Il y a cent ans que le premier voyage de l’infortuné
Titanic aura connu une fin tragique, marquant la mort de 1.522
personnes.
Les évènements qui ont fait suite au naufrage du Titanic
représentent les fondations fragiles sur lesquelles balance encore
aujourd’hui le système financier le plus dangereux de l’Histoire.
Un an après le désastre, le Congrès des Etats-Unis a
ratifié l’acte de la Réserve fédérale, alors que la Grande-Bretagne se
laissait emporter en 1914 dans ce qui ne tarderait pas à devenir la première
guerre mondiale. Les deux gouvernements, par leurs décisions, ont généré une
masse monétaire plus élastique qui a à son tour permis une création de dette
et une dévaluation monétaire excessives.
Au cours du siècle qui a suivi, le monde a fait
l’expérience des guerres les plus brutales et les plus coûteuses de
l’Histoire. Comme l’a écrit Ron Paul, « ce n’est pas une coïncidence si
le siècle de guerre totale correspond au siècle des banques centrales… Armés
de leurs banques centrales capables de couvrir leurs obligations, les
gouvernements européens se sont engagés dans une guerre un an seulement après
la création de la Fed ».
Le
naufrage de l’étalon or
Avant 1913, les gouvernements étaient engagés à convertir
leur devise domestique en quantités fixes d’or. C’est ce que reflétaient les
billets de banque. Ils ne représentaient en rien un système monétaire garanti
par rien et basé sur la création monétaire, comme c’est le cas aujourd’hui.
De nombreuses pièces d’or, d’argent et de cuivre ont été
découvertes dans l’épave du Titanic, bien que le navire ait été occupé par
des gens de nombreuses nationalités. Un survivant dit avoir perdu 400
souverains d’or au fond de l’Atlantique. Ceux qui avaient assez d’argent pour
voyager de pays en pays en 1912 savaient qu’ils pourraient toujours échanger
leurs pièces d’or et d’argent. Les passagers du Titanic savaient que l’étalon
or protègerait leur capital lorsqu’ils se déplaçaient d’un pays à l’autre.
Les individus étaient libres d’importer et d’exporter de l’or.
Ils pouvaient se rendre à l’autre bout du monde, leur
argent valait toujours quelque chose. Il n’existait en quelque sorte qu’une
devise globale. Les pièces d’or et d’argent qu’ils transportaient leur
permettaient également de s’acheter la même quantité de biens qu’en 1912.
Aujourd’hui, le dollar et la livre sterling ont tous deux
perdu 98% de leur valeur. Comme l’a dit Byron King, que se passera-t-il
lorsque les deux derniers pourcent s’envoleront, et que les devises des deux
nations seront réduites à néant ? Y’aura-t-il assez de bateaux de
sauvetage pour nous sauver tous ?
Foi
en l’autorité
Byron King compare la promesse du navire à celle du
système monétaire imposé aux Etats-Unis et au Royaume-Uni lors des années qui
ont suivi le désastre.
La foi des passagers envers l’insubmersibilité du navire
était inébranlable. Mais elle n’a pas suffi à l’empêcher de venir reposer au
fond de l’océan.
Les individus avaient confiance en le système monétaire de
la même manière qu’ils avaient foi en les gouvernements et les banquiers
centraux. Ils pensaient, parce que ceux qui les dirigeaient occupaient des
positions de pouvoir et étaient pour la plupart élus, qu’ils savaient ce
qu’ils faisaient.
Mr King élabore des similitudes entre les stewards de
White Star Line et ceux de notre système monétaire. White Star Line, et donc
le Titanic, devait fournir à ses passagers une traversée sans danger. La
Réserve fédérale et les autres banques centrales ont quant à elles
l’obligation éthique de gérer un système monétaire capable de protéger
l’épargne et de maintenir la valeur du capital des individus sans creuser
l’écart entre riches et pauvres.
Detlev Schlichter pense que la décision de
mettre en place des banques centrales et une forme plus élastique de monnaie
n’est pas liée aux transformations en matière de circonstances économiques
mais au fait que « les politiciens et les banquiers voulaient pouvoir
tirer avantage de la croissance que permettait l’argent facile sur le court
terme. C’était là la conséquence de la politique. La stabilité pouvait
désormais être achevée en rendant la monnaie plus élastique plutôt que
moins ».
Comme le Titanic, nos propres stewards ne semblent pas
préparés à faire face au naufrage de notre navire monétaire. Nous n’avons pas
su apprendre de l’Histoire que la monnaie fiduciaire et la création monétaire
n’apportent rien d’autre que mort et misère. Pourquoi donc les stewards
monétaires auraient-ils dû se préparer à leur effondrement en imaginant un
système monétaire de sauvetage ?
En 1912, Milton Friedman est né, lui qui a dit plus tard
de l’étalon or qu’il n’était plus « ni envisageable ni désirable – si
tant est qu’il le deviendrait si les prévisions d’hyperinflation s’avéraient
justifiées ». Ces prévisions ne sont plus autant invraisemblables
aujourd’hui qu’elles l’étaient alors. Peut-être le temps est-il venu de
sortir le Titanic de l’eau, et avec lui l’étalon or de tous les systèmes
monétaires.
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