Mes chères
contrariées, mes chers contrariens !
Étant à court
d’idée, je ne savais pas trop de quoi vous parler aujourd’hui.
Alors je parcourais comme un drogué en manque les sites
d’informations. Alors je voyais plein de choses à vous raconter,
mais rien qui me permette de tenir plus de 3 pages…
J’aurais pu vous faire
une brève sur la décroissance positive au Portugal de - 3,5 %
du PIB qui est une performance pire que prévue, mais hélas
cette information tient à peu près en une seule ligne, et puis
qu’est-ce que j’aurais pu rajouter ? Que le Portugal allait
faire faillite ? Non, on a plus le droit d’écrire des
choses pareilles depuis que notre président Normal 1er a
décrété la fin de la crise.
J’aurais pu vous parler
de la dette italienne, qui vient de dépasser malgré tous les
efforts du grand Mario Monti, professeur désigné d’office
par les autres gouvernants européens au suffrage indirect et qui vient
de donner sa démission à cause d’une sombre concurrence
déloyale d’un chaud partisan des « bunga bunga ».
Mais qu’auriez-vous
tiré de cette information, à part que la dette de
l’Italie étant hors de contrôle, l’Italie fera
faillite… Et puis à quelques jours de Noël, il est
très important de vous remonter le moral car vous êtes avant
toute chose des consommateurs, dont le grand méchant capitalisme doit
tirer la substantifique moelle sous forme de chiffres d’affaires,
bénéfices et dividendes qui représentent la nouvelle
Sainte Trinité. Alors priez avec moi : « Au nom du
Chiffre d’affaires, du bénéfice et du Saint
Dividende. »
J’aurais pu aussi vous
parler de l’Espagne où tout va mieux que bien puisque
l’Espagne a été sauvée des eaux par la
solidarité européenne (c’est-à-dire vos sous mes
braves contrariens généreux donateurs
d’office à l’EuropeThon). En
Espagne donc, où plus d'un actif sur quatre est au chômage, on
renonce de plus en plus à son téléphone portable !
Et pas qu’un peu d’ailleurs puisque pour le seul mois d'octobre,
486 000 lignes ont été interrompues.
D’après
l'autorité de régulation espagnole (CMT), « "le
secteur de la téléphonie mobile en Espagne ne se redresse pas.
C'est le neuvième mois consécutif de recul", note la
commission du marché des télécommunications. Sur un an,
le nombre de lignes de téléphonie mobile en service en Espagne
a chuté de 3,8 % ».
Mais je ne peux pas non plus
vous parler de ce sujet alors qu’Apple, qui vient de lancer son
iPhone55555, doit gagner des sous en augmentant ses ventes. Si je vous dis
que d’ici quelques mois vous serez tous obligés de
résilier votre abonnement téléphonique ou revendre votre
tablette i-Machin truc chouette à prix cassé sur le Bon Coin,
je risque définitivement de vous casser le moral… et ça,
de toute façon, ce n’est pas bon pour les affaires.
Alors j’ai poursuivi mes
digressions de site en site, jusqu’à ce que je tombe sur LE truc
dont forcément je ne pouvais pas ne pas vous parler !!
Comme vous le savez, je me
délecte de la « Novlangue » utilisée par
nos « zhommes » politiques.
Aujourd’hui, j’ai fait une découverte absolument
extraordinaire, totalement sensationnelle.
Alors soyez informé
qu’à partir d’aujourd’hui vous n’avez plus le
droit en « Hollandie » de
prononcer le mot « délocalisation ». Il vient
officiellement d’être banni au profit du terme (accrochez-vous
bien car cela vaut son pesant de cacahouètes) « colocalisation ».
Mais « kézako »
que le concept de « colocalisation » ?
Voilà une excellente question
que le politiquement correct réprouve et que vous ne devriez en aucun
cas vous poser. Mais comme vous lisez ces lignes, c’est que vous
êtes des incurables dont la place en d’autres temps se serait
trouvée dans des camps de redressement politiques… Bref, je vais
quand même vous l’expliquer puisque moi non plus je suis bien
incapable de résister à la tentation de l’absurde…
C’est un vieil article du
magazine Challenge passé
totalement inaperçu ou presque en date du 13 décembre 2012.
Notre Premier sinistre,
pardon… ministre, Jean-Marc Ayrault(port) de
Notre-Dame-des-Landes, était en déplacement au Maroc.
C’est beau le Maroc, mais il semble qu’il n’y était
pas en touriste. Donc notre Jean-Marc, là-bas, a
« vanté les mérites de la colocalisation ».
Alors essayons d’y voir
un peu plus clair. Selon le Premier sinistre de l’Emploi, je
cite :
« Notre objectif est
bien sûr d'éviter ce que l'on craint souvent en France –
et je le comprends fort bien – des délocalisations qui portent
sur l'ensemble d'un processus industriel ». Donc la
délocalisation, comme il le comprend fort bien, devient un gros mot.
D’où la nécessité d’une approche nouvelle
sous le doux vocable de « colocalisation »
dont Jean-Marc nous donne la définition suivante :
« En revanche une colocalisation industrielle, si elle résulte d'une
analyse fine de la valeur ajoutée sur toute la chaîne de
production et les avantages compétitifs de chaque site, elle peut
être bénéfique et soutenir l'activité des deux
côtés de la Méditerranée », a-t-il
expliqué, parlant de « démarche
gagnant-gagnant ».
