Voici le diagnostic correct de la maladie économique du
monde: trop de dépenses ont été faites, basées
sur trop de dettes, et l’épargne réelle manque
grandement.
Quel traitement serait à entreprendre afin de faire face
à une telle maladie? Il est nécessaire de se débarrasser
de la dette excessive grâce un laxatif qui pourrait l’annuler, et
de fournir au patient de la monnaie saine et réelle qu’il
pourrait engloutir avidement.
Cette philosophie m’a conduit à proposer un
renouveau de la monnaie-argent en la réintroduisant au Mexique. Je
laisserai le problème de l’annulation de la dette aux
autres ; ma contribution est réelle, une monnaie saine pour la
Nation Mexicaine.
Comment réintroduire l’usage permanent de la monnaie-argent
au Mexique?
Premièrement, puisque je ne souhaite pas tuer mon
patient, je prescris une introduction graduelle de l’argent dans la
circulation, en parallèle à la fausse monnaie, qui est
aujourd’hui l’unique monnaie utilisée à travers le
monde. Nous devrions graduellement augmenter la quantité de
monnaie-argent au Mexique, afin qu’elle circule dans le même
temps que la fausse monnaie fiduciaire.
Il est toutefois nécessaire de prendre en compte que
fût un temps – il y a cent ans environ, pour ce qui concerne le
Mexique -, les gens calculaient les valeurs en termes de poids
d’argent. Ils ne seraient toutefois pas capables d’en faire
autant aujourd’hui, puisqu’étant accoutumés
à l’utilisation de nombre dans la désignation de valeurs.
De ce fait, si nous voulons revoir un jour l’argent
circuler entre les mains du peuple Mexicain, nous devrons doter ces
pièces d’argent d’un nombre. Si cette pièce
d’argent se voit attribuer un nombre, alors le peuple Mexicain happera
la quantité maximale de pièces qu’il sera en mesure de se
procurer, puisqu’il sait qu’il sera en mesure de les utiliser à
n’importe quel moment dans ses transactions commerciales –
même si nous savons qu’il ne le fera pas : il va
instinctivement épargner ces pièces (loi de Gresham). Et
c’est exactement ce que nous voulons que notre patient fasse !
Juste après la Seconde Guerre Mondiale, il
n’était pas rare de voir des pièces d’argent
circuler, et ce dans la plupart des régions du monde. Elles ont
cependant disparu de la circulation en quelques années. Que
s’est-il passé ? Il y a eu une inflation du papier-monnaie
tout autour du globe, du fait de l’expansion des crédits.
Cette inflation a entraîné une augmentation de la
valeur de l’argent. Puisque toutes les pièces d’argent en
circulation arboraient une valeur nominale, et que ces nombres gravés
ne pouvaient pas être effacés, la valeur intrinsèque de
ces pièces a donc surpassé la valeur gravée, et ces
pièces se sont vues fondues sous forme de lingots d’argent. Tout
cela a scellé le destin de la monnaie-argent: elle a pris le chemin de
la raffinerie et n’en est jamais revenue. En réalité, les
pièces d’argent arborant une valeur nominale gravée ne
pourront jamais revenir en circulation tant qu’il existera du
papier-monnaie – elles finiront tôt ou tard par être redirigées
vers la raffinerie, et ce peu importe leur valeur nominale gravée, dans
la mesure où le papier-monnaie, ou monnaie digitale, connait une
inflation constante.
Il existe aux Etats-Unis des pièces d’une once
d’argent, les Eagle, qui ont
été sortis de la circulation puisque n’arborant
qu’une valeur nominale de 1 dollar, en faisant des pièces
totalement inutiles.
Donc cette pièce d’argent que nous nous devons de
remettre en circulation permanente ne doit pas arborer quelque valeur que ce
soit. Providentiellement, il existe déjà une telle pièce
au Mexique : le ‘Libertad’
d’une once d’argent pur. Nous n’avons même pas
à réinventer une nouvelle pièce.
Tout ce qu’il nous reste donc à
faire est d’obtenir une note permettant d’attribuer une valeur
monétaire à cette pièce, comme une note de
l’autorité monétaire, la Banque du Mexique. Cette note
prendra simplement la place de la valeur gravée.
L’un des présidents du Mexique, Jose Lopez Portillo (1976-1982), avait déjà
tenté de mettre cela en place, en 1979, dans un moment
d’inspiration. Néanmoins, sa loi était défectueuse
et sa mesure fût un échec puisque la loi en question
décrétait que la Banque du Mexique devait décider
d’une valeur monétaire pour l’once d’argent, valeur
dépendant directement du prix international de l’argent.
L’intention du président était excellente, mais la loi
déficiente, puisque l’once d’argent a vu sa valeur
augmenter de jour en jour et personne n’a donc été en
mesure de l’utiliser en tant que monnaie sous cette condition. La loi a
donc été autorisée à commettre une erreur, mais
n’a jamais plus tenté de réitérer.
Il
m’a fallu bon nombre de mois de réflexion afin de trouver une
solution à la monétisation de l’once d’argent sans
valeur gravée. Cela m’est apparu un jour, comme la
lumière au bout du tunnel : la Banque du Mexique devrait
délivrer une note qui fixerait une valeur monétaire pour le Libertad, mais une fois cette valeur monétaire
fixée, elle ne pourrait plus être diminuée, et sous
aucune circonstance ! La banque centrale doit se tenir prête
à créer un marché infini à une valeur minimum.
