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La guerre économique a commencé.

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Published : October 04th, 2010
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Category : Editorials

 

 

 

 

L'année 2010 a emporté les dernières illusions d'une reprise forte et durable (reprise en V). Le tassement de la croissance aux États-Unis, au deuxième trimestre, a montré que celle-ci était due à l'augmentation de la dépense publique et aux transferts sociaux.

 

Chaque état cherche donc à tirer parti, du seul relais de croissance qui semble encore fonctionner : les exportations, en utilisant l'arme monétaire.

 

La stratégie chinoise : une attaque en règle contre le Japon

 

 

Celle-ci repose, en premier lieu, sur la substitution de ses produits aux importations de produits technologiquement avancés en provenance des pays riches.

 

La Chine entend tirer profit de la croissance de son marché intérieur ainsi que de son gigantesque plan de relance et de la relance de crédit qui devrait toutefois marquer le pas (risque de bulle financière et immobilière).

 

Mais elle entend surtout accaparer une partie significative du « pactole du commerce international », qui devrait croître de 13,5 % en 2010, selon les prévisions de l’OMC.

 

En achetant de la dette japonaise, elle peut faire monter le yen par rapport au dollar, ce qui aura pour effet de faire baisser le renminbi (la monnaie du peuple), puisque celui-ci est défini par un rapport fixe vis à vis du dollar. Il s’agit d’une sorte de dévaluation compétitive masquée.

 

La hausse du yen pose un sérieux problème au Japon. Cela risque de bloquer le seul moteur de croissance encore valide : les exportations et de l’enfermer dans une déflation sans fin. Le Japon est donc parti en guerre contre « l’endeka », ce qui a amené sa Banque Centrale à intervenir sur le marché des changes, le 15 septembre, afin d’enrayer la hausse de sa devise.

 

La stratégie américaine : une attaque en règle contre la zone euro

 

La stratégie américaine part d’un constat douloureux : l’échec de son plan de relance mais aussi de la réduction de la dette américaine, à long terme, détenue par les pays asiatiques (essentiellement la Chine) puisque celle-ci est passée de 52 % à 48 %.

 

Malgré une injection de 4000 milliards de dollars dans l’économie américaine, celle-ci n’a pu engendrer qu’une croissance d’environ 200 milliards de dollars. En outre, la réduction de la dépense publique au premier trimestre a eu pour effet un tassement de la croissance au second trimestre.

 

La seule stratégie, qui permette de tenir compte de l’ensemble de ces contraintes, consiste à laisser filer le dollar. La Fed a donc provoqué - par des canaux

 

détournés - la baisse du dollar : elle a annoncé, mardi dernier, qu’elle était prête à prendre toutes mesures d’assouplissement nécessaires afin de stimuler la croissance. En clair, il s’agit de faire tourner la planche à billet afin de racheter des obligations d’états à maturité longue (quantitative easing), ce qui lui permettra de financer des mesures de relance éventuelle afin de lutter contre une possible déflation et de remplacer les investisseurs étrangers défaillants.

 

Les investisseurs anticipent donc une chute du dollar et préfèrent miser sur l’euro.

 

L’administration obama compte, par ce biais, doper ses exportations, mais aussi faire augmenter l’inflation grâce à l’augmentation du prix de ses importations.

 

Elle a, en outre, décidé de prendre des mesures contre la Chine. Une nouvelle étape a été franchie : la chambre des représentants a voté une loi qui permet de prendre des sanctions commerciales contre la Chine, en assimilant la sous-évaluation de la monnaie à une subvention déguisée. Les Américains estiment, en effet, que le renembi est sous-évaluée de 20 à 40 %.

 

L'utilisation de l'arme monétaire par les États-Unis et la Chine semble déboucher sur un scénario de guerre économique.

 

Un scénario de guerre économique ? : Qui va s'emparer du pactole du commerce international ?

 

Dans ce cadre, on peut se poser la question du sérieux de la demande américaine : demander aux chinois de réévaluer leur monnaie de 20 à 40 %, a-t-il un sens? .

 

Le Premier ministre chinois, Wen Jibao, a répondu à cette question, en expliquant : « Si le renmimbi s’apprécie de 20 à 40 %, comme le demande le gouvernement américain, nous ne savons pas combien d’entreprises chinoises feront faillite, (....), il y aura des troubles importants dans la société chinoise ».

 

En premier lieu, les Américains ont un modèle de croissance basé sur la consommation (70 % du PIB), ils ne peuvent relancer la croissance qu’en prenant de nouvelles mesures de relance. Les exportations ne peuvent être qu’un moteur accessoire.

 

En outre, les États-Unis est un pays largement désindustrialisé, qui n’a pas la structure industrielle pour tirer pleinement profit de la croissance du commerce internationale (pays émergents) : ils sont plus un exportateur de bons du trésor et de produits financiers titrisés qu’un exportateur de produits industriels à forte valeur ajoutée.

 

La conséquence de la politique américaine et chinoise, c’est de faire jouer à l’euro et au yen le rôle de soupape de sécurité en les tirant vers le haut. Autrement dit les États-Unis et la Chine ont déclaré la guerre économique à la zone euro et au Japon.

 

Les États-Unis et la Chine entendent mettre la main sur le pactole du commerce internationale : la Chine en prenant des parts de marché au Japon et à l’Allemagne sur les produits à forte valeur ajoutée, une partie du surplus ainsi généré sera utilisé afin de financer la dette publique américaine.

