Les investisseurs sont de plus en plus nombreux à
se poser cette question. De nombreux commentateurs et observateurs de
marché jugent cette idée d’archaïque. Pour eux, les
conditions ayant mené à la confiscation de l’or en 1933
sont si différentes de la situation actuelle qu’un retour
à l’ère des dinosaures serait tout aussi probable.
Dans ce premier article sur ce
sujet, nous observerons les causes ayant mené à la
confiscation, ainsi que son contexte historique, afin de déterminer si
une situation similaire pourrait se reproduire aujourd’hui.
Vous pouvez voir ci-dessus la
chronologie selon laquelle les citoyens Américains ont peu à
peu perdu leur droit de posséder de l’or. Entre le premier mai
1933 et l’année 1974, les Américains ne pouvaient plus
posséder d’or en tant que protection contre le papier-monnaie,
dont le lien avec l’or avait dans le même temps été
rompu.
Les banques centrales
étrangères pouvaient continuer d’échanger les
dollars en leur possession – connus durant des décennies sous le
nom d’Eurodollars – contre de l’or, ce qu’elles
firent sans exception lorsqu’en 1971, le dollar fut
dévalué et commença à flotter par rapport au prix
de l’or.
Pourquoi ?
Cette question est
nécessaire à une bonne compréhension du système
monétaire actuel. Le processus de confiscation ayant commencé
en 1933 présente deux phases distinctes :
1.
Le système bancaire et
monétaire des Etats-Unis a largement contribué à la
dépression. Comme monsieur Bernanke
l’a démontré au travers de ses politiques de quantitative
easing, toute réduction de la masse
monétaire réduit les activités économiques et
entraîne une déflation. Après quatre ans de réduction
de masse monétaire, on réalisa alors qu’une importante
hausse de la masse monétaire était nécessaire afin de
revigorer l’économie des Etats-Unis et rendre les actifs
à nouveau plus attractifs que la monnaie. Le système
monétaire était alors basé sur l’étalon or,
un système fixant le prix du dollar et des autres devises des pays
développés par rapport au prix de l’or.
Si, plutôt que de penser
le dollar comme ayant été dévalué, vous imaginez
que c’est le prix de l’or qui a grimpé, votre perspective
est erronée. En l’espace
d’un instant, en 1935, la quantité de dollars en circulation
augmentait de 75%, dans le même temps que le prix de l’or passait
de 20 à 35 dollars l’once. Il s’agit là d’une
dévaluation du dollar. Un tsunami de liquidités a alors envahi
le système bancaire, et la monnaie a fui les banques avant
d’être redirigée vers l’industrie. On dit souvent
qu’il s’agissait là d’un évènement
relatif à la monnaie plutôt qu’à l’or –
à cette époque, l’or était également une
monnaie. Vous pouvez l’observer sur ces billets de banques :
2.
La seconde étape de la
confiscation de l’or fut le placement de l’or sous le
contrôle du gouvernement plutôt qu’entre les mains des
propriétaires privés, dans le même temps que la guerre
s’annonçait à nouveau en Europe. Le gouvernement
était alors en mesure de contrôler la relance économique
et de diriger ses financements vers les domaines qui lui semblaient les plus
utiles. Malgré la prolifération des dollars ayant pu être
aperçue à cette époque, la confiance envers la monnaie a
su demeurer stable, dans la mesure où elle était liée
à l’or. Beaucoup pensaient que ce lien à l’or
permettait de restreindre l’impression monétaire. Tant que les
citoyens avaient confiance en le dollar, sa valeur demeurait stable.
Si l’or était
resté entre les mains des individus et institutions privées,
les quantités de dollars ayant été imprimés
auraient été échangés contre de l’or
étranger, et le gouvernement ne serait pas parvenu à
dévaluer le dollar. Le gouvernement des Etats-Unis avait donc à
confisquer l’or de ses citoyens afin de s’assurer le
succès de sa politique d’expansion monétaire.
Le succès de la
dévaluation du dollar et de la ‘gouvernementalisation’
de l’or a permis à une relance de l’économie, et a
été renforcé par la demande d’exportation de biens
Américains avant la seconde guerre mondiale.