(Je
peux déjà voir de gros fonds spéculatifs s’en
amuser, testant la décision de la Banque du Mexique. Cela demande
probablement plus de réflexion, comme ce n’est qu’un des
points primordiaux sur lesquels l’idée s’est
fondée. Je pense que l’idée qu’a eue Hugo
d’utiliser l’or et l’argent pour réguler les
échanges internationaux était brillante, mais j’ai besoin
de réfléchir un peu plus à la façon dont tout
cela survivrait à un système économique
non-réformé et capable de pervertir presque tout ce qu’il
touche. –Jesse).
Les gens vont joyeusement utiliser cette pièce
d’argent comme épargne, dans la mesure où elle aura une
valeur monétaire fixée par un décret. Mais sa valeur doit
être stable, et ne doit pas pouvoir être réduite –
personne n’accepterait une monnaie dont la valeur pourrait demain
être moindre que ce qu’elle n’est aujourd’hui. Si
nous comparons cela avec le papier-monnaie, nous réalisons qu’un
billet est acceptable dans la mesure où il arbore une valeur de
100pesos. Son pouvoir d’achat peut bien baisser, mais le prix de 100
pesos sera toujours inscrit sur le billet.
Le même principe s’applique à la pièce
d’argent sans valeur gravée: si on lui confère une valeur
de 300 pesos, le public doit avoir la certitude que cette valeur ne sera
jamais amoindrie. Une valeur fluctuante a été la cause de
l’échec de la législation de notre précédent
Président: sa pièce avait une valeur monétaire
différente chaque jour, quelquefois plus élevée,
d’autres fois moins.
D’un
autre côté, les gens vont joyeusement accepter une pièce
dont la valeur peut être augmentée en fonction de la valeur de
l’argent. En fait, c’est une motivation très forte pour
épargner, et c’est ce que nous recherchons : plus
d’épargne ! Un paiement à intérêt
zéro est nécessaire pour encourager les gens à
épargner cette pièce – l’argent est un aimant
irrésistible pour l’épargne. (Les Etats-Unis l’utilisent
à bien moindre échelle à travers la délivrance de
pièces ayant un appel marketing, comme les séries
étatiques ou présidentielles. – Jesse).
Voici donc notre projet de loi:
La Banque du Mexique devrait fixer une valeur monétaire
pour l’once d’argent, en se basant sur la procédure
suivante:
a.Au prix international de
l’argent en pesos, la banque du Mexique devrait ajouter 10% de
seigneurie (profit) pour elle-même. (231,41 pesos X 1,1 = 254,55 pesos. Voir la valeur du jour pour
l’argent et pour les pesos, sur kitco.com)
b.La banque du Mexique devrait
ajouter à cela le coût de monétisation de l’once
d’argent. ( 254,55 + 19,02 = 273,57 pesos)
c.La banque du Mexique devrait
arrondir la somme des deux décimales au multiple le plus proche de 5,
pour faire de cette valeur monétaire une valeur facile à
retenir. (273,57 arrondi
à 275 pesos = valeur monétaire
du Libertad d’une once d’argent)
d.Lorsque le prix international de
l’argent en pesos chute, la Banque du Mexique se doit de rester
passive.
e.Lorsque le prix international de
l’argent en pesos augmente et dépasse la seigneurie de la Banque
du Mexique, sa valeur monétaire doit augmenter afin de restaurer cette
seigneurie.
f.La Banque du Mexique doit
monétiser une quantité suffisante d’onces Libertad pour satisfaire la demande et prévenir
l’apparition d’un prix plus élevé que la valeur
fixée du Libertad.
Par ce moyen, le peuple Mexicain aura un idéal pour
l’épargne et même ceux qui ne peuvent ni écrire ni
lire vont accumuler ces pièces comme patrimoine familial. Une
étude récente de la trésorerie Mexicaine a prouvé
que 85% des Mexicains n’ont pas de compte en banque. Ceux-là
même sont les candidats pour épargner de l’argent!
Avec cette loi, le Libertad
d’argent ne sera jamais fondu sous forme de lingot, comme l’ont
été ses prédécesseurs. La pièce aura
toujours une valeur supérieure en tant que monnaie qu’en tant
que lingot.
Une baisse de la valeur argent n’affectera pas cette
pièce. Peu importe la force de sa baisse de prix, cette pièce
sera toujours préférable à tout autre billet papier ou monnaie
digitale, puisque le papier et la monnaie digitale n’ont absolument
rien qui les soutienne. Cette pièce aura toujours quelque valeur du
fait qu’elle est en argent. Je trouve qu’un tel effondrement est
difficile à concevoir, mais nous devons prendre en compte cette
possibilité.
Je ne peux m’empêcher d’ajouter que selon moi,
la monnaie-argent est ce que le monde entier attend, ‘un lever de
Soleil’ dans notre présent de ténèbres. Je pense
que si elle devient une réalité, il n’en ressortira qu’un
énorme succès.
Hugo Salinas Price
www.plata.com.mx/plata/