 

N’oublions pas que la politique de quantitative easing envisagé, par la FED, a surtout pour objet de remplacer les investisseurs étrangers défaillants (à long terme).

 

Si la Chine refusait à l’avenir de financer la dette américaine (notamment à long terme), les États-Unis pourraient lui imposer une double sanction : en faisant baisser la valeur des réserves de change chinoises investies en bons du trésor et en leur appliquant des sanctions commerciales (l'Europe et le Japon pourraient les imiter).

 

En conclusion, à court terme, l'euro et le yen devrait s'apprécier vis à vis du dollar.

 

Quant à la paire Euro / Jpy (yen), on peut parier sur la hausse de l'euro.

 

Le scénario de guerre économique que j'évoque, plus haut, n'est cohérent qu'a moyen terme, car à long terme les intérêts de la Chine et des États-Unis sont divergents.

 

A long terme les États-Unis ont intérêt à se ré-industrialiser, en s'appuyant sur le réchauffement climatique et l'économie verte, ce qui leur permettra d’offrir des emplois qualifiés à la classe moyenne et de développer des services à forte valeur ajoutée.

 

 

 

La guerre économique actuelle (à moyen terme) qui oppose les États-Unis et la Chine à la zone euro et au japon, n’est que le préalable, de la guerre économique (à long terme) qui va opposer les États-Unis et la Chine : un saut dans l’inconnu.

 

Nous rentrons dans une période d’affrontement économique qui se traduiront par des désordres monétaires : les dévaluations compétitives entraînant des mesures protectionnistes (schéma bien connu lors de la crise de 1929), ce qui, à terme, aura pour conséquence de contracter le commerce international.

 

 La seule manière d’étendre son empire économique passe, alors, par la guerre.

 

 Paul Bara

Blog de la Finance et de l’Economie.com

 

 

Paul Bara a été trader, économiste de marché puis directeur financier. Il a parallèlement enseigné l'économie et la finance à Paris X et à l'ENA. Vous pouvez lire régulièrement ses analyses sur son site en cliquant ici.

   

 

 

 

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Bonjour,
La vision réaliste c'est que les désordres économiques ont toujours engendré des désordres sociaux et des guerres. Viennent s'y ajouter les questions liées à la nature, à l'extinction des espèces, à la préservation des ressources, à la nouvelle qualification énergétique (les énergies renouvelables) et donc à des arbitrages technologiques de taille sans précédent sous un délai de moins d'une génération, au vieillissement de la population ainsi qu'aux challenges également sans précédent et inédits liés aux équilibres financiers sociaux. Nous sommes sans doute trop nombreux sur terre et la baisse inéluctable de la natalité va engendrer de plus graves difficultés - ce qui n'est pas le moindre des paradoxes.

On est mal barré comme le dit la vox populi, mais pour une fois la guerre sera peut-être le signal d'un déclin irrémédiable de l'espèce humaine et donnera une chance à celles qui pourront nous survivre.

Merci messieurs les banquiers et autres éléments manipulateurs des corps sociaux et politiques : vous nous ferez payer à tous l'addition de vos erreurs et de votre manque de moralité et des modèles hallucinants que vous nous avez infligés, mais vous ne serez pas épargnés... En fait vous nous avez conduit à un suicide forcé. "Le Prince" et ses sujets sont tous en perdition.

Jean LENOIR
Il faut espérer qu'il y a une vision plus optimiste pour étendre un empire économique que celle annoncée par Paul Bara. Il est vrai que les guerres ont l'avantage de relancer l'économie d'un pays, comme c'etait le cas pendant la WW2. Mais les guerres de nos jours prendront-elles la meme forme que par le passé? A-t-on besoin de lancer les usines à pleine puissance quand une bombe atomique suffit ? ou alors, les guerres seront-elles des guerrillas locales de terrains comme en Afghanistan, ou autre ? Et l'opinion publique est-elle prête pour une guerre surtout "économique" ?
Hola, hola ! Les guerres favorables à l'économie ? Doit on en déduire qu'il suffit de tout détruire pour générer de la richesse et de la prospérité ? Je vous conseille vivement de relire le sophisme de la vitre cassée par Frederic Bastiat à ce sujet
http://bastiat.org/fr/cqovecqonvp.html#vitre_cassee
La guerre détruit, point.
Attention, je suis d'accord, la guerre détruit, point(s de suspension).
Je disais justement que la vision de l'auteur, "La seule manière d’étendre son empire économique passe, alors, par la guerre." est, je trouve, plutôt pessimiste. Il est sur que lorsque les usines anglaises ou américaines fonctionnaient à plein régime pour, par exemple, fournir les bateaux nécessaires au débarquement.
Cependant, j'ose espérer, qu'il y a d'autres moyens de relancer une machine économique : l'innovation, la construction, la compétitivité (ou la compétition)... des valeurs positives, et non négatives comme une guerre pseudo économique.
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Bonjour, La vision réaliste c'est que les désordres économiques ont toujours engendré des désordres sociaux et des guerres. Viennent s'y ajouter les questions liées à la nature, à l'extinction des espèces, à la préservation des ressources, à la nouvelle  Read more
Jean L. - 10/5/2010 at 8:26 AM GMT
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