Comme pour la presse, la subvention a massacré le cinéma français

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Published : January 09th, 2013
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Catastrophe dans le milieu très feutré du cinéma : un producteur, Vincent Maraval, a vendu la mèche ! Il a dit tout haut ce que le public français se dit tout bas depuis un moment : le cinéma français produit une quantité invraisemblable de merdes soporifiques et distribue pourtant des cachets stratosphériques à des acteurs en récompense d’une prestation rarement à la hauteur. Et en plus, ce Vincent a trouvé le moyen de l’écrire dans Le Monde, l’inconscient !

C’est un article d’une telle lucidité, d’une si simple franchise, qu’il ne pouvait que déclencher une furieuse polémique dans un milieu où l’hypocrisie et les coups en douce sont plutôt la règle que l’exception. En substance, Maraval nous y explique que les budgets des productions françaises sont sans équivalent dans le monde, puisque, par exemple, un film comme Astérix, à 60 millions d’euros, a le même budget qu’un film de Tim Burton … et cible pourtant un public bien plus restreint. D’un autre côté, il remarque que ces cachets, dont la source est largement issue de la poche du contribuable, sont d’autant plus hauts que ceux qui les reçoivent sont à même de faire de l’audience en télévision, elle même abreuvée de subventions :

Non, le seul scandale, le voilà : les acteurs français sont riches de l’argent public et du système qui protège l’exception culturelle.

Argh, il l’a dit : le cinéma français est encore bien grassouillet des subventions directes (chaînes publiques, avances sur recettes, aides régionales) et des subventions indirectes (l’obligation d’investissement des chaînes privées), ce qui fausse complètement le marché, notamment celui des cachets, et par voie de conséquence, les budgets des productions françaises. Pire, l’obligation légale pour les chaînes de télé de passer des films français aboutit à gonfler artificiellement la valeur d’un acteur : sans cette obligation, les séries à bas coût et autres productions kilométriques consternantes auraient réduit à néant les cases « Cinéma » des chaînes de télévision.

Et après avoir lâché un tel loup, l’auteur continue l’impensable en proposant une solution opérationnelle (insuffisante mais c’est un début) pour revenir à un système selon lui plus viable et plus sain : limiter les cachets, et intéresser les acteurs au succès du film, choses qui semblent actuellement hors d’atteinte pour la plupart des professionnels du secteurs, si l’on lit leurs réactions ulcérées. Eh oui, l’écarquillement d’yeux des lecteurs du Monde, bousculés par le contraste de cet article avec le ronron lénifiant auquel ils sont habitués, a fait place à celui des principaux concernés : intermittents, acteurs et surtout producteurs.




Et comme on pouvait s’y attendre, ce sont les patrons des principaux distributeurs automatiques de bons points dans le milieu du cinéma français qui sont intervenus en premier. C’est ainsi le cas de Jérôme Clément, ancien président du CNC, le centre national de la cinématographie, et d’Arte. Arte, cette chaîne franco-germano-française, massivement subventionnée par l’état (et donc les sous du contribuable) et le CNC, cet établissement public à caractère administratif français, en prise directe avec le cathéter d’argent public qu’il tête goulûment depuis 1946. On comprendra avec un tel passif que le brave Jérôme a perdu toute prétention à la neutralité dans le débat, ce qui se vérifie assez bien dans son petit prout épistolaire dans lequel il tente de nous faire rire :

Est-ce de l’argent public ? Non. Est-ce rentable ? Oui : les multiples diffusions de ces mêmes films permettent aux régies publicitaires d’engranger de sérieuses rentrées financières.

Joli travestissement d’une réalité moins tranchée. Si, effectivement, une partie du financement des films français provient de chaînes de télévisions privées, une autre partie, absolument pas négligeable, provient elle des taxes sur les billets de cinéma, de la redevance, et de façon plus subtile, de l’obligation légale de diffuser sur les ondes de la bonne daube française coûte que coûte. Et si tout ceci était rentable, si cela entraînait des profits, personne n’y trouverait à redire, ce que la polémique enclenchée semble contredire avec pas mal de vigueur.

