Avec la manipulation des prix de
l’or qui entre désormais dans le domaine public, - voir cet article et cette
interview -, la
question devient de savoir quand, et non pas si, les titulaires acheteurs de
contrats sur les marchés à terme de métaux
précieux vont commencer à exiger la livraison physique de leur
métal.
La plupart d’entre eux va
s’apercevoir que le métal qu’ils pensaient posséder
n’est pas disponible et cela risque, et c’est un
euphémisme, de bouleverser les marchés des matières
premières et des devises.
Ce désastre potentiel pour
les Bullion Banks, ou « Banques
d’Or » est une victoire pour le GATA (Gold
Anti Trust Commitee) et de ses alliés, qui
se battent contre la manipulation du prix de l’or depuis dix ans
maintenant. En 2004, dans « The Collapse of the
Dollar », un livre coécrit avec James Turk, j’avais énoncé mes
prédictions sur ce qui risque de se passer lorsque cette escroquerie
sera devenue publique, dans un chapitre intitulé « Le
corner sur les banques centrales ». Je vous en propose un extrait
ci-dessous.
« Une question que je n'ai encore jamais abordée est la raison
pour laquelle les banques centrales continuent à
s’intéresser au cours de l’or, et à la relation
entre celui-ci et la devise qu’elles managent. Voici pourquoi :
l’or est LA monnaie, et il est l'un des principaux étalons par
lequel les monnaies mondiales et les banques centrales qui les gèrent
sont mesurées. Lorsque le taux de change-or est faible par rapport au
dollar et l'euro, les banques centrales semblent faire un bon travail de
maintien de l'inflation et de préservation de la valeur de leur
monnaie papier.
Une grande partie de l’intérêt des
banques centrales vis-à-vis de l’or est donc simplement de
maintenir la stabilité du niveau relatif de leur monnaie par rapport
à l’or, ce qui implique ce celui-ci reste sous évalué.
Et quant à savoir pourquoi la manipulation du prix
de l’or à la baisse par les banques centrales implique
nécessairement une hausse spectaculaire du prix de l’or un jour
à venir, il convient de se rappeler comment les banques centrales ont
prêté leur or à des « banques
d’or », « (Bullion Banks).
Ces banques d’or ont vendu sur le marché l’or
qu’elles ont emprunté aux banques centrales. Et comme ces banques d’or ont
promis de rendre cet or aux banques centrales, elles sont en
réalité vendeuses à découvert. Cela signifie que,
un jour ou l’autre, elles seront obligées de racheter de
l’or pour le rendre aux banques centrales. Les Bullion
Banks ont fait d’énormes profits lorsque les cours de l’or
étaient bas, et perdent de l’argent, potentiellement de
manière extrêmement significative, maintenant que le prix de
l’or augmente ».
À la fin de 2002,
j'estimais à au moins
12.000 tonnes la quantité d'or que les banques centrales avaient
prêtée, soit environ 385,8 millions d’onces. C'est presque
cinq fois la production d'or mondiale annuelle, qui représentait
environ 160 milliards de dollars. Si les Bullion
Banks avaient emprunté cet
or à une moyenne de 350 $ l’once (11.25 $ par gramme), que le
prix de l’or montait à 400 $ l’once (12.86 $ par gramme),
les banques d’or devaient alors faire face à une perte de 50
millions de fois 385,8 millions d’onces, ou 19 milliards de dollars. Si
les banques avaient emprunté à 300 $ l’once (9.64 $ par
gramme) en moyenne, elles étaient alors confrontées à
des pertes potentielles de 38 milliards de dollars, plus que suffisantes pour
provoquer la faillite de certaines d’entre elles.
Avec la hausse des prix de
l’or, les banques d’or pourraient bien être tentées
de couvrir leurs pertes en abandonnant leurs positions à
découvert, c'est-à-dire en rachetant de l’or sur le
marché, en masse. En
termes boursiers cela s’appelle une liquidation forcée et cela
se traduit la plupart du temps par une panique à l’achat. En
effet, le fait que tout le monde tente de sortir d’une position
vendeuse en même temps aboutit à une forte hausse des cours, ce
qui augmente les pertes des intervenants à découvert, qui sont
de plus en plus contraints de couvrir leurs positions et d’acheter, ce
qui alimente encore plus la hausse.
L’éventualité
de cette situation est terrifiante pour les Banks, en raison des pertes
colossales qu’elles pourraient alors encourir. Pour les banques
centrales, un corner sur l’or est tout aussi terrifiant parce
qu’il aboutira à une dévaluation massive de leur monnaie
par rapport à l’or, ce qui pourrait saper toute la confiance
dans leur monnaie papier. Or la confiance est leur seul fonds de commerce, et
la seule garantie de leur monnaie papier.
En tout état de cause, la
faillite d’une ou de plusieurs Bullion
Banks (rappelez-vous, ceux-ci
sont parmi les plus importantes institutions financières au monde)
pourrait menacer l'ensemble du système financier mondial, une perspective
qui fait sans aucun doute trembler tous les banquiers centraux du monde.
Vues sous cet angle, les
fluctuations brutales du marché de l’or ces deux
dernières années sont parfaitement logiques. Lorsque des
individus libres s’aperçoivent des manœuvres des banques
centrales et de la perte de valeur permanente des monnaies fiduciaires, ils
commencent à se protéger et à faire monter le taux de
change de la seule monnaie que les banquiers centraux ne peuvent pas imprimer
sans limites, l’or. Les Bullion Banks,
courent alors à Washington
(ou à Paris ou Londres) pour obtenir un plan de sauvetage, et les banques
centrales leur rendent ce service en manipulant le cours de l’or
à la baisse.
Mais
ce petit jeu touche bientôt à sa fin. Les positions des bullion banks à
découvert ont atteint des proportions ingérables, et taux de
change de l'or est en pleine progression et entre dans une zone de danger danger.
Un
corner est prévisible, voir inéluctable, et ce sera un
désastre pour les banques centrales et les actionnaires de ces
banques.
Mais
pour ceux qui apprécient et comprennent le rôle de l’or en
tant que monnaie, ce restera dans l’histoire comme un cas classique de
justice immanente.
John Rubino
DollarCollapse.com
John Rubino est le co-auteur, avec James Turk de Goldmoney,
de “The Collapse of the Dollar and How to Profit from it (Doubleday,
2007), “ Clean Money:
Picking Winners in the Green-Tech Boom” (Wiley, 2008), et de “How
to Profit from the Coming Real Estate Bust” (Rodale, 2003). Il
écrit régulièrement pour TheStreet.co, to Individual Investor, Online Investor, Consumers Digest et CFA Magazine. Il est
l’éditeur de DollarCollapse.com
and GreenStockInvesting.com.
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