Le
Patriot Act, ayant
été ratifié après les attaques de septembre 2001,
représente la plus importante atteinte à la liberté dont
nous ayons jamais fait l’expérience. Il
a réduit à néant des libertés et droits
fondamentaux que nous pensions depuis longtemps acquis. Les libertés
ne se perdent jamais toutes à la fois, mais le Patriot
Act, au nom tout autant repoussant que son
idéologie et la rhétorique dont il a fait l’objet,
représente pour les Etats-Unis un point de non-retour, la loi qui
donne le meilleur exemple qui soit de l’étatisme comme idéologie
politique. Il est une loi si sévère qu’il pousse les gens
à oublier ce que signifie réellement la liberté.
C’est
pourquoi je suis d’avis que le livre de Ron Paul, Liberty
Defined, est l’un des plus importants ouvrages de notre époque.
Il définit clairement la liberté comme étant une interférence
coercitive de l’Etat. C’est également de cette
manière que les institutions libérales d’Aquinas, de Jefferson et de Rothbard
l’apercevaient. Il n’est pas de risque plus important pour la
liberté que l’Etat. Le pouvoir de l’Etat se doit
d’être dissout si nous voulons un jour goûter à
nouveau aux fruits de la liberté.
Ron
va plus loin et applique le principe de liberté à bon nombre
des domaines les plus controversés de l’époque moderne.
Son objectif n’est pas là de détailler les projets
gouvernementaux. Il va bien plus loin que cela. Ce qu’il recherche,
c’est la stimulation de l’imagination humaine afin qu’elle
soit capable de voir au-delà des normes étatiques dominantes.
En 1945, Ludwig von Mises écrivait un ouvrage similaire intitulé Omnipotent Government: The Rise of
the Total State and Total War. C’est
probablement là l’attaque la plus cinglante jamais écrite
envers le National-Socialisme. Il y détaille les
caractéristiques d’un étatisme Nazi (une forme de
nationalisme basé sur les liens du sang). Encore plus important
encore, il tente d’expliquer pourquoi le Nazisme n’est en
réalité qu’un symptôme du problème bien plus
large qu’est l’étatisme lui-même. Il aperçoit
le Nazisme comme étant une doctrine que les gens viennent à
embrasser sans pour autant en comprendre l’idéologie. Ce type de
comportement émerge généralement en des temps
économiques incertains.
Il
existe toujours de bonnes excuses quant à bafouer les libertés
humaines qui ont fondé la civilisation telle que nous la connaissons
aujourd’hui. Si l’Etat ne peut trouver une bonne raison de le
faire, alors il en invente une. Une civilisation crédule, ou simplement
inquiète pour s sécurité, peut aisément permettre
à son gouvernement de mettre la main sur ses droits et ses
libertés, et un gouvernement qui ait été en mesure
d’acquérir un tel pouvoir ne l’abandonne jamais de
lui-même. Les libertés et les droits se doivent
d’être regagnés par les citoyens eux-mêmes, et la
manière d’y parvenir est l’inversement des conditions qui
aient autrefois permis à l’instauration de
l’étatisme. Les citoyens doivent abandonner toute
crédibilité envers l’idéologie de leur gouvernement,
et doivent arrêter de se persuader que le monde serait perdu s’il
cessait d’être gouverné par des tyrans.
L’une
des étapes de ce processus dit d’illumination requiert une
compréhension de ce que nous avons perdu lorsque nous avons
abandonné notre liberté, et de ce qui nous serait
apporté si nous la regagnions. L’ouvrage de Mises ne
néglige pas cette étape, et présente une description des
plus exemplaires de la vision libérale traditionnelle :
Afin
de bien nous rendre compte de la signification de ce programme
libéral, nous devons nous imaginer un monde dans lequel le
libéralisme serait des plus suprêmes, soit dans lequel tous les
Etats seraient des Etats libéraux, soit dans lequel assez
d’Etats seraient libéraux pour pouvoir repousser des agressions
militaires. Dans ce monde libéral, les moyens de productions seraient
une propriété privée. Le marché de l’emploi
ne serait pas pénalisé par les interventions du gouvernement.
Il n’existerait aucune frontière commerciale, et les hommes
seraient libres de vivre et de travailler où ils le désirent.
Les frontières seraient visibles sur les cartes mais n’auraient
aucune influence sur les migrations humaines et le transport de marchandises.
Les natifs ne jouiraient pas de lois dont ne pourraient jouir les étrangers.
