Malgré la baisse du prix de l'or enregistrée cette
semaine, les personnes qui cherchent à investir sur l’or ont
été encouragées par les discussions autour de
l’audit et du rapatriement de l’or Allemand placé
auprès de banques centrales étrangères. Jan Skoyles détermine ce que cela nous indique quant à
la situation économique du pays.
Vous êtes certainement nombreux
à savoir que l’Allemagne est sur le point de rapatrier une
partie de ses réserves d’or. A la suite de questions qui ont
été soulevées plus tôt cette année par des
membres du Parlement au sujet des 3396 tonnes d’or physique de leur
pays, la Cour fédérale chargée des audits a
demandé à la Bundesbank d’inspecter à intervalles
réguliers ses réserves d’or placées auprès
de la Réserve Fédérale, de la banque d’Angleterre
et de la banque de France.
Der Spiegel a indiqué que la
Bundesbank rapatrierait 150 tonnes d’or depuis New York au cours de ces
trois prochaines années et il semblerait aussi que la banque centrale
Allemande ait réduit de 1100 à 500 tonnes ses réserves
d’or placées auprès de la banque d’Angleterre entre
les années 2000 et 2001.
La couverture médiatique des actions
entreprises par l’Allemagne relatives à ses réserves
d’or semble porter un ton accusateur. La Bundesbank, chargée de
prendre soin de ses propres finances, pour le bien de son propre pays et de
ses citoyens, est en quelque sorte qualifiée d’antipatriotique
pour avoir prétendu qu’une économie basée sur
l’effet de levier, la monnaie fiduciaire, le système bancaire et
les dépenses gouvernementales est ce dont son pays a besoin.
L’Allemagne n’est pas le premier
pays à chercher à en savoir plus sur ses réserves
d’or ou encore à en demander le rapatriement. La Suisse se pose
également de nombreuses questions et le Venezuela vient tout juste
d’achever le rapatriement de ses réserves d’or.
Qu’est-ce que les rapatriements d’or peuvent bien nous indiquer sur
la souveraineté des nations ?
1.
Une
transformation du paysage géopolitique
Il y a deux raisons géopolitiques pour
lesquelles un pays se voit confier la charge de prendre soin de l’or
d’un autre : atténuer les coûts liés au
transport et faciliter les paiements, et protéger l’or face aux
risques géopolitiques.
La première de ces raisons peut encore
être appréhendée comme étant une raison valable,
tout particulièrement au vu de la décision de la Chine, de la
Russie, de l’Inde et de l’Iran d’établir des
paiements en or contre des importations de pétrole et de blé.
En revanche, la probabilité que les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et
la France ne réclament des règlements en or dans un futur
proche est extrêmement faible, tout particulièrement du fait que
l’Allemagne exporte énormément vers ces pays. C’est
l’une des raisons pour lesquelles le Venezuela prenait autrefois la
décision de placer son or sous la responsabilité de la Chine et
du Brésil – ils sont pour lui d’importants partenaires commerciaux
et seraient probablement en mesure d’accepter de l’or en
échange des produits qu’ils exportent.
L’or de l’Allemagne a
été placé sous la garde des Etats-Unis en raison de la
menace que représentait autrefois la Russie. Cette décision
paraissait raisonnable à l’époque, puisque les Etats-Unis
étaient de loin la moins diabolique des deux puissances. Sur ce
terrain de jeu, il est parfois nécessaire de faire un pacte avec le
plus costaud.
Une majorité de l’or Allemand
détenu aux Etats-Unis n’a jamais vu son territoire national et
était déjà situé quelque part dans les coffres
des Etats-Unis avant de devenir de l’or Allemand – en raison du
surplus de balance commerciale de la nation Européenne entre les
années 1950 et l’abolition du traité de Bretton Woods. Entre 1950 et
1971, les réserves d’or de l’Allemagne passèrent de
zéro à 3600 tonnes. Au cours de la même période,
les réserves des Etats-Unis chutaient de 11000 tonnes.
La Russie ne représentant
aujourd’hui plus aucun risque, pourquoi l’or Allemand
n’a-t-il toujours pas été rapatrié ?
2.
Le
pays dépositaire ne garde plus la trace de l’or dont il est
responsable après l’avoir prêté
Au milieu des années 1920, le
directeur de la banque centrale Allemande, Hjalmar
Schacht, s’est rendu à New York pour attester de la
présence de l’or de son pays dans les coffres de la
Réserve Fédérale. Les représentants de la Fed se
sont cependant montrés incapables de localiser l’or Allemand. Au
vu du visage mortifié du directeur de la Fed, Benjamin Strong, monsieur Schacht lui a assuré qu’il
lui faisait confiance. ‘Je vous crois lorsque vous dites que mon or est
ici’, a-t-il dit. ‘Et même s’il ne
l’était pas, je sais que vous feriez tout ce qui est possible
pour le remplacer’.
