Mes chères contrariées, mes chers contrariens
!
Et ça continue encore et encore… Chaque jour nous apporte
son lot de « rigolades » en tout genre.
Regardez par exemple à propos des négociations entre
partenaires sociaux, comprenez par-là entre les syndicats des gentils
« travailleurs et travailleuses »
et les représentants du grand méchant patronat.
Ce que j’aime, c’est l’intitulé même
des négociations : sécurisation de l’emploi.
Comme de nos jours le sens des mots ne veut plus rien dire, lorsque
l’on parle de sécurisation de l’emploi en
réalité tout le monde cherche à trouver un accord sur
plus de flexibilité de l’emploi… Mais parler de
flexibilité et de précarité n’est pas très
vendeur politiquement et encore moins pour un gouvernement socialiste.
La réalité est pourtant bien celle-ci. Comment peut-on
flexibiliser plus le marché du travail ? Alors au menu, encore
plus de sécurisation pour les petites gens en supprimant le CDI (le
contrat à durée indéterminé), qui est un
empêcheur de bénéfices en rond. C’est vrai
ça, la fin du CDI est un grand progrès dans la
sécurisation de votre carrière professionnelle…
En disant cela, je ne dis pas que l’idée d’avoir
des droits qui augmentent avec l’ancienneté est mauvaise en soi.
Je dis simplement qu’oser parler de sécurisation de
l’emploi lorsque l’on parle justement de supprimer le CDI, de
faciliter les licenciements, de rendre les suppressions de postes moins
coûteuses, les indemnités de « virage »
moins élevées et les délais de contestation de la part
du salarié plus courts, ce n’est pas précisément
ce que l’on peut appeler de la « sécurisation de
l’emploi ».
Nous avons donc à nouveau un exemple terrible de
déformation langagière à des fins de manipulations des
masses. Personne ne réagit et tout le monde reprend béatement
en cœur « la sécurisation de
l’emploi », « la guerre c’est la
paix », et Orwell n’a jamais été aussi
d’actualité.
Le CDI et la
stabilité
La seule réflexion que tout cela m’inspire est que les
ménages, les familles, ont besoin pour être de bons
consommateurs de stabilité professionnelle. De cette stabilité
découle dans la société française actuelle, vos
possibilités de faire des projets. Faire des projets en termes
économiques c’est essentiellement s’endetter.
S’endetter pour acquérir ou louer un logement, s’endetter
pour acheter une nouvelle voiture, bref, anticiper maintenant ses revenus
futurs sur lesquels on « peut compter ».
Le souci de flexibilité des entreprises est parfaitement
légitime. Le souci de rentabilité est parfaitement
compréhensible. Mais la précarité
généralisée ne renforcera aucunement ni notre tissu
industriel, ni notre nation.
Évidemment… si nous n’étions pas
obligés de nous aligner sur le moins-disant social qui dans le cadre
de la mondialisation est la Chine, les choses seraient très
différentes.
La
mondialisation est une obligation, l’Europe est indispensable
C’est ce que l’on nous explique depuis maintenant plus de
20 ans.
La mondialisation devait être heureuse, et comment voulez-vous
qu’un pays comme la France compte en dehors de l’Europe ?
Nous sommes devenus trop petit.
Petit comme les pays d’Amérique du Sud qui
défendent farouchement leur indépendance. Petit comme le
Vietnam, la Corée du Sud, la Malaisie, la Suisse, le Canada, ou
même le Royaume-Uni qui se maintient plus hors d’Europe que dans
l’Europe sans donner l’impression de compter plus ou moins
qu’un pays comme la France. Petit comme certains pays de l’Est,
bref, il existe un autre chemin que celui de cette Europe et de cette monnaie
unique à commencer par une autre Europe.
Sur la mondialisation, lorsque nous avions encore des protections
douanières, le chômage était beaucoup plus faible…
ainsi que, disons-le, les profits des entreprises.
Il faut bien comprendre que la mondialisation c’était
pour les entreprises la possibilité de faire fabriquer pas cher en
Chine ou ailleurs, pour continuer à nous vendre très cher ici,
et s’empapaouter au passage la différence sous forme de profits,
bénéfices et dividendes.
