Discours
donné lors du Comité pour la recherche monétaire et
l’éducation,
20
octobre 2011
Avant de me pencher sur les
conséquences des politiques macro-économiques actuelles,
j’aimerais vous introduire à ma philosophie. Je supporte le
retour d’une monnaie saine pour deux bonnes raisons :
La première est qu’être libre de
choisir d’investir sans risquer de voir son épargne
dévaluée par l’inflation monétaire est un droit
humain fondamental. Ce ne sont pas les riches qui sont les plus
affectés par l’inflation. Au contraire, ils en
bénéficient. Les pauvres et très pauvres en souffrent.
L’inflation monétaire est néfaste à la
société, c’est pourquoi le droit d’accès
à une monnaie saine doit être respecté. Si le
gouvernement s’auto-attribue le monopole de la monnaie, alors, il se
doit de respecter les droits de propriété qui lui sont
inhérents.
La deuxième est qu’il est un droit
fondamental pour les personnes d’être propriétaires de
leur propre monnaie plutôt que de la voir possédée par
les banques. Lorsque les banques nous prennent notre monnaie et
l’utilisent afin d’étendre le crédit, alors elles
la dévaluent. Cela représente un abus des droits de
propriété privée. Si qui que ce soit d’autre se
mettait à faire la même chose, il serait poursuivi pour fraude.
Les banques devraient être les gardiennes de notre monnaie et ne
devraient pas l’inscrire sur leurs bilans comme leur appartenant.
Si nous nous étions
contentés de suivre ces deux règles de base, nous en
bénéficierions énormément. J’ai inscrit
ci-dessous une liste de ces différents éléments. Nous y
reviendrons en détail un peu plus loin.
Avec
une monnaie saine, les gouvernements ne peuvent pas imprimer de la monnaie
pour financer leurs dépenses, ce qui rend le coût réel du
gouvernement apparent aux yeux des électeurs.
De ce fait, en démocratie, les électeurs élisent de
petits gouvernements, et les hommes politiques dépensiers ne sont
simplement pas élus. Pour qu’une démocratie puisse
fonctionner, elle a besoin d’une monnaie saine.
Avec
une monnaie saine, les gouvernements ne peuvent pas déclarer une
guerre sans que son coût soit immédiatement connu des
contribuables. Elle est donc un facteur de paix
et encourage l’électorat à accepter les
bénéfices du marché libre et des relations commerciales
pacifiques.
Avec
une monnaie saine, l’épargne est protégée.
Les prix tendent à diminuer graduellement à mesure que les
moyens de production évoluent et que l’économie progresse.
Le pouvoir d’achat de l’épargne augmente donc au fil du
temps. Le pouvoir d’achat de l’épargne d’un
pensionné augmente, ce qui lui permet de se procurer les soins
médicaux dont il a besoin et de transmettre un héritage
à sa famille après sa mort. Son épargne s’adapte
à ses besoins, ce qui n’est pas le cas dans nos économies
névrosées par l’inflation. Avec une monnaie saine, les
retraités sont capables de s’occuper d’eux-mêmes et
ne sont plus un fardeau pour l’Etat.
Avec
une monnaie saine, il n’y a pas de cycles économiques.
Les cycles économiques que nous connaissons sont la conséquence
de l’expansion de la monnaie et du crédit par les banques. Ils
sont le résultat de l’idée fausse que l’expansion
monétaire entraîne la croissance. Cette idée est tout
à fait erronée : l’expansion monétaire
distord l’économie en favorisant un petit nombre aux
dépends du plus grand nombre.
Cette liste ne
présente que certains des bénéfices de la monnaie saine.
Ces bénéfices représentent tout ce dont nous
rêvons aujourd’hui. Tant que nous n’aurons pas de monnaie
saine, nous ne pourrons éviter les crises. Aujourd’hui, nous en
sommes arrivés à un point où la réponse à
tous nos problèmes semble être l’expansion
monétaire plutôt que la production de biens et de services.