Du reste, on est ici dans le même cas que d’autres domaines perclus d’obligations, de distorsions de marché et d’effets pervers à foison (marché du travail, de l’immobilier, bancaire, etc…) et la comparaison avec les marchés étrangers n’est vraiment pas flatteuse pour la France. Comparaison que tente pourtant de renverser notre brave Jérôme, avec un magnifique salto arrière carpé et gamelle finale assez retentissante :

Non, on ne peut pas comparer la rémunération d’un acteur français et celle d’un acteur américain, (ce serait) aussi bizarre que de mettre en parallèle le salaire de deux chirurgiens, l’un français et l’autre chinois, sous prétexte que tous deux exercent le même métier.

Tu la vois, ma grosse comparaison foireuse pour faire passer mon discours ? Ou bien les Américains sont les Chinois du cinéma, ou bien ce sont les Français, ce qui est, dans un cas comme dans l’autre, particulièrement ridicule puisque dans le premier cas, les résultats des blockbusters américains montrent que leur méthode semble bien plus efficace que la nôtre. Et dans le second, cela tend à prouver que malgré des investissement plus importantes que les Américains, les Français ne parviennent à produire qu’un film valable sur 200 par an, ce qui est catastrophique…

La France, et c’est un atout majeur, reste une terre privilégiée pour les cinéastes français et étrangers.

Eh bien à vrai dire, avec les océans de pognon frais qu’on déverse tous les ans dans le système (celui de la production cinématographique, celui des intermittents du spectacle, des promotions culturelles à tire-larigot, etc…) ce serait un comble si en plus la France n’arrivait pas tout juste à produire une fois de temps en temps un acteur oscarisable. Notons du reste que c’est suffisamment rare pour que toute la presse s’empare du phénomène quand il advient : en gros, avec Cotillard et Dujardin, on a déjà balayé 50% des oscarisés français ! Pour le contribuable (parfois spectateur qui doit en plus payer sa place 10€ à chaque séance), cela fait cher la statuette dorée.

Bref, le gars Clément ne veut surtout pas entendre parler de la triste réalité : pour plus de 200 films produits par an en France, très peu sont rentables (3 seulement en 2010 par exemple), ils s’exportent très mal, les stars y sont trop payés et le système, s’il continue ainsi, court à sa perte : lorsqu’il faut 30 à 50% d’argent public pour faire un film, quand ce n’est pas plus, et que cet argent là disparaît, soit les prétentions sont fortement revues à la baisse, soit la production n’a tout simplement pas lieu.

Dans les autres réactions, on pourra noter celle de Serge Toubiana, le DG de la Cinémathèque française. Pour rappel, cette Cinémathèque française est un organisme privé français (association « loi 1901″) qui est — ô divine surprise — en grande partie financé par l’État. De l’argent public en somme. Vos sous, quoi. Pas ceux des spectateurs et des clients. Tout comme pour le brave Jérôme, je suis à nouveau tout surpris : un type qui dépend crucialement de l’argent des autres vient à la rescousse d’un système qui fait les fonds de poches du contribuable.

Et lorsqu’on lit son billet, on comprend qu’en réalité, bien avant de réfléchir sur la durabilité douteuse du système français, l’ami Serge veut surtout sauver ses miches :

« Comment, par exemple, faire enfin approuver par Bruxelles le fait de taxer les fournisseurs d’accès, dont la contribution au financement du cinéma est un élément stratégique aujourd’hui ? »

Lisez-vous la terreur à peine voilée qui se cache derrière ces mots écrits la sueur au front ? Si jamais (par le plus grand, le plus abominable des malheurs) la Commission venait à lire l’atroce article de Maraval, c’en serait fini de ses rêves humides d’aller choper les portefeuilles joufflus des internautes pour le moment presqu’inaccessibles ! Comprenez-vous que tous ces édifices publics (ministère de la Culture, CNC, Cinémathèque) ne se sont en réalité jamais confrontés aux vrais choix du public, ceux dans lesquels il est prêt à mettre son argent ? Voyez-vous qu’il est bien plus aisé d’aller téter de la subvention en léchant les bottes de quelques puissants peu nombreux mais bien placés plutôt que plaire à des millions ?

