J’ai souvent
répété que la Fed
ne pouvait pas, de manière réaliste, causer
d’hyperinflation et ai reçu de nombreuses questions de ce
type :
Je ne comprends
pas pourquoi vous dîtes que la Fed ne peut causer
d’hyperinflation. Le gouvernement a une dette très importante.
Cette dette est gérable à des taux extrêmement bas. Mais
si ces taux grimpaient en raison d’une inflation ou d’une
prudence accrue des pays étrangers, alors notre gouvernement devrait
commencer à payer beaucoup d’intérêts, ce qui
retirerait bien plus à ses obligations que son déficit actuel.
La Fed devrait donc intervenir et monétiser la dette, ce qui rendrait la
situation rapidement hors de contrôle.
Définitions des
termes employés
Comme toujours, avant de pouvoir se lancer
dans une discussion rationnelle, nous devons nous entendre sur certaines
définitions. L’hyperinflation revient à une perte totale
de confiance envers une devise. En d’autres termes, une devise perd
toute sa valeur en seulement très peu de temps.
Des taux d’intérêt
élevés comportent-ils un risque ? Oui. Mais je ne crois
pas qu’ils puissent causer beaucoup de dommages dans un futur proche.
Et même si je me trompais, des taux d’intérêts
élevés n’ont rien à voir avec une hyperinflation.
La valeur du dollar ne peut atteindre
zéro puisque les Etats-Unis disposent des plus importantes
réserves d’or du monde. Ce point seul suffirait à
écarter l’idée d’hyperinflation. Il y a de
nombreuses raisons que j’ai abordées et qui suggèrent que
les taux d’intérêts n’augmentent que lentement.
Les marchés du
crédit
La Fed a tenté de raviver les
marchés du crédit sans grand succès, si ce n’est
peut-être pour ce qui est des prêts étudiants. Faire des
étudiants des esclaves de la dette est en effet une attitude
extrêmement déflationniste.
Comme j’ai pu le dire de nombreuses
fois, la Fed ne peut distribuer de la monnaie ou forcer quiconque à en
dépenser. La Fed doit se battre contre l’attitude du public.
Les banques ne veulent pas prêter, les
entreprises solvables ne veulent pas emprunter et leurs clients continuent de
réduire leurs leviers d’endettement. Ce sont là des
forces extrêmement déflationnistes.
Cela changerait-il quelque chose
si 50 trillions de dollars étaient imprimés demain ?
Si on ignore les intérêts sur
excès de réserves (une provision que j’ai
déjà mentionnée), imprimer 50 trillions de dollars
demain pourrait ne rien changer.
En effet, si ces 50 trillions de dollars
étaient conservés sous forme d’excès de
réserves, ils auraient le même effet que s’ils
étaient enterrés sous le sol, ou n’avaient jamais
été imprimés. Telle est la nature d’une
économie basée sur le crédit. C’est un point qui a
poussé de nombreux économistes Autrichiens à
émettre des prévisions d’inflation erronées.
Comme je l’ai mentionné
précédemment, une telle impression monétaire pourrait
causer un changement temporaire en termes d’attitude du public ainsi
qu’une bulle sur un actif quelconque (comme par exemple sur les
obligations de long terme que les banques rendraient disponibles).
En revanche, une vague trop importante
d’impression monétaire entraînerait un effondrement des
taux du Trésor, causerait des dommages supplémentaires à
ceux disposant d’un salaire fixe et rendrait la tâche encore plus
difficile aux pensions de retraites.
Si 2 trillions de dollars n’ont pas
stimulé notre expansion de crédit, pourquoi les choses
seraient-elles différentes si nous en imprimions 50 ?
Comparons la théorie
à la pratique
Nous nous demandons tous ce qu’imprimer
50 trillions de dollars pourrait bien changer. Les chances que nous puissions
répondre à cette question sont quasiment nulles. Le fait est
que la Fed n’imprimera pas 50 trillions de dollars en une seule fois.
Demandons-nous donc si imprimer 2 trillions
de dollars par an sur 10 ans entraînerait une hyperinflation.
La réponse est non.
Comment la Fed pourrait-elle donc causer une
hyperinflation ? La réponse est simple : elle ne le peut
pas.
Le gouvernement contre la
Fed
A ce stade, et contrairement à ce que
de nombreuses personnes s’imaginent, la Fed est essentiellement
impuissante (c’est pourquoi Bernanke ne cesse
de supplier le Congrès de faire quelque chose).
Contrairement à une Fed qui ne peut
pas dépenser de la monnaie (en dehors de frais ordinaires et du
remboursement d’intérêts sur ses réserves), le
gouvernement fédéral pourrait s’il le voulait
dépenser 50 trillions de dollars demain. Mais il ne le fera pas.
Hyperinflation ? Même d’un
point de vue monétaire, nous sommes loin de la voir arriver.
A suivre…
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