L’or
est l’indicateur par excellence de nos souffrances monétaires.
Peu importe le
jeu de confiance qui se joue, la confiance est le prérequis nécessaire
au fonctionnement d’une économie. C’est pourquoi, les
indicateurs de confiance sont observés de très près par
les banquiers centraux. Si les consommateurs et les entreprises perdent
confiance, ils ne participent plus au système de crédit des
banques centrales : une étape importante dans l’endettement
de victimes supposées consentantes.
La trappe du
crédit est le noyau du schéma Ponzi
des banques centrales, et bien que les marchés actuels soient
inondés de liquidités, les banquiers sont de moins en moins
enclins à prêter, et les consommateurs évitent de plus en
plus d’emprunter.
Les banquiers
centraux ont parfaitement conscience du caractère précaire de
leur illicite franchise. Les économies fondées sur le
crédit et la dette doivent constamment s’étendre pour
pouvoir rembourser leur dette qui ne cesse de croître. Mais
aujourd’hui, plutôt que de se développer, les
économies du monde s’essoufflent et se contractent.
C'est pourquoi
les banquiers centraux s’inquiètent de la hausse du prix de
l’or. Depuis que son prix a explosé à la hausse en 1980,
alors que l’inflation faisait rage, le prix de l’or est
observé en tant qu’indicateur de nos souffrances
monétaires.
Plus
les banquiers sont angoissés
Moins
ils sont prêts à emprunter
Après
l’ascension explosive du prix de l’or en 1980, les banquiers
centraux ont commencé à contrôler le marché de
l’or. Un prix de l’or à la baisse indique non seulement
une réduction des problèmes monétaires, il pousse
également les investisseurs à conserver leurs billets de banque
plutôt qu’à les échanger contre de l’or.
Depuis le
début des années 1980, la production minière a toujours
été inférieure à la demande en or, et
malgré cela, le prix du métal a chuté vingt
années durant. En 1980, le prix moyen de l’or était de
615 dollars. En 2001, il était de seulement 271 dollars. Il est clair
que tout au long de cette période, le prix de l’or a
été manipulé par des forces
‘extérieures’.
L’anomalie
qui existe sur le marché en termes d’offre et de demande est
expliquée par Frank Veneroso, un analyste
peu connu mais très influent. Dans mon livre intitulé Time of the Vulture: How to
Survive the Crisis and Prosper in the Process, je présente la
manière dont Veneroso explique comment les
banques centrales et les banques commerciales s’allient pour manipuler
le marché de l’or.
Cette
complicité immensément profitable revient à ceci : les
banques commerciales empruntent beaucoup d’or à leur banque centrale
puis le vendent sur les marchés avant d’investir les fonds ainsi
obtenus sur des actifs à plus fort rendement. Les quantités de
métal qui affluent ainsi sur les marchés en influencent le prix
à la baisse.
Cette pression
à la baisse a été exercée sur le prix de
l’or entre 1981 et 2001. En 1999, après la vente à prix
très bas de 415 tonnes d’or par la banque d’Angleterre, il
était clair que ces opérations commerciales profitables touchaient
à leur fin.
La vente de
près de la moitié des réserves d’or de
l’Angleterre aurait été mise en place en raison des trop
importantes positions à découvert d’une banque
d’investissement Américaine – probablement Goldman Sachs
– sur le marché de l’or.
La banque, qui
pensait pouvoir profiter d’un prix de l’or en constante baisse, a
parié sur le fait qu’il ne cesserait pas de chuter. Mais vint un
jour où le prix du métal jaune cessa de dégringoler. La
banque fut exposée à des pertes si importantes que la banque
d’Angleterre fut forcée de vendre 415 tonnes d’or pour en
faire baisser le prix.
Photo
des coffres d’or de la banque d’Angleterre
Cette photo a
été prise en vue de rassurer les investisseurs quant aux
réserves d’or détenues par les banques centrales. Ce
qu’il faut savoir, c’est qu’elle a été est
coupée pour que les réserves d’or de la banque paraissent
plus importantes qu’elles ne le sont réellement.