Lorsque la rédaction du Monde a repris ses esprits, plusieurs jours après la parution de l’article initial, le mal était fait et la polémique déjà virulente. Un petit article de leur cru permet de faire un rapide état des lieux.

On y découvre que les producteurs égratignés par Maraval n’ont pas franchement apprécié (non, sans blague ?), à l’instar de Manuel Munz, qui nous a infligé La Vérité si je mens 3. Mais bon, rassurez-vous, la petite mine froissée de Munz ne durera pas puisqu’il reconnaît que ses acteurs et lui-même n’ont jamais gagné autant d’argent qu’avec ce film alors même que, dixit le Monde, « ses résultats en salles ont déçu »… Si Maraval explique que ses résultats (financiers, donc) sont mauvais, cela donne une assez bonne idée de la gabegie qui a pu avoir lieu dans cette production qui aura attiré plus de 4.5 millions de spectateurs, nombre qui aurait assuré de juteux bénéfices à n’importe quelle production il y a quelques décennies.

Notons que d’autres réalisateurs, confrontés eux aussi aux mêmes réalités que Maraval, le rejoignent sans mal, comme Bertrand Bonello qui se demande ainsi :

« Vincent Maraval a raison de dire que le cinéma français est trop cher. Pourquoi les Américains font-ils des films de dingue à 2 millions d’euros, alors que nous, on fait l’équivalent pour 4 millions d’euros, et en plus ça ne se voit pas ? »

Eh oui, Bertrand, excellente question. Peut-être est-ce parce que, sur les 4 millions, une bonne partie a été récupérée sans efforts et sans risque sur le dos des contribuables et qu’elle peut donc être dépensée sans aucune difficulté en champagne et cachets surgonflés ? Et sans doute est-ce aussi parce que sur ces 4 millions, au moins deux seront repartis bien vite en taxes, cotisation et impôts qui, il faut bien le dire, impressionnent bien plus les ronds-de-cuir de Bercy que la pellicule photo : le fric largué au fisc ne transparaît jamais dans la qualité des décors, de la musique ou des effets spéciaux d’un film français.

L’aveuglante réalité qui ne plaît pas dans ce qu’a écrit Maraval, et qui n’est d’ailleurs pas mis en doute (ou contestée avec mollesse ou mauvaise foi), c’est que le cinéma français vit dans une parfaite bulle, détachée de la réalité. Cette bulle, affublée du nom d’« exception culturelle française », c’est justement qu’on arrive encore à produire 200 films de merde par an (pardon, 198) en pillant le contribuable, d’une façon ou d’une autre. Si ce dernier n’était pas mis lourdement à contribution, le nombre de film produits serait divisé par deux ou trois. Si le marché n’était pas ainsi déformé, nous reviendrions comme dans les années 1950 et 60, à cette époque où les productions françaises attiraient par leur qualité intrinsèque et qui font qu’on les regarde encore aujourd’hui avec plaisir. Les dernières productions franchouilles dont se gargarisent les petits thuriféraires de la subvention (Holy Motors, Après Mai, Camille redouble par exemple) et dont personne n’a entendu parler dès qu’on s’écarte un tout petit peu du milieu franco-français du cinéma, qui ne laisseront aucune trace dans la mémoire de personne, ces productions sont l’exemple type de cette « exception culturelle française » pourrie : on a soit des grosses productions consternantes de médiocrité (avec 1 ou 2 exceptions par an, ratio ridicule lié au hasard), soit des micro-productions chiantes comme la pluie à Dunkerque un mardi midi de février. Il n’y a plus rien au milieu.

