Le système bancaire est fondé sur la fraude

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Published : November 08th, 2010
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Autrefois, la monnaie fiduciaire, qui prenait en outre la forme de certificats et de billets bancaires, n'était vue qu'à titre de substitut de la véritable monnaie qu'était l'or. Les divers certificats représentaient autant de réclamations d'or entreposé dans les banques. Ces certificats pouvaient être convertis en or sur demande. Parce que les gens les trouvaient plus pratiques que l'or, les certificats ont fini par être considérés comme l'argent même. Du moment que les certificats d'or ont été acceptés comme moyens d'échange, la tentation pour les banquiers d'accroître leurs profits en prêtant davantage de certificats qu'il y avait de monnaie métallique a été présente. Lorsque les épargnants constataient la magouille, ils redemandaient leur or, ce qui pouvaient entraîner les banques frauduleuses à la banqueroute. 
  
          Dans un marché libre, la menace de faillite qui plane restreint donc la propension des banques à émettre des certificats sans contrepartie métallique, car la simple rumeur peut conduire les gens à retirer leur argent de celles-ci en un rien de temps. Le problème, c'est que le marché bancaire actuel est tout sauf libre, car les divers gouvernements du monde encouragent les banques à prêter sans égard à leurs réserves réelles. Le système de réserves fractionnaires légalise même cette fraude. La probabilité d'un écroulement bancaire mondial s'en trouve donc proportionnellement accrue. Autrement dit, en tentant d'éviter les faillites bancaires, les gouvernements ont crée un système dans lequel le risque d'appauvrissement généralisé est incommensurablement plus important que les gains obtenus.  
  
Centralisation et monopolisation 
  
          Dans la première partie du 20e siècle, les banquiers et politiciens en Amérique du Nord en sont venus à une entente qu'ils disaient pour le bien de tous (ce processus avait commencé bien avant en Europe). Ils ont, d'une part, créé une banque centrale et, d'autre part, interdit toute monnaie n'ayant pas cours légal. Ainsi, banquiers et politiciens tentent de nous faire croire que centralisation et monopolisation riment avec justice. Encore, si le monopole avait été établi librement on pourrait parler de justice, mais lorsque cela est décrété par l'État, tout ce qu'on peut en dire est qu'il est légal. 
  
          Pour se prémunir contre les certificats n'ayant aucune contrepartie métallique, et ainsi éviter de voir les déposants se précipiter à leurs banques pour y retirer leur argent et conduire celles-ci à la faillite, la banque centrale s'est arrogée le monopole de la monnaie. Le résultat est que le système bancaire actuel fonctionne comme une seule banque, car la banque centrale émet ses propres certificats qui remplacent ceux des banques ordinaires. En d'autres mots, dans le but d'éviter la fraude de certaines banques, le gouvernement en a fait un monopole. Ce qui devait arriver arriva, c'est-à-dire que les certificats ne représentent plus que du papier et n'ont aucune contrepartie réelle qui assure leur valeur. 
  
          Lorsque le marché bancaire était libre les banques pouvaient ou non reconnaître les certificats de leurs concurrentes, de sorte que lorsque survenait une crise celles qui pratiquaient honnêtement leur métier étaient plus à même de remettre l'or aux propriétaires légitimes. Aujourd'hui, la fraude est érigée en système. Le papier-monnaie ayant « cours légal », c'est-à-dire étant imposé par le pouvoir coercitif de l'État, les banques ne sont plus obligées de remettre quoi que ce soit d'autres que ce même papier-monnaie, dont la valeur marchande diminue sans cesse parce que les banques centrales ne cessent d'en créer toujours plus (ce qui était impossible à faire avec l'or, qui maintenait une valeur plus ou moins constante).  
  
Un système maintenu seulement par la confiance 
  
          La banque centrale contrôle les banques au sens où elle pénalise celles qui oseraient prêter sans aucune considération de leur réserves réelles, c'est-à-dire qui abuseraient de leur privilèges d'être protégées de la faillite. La pénalité, pour autant qu'on peut l'appeler ainsi, consiste à charger aux banques sans vergogne un taux d'intérêt plus élevé pour leur emprunt auprès de la banque mère. Autrement dit, la banque centrale encourage les banques à prêter mais pas trop, juste assez pour que le système perdure. Cependant, elle n'agit pas tant comme arbitre auprès des banques que comme chef d'orchestre dans la création de fausse monnaie. Elle ne résout pas le problème, elle le cache tout en l'amplifiant.  
  
