Nous remercions Lars Schall et Peter Boehringer pour
nous avoir transmis une traduction en anglais de l’article original.
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Des membres de l’Union
Chrétienne Démocrate demandent le rapatriement de l’or
Allemand.
Par Daniel Eckert and Holger Zschapitz
Die Welt, Berlin
Lundi 22 octobre 2012
http://www.welt.de/finanzen/article110105525/...ill-deutsche...
Après que des membres
du Parlement aient reçu une réponse défavorable à
leur demande d’inspection de l’or de la Bundesbank placé
auprès de la banque de France à Paris, de nombreux
économistes et hommes politiques ont demandé à ce que
soit rapatrié l’or de l’Allemagne.
Avec l’aide de son
collègue parlementaire Marco Wanderwitz, Missfelder avait récemment fait la demande
d’attester de ses propres yeux de la présence de l’or
Allemand dans les coffres de la banque Française. Dans sa lettre de
réponse, le membre de la Bundesbank Carl-Ludwig Thiele
les a informés que la banque de France ne disposait pas
d’installations destinées au public. Il a également
indiqué qu’il en allait de même pour la banque
d’Angleterre, à Londres.
‘La réponse que
nous avons reçue de la Bundesbank a attisé nos soupçons.
Un tel manque de transparence ne nous dit rien qui vaille’,
déclarait Missfelder lors d’un
entretien avec Die Welt. Des douzaines de lettres
ont été échangées entre lui et la banque centrale
Allemande avant que sa demande ne soit finalement refusée.
Le membre de
l’Union Chrétienne Démocrate a demandé à ce
que l’or de l’Allemagne soit rapatrié. Puisqu’il est
si difficile d’attester de la présence de l’or Allemand
dans des coffres étrangers, pourquoi ne pas les rapatrier à l’intérieur
des frontières de la République Fédérale ?
Les économistes du pays supportent cet appel.
En septembre, Christian Noyer,
directeur de la banque de France, répondait à une question relative
au statut de l'or Allemand se trouvant à paris : ‘Soyez
assuré que nous prenons grand soin de l’or dont nous sommes
responsables… et tous nos clients peuvent en attester comme bon leur
semble’.
En réponse à une
enquête menée par le journal Die Welt,
la Bundesbank aurait déclaré que la déclaration de Noyer
faisait par le terme ‘clients’ référence à
une institution et non à un membre unique du Parlement.
Lundi dernier, la Cour
Fédérale chargée des audits demandait à ce que
soit établi un audit régulier des réserves d’or
Allemand placées à l’étranger. La Cour Fédérale
a recommandé à la Bundesbank de renégocier
l’autorisation d’examen physique des réserves d’or
placées auprès des trois pays étrangers.
La Bundesbank n’a
jusqu’à présent jamais réellement inspecté
ses lingots d’or placés à l’étranger. Elle a
cependant répondu aux pressions actuelles en organisant le rapatriement
d’une partie de son or depuis les Etats-Unis vers Frankfurt, où
les lingots seront fondus afin que leur authenticité puisse être
attestée. La Cour Fédérale chargée des audits ne
s’est cependant pas montrée entièrement satisfaite par
cette proposition, la qualifiant d’un simple ‘premier pas’
plutôt que d’une procédure complète.
Folker Hellmeyer, économiste chez Bremer Landesbank.
Selon lui, les métaux précieux seraient le ratio ultime de
toute politique monétaire.
Les experts estiment que seule
une fraction des réserves de métaux précieux de
l’Allemagne serait stockée à l’intérieur du
pays. La Bundesbank elle-même spécifie que -
http://www.bundesbank.de/Redaktion/DE/Down...chungen/Gesc...
- deux tiers de son or sont
stockés en-dehors des frontières de l’Allemagne.
‘Il en est ainsi en raison de développements historiques et un
tel déploiement est parfaitement sensé’, déclarait
un porte-parole de la Bundesbank lors d’un entretien avec un
journaliste de Die Welt.
Les réserves d’or
datent du système monétaire international de Bretton Woods (1944-1971),
alors que les nations disposant de surplus de compte courant
commençaient à investir sur l’or. L’Allemagne a
fait partie de ces nations. ‘Les réserves d’or de
l’Allemagne sont et ont toujours été conservées
sur les plus importants marchés de l’or afin que
l’Allemagne puisse y avoir accès en cas d’urgence’,
indiquent des rapports de la Bundesbank.
Hellmeyer, ainsi que d’autres experts,
doutent cependant que de tels arguments soient encore valables
aujourd’hui : ‘A l’heure actuelle, l’or
n’est plus utilisé comme compensation pour les comptes courants
comme c’était le cas sous Bretton Woods. Stocker les réserves d’or de
l’Allemagne sur les plus gros marchés de l’or du monde
n’est donc plus obligatoire’. Selon Hellmeyer,
d’ici ces dix prochaines années, les réserves d’or
de chaque nation seront placées dans leur banque centrale respective
et non plus à proximité des marchés de New York, Londres
et Paris.
Thorsten Polleit,
économiste chez Degussa Goldhandel
Trading, a une opinion similaire : ‘A
une époque où les devises ne sont plus soutenues par quoi que
ce soit, stocker ses réserves d’or à
l’étranger représente un risque économique et
politique’. Son argument principal est que cet or pourrait
s’avérer très utile si les devises papier venaient
à faire face à des problèmes de confiance ce qui, bien
entendu, déboucherait sur des bouleversements aussi bien
économiques que politiques.
La Bundesbank est l’un
des plus importants propriétaires d’or de la planète. On
dit que l’Allemagne possède 109,2 millions d’onces
d’or. La valeur marché actuelle de ces
réserves est d’environ 144 milliards d’euros, une somme
qui suffirait à soulager l’ensemble des villes et
communautés Allemandes de leur dette, leurs obligations actuelles
s’élevant à 133 milliards d’euros.
Seule la Réserve
Fédérale des Etats-Unis dispose de réserves d’or
plus importantes avec 261,5 millions d’onces. Une once d’or
équivaut à 31,1 grammes.
Très récemment,
une pétition a été lancée -
http://www.welt.de/106315242
- demandant à
l’Allemagne de rapatrier son or.
http://www.gold-action.de/campaign.html
Parmi les défenseurs de
cette initiative, nous pouvons compter Hellmeyer,
le porte-parole financier du Parti Démocratique Libre Frank Schaffer, et l’ancien président de la
fédération Allemande des Industries Hans-Olaf Henkel. Plus de
10.000 citoyens auraient déjà rejoint leurs rangs, dont
d’importantes figures politiques, scientifiques et économiques.
‘Nous espérons
grandement que les choses commencent bientôt à bouger’,
déclarait Missfelder. Selon lui, la
décision de la Cour Fédérale des Auditeurs
représente un succès partiel.
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