Version
Photoshop de ce qui pourrait être la taille réelle des coffres
d’or de la banque d’Angleterre
Les
étagères vides à gauche étaient probablement
couvertes de barres d’or avant que ces dernières ne soient
vendues en 1999 afin de venir en aide à une banque d’investissement
en difficulté. Une photographie similaire des coffres d’or de
Fort Knox – et de la Fed de New York – présenterait
certainement de manière encore plus frappante l’érosion
des réserves d’or des banques centrales.
En 1949, les
réserves d’or des Etats-Unis s’élevaient à
21.775 tonnes. En 1971, lorsque les Etats-Unis furent forcés de mettre
fin à la convertibilité de leur dollar en or, leurs
réserves d’or ne s’élevaient plus qu’à
7000-8000 tonnes. Cette diminution de réserves était uniquement
due à la présence militaire Américaine
d’après-guerre et à l’expansion des corporations
Américaines à l’international.
2001 : LE
PRIX DE L’OR COMMENCE A GRIMPER
Pas même
la vente de 415 tonnes d’or par la banque d’Angleterre en 1999 ne
parvint à contenir la demande croissante en or. Cette demande fut
exacerbée par l’effondrement de la bulle sur la dot.com en 2000.
Au cours des années qui suivirent, les banquiers centraux
répondirent à la situation en vendant 1300 tonnes d’or
qui appartenait à la Banque Nationale Suisse en vue de supprimer le
prix de l’or – mais sans succès.
2012 :
UNE RESISTANCE A 1800 DOLLARS
L’or est l’indicateur par
excellence de nos souffrances monétaires.
Le prix de
l’or ne cesse d’augmenter depuis maintenant dix ans, à
mesure que nos problèmes monétaires systémiques se
développent. Suite au développement de la crise en Europe, le
prix de l’or est passé de 1500 à 1900 dollars en
seulement deux mois, soit une hausse de prix de 27%.
Depuis
septembre 2011, le prix de l’or semble cependant être
coincé au creux de la vague, en raison non pas d’une
réduction du stress systémique, mais aux mesures prises par les
banquiers centraux en vue de prévenir une ruée des
investisseurs vers l’or.
Ce qu’il
s’est produit en juillet et en août 2011 est exactement ce que
les banquiers craignaient le plus : une ascension quasi-verticale du
prix de l’or qui aurait pu pousser les investisseurs à fuir les
marchés papier et à se tourner vers l’or physique.
Cela aurait
engendré la mort de leur jeu de confiance. Dans mon article
intitulé Gold: Stage Three
Up Down Up Down Up qui date du 22 octobre 2012, j’explique
comment les banquiers se sont arrangés pour qu’une telle panique
ne se développe pas, et comment leur plan a fonctionné –
du moins pendant un moment.
Il est clair
qu’en septembre 2011, les banquiers ont tout fait pour éviter une
nouvelle hausse du prix de l’or. Pour certains, leur décision
représente désormais un obstacle de taille pour
l’avancée du prix de l’or. Mais en réalité,
elle n’est autre qu’une dernière tentative
désespérée des banquiers de prévenir
l’inévitable.
Les risques
systémiques qui ont entraîné une hausse de 27% du prix de
l’or entre juillet et septembre 2011 sont toujours présents
aujourd’hui, bien que le cours de l’or semble nous indiquer le
contraire. Le prix de l’or actuel, de moins de 1800 dollars, est dû
aux mesures d’urgence prises par les banques centrales pour contenir sa
hausse et au refus de la Chine de laisser son prix augmenter avant d’en
avoir accumulé le plus possible.
2013 : EN
ATTENDANT QUE LE JEU DE CONFIANCE SE TERMINE
Tout le monde
se demande à présent quel évènement viendra
déclencher une nouvelle ascension du prix de l’or. Ce pourrait
être l’effondrement du marché des produits
dérivés, un effondrement tel que celui de la banque
Autrichienne Credit-Anstalt en 1931, ou encore la
descente inévitable du Japon vers la déflation à
laquelle il résiste maintenant depuis 1990.
Il existe de
nombreuses raisons qui pourraient en être la cause. Une crise
géopolitique, une catastrophe naturelle telle que le tremblement de
terre qui a secoué la côte Japonaise en mars 2011… Ce qui
est certain, c’est que le jeu des banquiers, vieux de 300 ans, prendra
fin sur une simple perte de confiance.
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