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Le 31 mai
marque chaque année la Journée mondiale sans tabac. Cette
journée est aussi l’occasion de constater à quel point
les pouvoirs publics veulent dicter notre style de vie. Au nom de la
santé publique, ils ont en effet lourdement taxé et
réglementé la vente et la consommation de tabac. Mais l’État
« nounou » compte désormais nous dicter aussi ce
que nous buvons et mangeons, en engageant une « lutte contre
l’obésité » (une taxe frappe d’ores et
déjà les sodas). Malheureusement, de telles politiques non
seulement sont inefficaces et piétinent nos libertés
individuelles, mais elles apportent leurs propres lots d’effets
pervers.
En premier
lieu, ces politiques font fi du fait que les individus sont les
décideurs ultimes en matière de consommation que ce soit celle
du tabac, des sodas ou de tout autre produit. Or, la seule solution durable pour
éviter les effets néfastes pour la santé d’une
telle consommation serait par conséquent qu’ils décident
de leur propre chef de changer de mode de vie (en consommant par exemple
moins de sodas ou en gardant une meilleure hygiène alimentaire) ou
d’arrêter de fumer, ce qu’ils ont la possibilité de
faire à tout moment.
En l’absence
d’une telle solution provenant d’un changement volontaire des
comportements, vouloir s’acharner à pénaliser par un
arsenal réglementaire et fiscal l’offre légale des
produits « incriminés » est un remède
pire que le « mal ».
Considérons d’abord la lutte anti-tabac qui s’est considérablement durcie notamment depuis 2005
et l’entrée en vigueur de la Convention-cadre pour la lutte
anti-tabac de l’OMS.
Au-delà d’une fiscalité très lourde (plus de 80%
du prix de détail en France), tout un
« arsenal » réglementaire vise désormais
à « dénormaliser »
l’industrie du tabac : « paquets neutres »,
« vente sous le comptoir », images-choc obligatoires
sur les paquets, taxe supplémentaire sur le chiffre d’affaires
des fabricants de cigarettes, etc. En allant à l’encontre de la
« souveraineté » du consommateur, de telles
politiques ne font en réalité qu’ouvrir la voie au marché
illicite qui ne manque pas de se substituer à l’offre
légale et qui représente déjà 11% du
marché mondial de cigarettes.
Or, le
marché noir n’est la « panacée » ni
pour les finances publiques, ni pour la santé des consommateurs. En
effet, les cigarettes de contrebande actuelles présentent par exemple,
des teneurs en cadmium et en plomb – des métaux potentiellement
nocifs pour la santé – qui peuvent s’avérer 6,5 et
13,8 fois plus importants que dans les cigarettes originales de marque.
Contrairement à l'objectif affiché, les politiques de « dénormalisation » du tabac condamneraient donc
les fumeurs à consommer un tabac potentiellement plus nocif pour leur
santé.
Bien
qu’il soit absurde de comparer les effets du tabac et ceux de ce que
nous buvons ou mangeons, les pouvoirs politiques se sont lancés dans
une « lutte contre l’obésité » qui
vise les produits alimentaires et les boissons que nous consommons et qui semble
reproduire le même « scénario » que la
« lutte anti-tabac ». Une nouvelle taxe sodas de 7,16
euros l’hectolitre est, par exemple, d’ores et déjà
entrée en vigueur au 1er janvier 2012, en dépit de son
inefficacité.
Car face
à une telle politique fiscale qui stigmatise une famille
d’aliments, les consommateurs ont tendance à substituer tout
simplement d’autres aliments tout aussi, voire plus, caloriques. Les
études confirment que son impact réel en matière de
surpoids et d’obésité est négligeable que ce soit
dans le cas des enfants et adolescents ou de celui des adultes. Bref, les
calories en moins, correspondant à la baisse de la consommation de
sodas, se retrouvent compensées par la consommation d’autres
boissons ou aliments plus caloriques. Ce type de fiscalité
« nutritionnelle » est d’ailleurs en vigeur depuis des décennies aux États-Unis,
pays qui compte relativement le plus de personnes obèses, 34,3% de la
population selon l’OCDE, soit plus d’une personne sur trois.
Or, il est fort
à parier, que comme dans la lutte anti-tabac, l’État
« nounou » ne s’arrêtera pas là. On
peut d’ores et déjà parier sur l’instauration dans
l’avenir d’autres taxes « nutritionnelles »
similaires sur les aliments trop gras, trop sucrés, sur le vin, la
bière et les alcools forts, le fast food, etc. S’engagera-t-il peut-être
également à « dénormaliser »
l’industrie des sodas, voire à prohiber certains aliments,
à l’image des propositions de plus en plus ouvertes recommandant
à interdire tout simplement le tabac ?
La
présence de la « lutte contre
l’obésité » pèsera indiscutablement de
plus en plus lourd sur le pouvoir d’achat des ménages. Elle
pénalisera aussi les capacités productives d’une
filière agroalimentaire qui, selon l’INSEE, constitue l’un
« des secteurs les plus importants de l'industrie » au
pays du foie gras.
Il est temps de
se rendre compte que la « lutte anti-tabac » a servi de
prétexte et a ouvert grande la voie à l’État
« nounou » qui vise à dicter notre mode de vie
et ce que nous devons boire ou manger. Si les pouvoirs publics continuent
dans cette voie, on pourrait bientôt avoir à fêter la
Journée sans sucre ou sans gras autour de tables fort peu joyeuses !
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