Dans l’édition d’avril du Casey Report, Doug Casey
s’attaque au problème de la manipulation du marché de
l’or. Dans son excellent article, il compare le marché haussier
de l’or actuel à celui des années 1970, dont nous pouvons
tous deux nous rappeler puisque nous avons aujourd’hui quasiment le
même âge et y avons tous deux participé activement.
Doug écrit : ‘Le plus important
marché haussier de l’or est apparu dès le 15 août
1971, date à laquelle le président Nixon abandonna la promesse
des Etats-Unis de racheter les dollars possédés par les
étrangers à hauteur de 35 dollars pour une once
d’or’. Le prix de l’or a ensuite graduellement
grimpé pour atteindre un record de 800 dollars en 1980.
J’adhère fortement au point de vue
de Doug. Il se lance ensuite dans une comparaison des marchés
haussiers présents et passés avant d’aborder la
manipulation du prix de l’or, un sujet qui semble le laisser sceptique.
Il conclut son article en posant quelques questions auxquelles il
désirerait obtenir des réponses qui puissent le convaincre de
la réalité d’une manipulation de prix sur le
marché de l’or. Puisque Doug est l’un de mes amis, je me
suis permis de répondre à ses questions pour lui fournir mon
point de vue sur le sujet.
Vous trouverez en italique les extraits du
rapport de Doug, suivis de mes réponses à ses questions. Je
vous conseille de lire le commentaire complet de Doug et de souscrire
à son bulletin mensuel. Ses rapports sont l’une de mes
lectures favorites.
Les
réserves d’or du gouvernement des Etats-Unis ont atteint un
record historique en 1952 avec 20.663 tonnes ou 665 millions d’onces.
Après cette date, elles n’ont cessé de diminuer,
jusqu’à atteindre 459 millions d’onces en 1962 et 276
millions d’onces en 1971. Elles se sont depuis lors maintenues autour
de ce niveau.
Peut-on
vraiment en être sûrs ? Ces dernières années,
beaucoup se sont inquiétés de savoir si cet or était
réellement présent dans les coffres de Fort Knox au vu de
l’absence d’audits indépendants depuis maintenant
plusieurs décennies. Le membre du Congrès Ron Paul n’a
durant des années cessé de demander l’établissement
d’un audit de la Fed et ce, sans succès. Sa demande est pourtant
raisonnable. Il est correct que de demander vérification
régulière de la quantité et de la qualité des
actifs détenus par un établissement. Nombreux sont ceux qui
pensent que l’or n’est plus là, qu’il a depuis
longtemps été vendu afin de supprimer le prix de l’or sur
les marchés – ou de soutenir les banques responsables de cette
manipulation.
Je ne sais
pas quoi penser de cette idée, simplement parce que si une telle chose
était vraie, il s’agirait de loin du vol le plus important et le
plus scandaleux de l’Histoire…
Il s’agirait sans aucun doute du plus
important des vols jamais commis, mais la manipulation du prix de l’or
ne serait pas une affaire plus scandaleuse que l’incident du golfe de
Tonkin ou la soi-disant recherche d’armes de destruction massive en
Irak. Selon moi, les gouvernements sont loin d’être des machines
à dire la vérité. Il a fallu attendre trente ans pour
entendre la vérité concernant les événements du
Tonkin. N’est-il donc pas envisageable que la vérité
quant à la manipulation du prix de l’or n’ait pas encore
vu le jour ?
Depuis
de nombreuses années, des rumeurs circulent quant à une
manipulation ou une suppression des prix de l’or et de l’argent
par les puissants. Ce ne sont pas là des affirmations farfelues.
Après tout, la dernière chose que veulent les pouvoirs
monétaires est de voir le prix de l’or flamber. Une
flambée du prix de l’or retentirait tel un signal d’alarme
sur les marchés et inquièterait les investisseurs aux quatre
coins du monde à tel point qu’ils finiraient par paniquer et se
débarrasser de tous leurs dollars. Ceux qui croient en la
théorie de la manipulation s’imaginent que le Trésor des Etats-Unis
en tire les ficelles et qu’il bénéficie de la
complicité d’une demi-douzaine de banques commerciales
participant régulièrement aux opérations commerciales
sur les marchés des métaux précieux.
