Le fantôme de John Law est-il revenu hanter la Nouvelle-Orléans?

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From the Archives : Originally published April 02nd, 2013
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Category : History of Gold

 

 

 

 

La tragédie qui a frappé la Nouvelle-Orléans est connue de tous. Ce qui l’est moins, en revanche, est l’Histoire de cette grande ville, qui fut fondée par le tristement célèbre John Law. Le lien qui existe entre les évènements actuels et ce qu’il s’est passé il y a plus de trois siècles est si incroyable que j’en viens presque à me demander si le fantôme de John Law n’est pas revenu hanter ces terres.


John Law, fils d’un orfèvre fortuné, est né en Ecosse en 1671. Il hérita de la fortune de sa famille à l’âge de 12 ans et devint rapidement un jeune homme séducteur et oisif. Il passa le plus clair de son temps à jouer de l’argent dans les casinos de Londres. Il était grand et beau, et était selon les dires de ceux qui l’ont rencontré un personnage très charmant. Il était également un excellent escrimeur, ce qui s’avéra être pour lui un don utile. Il perdit la quasi-intégralité de sa fortune sur les tables de casinos. Après que sa mère eut réglé ses dettes pour lui, le jeune John Law réalisa qu’il devrait désormais se montrer intelligent s’il voulait un jour rencontrer le succès. Il était un grand amoureux des mathématiques, ce qui le poussa à appliquer de nouvelles théories de la probabilité à ses activités de pari. C’est ainsi qu’il parvint finalement à refaire fortune. Son obsession pour les jeux d’argent le poussa à fréquenter les membres les moins admirables de la société. Il fut impliqué dans de nombreuses rixes qui bien souvent se terminaient en duels. Lors de l’une de ces disputes, en 1694, il tua son adversaire et fut jeté en prison pour assassinat. Par des circonstances inexpliquées et grâce à l’aide de ses amis, il parvint à s’échapper. Il partit s’installer à Amsterdam. A l’époque, la banque d’Amsterdam était un centre de dépôt de pièces d’or et d’argent. La banque émettait des certificats papiers contre tout dépôt, qui pouvait être utilisé comme monnaie en lieu et place de métal précieux. Cette idée révolutionnaire inspira grandement John Law. Il finit par tomber amoureux de la femme d’un riche banquier et s’enfuit avec elle en Suisse. Son nom sera divulgué plus loin.

 

Law et sa femme partirent ensuite pour la France. Law établit rapidement des connections auprès de la haute société et recommença à jouer. Il retourna brièvement en Ecosse, où sa fascination pour l’économie atteint son point culminant avec l’écriture de son livre de 120 pages intitulé ‘Money and Trade Considered with a Proposal for Supplying the Nation with Money’. Son ouvrage proposait la création d’une banque nationale autorisée à émettre de la monnaie soutenue par Scottish Land, sur le modèle de ce qu’il a pu voir à Amsterdam quelques années auparavant. Quelques temps après, Law retourna à Paris où il s’associa avec Philippe, duc d’Orléans et Régent de France après la mort de Louis XIV en 1715.

 

Law réussit à convaincre le Régent que l’économie Française était dans le marasme en raison d’une pénurie d’or qui contenait le potentiel de croissance économique. Selon lui, du papier soutenu par des actifs réels pouvait régler ce problème et stimuler l’économie.

 

Le Régent autorisa Law à mettre en place son nouveau système. La première Banque de France fut instaurée, ainsi qu’une société connue sous le nom de Compagnie de l’Ouest. Des actions furent émises au nom de la compagnie, et de la monnaie papier fut émise, soutenue par ces actions. Tout comme pour la bulle des Mers du Sud qui a gonflé en Angleterre dans le même temps que le projet Mississippi entraînait une mania spéculative, la promesse de découvertes de diamants et d’or en Louisiane poussa le prix des actions jusqu’à des niveaux records, ce qui permit à Law d’imprimer toujours plus de monnaie. John Law vendit la Banque Nationale de France à la couronne et fut nommé Secrétaire du Trésor. Pendant un temps, la France fut prospère et tout sembla pour le mieux. Les Français inventèrent le terme ‘millionnaire’ pour qualifier les personnes qui étaient rapidement devenues très riches. John Law fut le premier ‘millionnaire’ de l’Histoire. Sous les ordres directs de John Law, une colonie fut établie en Louisiane, à laquelle fut donné le nom de Nouvelle-Orléans, en référence à son ami et bienfaiteur le duc d’Orléans.

 

Comme tous les systèmes fiduciaires de l’Histoire, celui de John Law finit par s’effondrer. Les investisseurs les plus intelligents commencèrent à vendre les actions surévaluées de la société, ce qui entraîna une vente panique. En 1720, l’action s’effondra complètement, tout comme la monnaie papier qu’elle soutenait.

 

John Law eut finalement à fuir le pays pour sauver sa peau, puisque très nombreux étaient ceux qui en avaient après lui. Il fut capturé à la frontière Française avec un wagon rempli d’or et d’argent. Il dut abandonner son trésor pour pouvoir s’échapper et éviter la mort.

 

Non seulement il abandonna son trésor, il abandonna aussi sa femme et ses enfants à Paris pour pouvoir s’enfuir rapidement. Le nom de sa femme était Catherine Knowles Seigneur (la version Française du prénom Katrina !). John Law fonda la ville de la Nouvelle-Orléans, qui fut bien plus tard ravagée par un ouragan portant le nom de la femme qu’il avait si lâchement abandonné. Les casinos de la côte, tout comme ceux qui étaient autrefois fréquentés par John Law, furent entièrement dévastés.