Le léger problème c’est qu’une fois que
toutes les entreprises ont délocalisé (pardon, il faut dire
« colocalisé »
maintenant), il n’y a plus ou beaucoup moins de consommateurs solvables
sous nos latitudes.
La somme des intérêts individuels n’est, dans ce
cas précis, pas égale à l’intérêt
collectif.
La
réforme de Bâle 3
Comme nous vivons une époque formidable, nous avons eu encore
un autre superbe exemple du fonctionnement pathétique de nos
sociétés occidentales.
Il y a quelques années, nous avons vécu une
véritable débandade bancaire – qui continue
d’ailleurs mais de façon larvée, l’incendie
étant circonscrit par un afflux massif de liquidités
c’est-à-dire de fausse monnaie déversée par les
« pompiers » banquiers centraux.
À cette époque, il avait été
annoncé « plus jamais ça », vous allez
voir ce que vous allez voir, grâce aux accords de Bâle 3 il
n’y aura plus jamais de faillite de banques, elles devront relever leur
niveau de fonds propres et tout le tintouin… Les marchés,
rassurés par autant de clairvoyance, pouvaient monter.
Aujourd’hui même, il a été
officialisé le fait que ces nouvelles normes ne verraient pas le jour.
Un véritable enterrement de première classe. Et figurez-vous
que c’est aussi une excellente nouvelle… car les banques
n’auront pas à se recapitaliser… donc c’est bon pour
les actionnaires, les marchés peuvent encore monter. Enfin pas tant
les marchés que les actions des banques qui s’adjugent de
très belles performances aujourd’hui… Alors même que
cette décision prouve que personne n’est capable de
répondre aux besoins de recapitalisation du système financier
mondial qui reste donc en état de faillite… virtuel.
Nous dansons sur un volcan et nous sommes contents… Consternant.
Soyons
positifs, comme dirait ma femme !
C’est vrai ça, voyons les choses positivement.
Il y avait des dettes… il y a encore plus de dettes.
Il n’y avait pas de croissance, il n’y a toujours pas de
croissance.
Il y avait des déficits, il y a toujours autant de
déficits.
Il y avait des banques en faillite et au bord du trou, Bâle
devait les sauver… or il n’y aura pas d’application des
accords de Bâle.
Il n’y avait pas de réforme du système financier
et le système financier n’a toujours pas été
réformé.
… Enfin, heureusement, nous avons une Union bancaire
européenne à partir de 2014, haha, et puis nous avons notre
Président qui nous a dit que l’euro était sauvé hahaha, et puis la FED a même dit qu’elle
allait pouvoir arrêter les QE mais avant fin 2013 et là hahahaha, il faut que je vous laisse, je suis pris
d’un fou rire irrépressible !
Enfin, entre les colocalisations dans le
cadre de partenariats gagnants-gagnants, la sécurisation de
l’emploi, avant que vous soyez amené à
« bénéficier » d’un plan de
sauvegarde de l’emploi… (Enfin pas du vôtre.) Je me dis
qu’il vaut mieux garder ses pièces d’or… j’ai
comme l’impression que tout cela va très mal se
finir…
Ah oui, une dernière pour la route. Free,
l’opérateur Internet, a bloqué les pubs pour ses clients.
Drame au gouvernement. Avec le socialisme d’Hollande, il est interdit
d’interdire la pub… Allez, on va pouvoir continuer la grande
lobotomisation des masses. La pub est donc désormais officiellement
obligatoire. À quand les programmes scolaires sponsorisés par
quelques grandes marques avec écran de pub obligatoire avant de
commencer les cours ? Et n’imaginez pas que ce soit impossible,
car c’est déjà le cas depuis 10 ans aux
États-Unis… alors
Enfin, ultime blague de la journée qui est
décidément très riche… Michel Sapin (le ministre)
est cousin avec Gégé Depardieu dit… Le Russe…
Qu’est-ce qu’on se marre ! Avec tout ça, impossible
de ne pas avoir le moral !
Charles
SANNAT
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
PS, Le Contrarien Matin va évoluer dans
les prochains jours pour répondre à vos attentes et aux
commentaires toujours constructifs et sympathiques que vous avez pu nous
faire. Je vous tiendrais au courant dans les numéros suivants.
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