Selon le GATA et le mouvement citoyen
demandant le rapatriement de l’or Allemand, les banques centrales
auraient prêté ou vendu à découvert une
majorité de l’or Allemand. Comme le GATA a pu s’en rendre
compte entre 2008 et 2009, la Fed a participé à des swaps sur
l’or avec d’autres banques centrales, bien qu’elle
n’en ait dit mot. Cette pratique n’est pas rare et est en quelque
sorte le secret le plus mal gardé de tous les temps. En revanche,
comme l’indique le site Zero Hedge, il se pourrait que plus personne ne sache à
qui appartiennent les barres d’or conservées par les banques
centrales, ces dernières ayant certainement toutes fait l’objet
de nombreux contrats de swaps au cours de ces dernières années.
Beaucoup se demandent désormais si l’Allemagne ou tout autre
pays qui a placé ses réserves d’or auprès
d’une banque centrale étrangère est encore
propriétaire de ses lingots ou rien de plus qu’un simple
‘créditeur’ sur des bilans financiers.
Le fait que l'Allemagne n'ait plus
audité son or placé auprès de la Fed depuis 1979 donne
bien entendu de la crédibilité aux soupçons du
GATA et des autres. Ajoutez à cela le refus de la Fed de conduire
un audit indépendant – demandé par le sénateur Ron
Paul - des réserves d’or stockées à Fort Knox, et son
sérieux apparaît comme étant plus que douteux.
3.
Le
pays dépositaire ne fait rien pour protéger la valeur de sa
propre devise
Comme nous l’avons vu sous le point
numéro 1, de l’or a dès le départ
été placé à l’étranger pour des
raisons de sécurité, tout particulièrement en ce qui
concerne les réserves placées auprès de la Réserve
Fédérale. En revanche, comme ont pu le prouver deux
récentes vagues de quantitative easing et
l’annonce d’une troisième, il n’est pas dans
l’objectif des Etats-Unis de protéger leurs actifs sur le long
terme. Seront-ils en mesure de prendre soin de ceux d’autres pays
lorsqu’ils réaliseront que plus personne ne veut utiliser leur
devise ?
Nous entendons assez souvent parler de ce que
la Chine pourrait bien vouloir faire de tout l’or qu’elle produit
et importe chaque année. Nombreux sont ceux qui pensent qu’elle
accumule du métal comme assurance contre les milliards
d’obligations Américaines et de dollars qu’elle
possède. D’autres pensent qu’elle finira bientôt par
introduire une nouvelle devise soutenue par l’or et abandonner son
trillion de dollar d’obligations Américaines. Bien que les
Etats-Unis semblent encore prendre pour acquis le monopole de leur devise sur
la scène internationale, si la Chine en faisait ainsi, les Etats-Unis
seraient forcés de répliquer – en utilisant de l’or
qu’ils ne possèdent plus à eux seuls en quantités
suffisantes.
La dévaluation continuelle du dollar
est bien entendu une bonne chose pour l’or et une raison
supplémentaire pour les pays de rapatrier le leur.
4.
Prévoir
le besoin éventuel de protéger son propre système
monétaire
L'Allemagne est le seul pays de la zone Euro
qui semble vouloir rappeler aux autres la nécessité d’un
retour à une monnaie saine. Au cours de ces quelques derniers mois,
nous avons pu entendre Jens Weidmann,
président de la Bundesbank, comparer les politiques de la BCE au Pacte
Faustien. Il n’en est pas moins que, compte tenu de la nature
antidémocratique de la zone Euro, seuls très peu semblent y
prêter attention. Comme toujours, la BCE trouve encore une fois un
moyen de contourner les désaccords et de persuader les pays membres de
supporter ses nouvelles mesures – telles que les OMT de Draghi.
L’Allemagne, comme tous les autres pays
de l’Union Européenne, est responsable de la protection du
capital et du niveau de vie de ses citoyens. A l’heure actuelle, la
protection de ceux-ci est menacée par le soutien apporté
à ceux d’autres nations. L’or, comme nous ne cessons de le
répéter, permet la protection de son capital. L’euro
aurait selon certainement dû fonctionner comme
une devise basée sur un
système d’étalon or. Malheureusement, comme les Allemands
semblent s’en être rendu compte, il est impossible de
déguiser une devise fiduciaire sous un manteau doré.
5.
L’or
qui vous appartient doit être placé là où vous
pouvez le voir
Comme nous ne cessons de le
répéter chez The Real Asset Company, lorsque vous achetez de l’or
alloué, vous possédez de l’or et vous êtes le seul
à pouvoir décider de ce qu’il en advient. La Bundesbank
et le Venezuela avant elle, n’ont rien fait de mal. Ce ne sont que les
médias qui laissent entendre que la volonté de la Bundesbank de
déplacer 600 tonnes d’or depuis la banque d’Angleterre
entre 2000 et 2001 apparaît comme un ‘choc’ ou encore un
‘mystère’.
Comme nous l'avons dit plus haut, personne ne
sait réellement sur quoi débouchera la crise financière
actuelle. Bien que les crises soient malheureusement devenues très
fréquentes au cours de ces quarante dernières années,
aucune ne s’était jusqu’alors avérée aussi
contagieuse ou n’avait de si loin dépassé la
compréhension des responsables politiques. Pourquoi les Allemands ne
devraient-ils pas rapatrier leur or ? Ils en sont les
propriétaires et il y a de fortes chances qu’ils finissent par
en avoir besoin.
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