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Laisser-faire et progrès social

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Published : November 21st, 2012
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Depuis le début de la crise, j’ai entendu beaucoup de personnes affirmer que l’éventuelle adoption par le gouvernement d’une politique de laisser-faire économique reviendrait à ne rien faire contre la crise. À baisser les bras face aux évènements hier; à capituler face à la récession aujourd’hui.


Le postulat sous-jacent est qu’il est toujours – toujours ! – mieux que le gouvernement fasse quelque chose plutôt qu’il s’abstienne. Recommander au gouvernement qu’il cesse pour une fois de tenter de contrôler la vie économique est vu comme une façon de céder au désespoir. Certains ajoutent qu’en démocratie, jamais l’électorat ne tolèrerait une telle politique. 


Cette étrange idée repose sur deux principes qui sont admis comme vrais sans démonstration. Le premier est que le gouvernement saurait comment améliorer la situation. Le second est qu’il a intérêt à le faire.


« Si seulement il avait le champ dégagé pour prendre toutes les mesures correctives nécessaires, on verrait bientôt la croissance dopée, l’emploi restauré et la souffrance soulagée ! »


On dit des commentateurs qui objectent à la mise en place de ces mesures qu’ils sont à n’en pas douter des rabat-joie aux idées dépassées, des saboteurs probablement égoïstes voire des anarchistes en boutons de manchette.


« Le gouvernement n’a qu’à appuyer sur l’accélérateur au moyen d’une politique d’expansion budgétaire (davantage de dépenses de l’État) et monétaire (encore plus d’inflation) et le moteur économique s’accélèrera. Et si le gouvernement a déjà pris de telles mesures dans le passé sans résultat, c’est qu’il doit encore presser plus fort sur l’accélérateur ! »


Un peu comme si le gouvernement doublait sa mise après chaque échec à la roulette. Sauf qu’il le fait avec votre argent et celui de vos enfants.  Suis-je le seul à penser qu’il doit sûrement exister une approche plus responsable ?


Pour la liberté économique et le progrès social*


Une entreprise qui perd de l’argent est une entreprise qui ne parvient pas à accomplir sa mission qui est de satisfaire durablement les personnes qu’elle sert : ses clients.


Certains analystes – dont je fais partie – recommandent que le gouvernement reste à l’écart quand une entreprise fait faillite. Ce n’est qu’en laissant une entreprise qui perd de l’argent faire faillite que l’on pourra améliorer la situation à moyen et long terme.


Les ressources humaines et matérielles seront réaffectées loin de cette entreprise. Ces ressources iront où les perspectives de satisfaire les préférences des consommateurs actuels et futurs sont meilleures.


Les faillites d'entreprises, le chômage et les autres développements dramatiques en temps de crise attestent que des erreurs humaines ont été faites. Ces erreurs doivent être corrigées, pas encouragées.


Quand le gouvernement, face à une entreprise non rentable, veut la soutenir à coup de renflouements, de prêts bon marché, de subventions, il ne fait que retarder (au mieux) ou empêcher (au pire) la nécessaire réallocation des talents humains et des moyens matériels dans l’économie.


Cette assistance de l’État envers l’échec ne soulage que ceux qui sont assez chanceux pour recevoir le butin de l’argent public au détriment de tous les autres.


Pire, en brouillant les signaux de prix, en falsifiant et en rendant illisible le signal de la profitabilité qui indique aux personnes comment agir le plus raisonnablement possible afin d’assurer la prospérité sociale, l’État ne fait que préserver une répartition économiquement irrationnelle des ressources et crée ainsi une bombe à retardement qui explosera plus tard sous la forme d'un crise plus grave encore.


Ainsi, ce qui semble être de prime abord de la compassion est en réalité une assistance fallacieuse envers certains au détriment des autres et – à moyen et long terme en empêchant le progrès social général – au détriment de tous.


Ceux qui cèdent au désespoir sont donc ceux qui insistent pour que le gouvernement agisse, même s’il ne peut pas agir de façon constructive et si ses actions ne font qu’apaiser à court terme les symptômes de l’échec sans le soigner, garantissant ainsi une détérioration de la situation.


On ne progresse pas en récompensant l’échec. On ne bâtit pas un monde meilleur en faisant durer le pire.


* Intertitre inspiré de l’Aleps (l’Association pour la Liberté Économique et le Progrès Social)

 

 

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Alex Korbel est consultant en affaires publiques européennes
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