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Un brouillard de mensonges

IMG Auteur
Published : March 07th, 2012
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Category : Editorials

 

 

 

 

Ces bruits effrayants, ces visions, ces odeurs que nous porte le vent de cet hiver sans neige – telles des émanations provenant de la cour intérieure d’un hôpital psychiatrique – sont les signes d’une société ayant perdu la tête. La hausse traumatisante des prix du pétrole jusqu’à plus de 100 dollars le baril a poussé des tas de monsieur et madame je-sais-tout à fulminer comme s’ils avaient été enfermés dans le grenier de la nation depuis Thanksgiving avec rien d’autre à faire que de jouer avec une boîte de crayons. Les nombreuses affaires, plus absurdes les unes que les autres, étant actuellement véhiculées par les médias, sont sur le point de rendre la situation encore plus compliquée qu’elle ne l’est déjà – comme l’aurait fait tout autre amas de mensonges.


L’une des calomnies les plus grossières que j’ai récemment entendues est que la production de pétrole des Etats-Unis est actuellement si importante que l’Amérique est à nouveau sur le point de devenir un pays exportateur de pétrole – ce qui est absolument faux. Ce mensonge est né d’un croisement entre des pensées utopiques et une mauvaise utilisation statistique. Il a été diffusé à grands coups de trompettes par le très crédule Tom Friedman dans son article écrit pour le Sunday New York Times, et est la preuve même de l’efficacité de la campagne de propagande dont l’industrie pétrolière des Etats-Unis fait aujourd’hui l’objet.


Bon nombre de ces idées fausses sont développées par les secteurs du pétrole et du gaz de schiste eux-mêmes. Ces publicités que vous voyez sur les chaînes du câble à l’heure du journal télévisé ont pour objectif de lever des fonds auprès de personnes âgées ayant été escroquées par le marché des obligations et ne sachant pas où placer leur pension de retraite. Le pétrole et le gaz de schiste peuvent paraître à leurs yeux comme étant un pari intéressant, plus particulièrement pour ceux d’entre eux étant coincés dans des maisons de retraites au fin fond de l’Alabama et de la Floride, où ne pas pouvoir conduire représente une peine de mort virtuelle.


Le gouvernement des Etats-Unis est bien entendu de mèche dans cette propagande offensive, tout particulièrement l’Energy Information Agency (EIA), qui publie régulièrement des rapports optimistes au sujet du devenir de la production pétrolière des Etats-Unis. Cette prise de position politique ne représente qu’un nouvel effort de répandre un  nouveau mensonge au sujet de ‘l’indépendance énergétique’ des Etats-Unis. Vous saurez que nous y serons parvenus lorsque vous aurez à vous rendre au travail à pied, en marchant le long de champs de pommes de terre. Cette propagande a été développée par les hommes politiques afin de leur éviter d’avoir à dévoiler la réalité à leurs électeurs, par peur des conséquences que cela pourrait avoir sur leur carrière. Le secrétaire du Département de l’Energie, Steven Chu, sera bientôt vu comme un homme passif et pathétique, ayant cru que garder le silence était la position la plus patriotique et la plus honnête qu’il puisse adopter.


En réalité, cette propagande est basée en grande partie sur l’incapacité des Américains à imaginer leur vie sans leur voiture. L’une des personnes les plus actives de cette campagne de propagande est John Hofmeister, ancien PDG de Shell. Pas plus tard que la semaine dernière, il débattait avec Tad Patzek, ingénieur pétrolier de l’Université du Texas. Le point de vue de Hofmeister est basé sur une idée principale fallacieuse: la vie aux Etats-Unis ne pourrait  uniquement suivre son cours que si les voitures et les camions continuaient de rouler. Toute autre alternative est pour lui impensable, voire impensable. Il insiste également sur le fait que l’identité nationale et le destin des Etats-Unis sont liés aux moyens de transports privés et à la dépendance aux véhicules motorisés. Ce débat était bien entendu des plus absurdes, et Patzek est resté bien trop poli pour contester l’idée de Hofmeister.


La mauvaise compréhension du public a été accentuée par les fausses déclarations qui se sont développées ces dernières années, tout particulièrement celles concernant le pétrole de schiste du bassin de Bakken dans le nord du Dakota, les nombreux gisements de gaz de schiste dispersés de part et d’autres du pays, et les sables bitumeux du Canada (que nombreux considèrent comme appartenant aux Etats-Unis). En réalité, le secteur pétrolier des Etats-Unis ne fait qu’injecter des quantités astronomiques de monnaie dans l’extraction d’un pétrole toujours plus difficile à atteindre. Nous sommes entrés dans la phase terminale d’un long cycle de dette, et l’une des choses dont nous pouvons être certains est la diminution de notre capital d’investissement, d’où la propagande frénétique visant à injecter toujours davantage de monnaie dans l’industrie du pétrole et gaz de schiste.


Nombreux sont ceux qui s’imaginent encore que les Etats-Unis disposent de réserves de gaz naturel suffisantes pour pouvoir durer encore cent ans. Le président Obama est responsable de ces bobards. Un commentateur financier, Bert Dohmen, a récemment déclaré lors d’un podcast ayant été publié sur Financial Sense News Network, que les Etats-Unis disposaient encore de réserves suffisantes pour pouvoir durer encore mille ans. C’est là une déclaration irresponsable qui finira un jour par enflammer un public déjà escroqué par des autorités en qui il désire désespérément pouvoir faire confiance. La vérité, c’est que les Etats-Unis ne disposent certainement pas de plus de sept ans de réserves de gaz de schiste, et de peut-être vingt ans de gaz au total. Ces chiffres pourraient également être réduits par les désordres dont souffre aujourd’hui le système bancaire.


Dans tous les cas, cet amas de mensonge finira par entrer en collision avec la volatilité des prix, et l’électorat Américain n’en ressortira que plus en colère que jamais. Ceci, bien sûr, ne fera qu’entraîner toujours plus de mensonges, de déblatérations de bobards et de flagellations de la part de la sphère politique. Il deviendra d’autant plus difficile pour le public de discerner le vrai du faux. Entre temps, les désordres financiers deviendront hors de contrôle. Les choses deviennent de plus en plus critiques. Je pense que de plus en plus de violences politiques apparaîtront lors des campagnes politiques de cet été. Les semaines à venir s’annoncent intéressantes.


 

 

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James Howard Kunstler est un journaliste qui a travaillé pour de nombreux journaux, dont Rolling Stones Magazine. Dans son dernier livre, The Long Emergency, il décrit les changements auxquels la société américaine devra faire face au cours du 21° siècle. Il envisage un futur prochain fait de crises sociales à répétition, la fin de la Surburbia et du modèle économique associé, une guerre mondiale pour les ressources en énergie. Il prédit la déconstruction des empires européens et américains et pense que, lorsque les convulsions seront terminées, le monde fonctionnera de manière décentralisée et local.
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jjp21 - 3/8/2012 at 5:12 PM GMT
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