Dominic Sandbrook a
écrit ce curieux scénario d’un futur possible de
l’Europe, vu de l’Angleterre. Après tout, si les Etats
Unis d’Amérique ont connu une guerre civile atroce pour
empêcher les Etats du Sud de faire secession
alors que le traité d’ union leur permettait, rien
n’est prévu dans les différents traités
Européens envisageant l’hypothèse où un Etat
souhaiterait quitter l’union.
Que se passera t’il
si un Etat largement renfloué a
grands coups de centaines de milliards décidait, après les
avoir empochés, de quitter l’Union ? Je vous laisse juges de la pertinence
d’un futur impossible.
Mot qui n’est pas français, comme
chacun le sait.
« Les
troupes Allemandes envahissent la Grèce. Les chars de Poutine
écrasent la Lettonie. La France humilie l’armée
Britannique… Cela semble improbable, mais alors qu’Angela Merkel explique que
l’effondrement de l’Euro pourrait endommager la paix,
l’esprit d’un historien s’emballe.
Nous sommes le 29 octobre 2018, et
l’Angleterre traverse ses heures les plus sombres. Sur le champ de
bataille qu’est l’Europe, les troupes Britanniques ont
été humiliées à maintes reprises.
Dans les prisons de fortune du
continent, des milliers de jeunes hommes et femmes attendent tristement, témoins
du délabrement de nos ambitions.
Depuis les sols rouge sang de
Belgique jusqu’aux rues enflammées d’Athènes, le
continent ne cesse de saigner. A l’Est, la Russie resserre de plus en
plus son emprise, tel un vieil empire ressurgissant de l’épave
du rêve Européen.
Hier, alors que plus
d’armées que jamais combattaient sur les champs de bataille, le
premier ministre Britannique présentait sa démission. On parle
en Angleterre de gouvernement national, mais personne n’a encore
l’illusion qu’il existe quelque part un nouveau Churchill.
De part et d’autre de
l’Angleterre, jeunes et moins jeunes s’affairent à creuser
leurs positions de défense dans l’air froid de l’automne.
Les équipements se faisant rares et les munitions quasi-inexistantes,
ils ne pourront pas lutter plus d’une semaine.
Entre-temps, de l’autre
côté de la Manche, les troupes ennemies se préparent
à envahir. Quelques-uns parlent de reddition, mais le mot
‘victoire’ n’est dans aucune bouche. Moins de dix ans
auparavant, des millions de personnes croyaient encore en une Europe unie et
pacifique. Comment en sommes-nous arrivés à une telle
situation?
Lorsque les historiens du futur se
pencheront sur notre humiliation, ils penseront sûrement que le point
de non-retour fut le mois d’octobre 2011.
Aujourd’hui oublié,
ce point de non-retour était en fait un nouveau sommet interminable
à Bruxelles – la 14e tentative de ‘sauvetage de
l’Euro’ en seulement 20 mois.
Se proposant de lever la somme
conséquente de 1 trillion d’euros en faveur de ce plan de
sauvetage, la chancelière Allemande Angela Merkel
donnait à ses parlementaires un avertissement qui faisait froid dans
le dos.
‘Personne ne doit prendre un
nouveau demi-siècle de paix en Europe comme étant acquis
– car il ne l’est pas’, avait-elle dit.
‘Je le répète
encore une fois : si l’Euro s’effondre, l’Europe
s’effondre. Nous ne pouvons laisser cela arriver’.
Beaucoup d’observateurs la
jugeaient alors comme étant bien trop mélodramatique.
Cependant, sept ans plus tard, il n’en est plus un que cela fasse rire.
Ce qu’avait murmuré
la chancelière Allemande – et que de nombreux dirigeants
Européens refusaient de reconnaitre – était que le
continent était menacé par une combinaison empoisonnée
de dette, de récession économique, d’anarchie et de perte
de confiance en le capitalisme lui-même.
....
Durant l’été
2012, d’importantes manifestations anticapitalistes se tenaient dans de
nombreuses villes italiennes, entraînant des émeutes. Lorsque
Berlusconi envoya ses forces armées pour rétablir
l’ordre, les premières bombes explosèrent dans les
banques de Rome, Milan et Turin.
L’anticapitalisme avait
capturé l’imagination d’une génération tout
entière. L’alerte à la bombe à la banque
d’Angleterre, à Londres – alors que l’ensemble du
quartier des affaires avait eu à être évacué suite
à des menaces d’un groupe rebelle se faisant appeler ‘Guy Fawkes Anti-Cuts
Collective’ – n’en serait bientôt plus qu’une
parmi tant d’autres.
En juillet 2012, trois personnes
trouvaient la mort à la suite de l’explosion d’une bombe
à Frankfort. Un mois après les faits, 15 personnes furent
tuées à Dublin. Durant le mois de septembre, au cours
d’évènements tragiques qui ne seraient jamais
oubliés, 36 personnes furent tuées par des explosions de part
et d’autre de la ville de Londres.
Aujourd’hui, les
manifestations et les émeutes ne sont plus que des faits divers
retransmis par les journaux télévisés. Alors que la
France et l’Allemagne tentent péniblement de maintenir en vie la
zone Euro, les premiers signes inquiétants d’un nouveau
totalitarisme font leur apparition.
En Italie, où le
gouvernement de Berlusconi avait déclaré l’état
d’urgence, de nombreuses villes ne sont plus que le
théâtre de guerres civiles incessantes.
...
A une autre époque, les
émeutes espagnoles du printemps 2014, durant lesquelles 63 personnes
trouvaient la mort lors d’un épisode désolant de
débordements et de pillages, auraient sûrement fait la une des
journaux du monde.
Mais
tous les regards n’étaient alors plus que portés vers
l‘est. Aucun pays n’avait plus souffert de la crise
économique que la petite Lettonie, qui souffrait en 2014 d’un
taux de chômage de 35%. Un citoyen sur trois étant de
minorité Russe, la frustration économique devint bientôt
une confrontation nationaliste.
Le 12 août 2015,
après plusieurs jours de confrontations dans les rues de Riga,
l’armée Russe déferlait sur le pays.
‘L’armée Russe se doit de restaurer l’ordre’,
annonçait Poutine au reste du monde.
Son discours tenu devant le people
Russe faisait part quant à lui d’une toute autre version de
l’histoire.
‘La crise Européenne
est une opportunité’, assurait Poutine. ‘Nos heures
d’humiliation touchent à leur fin, notre empire est sur le point
d’être restauré’.
Il fut un temps, l’Occident
aurait volé au secours de la Lettonie. Après tout, elle
était un membre de l’Union Européenne et de l’OTAN
– bien que le nouvel isolationnisme Américain ait rendu ce
dernier impuissant.
Les troupes Françaises,
déjà alliées à la Grèce et à
l’Italie, refusèrent d’intervenir.
Vous pouvez lire le reste de
l’article (en anglais) ici
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