Je ne dirais pas le Trésor, mais
plutôt le secrétaire au Trésor. Seuls lui et le
Président ont le droit d’opérer le FSC. Le
secrétaire au Trésor peut faire ce qu’il veut grâce
au FSC. Pour citer un article de Slate : “Qu'est-ce que le FSC? Un pile d'argent pouvant être
utilisée pour tout et n'importe quoi.”
Un article publié par la Réserve
Fédérale à New York confirme cette idée de
pouvoir illimité. Le FSC a été créé
à la suite de la signature du Gold Reserve Act
de 1934, chargé de gérer les ‘profits’ nés
de la confiscation par Roosevelt de l’or de ses citoyens et de la
dévaluation de 69,3% du dollar en ayant découlé. Voici
ce qu’il stipule : ‘Cette loi autorise le secrétaire au
Trésor à conclure des marchés grâce à de
l’or, des devises étrangères, des titres et des
instruments de crédit et place ces décisions sous son
contrôle exclusif, sous réserve d’obtenir l’accord
préalable du Président’. Le mot à retenir ici est
‘exclusif’, qui signifie ‘indépendant du
contrôle du Congrès ou de quiconque’.
Je vous recommande fortement la lecture du livre
“Time to Abolish the International Monetary Fund and the Treasury's Exchange Stabilization
Fund”, écrit par Anna
Schwartz, Christopher Whalen, et Walker Todd, et qui
a été publié par le Comité pour la Recherche
Monétaire et l’Education en 1998.
On entend souvent dire que quatre banques bullion participeraient à la suppression du prix
de l’or. Deux seraient Américaines, les deux autres Anglaise et
Allemande. Trois pays seraient donc impliqués. Ces banques agiraient
en tant qu’agents de leurs gouvernements, exécutants des ordres
commerciaux à la demande de ces derniers. Ainsi, ces banques prennent
connaissance des projets de leur gouvernement et peuvent en tirer profit,
pratique habituellement appelée ‘front-running’ et
définie par Wikipédia
comme étant une pratique illégale grâce à laquelle
des ordres sont exécutés à des fins personnelles par un
courtier qui connaît à l’avance les ordres
différés de ses clients’. En clair, participer à
la manipulation du prix de l’or peut s’avérer très
profitable pour les banques et ce, bien que cette activité soit
illégale, parce que le gouvernement et les banques bullion
ont tout autant intérêt à garder cette intervention
secrète.
Cette
affirmation se base sur le principe que les gouvernements en
général, et celui des Etats-Unis en particulier, sont toujours
intervenus sur de nombreux marchés. Ils tentent par exemple de
contrôler le prix du blé et du maïs par le biais de
nombreux programmes de l’USDA. Ils manipulent manifestement le prix du
crédit (les taux d’intérêts), le maintenant
à l’heure actuelle aussi bas que possible afin
d’éviter l’effondrement financier. Il se peut qu’ils
interviennent tous, par le biais du Plunge
Protection team, sur le marché des actions. Les gouvernements sont
largement responsables du boom du marché de l’immobilier sur
lequel ils sont intervenus par le biais de programmes et d’agences
parapubliques tels que Fannie Mae et Freddie Mac. Pourquoi donc ne pourraient-ils
pas être amenés à manipuler le marché des
métaux précieux ? Les banques centrales interviennent
régulièrement sur (ou devrais-je dire manipulent) les devises
des autres. Il semble donc raisonnable d’imaginer qu’elles
tentent également de manipuler l’or.
Tout à fait. C’est exactement
là le principe. La monnaie est le poumon de l’Etat. C’est
la monnaie et non le vote ou l’accord populaire qui donnent à
l’Etat son pouvoir, tout particulièrement dans notre
système actuel de devises fiduciaires. Pour dire les choses telles
qu’elles sont, l’Etat a besoin de munitions pour rester au
pouvoir. Puisqu’il ne peut créer ces munitions à partir
de rien, il s’est allié aux banques en leur offrant le monopole
de la création monétaire. Ainsi, les banques peuvent
créer de la monnaie à partir de rien et l’Etat peut se
fournir en munitions en empruntant cette monnaie. Les décisions prises
par les gouvernements – comme par exemple le plan de sauvetage des
banques de 2008qui a été accordé malgré les
contestations de l’opinion publique – visent à
préserver cette relation. Et l’intervention sur les
marchés des métaux précieux n’en est qu’une
facette.
A suivre
|