 

Le Dow Jones est aujourd’hui très proche de son record historique né d’une mania spéculative qui s’est développée dans les années 1990. Les Etats-Unis imprimaient trop de monnaie sous prétexte d’avoir une économie en pleine croissance supportée par la mania spéculative d’un public d’investisseurs.

 

Andrew Johnson dirigeait les forces Américaines qui ont vaincu les Britanniques à la Nouvelle-Orléans lors de la guerre de 1812. Il devint plus tard le 7e Président des Etats-Unis. Il abolit Second Bank of the United States en refusant de renouveler sa charte. Il pensait qu’une banque nationale était inconstitutionnelle et concentrait bien trop de pouvoir entre les mains d’une élite alliée de trop près aux Anglais.

 

Le mardi 15 septembre 2005, le président Bush promettait de reconstruire la Nouvelle-Orléans grâce à ce qu’il surnomma lui-même le plus gros projet de reconstruction de l’Histoire des Etats-Unis. Personne n’a jamais précisé d’où proviendrait l’argent qui permettrait cette reconstruction. En omettant ce point, Bush a poursuivi la tradition de Law et laissé la Réserve Fédérale imprimer les billets dont il avait besoin. Son discours a été prononcé à Jackson Square, à la Nouvelle-Orléans, à l’ombre de la statue d’Andrew Jackson. L’homme qui avait aboli le prédécesseur de la Réserve Fédérale. Il promit d’éliminer la pauvreté en Louisiane, celle-là même qui était à l’origine du racisme dans la région. Je ne peux m’empêcher ici de tirer un trait entre ce discours et les promesses de John Law et de son projet Mississippi des années 1700.

 

Le vendredi 16 septembre 2005, le prix de l’or atteignait un record sur 17 ans. Certains investisseurs ne manqueront certainement pas de noter l’ironie qui se cache ici.

 

La ville fondée par John Law fut dévastée par un ouragan qui portait le même nom que sa femme. La flambée insensée des marchés des actions aux Etats-Unis depuis Katrina ne peuvent que nous rappeler la mania autour de la compagnie de l’Ouest, qui promettait de profiter pleinement de son exploitation des


La reconstruction de la Louisiane entraînera sans doute la création de nouvelle monnaie et de nouvelles dettes. Le fantôme de John Law hante-t-il la Nouvelle-Orléans ? Le projet de reconstruction de la Louisiane signera-t-il l’arrêt de mort du système fiduciaire ?

 

‘L’Histoire ne se répète pas – elle ne fait que rimer’ disait Mark Twain.

 

Voici un extrait de ce que seraient les activités d’Army Corps of Engineers à Nouvelles-Orléans :

 

‘Les agences militaires de la Commission sont chargées de la reconstruction du Mississippi – un travail tel qu’il n’aurait pu être surpassé que par sa construction initiale.

 

Ils construisent des barrages ici et là pour contrer le courant, des digues pour le confiner, et sur de nombreux kilomètres le long du Mississippi, ils façonnent son banc jusqu’à la laisse de basse mer en l’inclinant à la manière d’un toit de maison et utilisent des pierres pour le soutenir. A de nombreux endroits, ils protègent les rivages de rangées de pilotis.

 

Quelqu’un qui connaîtrait quelque peu le Mississippi réaliserait très certainement que dix mille Commissions de rivières, même avec les mines du monde derrière elles, ne pourraient contenir son courant anarchique, le confiner, lui dire où aller, le faire obéir ou barrer son chemin d’une obstruction qu’il ne pourrait pas arracher ou contourner, ou de laquelle il ne pourrait pas se moquer’.

 

C’est extrait ne provient pas de CNN mais de ‘Life on the Mississippi’, écrit par Mark Twain en 1882. Twain parlait bien évidemment du système de levées qui soutenait le Mississippi, et pas du lac Pontchartrain, mais la ressemblance est frappante.

 

S’il est une chose que l’on peut apprendre de l’Histoire, c’est que jamais personne n’en apprend quoi que ce soit ! Les Hommes ne cessent jamais de commettre les mêmes erreurs, encore et encore ! Pour tous ceux qui pensent que l’Histoire est sur le point de se répéter, voici de quoi s’inquiéter.

 

Toute personne superstitieuse et qui détient des réserves considérables de devises fiduciaires devrait se demander si le fantôme de John Law est revenu hanter la ville qu’il a créée de son vivant.

 

Même John Law savait qu’il avait besoin d’or et d’argent lorsqu’il a tenté d’échapper aux conséquences de ses actes.

 

Vous avez de l’or ?

 

 

 

 

 

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On en retient que ce type est un sacré personnage.

Quand à l'assertion 'Law réussit à convaincre le Régent que l’économie Française était dans le marasme en raison d’une pénurie d’or', cela est hélas exact.
Voir J Day sur l'effet désastreux de la pénurie d'or et d'argent dans 'Monnaies et marchés au moyen âge'.
La conclusion est géniale.
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On en retient que ce type est un sacré personnage. Quand à l'assertion 'Law réussit à convaincre le Régent que l’économie Française était dans le marasme en raison d’une pénurie d’or', cela est hélas exact. Voir J Day sur l'effet désastreux de la pénuri  Read more
mouloud Z. - 6/4/2014 at 11:24 AM GMT
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