La conséquence sur le
long terme de l’inflation monétaire est que les électeurs
finissent par croire que leur gouvernement aura toujours les moyens de leur
fournir ce dont ils ont besoin. Ils votent donc tout naturellement en faveur
d’un gouvernement toujours plus large. Ils ne remettent pas en question
la provenance de la monnaie du gouvernement. Ils croient également que
la liberté de chacun à dépenser sa monnaie comme il
l’entend enrichit les plus faibles, alors que la réalité
est tout à fait différente. Les gens sont désormais
terrifiés par l’idée de marché libre. Pour cette
raison, le gouvernement régule une majeure partie du secteur
privé. Entre dépenses gouvernementales et régulations,
le secteur privé est aujourd’hui dominé par
l’intervention du gouvernement. Une moindre mesure de capitalisme est
autorisée au sein des économies socialistes. Cela
n’empêche pas nos maux d’être blâmés sur
l’unique part de notre économie qui soit encore en état
de marche.
Le contrôle le plus
efficace des ambitions politiques est la monnaie saine. Mais nous n’en
avons pas. Ainsi, nos gouvernements abusent de leur pouvoir de monopole sur
nos devises pour financer leurs ambitions. La monnaie fiduciaire rend
possible le règne des hommes politiques ambitieux. La première
guerre mondiale a été rendue possible par des
économistes Allemands, influencés et dirigés par George Knapp, le Keynes de son temps. Il a trouvé un
moyen de financer la guerre sans augmenter les taxes. Au cours des quatre
années qui ont suivi 1913, le Reichstag a imprimé de la monnaie
afin de financer 85% de ses dépenses de guerre. Bien entendu, à
la fin de la guerre, rien ne s’est passé comme prévu, et
la devise du pays s’est effondrée complètement en 1923.
Effondrez une devise, et vous
effondrez l’épargne. Aujourd’hui, l’épargne
est constamment dévaluée par l’expansion de la monnaie et
du crédit. Seul un fou prêterait sa monnaie en échange
d’un intérêt. Les épargnants sont désormais
forcés de spéculer pour pouvoir se protéger. En
conséquence, il existe aujourd’hui une importante
quantité de capital libre. Ce capital libre est utilisé par les
ingénieurs financiers de Wall Street et de City of London afin
d’obtenir des retours spéculatifs toujours plus importants. Il
est devenu la réserve des emprunteurs dépensiers, tout
particulièrement des gouvernements, qui n’ont aucune intention
de le rembourser un jour.
Les dommages causés
par la monnaie fiduciaire sur l’économie sont très
importants. L’économie n’est plus
représentée que par les cycles du crédit, qui sont le
résultat des politiques monétaires des banques centrales. Il
est très simple de comprendre pourquoi l’expansion de la monnaie
et du crédit entraîne des cycles de croissance et de
récession – ce qui est tout le contraire de ce qu’elle est
sensée faire.
Prenons comme exemple des
entreprises fonctionnant grâce à une monnaie saine. Une
entreprise développant un nouveau produit ou améliorant un
produit existant doit investir ses propres fonds, ou trouver quelqu’un
capable de lui prêter de la monnaie. Dans chacun des deux cas, de la
monnaie est retirée de la circulation et réallouée au
domaine de l’épargne, puis à celui de
l’investissement. Parce que cette monnaie n’est pas
consommée, la force de travail et les matériaux
nécessaires au nouveau projet deviennent disponibles à
l’entreprise. Il y a donc transfert de ressources depuis la
consommation vers l’épargne, puis de l’épargne vers
l’investissement, puis de l’investissement vers la
création de biens. Une balance est maintenue au sein de
l’économie et aucun cycle économique ne se forme.
C’est un processus non-cyclique, influencé uniquement par les
besoins des gens. Ainsi, l’activité de l’entreprise est
stable.
Regardons maintenant ce
qu’il se passe lorsque l’investissement est financé par de
la monnaie nouvellement créée plutôt que par
l’épargne. Pour commencer, la banque centrale réduit les
taux d’intérêts. Un crédit peu cher rend
l’investissement attirant, et pousse les entreprises à emprunter.
Beaucoup de chefs d’entreprises sont encouragés par le
même crédit peu cher et décident de créer le
même produit, en même temps.
Les entreprises commencent
donc à investir simultanément. Pire encore, la monnaie peu
chère encourage également la consommation, dans la mesure
où elle rend l’épargne moins intéressante.
