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Les leçons à tirer de l’Argentine

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Casey Research
Published : April 15th, 2013
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Ce que nous apprend l’Argentine

Le gouvernement n’est pratiquement plus respecté

Tous les Argentins que j’ai pu rencontrer perçoivent les membres de leur gouvernement de manière plutôt rationelle. J’entends par là qu’ils les traitent avec très peu de respect. La seule exception à la règle est peut-être le policier de quartier, qui est généralement vu comme quelqu’un de pacifique.

Pour ce qui concerne les élites au pouvoir, l’idée générale est qu’ils ne sont que des escrocs qui n’agissent que dans leur propre intérêt et n’ont aucune idée de comment une société fonctionne ou des conséquences de leurs conspirations farfelues. Ainsi, le flot régulier de mauvaises politiques qui émerge des couloirs du bâtiment du pouvoir est généralement appréhendé avec le plus grand dédain – quand les gens prennent la peine d’y prêter attention.

L’un des exemples que je pourrais citer ici est celui des récentes régulations liées au système de change. Si un Argentin veut acheter des dollars pour voyager à l’étranger par exemple, il doit remplir un formulaire pour demander la permission d’échanger ses pesos contre des dollars. Dans la très peu probable éventualité où sa demande est acceptée, l’agence gouvernementale chargée d’assurer ce type d’échanges lui explique qu’elle n’a plus de dollars et lui demande de revenir la semaine prochaine… Et bien souvent, cela veut dire que notre Argentin n’obtiendra jamais ce qu’il a demandé.

C’est à ce moment qu’entrent en jeu les changeurs de devises. Bien qu’ils soient supposés être illégaux, j’ai été accompagné il y a quelques jours par un ami dans une rue de Salta City où ils opèrent en plein jour, au vu et au su de la police qui ne semble que très peu se soucier de tous ces hommes qui offrent de changer des pesos pour des dollars en hurlant à pleins poumons.

Le contact de mon ami, un homme rondelet et joyeux qui opère dans un café, m’a invité à me rendre derrière le comptoir entre deux serveurs qui, entre deux tasses de café, manipulaient rapidement d’épaisses liasses de billets de 100 dollars. Je n’ai aucune idée de la somme exacte de monnaie qui se trouvait derrière ce comptoir, mais mes 500 dollars ne paraissaient rien en comparaison.

En seulement quelques minutes, après une poignée de main ferme et un poli ‘muy amable’, j’obtenais des dollars pour un taux de change deux fois supérieur au taux officiel.

‘Pourquoi ce genre d’endroit n’est-il pas une cible privilégiée des voleurs ?’ ai-je demandé à mon ami alors que nous partions.

‘Les choses ne fonctionnent pas comme ça par ici. Et si vous essayiez, vous ne parviendrez certainement pas à faire dix pas dans la rue. Tout le monde ici a ses protections’.

Loin de ce que nous, Américains, avons été incités à penser depuis le plus jeune âge, les Argentins reconnaissent le gouvernement pour ce qu’il est – une menace réelle – et ne ressentent aucune gêne morale à établir des solutions alternatives.

La police qui patrouille les rues bondées de changeurs de devises reçoivent-ils une sorte de pot-de-vin pour agir en tant que sécurité personnelle ? Bien entendu, et pourquoi pas ?

Est-ce que cela dérange quelqu’un ? Pas que je sache. A dire vrai, si vous demandez aux Argentins si cela les dérange de violer la dernière loi en date, ils vous regardent comme si vous descendiez d’une soucoupe volante.

Leçon: Il fut un temps où les gouvernements étaient de petite taille et inconséquents. Mais cette époque est révolue. Il nous faut désormais comprendre que notre gouvernement représente une menace et agir en conséquence, même si cela signifie partir pour des juridictions dans lesquelles nous sommes vus comme des touristes et non des vaches à lait.

Les apparences ne sont pas tout, mais elles ont leur importance

En Argentine, les gens vous traitent en fonction de ce à quoi vous ressemblez. Si vous allez à la banque ou allez faire vos courses avec une paire de jeans délavé à la mode, il y a de fortes chances que la personne qui se trouve en face de vous lors de la transaction vous prenne pour un infortuné qui ne peut pas se permettre d’acheter une paire de jeans décente. En conséquence, en fonction de la personnalité de l’individu à qui vous avez affaire, vous pourriez être traité avec sympathie ou avec le plus grand dédain.

C’est pour cette raison que les gens tendent à se vêtir aussi bien qu’ils le peuvent, peu importe leur situation sociale.

Il est assez facile de comprendre comment ce genre de normes culturelles s’installe. Après tout, très peu de gens ici portent des montres très chères, conduisent des voitures de sport et se promènent avec des sacs à main Gucci – les codes qui déterminent un statut social aux Etats-Unis et en Europe. Bien entendu, en Occident, toutes ces choses ont de grandes chances d’avoir été achetées avec de l’argent emprunté, ce qui biaise le rang social que peuvent laisser paraître certaines personnes.

Ici, en Argentine, la dette personnelle est quelque chose de très peu commun. Les choses apparaissent comme ce qu’elles sont, c’est pourquoi les gens se vêtissent du mieux qu’ils peuvent.

