La dette, racine du
problème
Depuis
le défaut du président Nixon sur les obligations en or du
gouvernement des Etats-Unis en 1971, le monde est entré dans une
spirale de l’endettement. Son décret mettait fin à la
possibilité pour le dollar d’être échangé
contre de l’or, et libérait la dette de toute forme de
garde-fou. Depuis lors, partout dans le monde, la dette n’a fait que
s’accumuler. La dette est soutenue par la dette, est basée sur
la dette, dépend de la dette, est rachetée par la dette. Par
exemple, il est aujourd’hui possible d’acheter une obligation
(c’est-à-dire de prêter de la monnaie) sur marge (avec de
la monnaie empruntée).
Il
ne faudra pas attendre bien longtemps avant que l’ensemble des dettes
fasse l’objet de défauts. Dans notre système
monétaire pervers, la dette de l’un est la ‘monnaie’
de l’autre. Le défaut d’un débiteur affectera son
créditeur (qui est également le débiteur d’un
autre créditeur), le forçant à son tour à faire
défaut, et ainsi de suite. Lorsque cela se produira, l’ensemble
du système bancaire, ainsi que votre ‘monnaie’, seront
réduits à néant. Les devises papiers ne survivront pas
à une telle catastrophe. Avec la situation actuelle de l’Euro,
nous pouvons voir ce jour arriver, et il semblerait que le Japon soit lui
aussi plus qu’en mauvaise posture. Et les Etats-Unis finiront
également par en souffrir, eux aussi.
L’objectif
de cet article est de présenter les signes avant-coureurs de ces
évènements et d’expliquer leur mécanisme.
Contrairement à ce que la plupart des gens pensent, de tels
évènements ne se produiront pas parce que les banques centrales
ne cessent d’imprimer de la monnaie indéfiniment. Pour
être honnête, je pense que la masse monétaire pourrait
même finir par être réduite.
Afin
de comprendre les stages terminaux de cette maladie mortelle dont souffre
notre système monétaire, il est nécessaire de bien
comprendre l’or.
Définir
la backwardation
Laissez-moi
tout d’abord introduire un concept clé. La majorité des
traders parlent de backwardation lorsque le prix
des contrats à terme sur une matière première est
inférieur au prix du même bien sur le marché au comptant.
Sur
chaque marché, il y a toujours deux prix pour un même bien :
le prix offert et le prix demandé. Afin de vendre un bien, il est
nécessaire pour le vendeur d’accepter le prix offert. De la
même manière, afin d’acheter un bien, il est
nécessaire d’accepter le prix demandé. La backwardation rend possible d’enregistrer des
rentes en vendant un bien physique puis achetant un contrat à terme
avec la monnaie obtenue de cette vente. Cela ne permet pas au trader de
modifier sa position. Il commence son opération avec une certaine
quantité d’or, et termine avec la même quantité.
La backwardation,
c’est quand l’offre sur le marché au comptant est
supérieure à la demande sur le marché à terme.
De
nombreuses ressources, telles que le blé, sont saisonnières.
Leur consommation est quant à elle bien plus régulière
au fil de l’année. Juste avant la moisson, le prix comptant du
blé est généralement au plus haut par rapport à
celui des contrats à terme. La raison à cela est que les
inventaires de blé présents dans les silos sont très
faibles. Les gens ont alors à payer plus cher pour obtenir une
livraison immédiate. Dans le même temps, tous les participants
au marché savent que la moisson est proche. Si un acheteur peut se
permettre d’attendre un mois avant de faire une demande de livraison,
le prix qu’il paiera sera plus bas. C’est un exemple de backwardation.
La
backwardation est généralement un
signe de pénurie. Toute personne possédant le bien en question
pourrait enregistrer un profit sans risque en délivrant ce bien et le
rachetant à une date ultérieure. Si de plus en plus de traders
en font ainsi, alors le prix de l’offre sur le marché comptant
finit par diminuer, et le prix de la demande sur le marché à
terme augmente jusqu’à ce que la backwardation
finisse par disparaître. Le fait de profiter d’un arbitrage
limite l’étendue de cet arbitrage.
