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L’euro, dans sa forme actuelle, nécessairement disparaitra. Reste à savoir quand?

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Published : September 19th, 2011
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Pour trois raisons au moins, l’euro, dans sa forme actuelle, nécessairement disparaitra:

1/ Une raison existentielle (ontologique pourrait-on dire) d’abord. L’histoire démontre qu’aucune monnaie fiduciaire de papier ne peut être créée ex nihilo (à partir de rien) par un simple décret d’un ou de plusieurs Etats, au surplus imposée à des peuples qui n’en voulaient pas à l’origine et qui ne lui font toujours pas confiance, puisque toute monnaie ne peut s’imposer qu’à la suite d’un lent processus d’adhésion volontaire et partagé de la part des populations appelées à l’utiliser. Raison, d’ailleurs, pour laquelle l’adoption des DTS (un concept basé sur panier de monnaies -comptabilisées selon des pourcentages aléatoires- donc manipulable à l’infini), purement abstrait et coupé des réalités économiques, du FMI (institution sans légitimé populaire dominée par les USA) ou toute autre innovation du même style, comme monnaie mondiale visant à se substituer au dollar US, ne fonctionneraient pas non plus.

Victimes de la double illusion constructiviste et supra-nationale, les créateurs de l’euro dans leur folle utopie ont aussi crû que la monnaie unique européenne conduirait nécessairement à une convergence des économies qui l’adopteraient puis, ultérieurement, à une union politique fédérale renforcée, alors que c’est le contraire qui se produit. Étant donné que l’euro, donnant l’illusion qu’il s’agirait d’un deutschemark-bis, a permis à beaucoup d’États qui n’avaient pas les moyens ultérieurs suffisants de remboursement de s’endetter follement à l’abri du supposé parapluie allemand, lequel se révèle absent à l’heure des comptes puisque l’Union européenne n’est pas une union fédérale mais une association d’États-nations indépendants. Nous ne visons pas seulement les PIIGS à ce sujet mais aussi les grands pays tels la France dont Sarkozy, son calamiteux président keynésien, a doublé l’endettement en mois de 5 ans, ce qui posera prochainement de très graves problèmes à ce pays!

On lira avec profit sur cette question de l’endettement étatique et privé le livre de Jacques Attali intitulé “Tous ruinés dans dix ans?”, publié en 2010 chez Fayard, en particulier le chapitre 6, “le scénario du pire”; la partie solutions à savoir les chapitres 9 et 10 dudit livre étant évidemment à ne pas retenir puisque l’auteur s’y complait dans son délire socialiste, mondialiste et européiste.

2/ Une raison structurelle ensuite. L’euro n’est en réalité qu’un signe monétaire désincarné obligatoirement destiné à imploser, parce qu’il n’est pas émis par un Etat souverain ni gagé par un actif stable et réel comme l’or mais seulement par une association de banques centrales nationales aux intérêts divergents, qui sont en désaccord sur l’interprétation des traités ayant fondé l’Union monétaire européenne comme sur les statuts de la banque centrale principale de ladite union (la BCE), d’où l’impossibilité de le gérer collectivement et solidairement. D’autant que, prenant place dans une zone monétaire non optimale, l’euro ne convient en fait à aucun des pays que les politiciens y ont arbitrairement fait entrer sans compter que les critères de Maastricht n’ont jamais été respectés par la plupart des États-membres de la zone, la BCE ayant alors laissé faire toute cette gabegie.

Les démissions successives d’Axel Weber et de Jurgen Stark du conseil de la BCE marquant leur désaccord avec la politique monétaire laxiste de Trichet, un technocrate de la pire espèce qui se rend tous les jours coupable de forfaiture, consistant à faire acheter illégalement par la BCE les obligations d’Etat des pays sur-endettés (PIIGS) qu’ils ne peuvent pas rembourser ou que le marché ne veut plus souscrire puis à les monétiser pour pouvoir mettre toujours plus de liquidités factices à la disposition desdits Etats et des grandes banques privées européennes, comme le refus raisonnable de la chancelière Merkel de créer des eurobonds, puisque tout cela va à l’encontre des traités qui ne prévoient pas une union fédérale fiscale ni de mécanisme d’emprunt collectif garanti par tous les États-membres pas plus qu’une monétisation des créances publiques ou privées pour sauver un ou plusieurs États-membres défaillants, démontrent que la principale puissance de la zone euro l’Allemagne n’est évidemment pas prête, on la comprend, (et ne le sera jamais) à la mutualisation des dettes nationales actuelles et/ou futures (qui la ruinerait) donc à aller plus loin dans le partage de la même monnaie européenne, que sa population ne veut plus (ni n’a jamais voulue). Monnaie qui, par ailleurs, a déjà ruiné les pays faibles qui l’ont adoptée (comme leurs populations dont le niveau de vie s’effondre en particulier en Grèce, Espagne, Portugal, Italie, Irlande) parce qu’ils ne peuvent pas rester compétitifs avec une monnaie aussi chère pour eux, ni appliquer des plans dits “de rigueur” leur faisant subir en quelques mois les ajustements dorénavant exigés par le FMI qu’ils n’ont pas effectués depuis des dizaines d’années. Cependant Merkel, que sa formation marxiste dans l’ex Allemagne de l’Est empêche de comprendre l’économie de marché capitaliste et dont la personnalité est beaucoup trop faible et hésitante pour trancher dans le vif, continuera à louvoyer jusqu’à ce que les électeurs allemands excédés la renvoient.