Des taux de change fixes, puis
‘flottants’
.
On oublie souvent que le monde
économique était alors uniquement un monde de taux de change
fixes. C’est pourquoi il fut nécessaire au gouvernement
d’émettre un décret pour pouvoir modifier la
quantité de monnaie en circulation. Aujourd’hui, la situation
est toujours la même ! Le quantitative easing
fonctionne exactement sur le même principe.
Ben Bernanke
est un érudit de ce temps. Il a utilisé les connaissances
qu’il a accumulées à cette période pour forger la
politique qu’il poursuit aujourd’hui afin d’échapper
à la déflation ou la dépression. Jusqu’alors, il
semblerait que l’économie des Etats-Unis n’ait
traversé aucune de ces phases. Il est cependant clair que Bernanke nécessite le soutien vigoureux du
gouvernement et du peuple des Etats-Unis afin que ses politiques puissent
entraîner une reprise réelle. Hélas, il ne jouit à
l’heure actuelle d’aucun soutien de leur part !
Un autre point fondamental,
n’étant pas lié à la dévaluation du dollar
ou à l’augmentation de la masse monétaire, a
également permis à la confiscation de l’or. Nous vivons
aujourd’hui dans une économie où les taux de change sont
supposés être flottants. Les taux de change sont
déterminés par les forces des marchés, et
reflètent la valeur d’une devise par rapport à une autre.
L’intervention de la banque centrale peut se faire par le biais de la
gestion de ces taux de change, ou par la gestion de la création
monétaire. Après tout, il serait bien trop cher que de laisser
les devises s’autoréguler sur les marchés libres dans le
monde compétitif dans lequel nous vivons aujourd’hui. Mais vient
un moment où les forces des marchés deviennent assez puissantes
pour pouvoir défier la volonté des gouvernements : lorsque
les citoyens perdent confiance en leur devise. L’argument voulant que
l’or ne puisse être utilisé du fait de l’impact
déflationniste qu’il aurait sur le système
monétaire ignore l’ingéniosité des
autorités monétaires.
Je pense, malgré tout ce
que nous avons pu lire quant au rôle de l’or au sein de notre
système monétaire, qu’un prix de l’or flottant
aurait la possibilité de se prévenir lui-même d’avoir
un impact déflationniste.
Le dollar contrôle la monnaie
Le dollar US est le moins
vulnérable à la réflexion de sa valeur réelle par
le taux de change. Les devises des plus petites nations, quant à
elles, y sont le plus vulnérable. Notre système de devise prend
la forme d’un arbre, le dollar jouant le rôle du tronc. Il faudra
plus qu’une perte de confiance envers l’économie des
Etats-Unis pour que le dollar s’effondre. Nous avons pu voir que la
confiance envers le dollar a largement diminué au cours de ces
quelques dernières années, mais qu’il demeure encore le
point de référence pour toutes les autres devises du monde.
Etant la devise utilisée pour les échanges pétroliers,
le dollar a la possibilité de demeurer une devise nécessaire au
système monétaire global.
Viendra un jour où cette
situation changera radicalement. Les choses ont aujourd’hui
commencé à changer. L’Asie s’étant enrichie
en entrant en compétition directe avec l’occident, il ne faudra
pas longtemps avant que le rôle du dollar dans le système
monétaire international ne soit réduit à néant.
La Chine commencera par voir
son rôle au sein du FMI augmenter significativement dans le même
temps que celui des Etats-Unis sera réduit au contrôle du vote
(les Etats-Unis ont actuellement 16,8% des votes, et la majorité
nécessaire au passage d’une résolution est de 85%).
Puis la Chine commencera
à afficher le prix de ses marchandises en yuans, et non plus en
dollars. Le dollar aura alors le même rôle que toute autre devise
majeure, et sa valeur affectera la balance des paiements des Etats-Unis.
Afin de prévenir une
chute significative du taux de change du dollar, l’économie des
Etats-Unis aura besoin d’être restructurée, et
d’exporter plus qu’elle n’importe, dans le même temps
qu’elle devra attirer les investissements étrangers grâce
à la valeur de sa devise. Et cela n’est pas prêt
d’arriver !
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