Un chef d’entreprise a
donc à payer ses employés plus cher,
puisque l’épargne diminue, dans le même temps qu’il
entre en compétition avec les autres entreprises qui ont tiré
avantage d’un crédit peu cher. Il doit également payer
ses matériaux de base plus cher, pour les
mêmes raisons. La combinaison de l’industrie et des consommateurs
qui répondent au financement peu cher laisse paraître un
semblant de croissance économique sur le court terme. Mais à
mesure que l’offre diminue pour des raisons de pénurie de
matériaux, les prix augmentent. Du fait de l’augmentation de la
masse monétaire au sein de l’économie, le pouvoir
d’achat de la devise chute, entraînant une seconde vague
d’inflation des prix.
A la vitesse à
laquelle les prix augmentent, les taux d’intérêts grimpent
également depuis leurs niveaux maintenus artificiellement bas. Les
plans de nos chefs d’entreprises tombent à l’eau. Leurs
calculs de coût de main d’œuvre et de matériel
s’avèrent absolument faux ; et parce que les taux
d’intérêts ont augmenté, leurs calculs de retours
sur investissement s’avèrent également bien trop
optimistes. Pour rendre la situation encore plus délicate,
l’économie finit par se détériorer, les
forçant à réaliser que leurs prévisions de vente
étaient également trop optimistes.
Tous les entrepreneurs qui
ont profité du crédit peu cher se retrouvent sur le même
bateau.
La fausse monnaie a
créé des cycles économiques qui n’existaient pas
auparavant. Il ne s’agit donc pas uniquement d’une question de
mauvais timing de la part des banques centrales, malgré ce que de
nombreuses personnes peuvent penser.
Afin de tenter de
résoudre les problèmes qu’elle a causés, la banque
centrale diminue une nouvelle fois les taux d’intérêts. Ce
qu’elle craint plus que tout est une diminution du PIB. Elle
n’est donc pas en mesure de laisser les distorsions et les mauvais
investissements de la première vague de stimulation monétaire
se dérouler comme ils le devraient.
Au cours de la phase de
stimulation monétaire suivante, le chef d’entreprise se montre plus
prudent. Il accroît fortement ses marges dans son calcul
d’investissement. L’économie est donc plus lente à
répondre à cette nouvelle vague de diminution des taux
d’intérêts. La banque centrale doit cette fois-ci se
montrer plus agressive et créer encore plus de monnaie afin que ses
opérations puissent porter leurs fruits.
Ces expansions de
crédit deviennent de plus en plus déstabilisantes au fur et
à mesure que de nouveaux cycles apparaissent..
Le chef d'entreprise finit
par ouvrir les yeux, oublier ses sentiments patriotiques et
délocaliser son entreprise dans un pays où certains des
facteurs de production qui lui sont nécessaires sont disponibles. Il
doit se projeter sur 10, 15, voire 20 ans. Il ne peut pas se permettre de subir
des cycles économiques destructeurs de trois ou quatre ans. Il est
bien moins coûteux pour lui de construire une entreprise en pleine
jungle et de former des natifs. C’est la monnaie peu chère qui
l’a poussé à délocaliser, plus que tout autre
facteur. Après un certain nombre de ces cycles,
l’économie des pays dans lesquels l’épargne
diminue, comme les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, devient de plus en plus
dépendante de la consommation et de moins en moins dépendante
de la production de biens et services.
Puis, afin d’encourager
une croissance du PIB, les consommateurs sont encouragés à
emprunter pour dépenser et à abandonner complètement
l’épargne. Au cours de chaque cycle économique,
l’épargne diminue et la dette augmente jusqu’à
devenir insurmontable. C’est à ce niveau que nous sommes
parvenus en 2008. Cette année a marqué la fin de
l’expérience Keynésienne d’après-guerre.
Bien comprendre notre
condition économique actuelle grâce à l’exemple de
la monnaie saine nous offre une perspective nouvelle. Il est désormais
plus facile pour nous de comprendre ce qu’il se passe dans le
brouillard qu’a formé la monnaie fiduciaire. Nous pouvons ainsi
mieux aborder les problèmes posés par les statistiques.
C’est ici, au niveau statistique, que le système se trompe
lui-même, dans le même temps qu’il trompe le reste
d’entre nous.
