Une
nouvelle réunion de l’Eurogroupe
s’est terminée lundi soir et son chef de file sur le
départ, Jean-Claude Juncker, a une fois encore tenté de masquer
son échec : « Nous avons l’intention de finaliser les
détails opérationnels des deux options d’ici à fin
novembre, sous la forme de lignes directrices qui seront approuvées
par l’Eurogroupe afin que
l’entrée en vigueur [du FESF doté de moyens
supplémentaires] puisse se faire en décembre ».
Quant
à l’implication du FMI et des pays émergents,
toujours aussi floue, Jean-Claude Juncker a annoncé qu’il
faudrait attendre février de l’année prochaine. Maria Fekter, la ministre autrichienne des finances, a
mangé le morceau en reconnaissant ce matin que l’Italie
était trop grosse pour être aidée.
Dans
ces conditions, cela surprend moins que les ministres des finances ne se
soient toujours pas accordés sur les mesures à prendre, sauf en
répétant leurs très grandes lignes déjà
annoncées sans parvenir à les concrétiser. Dans le
même temps, le taux des obligations italiennes à 10 ans
dépassait mardi matin 6,73 %, un niveau qui a déjà
successivement incité l’Irlande, la Grèce et le Portugal
à demander à bénéficier d’un plan de
sauvetage.
Les
projecteurs sont braqués sur les tentatives de Silvio Berlusconi de
rester au pouvoir, mais même sa chute ne changera plus rien à
l’affaire : l’Italie est inexorablement entraînée
dans la zone des tempêtes, en dépit de l’arrivée
promise pour cette semaine de la mission de mise sous tutelle du gouvernement
par le FMI, la BCE et l’Union européenne, qui a
été décidée au G20. Il en est de même avec
le suivi heure par heure des péripéties de la formation du
gouvernement d’unité nationale grec : celui-ci mis en place,
cela ne rendra pas l’État davantage solvable.
Il
y a quelque chose de pathétique dans la situation actuelle, car rien
ne réussi aux dirigeants européens,
et pour cause…
On
apprenait dans la même journée que le FESF avait du consentir pour son émission obligataire
destinée au sauvetage financier de l’Irlande un taux
très à la hausse par rapport à la
précédente, la demande n’étant que très
légèrement supérieure à l’offre. Et que la
BCE avait doublé la semaine dernière le montant de ses achats obligataires
sur le marché secondaire, afin de contenir la hausse des taux italiens
en priorité.
Pendant
ce temps là, Christine Lagarde se rendait
à Moscou, dans le cadre d’une mission de bons offices, afin que
les Russes confirment leur participation au sauvetage de
l’Europe via le FMI. Arrivée à Lisbonne, laTroïka entamait sa deuxième mission
d’évaluation des efforts accomplis par le gouvernement pour
s’entendre dire par celui-ci qu’il souhaitait négocier des
« ajustements » du plan de sauvetage du pays. Une
perspective qui n’a pas manquée
d’être également évoquée en Irlande.
La
Hongrie, enfin, se révélait être sous le coup d’une
prochaine baisse de sa notation, son secteur bancaire rencontrant de grandes
difficultés et risquant de devoir faire face à une
dévaluation du forint qui les accentueraient. Ce qui ne sera pas sans
répercussions en Allemagne et en Autriche, les banques hongroises
étant essentiellement des filiales des banques de ces deux pays.
Un
véritable cri d’alarme était par ailleurs lancé
par Josef Ackermann, PDG de la Deutsche Bank. « Assez, c’est
assez ! », s’est-il écrié à propos de
l’empilement des taxes et mesures de régulation auxquelles les
banques européennes sont soumises. Elles ne pourront pas en supporter
davantage, a-t-il affirmé, car « ces mesures nous mettent dans
une situation difficile face à la concurrence internationale. Les
banques américaines et asiatiques travaillent avec des ratios de fonds
propres beaucoup plus bas».
Réponse
du berger à la bergère ? Un article du Wall Street Journal se
fondant sur une étude de l’Union des Banques Suisses, venait ce
même jour rappeler la quantité faramineuse d’actifs
douteux datant du début de la crise que les banques européennes
– dont la Deutsche Bank – avaient encore à leur bilan. En
émettant des doutes sur leur valorisation effective au prix du
marché, pour estimer que la menace que ces actifs faisaient planer sur
elles était probablement au moins aussi importante que celle que
représentaient les obligations souveraines européennes.
Jusqu’ici
tout va bien !
Billet
rédigé par François Leclerc
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