Le
monde des milliardaires n’est plus aussi exclusif qu’il l’était. En 1998, il
n’existait que 230 milliardaires sur la planète.
Aujourd’hui, selon le magazine Forbes, ils seraient 1226. Bien que 425
d’entre eux soient citoyens des Etats-Unis, 58 pays comptent
aujourd’hui des milliardaires parmi leur population. La Russie et la
Chine en ont environ 100 chacun.
Plus
personne ne semble étonné par l’idée qu’il
puisse exister des milliardaires, probablement parce qu’un milliard est
une somme que très peu de personnes peuvent se représenter
– un millier de millions. Il fut un temps, être millionnaire signifiait posséder un
patrimoine significatif, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Une grande majorité des conseillers financiers disent
aujourd’hui qu’un million de dollars est insuffisant pour
financer sa retraite, par exemple.
Le
mot ‘millionnaire’ fut inventé en 1720, au cours de la
bulle du Mississipi créée par John Law, afin de décrire
les fortunes ayant été formées grâce aux actions
de la compagnie du Mississipi, étant passées de 150 à
10.000 livres en seulement quelques mois. Mais tout aussi rapidement, les
actions et la devise ayant été gonflées par la Banque
Royale de Law s’effondrèrent, et Law fut forcé de
s’exiler.
Tout
comme Ben Bernanke, Law pensait que les
problèmes économiques de la France étaient simplement
dus à son manque de monnaie. Il commença par y instaurer sa
Banque Générale, et en l’espace d’un an, tous les
revenus du royaume devaient être payés sous forme de billets de
banque auprès de filiales du gouvernement, ces filiales étant
rapidement devenues des succursales de la banque de Law.
Deux
ans plus tard, la livre française fut à nouveau
dévaluée de 40%. Malgré les dévaluations, la
réputation de Law continua d’augmenter et, avant la fin de
l’année 1718, l’Etat racheta la banque de Law, la
rebaptisant Banque Royale. Simple vagabond trois ans auparavant, le pouvoir
de Law était soudain devenu incommensurable : il avait le monopole de
l’impression monétaire, de la levée des impôts
ainsi que des taxes sur le tabac et le sel. Sa compagnie du Mississipi
rachetait ensuite la dette de la France, une proposition que John T. Flynn
compare au projet de Roosevelt de supprimer la dette des Etats-Unis en la vendant
à la société Social Security Board.
Grâce
à la Banque Royale, Law augmenta la masse monétaire et
entraîna la création de nouveaux emplois dans les travaux
publics. Il tenta de faire entrer l’épargne des citoyens en
circulation en promouvant les actions de sa compagnie du Mississipi : il
exploita l’empire colonial de la France, débarrassa le
gouvernement de sa dette colossale, et fit lui-même fortune.
Le
système de Law s’effondra quatre ans après avoir
été mis en place. Les gens fuirent la devise papier et
investirent en masse sur l’or et l’argent, malgré les
tentatives de Law de les démonétiser et les confisquer. Le système
de Law finit par mettre la France en banqueroute de la France. Dix ans plus
tard, Law, devenu pauvre, trouva la mort.
Ceux
qui étaient autrefois les millionnaires de Law sont aujourd’hui
les milliardaires de Bernanke. ‘Law est le
précurseur des inflationnistes’. ‘Comme tous les autres inflationnistes,
sa carrière fut de courte durée’.
Bernanke ne dirige la Fed que depuis six
ans, et les Gates, Buffets et Slims du monde en
récoltent aujourd’hui les bénéfices. Mais pour
combien de temps?
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