          Si le système bancaire actuel est pire que ce qu'il était il y a cent ans, comment se fait-il qu'il tienne encore? C'est qu'une majorité de la population fait toujours confiance au gouvernement et à la monnaie qu'il nous fournit. 
  
          Dans le système actuel, la banque centrale est conduite à créer toujours davantage de monnaie et à laisser les banques prêter plus d'argent qu'elles en possèdent en réalité. Puisque les politiciens et banquiers privilégiés profitent du système à leur façon, ils se taisent, et puisque la majorité de la population et des économistes sont endoctrinés aux écoles de pensée dominantes, ils n'y voient que du feu. Ce système enrichit pourtant les uns au détriment des autres. Seul un système monétaire établi librement peut être juste.  Ainsi, pratiquement tout le monde pense que le cycle économique est normal et qu'il est dû aux forces du mal qu'est, à leurs yeux, le marché. Réglerait-on le problème en laissant le stock actuel de monnaie inchangé? Non, car le système actuel survit justement parce la banque centrale injecte un flux continue d'argent neuf dans les marchés pour protéger les banques à réserves fractionnaires de la faillite. Les politiciens se servent également de leur pouvoir de taxation pour sauver le système. 
  
          Il ne faut pas oublier que dans ce système, lorsque l'argent emprunté est remis à la banque et que celle-ci ne renouvelle pas le prêt, l'argent disparaît. Il en est ainsi car l'argent prêté n'a aucun propriétaire légitime, même si le prêt a été conclu comme s'il existait un propriétaire. Il n'y a donc plus moyen de distinguer la richesse réelle sous forme monétaire (autrefois l'or) de son substitut, car aujourd'hui tous deux sont du papier. Le gouvernement nous demande simplement d'avoir confiance en la monnaie qu'il émet.  
  
Perte constante de valeur 
  
          Dans un marché libre, aucune considération n'est donnée à la quantité de monnaie dans l'économie, car cela est sans importance. Ce n'est pas la quantité d'argent qui est importante, mais son pouvoir d'achat. Pour maintenir un pouvoir d'achat il nous faut revenir à une monnaie métallique et abolir la banque centrale, car celle-ci ne fait que le réduire par l'inflation. À titre d'exemple, depuis la création de la Réserve fédérale, en 1913, le dollar américain a perdu rien de moins que 94% de sa valeur. 
  
          Si la richesse générale s'est accrue lors des cent dernières années malgré l'inflation, c'est qu'il y avait encore suffisamment de liberté pour permettre aux hommes d'échanger et de créer davantage de richesse que ce que politiciens et privilégiés du système bancaire leur extorquaient. Liberté et richesse vont de pair et varient inversement avec la généralisation des politiques social-démocrates.  
  
          La méconnaissance des gens du rôle principal de la monnaie, qui est de servir de moyen d'échange, est à la source de la croyance populaire dans les pouvoirs de la banque centrale pour revigorer l'économie. Croyance qui, à son tour, est basée sur une autre plus grave encore, celle de penser que l'État peut réguler la coopération humaine. L'argent ne se consomme pas et par conséquent ne produit rien, il ne fait que faciliter l'échange des biens et services qui sont la véritable richesse. L'épargne monétaire est également une richesse, mais grâce au gouvernement celle-ci perd continuellement son pouvoir d'achat. Or, pour maintenir et accroître la richesse monétaire et, par conséquent, la prospérité en général, il n'y a rien qui puisse véritablement remplacer l'argent métallique dans un marché libre des interventions gouvernementales. 
  
  

* Ce texte a notamment été inspiré de l'article de Frank Shostak « How Much Money Should There Be? », 10 octobre 2001

 

André Dorais

 

André Dorais a étudié en philosophie et en finance et vit à Montréal.  Essai originellement publié par Le Québecois Libre

 

 

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