La
backwardation ne dure généralement
pas assez longtemps pour que les petits traders aient le temps de
l’apercevoir sur leur écran, ce qui est une autre manière
de dire que les marchés n’offrent généralement pas
de profits sans risque. Dans le cas de la backwardation
du prix du blé, par exemple, elle peut durer plusieurs semaines. Mais
il n’y a alors pas d’opportunité de profit pour qui que ce
soit, parce que plus personne n’a de blé disponible. Il existe
donc une réelle pénurie de blé avant la moisson.
Pourquoi
la backwardation de l’or est importante
L’or
peut-il être l’objet d’une backwardation ?
Il n’y a pas de pénurie d’or. Pour s’en rendre
compte, il suffit simplement de mesurer son abondance avec les bons outils.
En observant les inventaires d’or divisés par la production
annuelle, le Conseil Mondial de l’Or a déterminé
qu’il n’y aurait pas de pénurie avant ces 80 prochaines
années.
Pour
toutes les autres matières premières (excepté
l’argent), les inventaires représentent seulement
l’équivalent de quelques mois de production. D’autres
ressources peuvent même connaître des surabondances, menant
généralement à un effondrement des prix. C’est
pour cette raison que l’or est bénéfique à la
monnaie. Le prix de l’or ne décline jamais, et ce peu importe en
quelles quantités il est produit. La production d’or ne
débouchera jamais sur une surabondance qui pourrait en diminuer
fortement le prix.
Que
signifierait donc un prix des contrats à terme sur l’or
inférieur à celui du marché au comptant ? Par
définition, cela signifie que seules des quantités d’or
restreintes sont disponibles sur le marché.
La
signification d’une backwardation de
l’or est que l’espoir de pouvoir obtenir du métal physique
d’un contrat à terme s’amoindrit.
Pour
une ressource ordinaire, une faible quantité de réserves
disponibles à la livraison se traduit par une augmentation des prix. A
un prix élevé, la demande en blé finit par diminuer
jusqu’à ce que les réserves existantes soient suffisantes
pour satisfaire la demande.
Comment
se résout le manque de confiance ?
Jusqu’alors,
la réponse à cette question était d’augmenter les
prix. Une augmentation du prix de l’or l’exhorte hors de
certaines réserves, comme par exemple celle du secteur de la
bijouterie. La première backwardation de
l’or eut lieu en décembre 2008. Il était alors possible
d’obtenir un retour annuel de 2,5% en vendant du métal physique
et en achetant simultanément des contrats à terme à
échéance prévue en février 2009. Au 5
décembre, le prix de l’or était de 750 dollars. Avant la
fin du mois de janvier, il atteignait 920 dollars, ce qui représente
un gain de 23%.
Lorsque
la backwardation devient permanente, la confiance
envers les contrats à terme s’effondre. Contrairement au
blé, des millions de personnes et de nombreuses institutions
possèdent de l’or qu’elles peuvent vendre sur le
marché physique et racheter ultérieurement par le biais de
contrats à terme. Lorsqu’elles décident de ne pas le
faire, cela signifie que notre système financier touche à sa
perte.
Pourquoi
cela ?
Pensez
aux similarités entre les trois points suivants :
- ‘Avec mon contrat à
terme sur l’or, je suis certain d’obtenir livraison de mon
or’
- ‘Si j’échange mon or contre un
contrat papier aujourd’hui, alors je pourrais le
récupérer dans le futur’
- ‘Je serai en mesure d’échanger du
papier monnaie contre de l’or dans le futur’
La
raison pour laquelle nous avons assisté à une backwardation significative est que les gens ne croyaient
plus en le premier point mentionné ci-dessus. Ils ne croyaient plus
qu’un contrat à terme puisse un jour obtenir livraison de
l’or qu’il représente.
S’ils
ne croient plus en cela, alors ils n’ont aucune raison de croire
qu’ils puissent un jour obtenir quelque quantité d’or que
ce soit.