L’abus de statistiques
telles que le PIB est le plus important leurre de tous. L’ensemble des
politiques économiques ont pour objectif la croissance du PIB. Nous
nous devons de nous demander ce qu’il représente réellement.
Le PIB ne représente pas une production monétaire, mais une
valeur monétaire, ce qui est fondamentalement différent. Il
nous offre des informations quant aux valeurs relatives des biens et services
qui constituent notre économie.
Il est important de bien
garder à l’esprit cette distinction. Afin d’y voir plus
clair, utilisons une nouvelle fois l’exemple de la monnaie saine.
Imaginons une économie fonctionnant grâce à l’or et
l’argent, et sans expansion de crédit. Pour ne pas compliquer
les choses davantage, imaginons que la balance commerciale de
l’économie que nous étudions soit
équilibrée, et qu’il n’y ait aucun flux net de
capital vers ou depuis un autre pays. Ainsi, à la fin de l’année,
il y a exactement la même quantité de monnaie, ou d’or, en
circulation qu’il n’y en avait au début de
l’année.
Qu'est-ce que cela signifie
pour le PIB ? Tout simplement qu’il ne change pas, contrairement
à l’activité économique réelle. Les
quantités de monnaie épargnées par les gens ne font
aucune différence, dans la mesure où l’épargne est
redirigée vers la production de biens à la consommation. La
part représentée par le secteur privé ou par le
gouvernement ne fait aucune différence. Si vous possédez un
million d’onces en début d’année, vous en aurez
toujours un million à la fin de l’année. La seule
différence, c’est ce que ce million d’onces permet
d’acheter. La différence entre le début et la fin de
l’année est donc une combinaison du facteur de prix et de la
manière dont l’or disponible est distribué.
En pratique, le
perfectionnisme fait partie intégrante de la nature humaine.
Après un certain temps, sur un marché libre, la valeur de la
monnaie saine augmente. Ceci a été prouvé par
l’expérience Anglaise, ayant adopté l’étalon
or en 1821 avant de l’abandonner peu de temps avant la première
guerre mondiale. A cette époque, la Grande-Bretagne libérait
son économie et diminuait ses taxes et ses régulations
commerciales. Elle devint alors la nation la plus puissante du monde. Le pouvoir
d’achat du souverain d’or augmenta significativement au cours de
ces quelques 90 années.
Si nous observons la
manière dont évolue l’économie dans un
système basé sur une monnaie saine, nous pouvons voir que le
marché libre bénéficie aux consommateurs, aux
épargnants et aux entreprises. Toute tentative de mesurer ces
changements grâce au PIB est simplement absurde. Ainsi, tout changement
en termes de PIB représente une modification de la quantité de
monnaie en circulation au sein d’une économie, et non un
changement du niveau de production.
Pour de nombreuses personnes,
cela peut paraître assez surprenant. Nous sommes tellement
habitués à penser que le PIB représente
l’état de l’économie que les politiques
économiques ne sont plus concentrées que sur son augmentation,
et le confondent avec l’économie elle-même. Cela justifie
la théorie macroéconomique dominante, dans la mesure où
aucune différence n’est faite entre le bon et le mauvais
déploiement des ressources économiques. C’est pourquoi,
selon une majorité d’économistes, les mauvais investissements
du gouvernement ne valent pas moins que l’utilisation productive des
ressources économiques par le secteur privé. Ainsi, les
Keynésiens et les monétaristes sont persuadés que
l’expansion de la masse monétaire les mènera vers la
reprise.
Si vous comprenez cette
erreur, alors vous comprenez pourquoi le taux de chômage aux Etats-Unis
a atteint des niveaux dignes d’une dépression, alors que selon
les statistiques du PIB, le pays soit seulement récemment
arrivé à l’orée d’une récession
économique. Comprenez ceci et vous comprendrez également
pourquoi le gouvernement s’acharne à injecter toujours plus de
monnaie dans l’économie plutôt que de faire face à
ses problèmes réels. Comprenez ce que représente une
confusion de l’économie avec sa comptabilité et vous
comprendrez les erreurs de politique économique auxquelles nous
pouvons nous attendre.
Nous pouvons remarquer que
les gouvernements ne font absolument rien de bon. Ils ne comprennent pas la
différence entre les marchés libres et l'intervention gouvernementale.
