Dans un excellent article écrit la semaine
dernière pour le Financial Times de Londres, le membre du
Congrès des Etats-Unis, Ron Paul, explique que les banquiers centraux sont désormais en banqueroute
intellectuelle et que le contrôle des taux
d’intérêts n’est autre qu’une forme de
fixation des prix. L’histoire monétaire nous a appris que la
fixation des prix a toujours porté atteinte à l’activité
économique. Il n’en est pas moins que ‘le contrôle
de l’économie mondiale a été placé entre
les mains du cartel bancaire’, et ce ‘bien que le socialisme et
la planification économique centralisée aient été
rejetés par un grand nombre d’économistes du
marché libre’.
Je vous conseille vivement de lire son article
mais j’aimerais toutefois émettre un commentaire sur un point.
Ron Paul explique parfaitement la manière
dont les taux d’intérêts maintenus artificiellement bas
par les banques centrales distordent l’activité
économique. En revanche, lorsqu’il dit que ‘ces
interventions ont pour objectif d’augmenter le prix des actions, de
réduire les coûts d’emprunts pour les entreprises et les
particuliers, et de maintenir à des niveaux très
élevés les prix de l’immobilier’, il passe
à côté de ce qui est pour moi la raison première
pour laquelle les banques centrales contrôlent les taux
d’intérêts : les gouvernements, tout autour du monde,
ne peuvent plus se permettre de payer des taux d’intérêts
réels.
Ils se sont bien trop endettés. Ils ont
utilisé leur effet de levier de manière excessive et le
remboursement d’intérêts engendrés par leurs dettes
est devenu le composant le plus important de leur dépenses et ce,
malgré le maintien des taux d’intérêts à des
niveaux artificiellement bas pas les banques centrales. Ainsi, si les
gouvernements avaient à payer un taux d’intérêt qui
reflète les risques réels de la monnaie et du crédit,
ils s’enfonceraient très rapidement dans la banqueroute.
La dette des Etats-Unis
s’élève par exemple à 15,6 trillions de dollars.
Si les intérêts de cette dette augmentaient ne serait-ce que
d’1%, leur remboursement d’intérêts annuel
augmenterait de 156 milliards de dollars, soit 6,8% du revenu annuel des
Etats-Unis. En estimant qu’un taux d’intérêt de 6%
puisse correspondre au risque représenté par cette dette, les
remboursements d’intérêts des Etats-Unis
s’élèveraient chaque année à 40% de ses
revenus ce qui, bien entendu, serait insoutenable. Achèteriez-vous les
obligations d’une société qui débourse 40% des
revenus de ses ventes dans le remboursement des intérêts de sa
dette ?
Bien sûr que non. Cela explique pourquoi
les banquiers centraux ont fixé les taux d’intérêts
à des niveaux très bas. S’ils ne l’avaient pas
fait, la bulle sur les devises fiduciaires aurait explosé et les
gouvernements qui survivent aujourd’hui grâce à leurs
dépenses illimitées se seraient effondrés. Et les
banques centrales et leur monnaie auraient depuis longtemps été
jetées aux ordures.
Les banquiers centraux sont donc en banqueroute intellectuelle,
mais ils en savent assez pour comprendre comment défendre leurs
intérêts. Plutôt que de laisser les taux
d’intérêts augmenter jusqu’à atteindre leur
niveau réel, ils font tout leur possible pour que soit maintenues les
devises fiduciaires, et ainsi perpétuer leur propre existence.
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