Mes chères contrariées, mes chers contrariens !
Si vous êtes passés à côté,
c’est que vraiment vous êtes autistes (ce qui n’est pas une
insulte, ni du mépris à l’égard des gens qui
souffrent de cette maladie, c’est juste une expression) : demain,
lorsque vous lirez ces lignes, si vous réussissez à les lire,
ce sera la fin du monde. Enfin au moins à Bugarach,
le seul village au monde censé survivre à l’Apocalypse.
Le journal Libération,
dont les ventes sont en chute libre, multiplie les articles à ce sujet
et a même consacré un dossier
« spécial fin du monde »… Faut bien faire
remonter le compteur des ventes. Ce qui est bien avec la fin du monde,
c’est que tout le monde se sent concerné (ce qui semble logique)
alors que l’économie, tout le monde s’en fout ou
presque… Bref, à Bugarach,
l’État va creuser le déficit et la dette vu ce que va
coûter le déploiement de forces pour maintenir l’ordre
là-bas.
Les autorités redoutent une invasion de doux illuminés
pour certains très probablement forts sympathiques, mais sans pouvoir
exclure quelques fous furieux, le cauchemar des forces de l’ordre
étant le suicide collectif. Cela ferait désordre à 3
jours du réveillon de Noël qui génère tant
d’argent, de recettes et de bénéfices. Vous
imaginez-vous, un terrible fait divers à Bugarach
et la France a l’appétit coupé… dramatique pour
notre industrie agroalimentaire.
Logiquement, les moyens mis en œuvre sont importants : PC
mobile en relation en temps réel avec le PC de crise de la
préfecture, hélicoptères, peloton de secours en haute
montagne (il y a une grosse colline magique à cet endroit, et de ce
que j’ai compris, c’est pour ça qu’il faut y aller),
groupe de secours de spéléologie (il y a aussi plein de
galeries sous terre sous la grosse colline), gendarmes mobiles et même
gendarmes à cheval…
Bon sinon
demain c’est l’assemblée générale de Dexia
Cela pourrait-être suffisant pour déclencher une
réaction en chaîne menant à une fin du monde
économique, mais je crois que vous pourrez être sereins demain,
car de toute façon les contribuables paieront les pertes justement
pour éviter d’ouvrir la boîte de Pandore. Demain, vous
apprendrez donc que vous allez encore devoir cotiser à hauteur de 5 ou
6 milliards d’euros via vos impôts afin de maintenir Dexia
à flot le plus longtemps possible.
Bon sinon
demain c’est la fin de la FED
Oui, la FED a été créée en 1913, le 23
décembre, pour 99 ans. Or 1913 + 99 ans = 2012. Jusque-là vous
avez suivi. Mais là où ça se complique c’est que
le 23 décembre 2012, nous serons un dimanche. Le dernier jour
travaillé pour autoriser la poursuite du mandat de la FED tombe donc
le 21 décembre 2012… le même jour que
l’assemblée de Dexia. Si rien n’est fait demain, la FED ne
pourra que s’autodétruire. Et là, ce sera la fin du
monde, vu tous les sous que Ben Bernanke imprime
tous les jours dans sa cave à l’insu de son plein gré.
Mais je crois que vous pourrez être sereins pour demain.
Personne n’a l’intention de laisser le système
s’effondrer, donc évidemment, le 23 décembre, la FED
continuera à inonder le monde entier de billets verts tout frais et
tout chauds.
Pas
d’accord sur le « fiscal cliff »
Pour le moment, républicains et démocrates ne sont
d’accord sur rien concernant leur célèbre mur
budgétaire.
Je maintiens tout de même qu’essayer de se mettre
d’accord sur environ 160 milliards de dollars d’économies
budgétaires lorsque le déficit annuel atteint ou dépasse
les 1 100 à 1 200 milliards de dollars n’est pas très
significatif.
Alors je crois que pour demain vous pourrez être sereins, ils
finiront bien, après le psychodrame d’usage (un peu comme en
Europe) et lorsqu’ils auront joué la comédie suffisamment
longtemps pour amuser la galerie, par se mettre d’accord a
minima… un peu comme en Europe. Après tout, personne ne veut
passer pour le fou furieux qui aura appuyé sur le bouton
« fin du monde » quoi qu’en pensaient les Mayas
il y a 2 000 ans.
En 2013,
l’État français devra lever 169 milliards
d’euros !
Comme ça, cela peut paraître une somme importante, mais
je tiens à vous rassurer tout de suite. Ce ne sera pas la fin du
monde, et vous pouvez être sereins.
Vous savez pourquoi ? Parce que l’État va encore
augmenter le plafond de vos Livret A (en baissant un peu le taux comme
ça votre Livret A ne vous rapportera pas plus, mais vous y aurez mis
plus de sous ce qui est justement le but de la manœuvre).
Il va donc falloir en gros que vous épargnez 150 milliards
d’euros supplémentaires l’année prochaine sur vos
livrets afin que les sommes collectées et reversées ensuite
à la Caisse des Dépôts et Consignation puissent acheter
à un prix cassé (c’est-à-dire à des taux
très bas) la nouvelle dette de l’État français, dont
vous serez propriétaires à travers vos livrets A…
L’un de nos lecteurs contrariens me demandait
aujourd’hui ce qui se passerait du coup sur nos livrets A en terme de
liquidité s’il y avait un problème avec la dette
française. La réponse est assez simple : au-delà de
la liquidité, vous perdrez vos sous, puisque l’État a
décidé de faire fonctionner vos livrets… comme un contrat
d’assurance vie fonds euros.
Pour la liquidité, on peut sans doute compter sur la BCE qui
finira bien par imprimer les billets nécessaires même si elle
n’est censée en avoir le droit. Encore une fois, personne ne
veut siffler la fin de la partie, pas même les Allemands pour le
moment.
Il est fou
Afflelou !!
Enfin, s’il y en a un qui va réussir à sauver son
patrimoine et ses revenus du massacre fiscal en cours, c’est notre
opticien national Alain Afflelou. Il n’est d’ailleurs pas aussi
fou que son slogan publicitaire ne veut le faire croire puisqu’il a
bien pris soin de communiquer sur le fait qu’il ne s’agissait en
aucun cas d’un exil fiscal… C’est juste qu’il va développer le marché de « Tchin Tchin » en
Scandinavie à partir du Royaume-Uni… Logique, vu que ses
partenaires sont à Londres… Normal. D’ailleurs,
c’est à leur demande expresse… Évidemment voyons.
Et comme le gouvernement ne va pas vouloir en remettre une couche sur le
« ils se barrent tous », on va vite enterrer son
départ.
Remarquez, je le comprends moi Alain, il n’a pas envie de finir
cloué au pilori que ce soit pour de bonnes ou de mauvaises
raisons !! Alors autant qu’il soit prudent effectivement.
Encore une fois, il faut être discret et ceux qui veulent partir
ont intérêt à le faire discrètement et sur la
pointe des pieds, en trouvant des alibis pour justifier leur départ
pour des raisons purement économiques…. Comme de bien entendu.
Allez, je vous laisse, j’ai oublié de jouer à la
cagnotte d’Euro Millions, il y a un paquet de sous à gagner pour
fêter la fin du monde.
Enfin, si jamais je gagne le gros lot et que je ne peux pas en
profiter parce que c’est vraiment la fin du monde, je crois que je le
vivrais mal, très mal… Mais bon, normalement, statistiquement,
je ne devrais pas gagner et vous non plus et toc !
Charles SANNAT
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
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