Là, je ne sais pas si
vous avez bien saisi, mais en passant du concept de délocalisation
où nous sommes, vous en conviendrez, clairement perdant à
l’idée de colocalisation, on rentre
dans une stratégie « gagnant-gagnant » dans
laquelle, d’après ce que j’imagine, nos entreprises
gagnent la Sainte Trinité du business (chiffres d’affaires,
bénéfices et dividendes) et nos amis marocains nos
emplois… que nous perdons quand même comme dans la
délocalisation…
La palme du « faux cul-isme » !
Je crois que l’on peut
décerner sans trop de doute cette illustre récompense à
Nicole Bricq, ministre du Commerce
extérieur, qui a cru sans doute pertinent, intelligent, pour ne pas
dire brillant de déclarer :
« La colocalisation, c'est ne pas se faire la guerre, ne pas
parler de délocalisation parce qu'on produit ici. »
Donc selon la nouvelle doctrine
en vigueur en Hollandie, lorsqu’une usine
française ferme, que l’on vire les gars qui y bossent, et que
l’on transfère en Chine, cela est une délocalisation et
c’est pô bien.
Lorsqu’une usine
française ferme, que l’on vire les gars qui y bossent, et que
l’on transfère au Maroc, cela est une colocalisation,
et ça c’est bien, c’est super, c’est génial,
et c’est extra…
La priorité de la lutte contre le
chômage
Alors naïvement je me pose
une question. Comment un gouvernement socialiste peut-il théoriser
l’acceptation de délocalisations, voire les amplifier ou les
encourager… (pardon, je me suis trompé, il faut dire colocalisation) et dans le même temps dire
publiquement que la lutte contre le chômage est une priorité
gouvernementale ?
Car il ne faut pas se leurrer,
les emplois qui partiront au Maroc ou ailleurs, que ce soit des
délocalisations, des colocalisations ou
autres imbécilités linguistiques et conceptuelles de cabinets
ministériels, auront les mêmes conséquences.
Une perte d’emploi ici,
contre une création d’emploi là-bas, et peu importe le
lieu du « là-bas ».
Ce type de politique nous
contraint donc à perdre de plus en plus d’emplois productifs,
à voir le nombre de chômeurs augmenter de façon
inéluctable. Il faudra donc plus de dépenses sociales, de RSA,
CAF, RMI et autres soutiens à nos pauvres de plus en plus nombreux.
Pour financer tout ça, il faudra logiquement taxer de plus en plus les
« riches » qui le seront de moins en moins et surtout
de moins en moins nombreux.
La lutte contre le
chômage, comme c’est le cas depuis 30 ans et quelle que soit la
couleur politique des partis, ne se réduit qu’à plus de
dépenses publiques et à des effets d’annonces…
Jusqu’au jour (prochain) où nous n’aurons même plus
les moyens financiers du traitement « social ».
Absurde… mais ils
continuent.
Dessine-moi un redressement productif !
Avez-vous entendu le silence
étourdissant de notre commissaire au redressement productif ?
Y a-t-il eu des protestations
contre l’idée de « colocalisation » ?
Rien !
Mais sachez-le braves gens,
nous allons délocaliser avec le gouvernement comme des petits
« gorets » au détriment des salariés
français et de nos finances publiques donc de vos impôts…
mais nous faisons du redressement productif une priorité…
Je crois être en plein
rêve…. Ou cauchemar. Comment peut-on parler de redressement
productif d’un côté et de colocalisation
de l’autre ?
N’y a-t-il
qu’à moi que la contradiction dans l’énoncé
apparaît ?
Absurde… mais ils
continuent.
Gérard tu n’as rien compris
Alors j’ai une suggestion
à faire à notre Gérard Depardieu national. Il devrait se
fendre d’une petite lettre ouverte au gouvernement Ayrault dans la
prochaine édition du Journal du Dimanche.
Elle pourrait commencer par ces
quelques lignes :
« Monsieur le
Premier sinistre,
Je vous adresse tous mes plus
sincères remerciements. Grâce à vous, je sais
désormais que je ne suis plus un fuyard, un exilé fiscal ou
encore un traître à la nation.
Non, en vérité,
moi, Gérard Depardieu, je viens de procéder à la colocalisation de ma fortune et de mes revenus en
Belgique dans le cadre, comme l’a justement déclaré votre
ministre Nicole (qui casse pas des) Bricq,
d’une stratégie de développement gagnant-gagnant.
C’est sur ces bases,
Monsieur le Premier sinistre, qu’il faut comprendre mon acte totalement
désintéressé et rempli d’une bienveillance totale
et d’une solidarité éternelle envers le peuple de France.
Monsieur le Premier sinistre,
vous êtes vous-même ainsi que les membres de votre gouvernement
les inspirateurs de mes actes que je vous remercie chaque jour
d’influencer. »
Voilà, franchement
Gégé, de toi à moi, la prochaine fois que tu veux
écrire une lettre ouverte, demande-moi, on pourra franchement
rigoler…
Charles SANNAT
Directeur des Études Économiques
Aucoffre.com
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