Les gouvernements et leurs servants verraient leur rôle réduit
à la protection de la vie, de la santé et de la
propriété contre les agressions frauduleuses ou violentes. Ils
ne seraient pas en mesure de mettre en place quelque discrimination que ce
soit envers les étrangers. Les cours de justice seraient
indépendantes et protègeraient efficacement les citoyens contre
les empiètements de la bureaucratie. Toute personne aurait un droit de
parole, d’écriture et d’impression.
L’éducation ne serait pas sujette à l’intervention
du gouvernement. Les gouvernements seraient une sorte de gardes de nuit entre
les mains desquels les citoyens auraient placé le contrôle de la
police. Les bureaucrates seraient aperçus comme étant des
mortels, et non des êtres surhumains ou paternels ayant un droit de
tutelle sur leurs citoyens. Les gouvernements n’auraient pas le pouvoir
d’imposer à leurs citoyens la langue qu’ils devraient
utiliser dans la vie de tous les jours, ni la langue grâce à
laquelle ils devraient éduquer leurs enfants. Les organismes
administratifs et les tribunaux seraient forcés de parler à
chacun dans sa propre langue, si cette langue se trouvait parlée par
un nombre minimum de personnes dans la région sur laquelle ils auraient
jurisprudence.
Il
existe de nombreuses autres caractéristiques à la
société libérale. Il n’existerait pas d’Etat
providence (il n’en existait pas avant Bismark
et Roosevelt). Il n’existerait aucun passeport (il n’en existait
pas avant la première guerre mondiale). Il n’existerait aucune
carte nationale d’identité (il n’en existait pas avant la
seconde guerre mondiale) ; Les citoyens pourraient utiliser la devise
qu’ils désirent (et ils pouvaient le faire jusqu’à
l’éclatement de la Guerre Civile). Ils pourraient accumuler de
la richesse et la transmettre à leurs enfants tout en s’assurant
que leurs petits-enfants pourront également en jouir (comme
c’était encore le cas avant la première guerre mondiale).
Ils pourraient innover sur le marché commercial sans craindre
d’être traduits en justice ou encore d’être
surtaxés. Ils pourraient négocier tout contrat, employer ou
renvoyer à leur guise. Ils ne verraient pas de propagande
gouvernementale placardée sur les avions ou les devantures de supermarchés.
Ils ne s’intéresseraient même pas à la politique,
puisque le gouvernement aurait entre ses mains si peu de pouvoir que
même les pires personnes ne pourraient en changer le fonctionnement.
Ce
n’est pas là un rêve si reculé. L’explication
faite ici par Mises n’est qu’une description de ce que la
liberté a autrefois été à des époques et
en des lieux multiples de notre Histoire. Il écrit ceci pour nous
rappeler ce que les gens ont perdu, et ce que le gouvernement leur a
dérobé.
Le
point que Mises tente de mettre en avant dans son livre est qu’il ne
suffit pas d’exprimer sa haine pour un régime, mais qu’il
est également nécessaire d’en faire une critique
détaillée et de le comparer à la définition que
nous connaissons de la tyrannie. Il ne suffit pas non plus de s’opposer
à son gouvernement. Nous devons apprendre à aimer la
liberté et comprendre son fonctionnement tout en vivant en des temps
en lesquels la liberté n’existe quasiment plus et n’est
plus comprise. C’est là l’objectif de son livre :
mettre en avant le Nazisme comme étant une branche de
l’étatisme lui-même.
C’est
là également le point soulevé par Ron Paul dans son
ouvrage Liberty
Defined. Il s’oppose au gouvernement
tel que nous le connaissons. Plus encore, il comprend le principe de
liberté et tente de nous apprendre à aimer ce principe,
à comprendre son fonctionnement et son rôle.
Je
ne suis pas surpris que le fils de Ron Paul, Rand Paul, soit le seul membre
du Sénat des Etats-Unis à oser s’opposer au Patriot Act et à
l’appeler par ce qu’il est réellement. Il a basé sa
carrière politique sur l’abolition de cet acte. Si nous ne
sommes pas en mesure de déceler ce qui ne va pas avec le Patriot Act, alors nous ne
sommes pas en mesure de déceler le problème des despotismes
passés ou actuels. Si nous sommes en mesure de percevoir ce qui
cloche, alors c’est déjà là un bon point de
départ dans la compréhension de ce que sont les libertés
humaines.
Llewellyn H. Rockwell, Jr
LewRockwell.com
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