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Un nouveau buzz autour d’une controverse qui renvoie aux
racines mêmes de la chrétienté, à savoir le statut
marital de Jésus, vient de faire pschit, au
grand dam des anticléricaux de combat. Le New York Times a consacré une page
entière à ce scoop.
Les fanatiques
antichrétiens et féministes
radicales se frottaient, en effet, les mains à la lecture
d’un vieux papyrus écrit en ancien copte et dans lequel
était marqué : « Et Jésus leur a
dit : Ma femme (…) ». Le débat sur le mariage de
Jésus-Christ et Marie-Madeleine était donc relancé. Et
il n’était pas anodin : en effet, selon certains
médias, si Jésus avait été marié, toute la
ligne de défense de l’Église catholique sur
l’interdiction du mariage des prêtres aurait été
balayée.
Cette
assertion n’est pas totalement exacte. Il est vrai que Benoît XVI
a souvent justifié le célibat des prêtres en
s’appuyant sur la virginité de Jésus. Toutefois, il
convient de rappeler que, jusqu’au XIe siècle, le
mariage des prêtres était encore la norme.
La
« révolution » se situe, en la matière,
au moment de la réforme grégorienne qui
« anéantit » ladite norme en proclamant
l’idéal monastique. De plus, l’application de cette
réforme fut, dans un premier temps, imparfaite, malgré les
mesures radicales prises par le Pape Grégoire VII. Le deuxième
concile du Latran dut alors adopter un décret en 1132 interdisant
d’ordonner des hommes mariés. Les raisons de cette interdiction
ne sont pas uniquement spirituelles et théologiques mais
également financières. Il est donc erroné de les
rattacher au fait que les hommes de l’Église croyaient au
célibat de Jésus.
Pour en
revenir au papyrus, notons que le professeur qui l’a
présenté, Karen King, avait, dans un premier temps, conclu
à son absence d’authenticité avant de changer
d’avis après consultation d’un autre expert.
Bien
qu’elle eût la prudence d’affirmer
que, malgré cette découverte, rien ne permettait
d’étayer le fait que Jésus était marié, elle
croyait tenir en main un document d’importance. Un document qui a
sûrement ravi Dan Brown, l’espace de quelques jours…
Souvenez-vous :
pour
l’auteur à succès, Jésus et Marie-Madeleine
auraient été mariés. Il se fonde en cela sur des textes
gnostiques, et, notamment, le bref passage
de l’Évangile de Philippe où Jésus embrasse son
amante. Cette référence au gnosticisme n’est pas
innocente puisque ce mouvement religieux rejetait le christianisme et ses
valeurs, abhorrant ainsi
la procréation et pratiquant l’avortement à foison.
Brown, dans la
droite lignée de ces derniers, détruit
habilement, de la sorte, l’image de Jésus, sa chasteté,
sa continence, sa virginité et sa capacité de résister
aux tentations de la chair. À lire Brown, Jésus était un
humain comme les autres, sujets à de nombreuses faiblesses. Il fit
d’ailleurs subtilement croire
à ses lecteurs que les premiers chrétiens considéraient
Jésus comme un « maître mortel », ce qui
n’est évidemment pas le cas, historiquement. En effet, pour la
plupart des croyants, l’hypothétique sexualité du Christ
est incompatible avec sa divinité. Brown ne pourra pas se retrancher
derrière le fait que Da Vinci
Code est un simple roman. Il entretient une confusion volontaire et
regrettable entre la fiction et la réalité. Mais, à la
suite des lourdes critiques dont son roman fut légitiment victime, il
crut sans doute tenir sa revanche après l’annonce
susvisée de Karen King. Mais le soufflet retomba rapidement.
En effet, de
nombreux spécialistes confirmèrent l’intuition
première de Karen King, à savoir que le papyrus est un faux. Au
point qu’aujourd’hui, les éditeurs de l’Harvard Theological
Review pensent même ne plus publier
l’article de Karen King ou, du moins, ne le faire que sous une forme
édulcorée.
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