Si
ceux qui possèdent de l’or font à ce moment-là
toujours confiance au système, ils peuvent vendre leur or
(probablement à des prix bien plus élevés). Mais
tôt ou tard, il n’existera plus aucun vendeur d’or sur le
marché physique.
Une
hausse des prix ne peut mettre fin à la backwardation
de l’or
Pour
toute autre ressource ordinaire, il existe un prix limite que les acheteurs
ne souhaitent pas dépasser, et qui est basé sur le besoin que
cette ressource permet de satisfaire, la disponibilité de substituts,
et l’existence d’autres besoins qui doivent pouvoir être
satisfaits grâce à un même budget. Plus le prix est
élevé, plus ceux qui possèdent un bien désirent
le vendre, et moins les consommateurs désirent l’acheter. La
solution à des prix élevés est donc une augmentation des
prix.
Pour
l’or, la situation est différente. Contrairement au blé,
l’or n’est pas acheté dans le but d’être
consommé. Ceux qui spéculent aujourd’hui sur sa valeur
papier finiront par être remplacés par ceux qui s’en procurent
pour sa valeur monétaire.
Une
fois que les possesseurs d’or perdent confiance, aucun changent de prix
ne peut permettre de rétablir leur foi en la monnaie papier.
L’or ne pourra jamais avoir de prix qui soit assez élevé
pour décourager l’achat ou encourager la vente. La backwardation de l’or ne fera pas que se
reproduire, elle finira par ne plus disparaître.
En
observant l’offre et la demande, il est possible de faire une remarque
supplémentaire. En temps de crise, c’est toujours l’offre qui
diminue – la demande ne diminue jamais. Une backwardation
permanente de l’or peut donc être perçue comme
étant un retrait de l’offre sur le marché de l’or.
Une
backwardation ne devrait pas se produire sur le
marché de l’or, dans la mesure où il existe de
très importantes quantités de métal jaune. Cependant, le
fait que des backwardations ne cessent
d’apparaitre signifie qu’elles sont inévitables et
qu’elles finiront par devenir permanentes. L’érosion de la
confiance envers la monnaie est un processus n’allant que dans un sens.
La backwardation finira par devenir de plus en plus
importante (dans le même temps que le prix du dollar en or ne cessera
d’augmenter de manière exponentielle).
La
conséquence finale en sera une disparition totale de l’offre
d’or physique. Lorsque ceci se produira, l’offre papier pour
l’or deviendra illimitée, c’est pourquoi les devises
papiers finiront inévitablement par s’effondrer.
Conclusion
Une
backwardation permanente de l’or,
débouchant sur une dissolution de l’offre, sera le
résultat de la crise de la dette. Les gouvernements et autres
emprunteurs ne peuvent plus amortir leurs dettes. Ils ne font
aujourd’hui plus que tenter d’y échapper en reportant le
problème à demain. Cela les rend vulnérables à la
demande en obligations du marché. Lorsque leur offre manquera à
attirer la demande, alors la partie sera finie. Qu’ils fassent
officiellement défaut ou qu’ils impriment simplement les
quantités de monnaie à rembourser ne pourra plus rien changer.
Ceux
qui possèdent de l’or, comme tous les autres, observeront cet
effondrement. Si les détenteurs d’obligations du gouvernement
décident de vendre, la seule chose qu’ils recevront en
échange de sera autre que de la monnaie imprimée par ce même
gouvernement. Le possesseur d’or aura, quant à lui, le pouvoir
de se retirer du monde du papier. Lorsque cela se produire, il naîtra
un schisme entre l’or et le papier, et les biens et services prendront
le parti de l’or. Après quelques mois, la monnaie papier aura
perdu la totalité de sa valeur.
L’or
n’est pas officiellement reconnu comme étant la fondation du
système financier. Il n’en est pas moins un composant important.
Lorsqu’il n’en existera plus, le système fiduciaire tout
entier sera réduit en cendres.
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