3/ Une raison conjoncturelle enfin. L’euro, en compétition avec le dollar US qui demeure la monnaie de réserve mondiale parce qu’émise par le principal Etat et la première puissance économico-militaire de la planète (même très affaiblie par la récession et l’endettement), ne pourra jamais remplacer le dollar US ni plus tard ne parviendra pas non plus à s’imposer face au yuan ou à toute autre monnaie nationale d’un Etat émergent ayant un poids économique à terme plus grand que les USA ou que la zone euro, donc des réserves de change supérieures à celles des USA ou de la zone euro.

Dans le monde actuel, il n’y a qu’une seule monnaie de papier globale effective (assurément instable) à savoir le dollar US. Ni l’euro, ni le yen, ni le yuan (encore inconvertible), ni aucune autre, n’est pour le moment capable de détrôner la monnaie américaine comme monnaie de réserve internationale. Quant à la seule autre monnaie réelle internationale (évidemment stable), qui pourrait devenir l’alternative au dollar US, c’est l’or. D’où la hausse structurelle de l’or en dollars US (interrompue par des corrections temporaires liées aux inévitables reprises du dollar US comme l’actuelle) au fur et à mesure de la baisse du dollar US et de son pouvoir d’achat. Un point c’est tout!

Quand donc l’euro disparaitra-t-il? Lorsque l’Allemagne devra se résoudre à laisser sortir de la zone les États-membres les uns après les autres qui feront défaut sur leurs dettes souveraines ou bien lorsque la faillite de plusieurs grandes banques privées européennes ayant accumulé des obligations d’Etat des PIIGS dont la valeur de marché sera devenue quasi nulle sera avérée. Pour le moment, les banques centrales interviennent massivement pour tenter d’éviter cette double issue. Mais elles ne feront qu’aggraver la situation économique de l’Europe et prolonger l’inutile agonie de la monnaie unique européenne qui, d’après nous, implosera d’ici fin 2011 ou au plus tard pendant les 8 premiers mois de 2012, lorsque les marchés comprendront et anticiperont que la plupart des dirigeants politiques actuels de la zone euro (et aussi Obama aux USA) perdront les élections et seront remplacés par des politiciens devant nécessairement changer la donne. Faute d’un tel changement radical de politique à mener par de nouveaux dirigeants non compromis dans la création de l’euro ou bien acceptant leur erreur, le drame de l’euro pourrait se terminer par une explosion politico-sociale révolutionnaire voire des guerres en Europe.

C’est hélas au plus mauvais moment que la Banque nationale suisse a décidé, comme mesure désespérée pour tenter de stopper la hausse de la devise helvétique qu’elle rend à tort responsable du risque d’affaiblissement économique intérieur (la Suisse comme l’Allemagne contrairement aux PIIGS étant toujours compétitive), de déterminer une parité fixe entre l’euro et le franc à 1,20 CHF. Ce qui se terminera soit par la ruine de la BNS, parce qu’elle devra acheter l’euro à guichet ouvert au moment où il s’effondrera ce que son bilan ne lui permet pas, accompagnée par une très forte inflation en Suisse; soit par l’abandon forcé de ladite parité, suivi d’une hausse vertigineuse temporaire incontrôlable du franc suisse contre l’euro. Dans les deux cas, il est à redouter que la BNS (dirigée par un Hildebrandt qui restera dans l’histoire comme le fossoyeur de la moins mauvaise monnaie de papier) se résoudra à abandonner le franc suisse et à proposer aux politiciens suisses de rejoindre l’euro, ce qui créera une crise politique majeure à l’issue incertaine en Suisse avec un éclatement possible de la Confédération helvétique! Car c’est bien d’un complot mené par les européistes suisses contre les partisans de l’indépendance nationale dont il s’agit. Les manœuvres de la BNS ne changeront pas à court terme la situation de la Suisse qui ne souffre pas d’avoir une monnaie forte mais d’une insuffisance criante de compétition intérieure et d’ententes plus ou moins cachées entre ses principales entreprises locales (importateurs et distributeurs notamment) pour maintenir les prix les plus élevés possibles à leur profit mais au détriment des consommateurs (lire notre commentaire précédent du 20 août 2011 sur ce site). Le plus triste c’est que la BNS vient de faire perdre plus de 2 milliards de CHF à un trader de l’UBS, détenant certes des positions exagérées, qui n’avait vraisemblablement pas prévu l’instauration de la parité euro/CHF à 1,20, mais aussi beaucoup plus à de nombreuses entreprises locales qui anticipaient la continuation du “franc fort”! Tout cet argent perdu devrait être remboursé par la BNS aux entités précitées qui les a torpillées au lieu de les accuser d’incompétence en renversant la responsabilité des pertes ainsi que le font la presse et la classe politique suisses et internationales!