La suite, pour ce milieu du cinéma français qui refuse de voir la réalité en face, est déjà en train de s’écrire. D’ailleurs, le sujet a été pris au bond par l’excuse fadasse qui sert de Ministre de la culture pour proposer une bonne correction fiscale dans la tête des acteurs. Voilà qui va les inciter encore plus à rester au pays ! Décidément, la stupidité des socialistes ne connaît aucune limite. Et le résultat sera facile à deviner puisqu’il suffit de suivre le chemin tracé par l’industrie musicale : replié sur lui-même, se battant pour un statut-quo poussiéreux, le cinéma français périclitera, définitivement mis à terre à coup de subventions et de fiscalité débridée, comme tant d’autres secteurs.




 

 

Source : h16free.com
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H. Seize rédige sur http://h16free.com ses chroniques humouristiques d’un pays en lente décomposition, et apporte des solutions dans son livre, Egalité, Taxes, Bisous. Dans un monde toujours plus dur, et alors que la crise, la vilénie, les aigreurs et les misères allant de la maladie aux bières tièdes font rage, un pays fait courageusement face et propose toute une panoplie de mesures plaisamment abrasives qui permettront d'aplanir les aspérités, gommer les difficultés et arrondir les angles. Ce pays, rempli de gentils et d'aimables tous les jours mieux pensant, est devenu un véritable phare scintillant dans la nuit noire de l'obscurantisme des méchants et des vilains. Et pour mieux scintiller, il s'est doté d'une devise qui est parvenue à se hisser au rang de slogan, d'accroche et de modus vivendi : pour chacun et pour tous, il faudra de l'égalité, des taxes, et des bisous.
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En belgique on a mieux, on a le tax-shelter. Les entreprises peuvent placer une partie de leurs bénéfices dans le cinéma, reçoivent 5% d'intérêts et cet argent est exonéré de taxes.
Sinon, le gouvernement subventionne beaucoup.

Mais la Belgique est un marché très intéressant à étudier :
- Au sud (francophone) : les socialistes tiennent la culture, donc c'est des socialistes qui décident des subventions. Le cinéma se résume souvent à du film social misérabiliste (à la Frères Dardenne), et n'intéresse personne. Rosetta, palme d'or à Cannes, avait totalisé 40.000 entrées en salles.
- Au nord (flandre) : on vise un cinéma plus commercial, plus moderne. Un thriller correct tel que "Loft" a fait plus d'un million d'entrées en salles et a un remake aux USA (sortie en avril 2013, même réalisateur). Ceci ne tue pas le cinéma d'auteur, comme le montre l'exemple de "Rundskop" (tête de boeuf), à la fois intéressant et populaire (commercial).

D'ailleurs aux USA aussi il y a des films sociaux et plus artistiques, intellectuels. Regardez seulement "The Visitor".

Donc voilà, faut moins investir, mais viser plus de retour commercial. Ainsi l'industrie se développe et les producteurs disposent de fonds qu'ils peuvent allouer aux films plus spécialisés. (C'est la stratégie de George Clooney : il fait des films commerciaux, puis des films intellectuels financés avec l'argent des premiers, et ainsi de suite).
Un film commercial n'a pas besoin d'un méga budget. Cela commence avec un bon scénario, une bonne idée bien exploitée. Quand l'auteur présente son projet au directeur de production, ce dernier doit dire "on retire tel et tel trucs car c'est trop cher et ça n'apporte rien à l'histoire"..... or dans un système trop grassement subventionné, le directeur de prod il dira juste "oh trop bien, on va foutre blindé d'effets spéciaux ici, t'inquiète pour le fric, l'état donnera ce qu'on lui demande".

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La subvention, c'est la corruption au propre comme au figuré.
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et je peux confirmer pour un autre domaine : la subvention a tué la recherche/expertise scientifique.
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RalphZ - 1/9/2013 at 7:56 PM GMT
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