Chaque fois que
je pense que les choses vont se calmer un peu dans les
révélations sur les turpitudes du marché de l’or, de
nouvelles affaires apparaissent, toutes plus étonnantes, choquantes ou
suspectes, mais toutes s’intégrant dans un tableau
général de comportements à risques tous voués
à l’échec.
Apparemment, certaines banques et maisons de courtage ont été
prises à vendre de l’or et de l’argent qu’elles
n’avaient pas en leur possession.
Ce fait est connu
depuis longtemps, et nous le savons
parce que Morgan
Stanley a été pris sur le fait et faisait
même payer à ses clients des frais de stockage sur de l’or
que cette banque n’avait pas en conservation.
Les banques n’ont-elles pas de commissaires aux comptes ? Est-ce que les autorités de
régulation balaient tout ceci sous le tapis ? Est-ce que les
initiés et leurs porte-parole agissent honnêtement quand ils
réduisent cela à un simple problème comme nous avons pu
le constater avec le marché des subprimes, y
compris par Ben Bernanke en personne, avant que ce marché ne
s’effondre et ne créé une panique bancaire qui a
ébranlé tout le système ?
Il faut tout
d’abord rappeler la différence entre un compte à métal
alloué, c'est-à-dire des certificats permettant la
traçabilité de la propriété du métal
physique et les comptes non-alloués dans lesquels, finalement, on ne
détient qu’un certificat papier sur le métal et pour
lequel le détenteur du titre n’est qu’un simple
créditeur non assuré même s’il paie des frais de
stockage.
Ceci
est important parce que bien que le système de réserves
fractionnaires soit une caractéristique inhérente à notre
système bancaire, y compris dans le cas d’un système
bancaire fondé sur le métal, dans notre cas précis la
proportion commence à ressembler davantage à un schéma
de Ponzi qu’à un marché rationnel et efficient. Il arrive un moment où la
« spéculation » devient une escroquerie et
où l’escroquerie devient si énorme qu’elle commence
à mettre en danger la santé de tout le système
financier.
Et
dans notre système financier sous-réglementé et excessivement
soumis au levier financier, cela devient un problème parce que tout
ressemble à une sorte de
schéma de vente pyramidale. Par exemple, JPMorgan
à elle seule a dans ses comptes des produits dérivés dont les valeurs
nominales se rapprochent du montant du PNB mondial.
Les banques qui auraient vendu de l’or
qu’elles n’ont pas en leur possession pointent du doigt des
offres de métal sur d’autres marchés comme
le LBMA de Londres ou Hong Kong,
avec l’argument qu’elles pourraient remplir leurs obligations de
livraison mieux que ces marchés. Le problème avec cette
façon de voir les choses c’est que si tout le monde fait
ça, que si tout le monde
utilise un levier financier trop grand et surtout que chacun devient une
contrepartie ou une source d’offre potentielle pour quelqu’un
d’autre, alors seuls de rares acteurs possèdent
véritablement ce qu’ils prétendent posséder.
Dans ce cadre, l’interview d’Adrian
Douglas par Eric King mérite quelques instants de votre
attention :
Interview
de King News World concernant le manque de réserves de métal
dans une grande banque canadienne
Je vous laisse
tirer vous-mêmes vos conclusions. Mais je vous suggère
également de comprendre exactement ce que la banque a écrit sur
le certificat que vous détenez. Comme indiqué ci-dessus, vous
pourriez bien n’être qu’un simple créancier
d’un compte non alloué. Il n’y a pas d’escroquerie
là-dedans, seulement le risque lié à une livraison
physique si vous veniez à l’exiger.
Et c’est
précisément au moment où vous demanderez la livraison de
votre or que vous en aurez le plus besoin.
Je suis sûr
que d’autres nouvelles de ce genre vont apparaitre un jour, quoique
pour l’instant ces informations soient encore parfaitement
filtrées par les médias, permettant ainsi aux banques de
maintenir une opacité sur ce type d’opérations.
Comme je l’ai dit auparavant, le problème que
j’ai face à tout cela, c’est le manque de transparence et
d’audit de ces marchés, ce qui les rend aptes à
l’escroquerie et à l’utilisation d’un levier
financier excessif par les suspects habituels dans les banques TBTF (Too Big to Fail, ou trop grandes
pour faire faillite).
Et tout ceci ressemble furieusement aux causes de la
crise des subprimes et du début de panique
bancaire de 2008 : un manque de liquidité et une mauvaise
valorisation du risque. Comment se fait-il que personne ne s’en inquiète ? Nous venons de faire face au
même problème et nous continuons avec ce comportement
grégaire consistant tout simplement à ignorer le
problème parce qu’il est devenu trop alarmant et trop
gênant.
L’or promis
vendu et conservé ne serait pas là ? N’avons nous
rien appris? A quelle heure aura lieu le prochain sauvetage?
Que la
vérité éclate au grand jour, et que justice soit faite.
Jesse
Le Café
Américain
Traduit et publié
avec l’aimable autorisation de Jesse. Tous droits
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