Plus que jamais, nous conseillons de ne pas détenir d’euros et de conserver les avoirs des portefeuilles grosso modo pour deux tiers en dollars US et pour un tiers en francs suisses. Après un rally technique, notre prochain objectif de chute de l’euro/dollar US se situe vers 1,20. D’où il en résulte que la baisse des actions tant US qu’européennes est loin d’être terminée et que les US Treasury Bonds resteront le principal actif de protection, avec l’or et l’argent-métal exprimés en euros et aussi en francs suisses (mais plus exprimés en dollars US tant que ce dernier continuera de s’apprécier contre les principales monnaies via le Dollar US Index et que le “double top” actuel vers 1.922 sur l’or en dollars US ne sera pas cassé à la hausse). Puisque l’or et l’argent-métal ne voient traditionnellement leurs prix monter que dans les monnaies qui chutent, pas dans celles qui montent. On restera donc Long SDS et TLT et on en achètera plus sur toute baisse correctrice temporaire; on restera short euro/dollar US et on en vendra plus sur toute hausse correctrice temporaire; on restera long or et argent en euros et en CHF et on en achètera plus sur toute baisse correctrice temporaire.

Comme le montrent les graphiques ci-dessous, l’euro/dollar US devrait progressivement chuter vers 1,20, le S+P5oo vers 950 et les taux d’intérêt US à 30 ans vers 2,60%, pendant que le Dollar US Index monterait vers 91.

(NOUS PUBLIERONS LUNDI PLUSIEURS LIENS SUR CE SITE PRÉSENTANT LES ANALYSES DE PLUSIEURS COMMENTATEURS ALLANT DANS NOTRE SENS).








Pierre Leconte


Article originellement publié ici



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Economiste, essayiste, consultant financier et gérant de fortune, Pierre Leconte préside le « Forum monétaire de Genève pour la paix et le développement ». Il a été membre des bourses des marchés à terme de Londres et de New York. Il a aussi conseillé plusieurs institutions publiques, dont une banque centrale sud-américaine, et travaille actuellement à la création de produits financiers peu risqués, adaptés aux besoins de placement d’investisseurs institutionnels comme privés et de gestion des réserves de change de pays émergents. Pierre Leconte a publié en 2007 : La grande crise monétaire du XXIe siècle a déjà commencé !
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si l'€uro tombe, vers qu'elle monnaie doit on convertir?
Excellent article et bien détaillé Mr. Leconte,

Néanmoins pour ce qui concerne les points 1) et 2), Ils ne sont pas exclusifs à l'Union européenne. D'ailleurs toutes les puissances militaires (avec une cohésion économique et sociale interne) qui possédaient un monopole monétaire international ont fini par s'effondrer sur elle-même. Le territoire américaine n'est pas économiquement homogène ou efficient, selon les critères des économistes qui critiquent l'euro. Malgré la dévaluation du dollar US et le soutien à travers la planche à billet, l'économie n'a pas rebondi.

On peut critiquer les Etats de l'UE pour leur laxisme budgétaire, mais les pays au monde effectuant des excédants budgétaires ne sont pas légions. Néanmoins, ce sont les banques privées (difficile de les nommer toutes) qui précipitent la fin du système avec un excès de l'activité de spéculation. Alors que l'information est presque pure et parfaite, la Grèce a continué à bénéficier des liquidités internationales.

Une question en ce qui concerne l'Europe: L'explosion de la monnaie unique et la fin de l'UEM signifie t-elle nécessairement la fin de l'UE? Il n'y a pour le moment pas de scénario étudié par les dirigeants nationaux et européens, mais les guerres en Europe sont elles une conséquence incontournable? Aussi, ce sont les tensions internes de chaque Etat (facteur sociale) qui vont déterminer cette situation de guerre ou est-ce que ce sont les tensions inter-étatiques (facteur géopolitique)?
Qu'est ce qu signifie posseder de l'or ou de l'argent metal exprimés en euro ou en francs suisse ?
Le moment venu je ferais ce que bon me semble de mes métaux.
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baudoux - 9/20/2011 at 4:50 AM GMT
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