Ils ne connaissent pas le coût réel d’une diminution de la
production du secteur privé et d’une augmentation du financement
du secteur public. Les activités des banques centrales ont
encouragé l’apparition de cycles croissance/récession qui
ont entraîné une accumulation de dette par les secteurs
privé et public à tel point qu’ils ne sont plus
aujourd’hui capables de la rembourser. Leurs activités ont
également découragé l’épargne, qui
représente la principale qualité requise pour toute forme de
reprise économique sur le long terme.
C’est pourquoi nous
traversons aujourd’hui une crise. Les gouvernements tentent, tous en
même temps, d’emprunter des quantités de monnaie toujours
plus importantes. Quant à ceux qui s’imaginent que l’épargne
est élevée à l’échelle globale :
sachez qu’elle est principalement concentrée entre les mains des
travailleurs Chinois et Indiens, qui sont bien plus enclins à acheter
de l’or et de l’argent que les obligations de nos gouvernements.
Les gouvernements ouvrent aujourd’hui
les yeux sur le fait que l’idée de reprise économique se
dissipe de plus en plus, emportant avec elle leurs espérances de
recettes fiscales. La trappe de la dette s’est refermée sur eux.
Certains pays, tels que les membres de la zone Euro, qui ne sont pas en
mesure d’imprimer de la monnaie ou de s’autofinancer, sont les
premières victimes de ce déséquilibre entre besoins de
financements du gouvernements et capital disponible. D’autres pays,
tels que les Etats-Unis et l’Angleterre, capables d’imprimer de
la monnaie, utilisent ce pouvoir afin de remettre à plus tard leurs
problèmes financiers et de maintenir les coûts de leurs emprunts
à des niveaux très bas. Il ne leur reste cependant pas bien
longtemps avant que le voile soit levé sur leurs manigances.
L’inflation des prix finira par mettre fin aux
rendements sur obligations maintenus artificiellement bas : ça a
toujours été le cas dans le passé, et ce n’est pas
différent aujourd’hui. Les prix indiqués en devises
papier augmentent partout. Les prix des matières premières
reflètent également l’augmentation de la masse
monétaire et du crédit. Les prix des biens essentiels, comme
l’énergie et la nourriture, ont également fortement augmenté.
Trop de gens pensent encore que le risque réel est celui d’une
déflation, et non d’une inflation. Il ne fait aucun doute que
c’est ce que pense la Fed, dans la mesure où elle a prévu
de maintenir les taux d’intérêts proches de zéro
jusqu’à mi-2013. Elle tombera bientôt des nues, et voici
pourquoi :
Elle est sur le point
d’apprendre la différence entre monnaie saine et monnaie
fiduciaire. Une monnaie réelle ne peut être imprimée par
les banques centrales. La monnaie fiduciaire représente la promesse
gratuite d’un gouvernement dont la banque centrale nous assure
qu’il s’agit bien de monnaie. La différence entre ces deux
monnaies est importante. En cas de dépression, le pouvoir
d’achat d’une monnaie saine, mesurée en fonction de la
valeur des biens, augmente. La monnaie fiduciaire, quant à elle, perd
de son pouvoir d’achat en temps de dépression, du fait des
impressions monétaires du gouvernement. Ceci représente la
dynamique qui a poussé le prix de l’or à la hausse au
cours de cette dernière décennie.
L’inflation croissante
dont j’ai parlé plus haut s’exprime en monnaie fiduciaire.
Elle augmente dans la mesure où, une fois la trappe de la dette
refermée, le seul moyen de payer ses factures est d’emprunter ou
d’augmenter la quantité de monnaie en circulation. En temps de
dépression, les recettes fiscales s’effondrent, dans le
même temps que les dépenses de sécurité sociale
augmentent. Afin de retarder le coup de grâce, les gouvernements des
Etats-Unis et de la Grande-Bretagne ont besoin de quantités de monnaie
plus importantes encore que ce que nous pouvons nous imaginer.
