Les quantités d'or physique
détenues par les banques centrales du monde ont augmenté
jusqu’à atteindre un record sur six ans, selon des
données publiées par le Fond
Monétaire International. Les nations en développement ont
accru le poids de leurs réserves d’or de 25% depuis 2008.
L’Occident surendetté, quant à lui, en est un vendeur
net.
‘Beaucoup pensent que le rôle de l’or au
sein du système économique n’est plus aussi crucial
qu’il ne l’était lorsque l’étalon or
était de rigueur, avant 1970,1971’, annonçait Marcus Grubb, du Conseil Mondial de l’Or, lors d’un
entretien avec Tekoa Da Silva la semaine dernière. ‘En
réalité, ce n’est pas tout à fait vrai’.
‘Malgré l’abolition de
l’étalon or, le métal jaune est encore aujourd’hui
un actif détenu par l’ensemble des banques centrales de notre
planète… Récemment, nous avons pu observer l’or se
lier de plus en plus à notre système financier’.
L’apparition de ce lien est due en grande partie aux
réserves d’or officielles. Mais, comme nous le montre le
graphique ci-dessus, les banques centrales contrôlent des
quantités d’or de moins en moins importantes par rapport aux
quantités de métal disponibles. D’importantes quantité d’or appartiennent à des
investisseurs privés, ce qui confère au métal jaune un
impact encore plus important sur la manière dont fonctionnent les
finances et la monnaie.
Les investisseurs privés se sont en premier lieu
intéressés à l’or en tant qu’actif financier
plutôt qu’en tant que simple réserve de valeur.
Aujourd’hui, la puissante banque Chinoise ICBC détient une
‘épargne d’accumulation’, sous la forme d’or,
pour plus de 2,3 millions de citoyens, un programme ayant été
développé avec l’aide du Conseil Mondial de l’Or.
De plus, les
partenaires de BullionVault, WGC, comptent
parmi les plus grands fournisseurs mondiaux d’investisseurs
privés. Mais la finance institutionnelle se développe de jour
en jour, et l’or est désormais au premier plan du Comité de
Bâle sur le système bancaire, ayant été
proposé aux banques comme actif central – comme actif de type Tier 1 - pour leur programme de diversification de
devises.
Après tout, le turn-over du LBMA,
centre mondial du marché de l’or, est supérieur à
celui des quatre autres devises les plus échangées de par le
monde, avec plus de 240 milliards de dollars par jour. La liquidité de
l’or est donc inégalée. Les banques commerciales Turques
ont reconnu l’or physique comme actif de type Tier
1, avec un plafond de 10%, soit 5,5 milliards de lires (2,9 milliards de
dollars) selon le Dow
Jones. Un nombre croissant de marchés d’investissement et de
courtiers acceptent aujourd’hui l’or comme collatéral,
livré comme acompte par les institutions contre leurs propres devises
ou d’autres positions à fort effet de levier.
L’or physique ne permet bien entendu pas le paiement
d’intérêts. Mais dans notre monde à rendement
zéro, cela ne fait que le placer au-delà de l’endroit
où les marchés financiers ont été bloqués
par les politiques banques centrales. L’or ne souffre pas d’une
forte demande industrielle (quelques 11%
de la demande globale depuis 2006 jusqu’à 2011), ce qui met
en avant ses attributs en tant que réserve de valeur. Etant un bien
physique, l’or ne peut être l’objet de défaut. Etant
échangé aux quatre coins du monde, il est extrêmement
liquide. A la fois rare et indestructible, il ne pourrait pas être plus
éloigné de notre ‘monnaie’
d’aujourd’hui.
Il fut un temps, l’or dominait le système
monétaire du monde entier. En dehors des frontières de la
Chine, qui préférait se concentrer sur l’argent, la
valeur des réserves d’or des banques centrales l’emportait
sur la valeur des obligations que ces banques se délivraient l’une
à l’autres, et ce même après les première et
seconde guerres mondiales.
Il y a trente ans, dix ans après
l’effondrement de ce qui fut longtemps observé comme
étant un étalon or d’après-guerre, les
réserves d’or des banques centrales étaient encore supérieures
à la valeur de leurs réserves monétaires. Observons
maintenant ce qu’il s’est passé au cours de ces dix
dernières années – ces années au cours desquelles l'investissement sur
l'or a battu toute autre forme de réserve de valeur. Toutes les
devises que vous pouvez vous imaginer ont perdu 85% de leur valeur en or.
Malgré les quantités phénoménales de nouvelle
monnaie ayant été déversées dans les coffres des
banques centrales, les réserves d’or de ces dernières
n’ont que pas ou peu évolué.
Pour faire court, la hausse du prix de l’or a
été enterrée sous la croissance vertigineuse de ce sous produit de la pulpe de bois qu’est le papier
monnaie. Un doublement du prix de l’or serait aujourd’hui
nécessaire pour que les réserves d’or des banques
centrales retrouvent leur équilibre de 1995 par rapport à leurs
réserves de devises. Une multiplication du prix de l’or par 15
serait nécessaire afin de retrouver l’équilibre de 1980,
ou encore une baisse de la valeur des réserves de devises
étrangères de l’ordre de 93% par rapport aux
réserves d’or physique des banques centrales.
Il ne me semble pas qu’une telle tendance soit
aujourd’hui en voie de se développer. Le dollar demeure la
réserve de devise la plus importante, avec 62% des réserves,
selon les données du FMI, contre 71% en 2001. Un ancien journaliste du
Financial Times, Philip Cogan, écrit dans
son récent livre, Paper promises :
‘Si l’Angleterre a fixé les
modalités de l’étalon or (1870-1914), et les Etats-Unis
celles de Bretton Woods
(1944-1971), alors les modalités de notre prochain système
financier ont de grandes chances d’être fixées par le plus
important créditeur à l’heure actuelle: la Chine. Ce
système pourrait être différent à bien des
égards de celui auquel nous nous sommes accoutumés au cours de
ces trente dernières années’.
Coggan
précise que la Chine n’est pas le seul important
créditeur, et qu’elle ne jouit pas d’une dominance telle
que celle dont ont pu profiter les Etats-Unis à la fin de la seconde
guerre mondiale. Mais que cette transition prenne racine aujourd’hui,
ou qu’elle ne commence que dans dix ans, un tel changement de direction
de pourra être arrêté. La répudiation des dettes
souveraines ne commencera qu’avec la signature de l’accord sur
les obligations Grecques, qui poussera dans un premier temps les
réserves de dollars à la hausse avant de lever le voile sur les
risques ultimes des promesses papiers.
C’est là la raison pour laquelle les banques
centrales augmentent aujourd’hui leurs réserves d’or.
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