièces de monnaies
détenues par les banques dans les coffres ont été
confisquées automatiquement, le taux d’obéissance
volontaire n’est pas si impressionnant. Nous ne savons pas exactement
combien d’or était détenu à
l’étranger entre les mains des entités non US.
Cela dit et pour conclure, il est clair que cette confiscation
(injuste et probablement même illégale) de l’or en 1934 a
été le préalable à une dévaluation du
dollar préjudiciable aux citoyens, et a permis de renflouer le
système bancaire.
Il
aurait été bien plus équitable de dévaluer le
dollar et de changer la base dollar/or tout d’abord avant
d’exiger des citoyens privés qu’ils ne remettent leur or
au gouvernement. Mais bien sûr, cela aurait diminué la
liquidité directement disponible pour une transfusion directe aux
banques de la réserve fédérale.
Jesse
Le Café
Américain
Traduit et publié avec l’aimable
autorisation de Jesse. Tous droits réservés
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