Ce que ceux qui
s’inquiètent d’une éventuelle dépression ont
manqué à observer, c’est que nous sommes depuis longtemps
entrés en phase de dépression. La cause en est la confusion du
PIB avec la production réelle de biens et services. Produisez assez de
fausse monnaie, et votre PIB aura fière allure. Ce qui aura moins
fière allure, en revanche, sera votre taux de chômage. Il ne
fait aucun doute que George Knapp – vous vous
souvenez de lui ? le successeur Allemand de Keynes ? – aurait
été heureux des performances du PIB de l’Allemagne entre
1920 et 1923. De toutes les manières, le PIB n’avait alors pas
encore été inventé.
Aujourd’hui, nous
commençons péniblement à prendre conscience de tous ces
problèmes. Ce qui est le plus évident aux yeux de tous,
c’est l’état des banques. Dans le même temps
qu’il serait idiot de mettre complètement de côté
un risque systémique, il y a deux choses que nous devons garder
à l’esprit. En premier lieu, les banques centrales sont
désormais conscientes de ce risque, ce qui fait une grande
différence avec l’époque où Lehman
Brothers et Bear Sterns s’effondraient. Tous les scénarios
que nous craignons aujourd’hui ont sûrement déjà
été anticipés. Les banques elles-mêmes sont
conscientes de l’existence du risque de contrepartie. Deuxièmement,
l’évolution des banques centrales au fil des années leur
a offert un contrôle phénoménal sur le système
bancaire. Il n’est pas correct de s’imaginer pouvoir comparer la
situation économique d’aujourd’hui avec celle de 1931. En
Europe, la BCE ne dispose de fonds illimités que lorsque cela lui est
nécessaire. En Grèce, cela fait 18 mois qu’une panique
bancaire a débuté, et nous n’avons jusqu’à
présent pas assisté à un effondrement systémique.
Tout ce que doit faire la BCE, c’est s’assurer que la monnaie
fiduciaire soit disponible en des quantités suffisantes.
D'ici à quelques mois,
nous serons en l’an 2012. Nos inquiétudes
d’aujourd’hui diminueront certainement lorsqu’assez de
monnaie leur aura été jetée à la figure. Selon
moi, les deux principaux problèmes auxquels nous aurons à faire
face l’an prochain seront la hausse du taux d’inflation –
ou si vous préférez, une quantité de monnaie trop
importante par rapport aux biens et services disponibles -, et la hausse des
taux d’intérêts. Je ne pense pas que la Fed puisse
maintenir ses taux d’intérêts à des niveaux
très bas jusqu’en 2013, et je pense qu’elle en portera le
blâme sur une stagflation qu’elle n’aurait pas vu arriver.
Pour finir, il est
nécessaire de bien comprendre que lorsque le temps sera venu de
trouver des solutions permettant de résoudre nos problèmes
actuels, nous aurons d’abord dû traverser une crise avant que les
choses ne commencent à s’arranger. C’est la triste
réalité politique. Entretemps, il est nécessaire de
répandre ce message, d’expliquer pourquoi la
macroéconomie a tout faux, et pourquoi la solution à nos maux
est un retour vers une monnaie saine.
Dans cet article, je me suis
uniquement concentré sur deux aspects du problème: les effets
déstabilisants des cycles économiques et les mauvaises
interprétations des statistiques du PIB qui ne devrait, quoi
qu’il en soit, pas être utilisé.
Mais les choses vont bien plus loin. J’ai abordé le rôle
de l’épargne, sans pour autant parler de la manière dont
sa destruction par l’inflation monétaire mène à la
banqueroute des gouvernements. Je ne me suis pas non plus étendu sur
les déséquilibres de balance commerciale, qui ne sont que les
effets d’une monnaie fiduciaire. Je n’ai pas expliqué comment
nous ferions pour nourrir nos retraités et nos pauvres, devenus
dépendants des pensions du gouvernement.
Même si vous
n’avez pas suivi mon analyse, je vous prierais d’accepter le fait
qu’une monnaie saine garantit la création d’une
économie au sein de laquelle tous les individus sont égaux.
Elle permet aux gens d’épargner pour leur retraite et de ne pas
devenir des fardeaux pour l’Etat. Elle pousse les
sociétés démocratiques à élire de plus
petits gouvernements. Elle encourage les relations commerciales pacifiques et
décourage la guerre. Elle est le seul chemin qui puisse nous mener
vers la prospérité. Pour le salut de notre futur, il est
nécessaire que nous comprenions tous bien cela.
Merci.
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