Il y a quelques années était publié le best-seller Dress for Success, mais malheureusement, il semblerait qu’il n’ait pas eu énormément d’impact sur les Américains, pour qui les marcels et les shorts de basketball sont des tenues de tous les jours.

Leçon: Même les individus les plus résilients savent que faire bonne impression est une bonne chose. Si vous voulez être bien traité, habillez-vous en conséquence.

Accomodez-vous pour être accepté

Il me semble personnellement qu’aux Etats-Unis, les gens s’isolent et se détachent de plus en plus de leur communauté.

Dans la petite ville de Cafayate, il fait bon de voir les gens travailler ensemble en harmonie. Pour vous donner un exemple, une grande partie de l’année, le café du coin de la rue n’emploie personne parce qu’il n’a pas assez de clients. Mais quand il se remplit, l’ami du propriétaire vient lui donner un coup de main. Ainsi, de temps à autres, vous pourriez être servi par le technicien local, un chirurgien cardiaque ou le chef d’une famille vinicole de la région. Bien que j’ai, jusqu’à présent, refusé de faire le service (mon espagnol n’est pas encore assez bon), j’aide moi-même parfois à arranger et desservir les lourdes tables de bois.

Ce genre de coopération existe partout – les gens sont toujours prêts à vous aider, et vice versa. Les amis s’embrassent sur les joues pour se dire bonjour, et créer des liens est ce qu’il y a de mieux à faire lorsque l’économie pique du nez.

Leçon: Les économies fonctionnent mieux sur le principe de la coopération. Lorsque le temps se gâte, tout le monde a besoin de ses amis et connaissances. Construisez-vous un cercle d’amis dans lequel vous êtes certain de pouvoir avoir confiance.

Soyez attentif aux opportunités d’entrepreunariat

Bien qu’une assez grande partie de la population dépende des Peronistas – le gouvernement encourage ridiculement les naissances en offrant une aide financière aux mères célibataires – la plupart des gens savent qu’ils ne dépendent que d’eux-mêmes pour leur survie et celle de leur famille.

Ainsi, quelque soit la direction dans laquelle vous regardez, vous pouvez apercevoir une multitude d’opportunités entrepreunariales.

Par exemple, un matin du mois de janvier – qui est une période de vacances à Cafayate, ce qui fait que la ville est bondée de touristes – devant les portes d’une école, j’ai vu un homme proposer la location de vélos et de tricycles. Je ne suis pas sûr de combien il demande pour cela, ni s’il est asuré contre une personne qui lui prendrait un vélo et ne reviendrait jamais, mais tout à coup, ses vélos étaient partout.

L’un de mes micro-entrepreneurs préférés est le vendeur de pain d’en bas de la rue dans laquelle je réside dans l’attente de la fin de la construction de ma maison à La Estancia. Son magasin ne consiste en rien de plus qu’un baril coupé en deux et d’une grille. Jetez-y un peu de bois, mettez-y le feu, et en moins de 30 minutes, vous avez du pain frais, avec ou sans fromage.

Selon le propriétaire du café, le vendeur de pain vendrait près de 100 petits pains par jour et gagnerait bien sa vie selon les standards locaux. A la fin de la journée, il met son charbon dans un container en métal, met ses affaires dans une brouette, et rentre chez lui.

Ici, les samedis et dimanches, il est une tradition pour les entrepreneurs de rue de cuisiner des poulets entiers aux coins des rues. Je vous défie de trouver un meilleur poulet où que ce soit.

Ces vendeurs de rue sont’ils supposés avoir un permis ? Probablement. En ont-ils ? Certainement pas. Paient-ils des taxes sur leurs ventes ? Ne me faites pas rire. La police vient-elle dépenser une poignée de pesos pour un poulet grillé comme si de rien n’était ? Peut-être. Il n’en est pas moins que l’économie fonctionne. Les gens font ce qu’ils peuvent pour s’en sortir.

Leçon: En temps de crise, il peut exister des manières très simples d’accumuler des revenus. Quoi de plus simple que d’ouvrir une boulangerie de rue avec un demi-baril ? Bien entendu, si vous vivez dans l’un de ces pays des Droits de l’Homme, même vendre un verre de limonade requiert un permis et des inspections sanitaires. Il n’en est pas moins qu’il existe certainement des opportunités, où que vous soyez, qui puissent vous permettre de vous en sortir sans être déclaré.

Anticipez

Lors de deux conversations, j’ai mentionné à mes amis Argentins le thème de ma mission d’aujourd’hui – ce que les Américains et les citoyens des démocraties en déclin ont à apprendre des Argentins et de la manière dont ils peuvent s’adapter à la crise. Ils m’ont répondu ‘Nous avons appris que nous pouvions nous réveiller un matin au beau milieu d’une nouvelle crise. C’est pourquoi nous sommes toujours préparés’.

Aux Etats-Unis, très peu de personnes ont déjà fait l’expérience de se réveiller un matin pour découvrir que les banques étaient fermées.

Lors de la dernière grosse crise Argentine, en 2001, le plus gros problème a été qu’il n’y avait plus de liquide dans les rues. Ceux qui avaient eu la jugeotte d’accumuler du liquide chez eux ou avaient une carte de crédit qui fonctionnait encore s’en sont sortis. Les autres ont eu bien plus de difficultés à traverser la crise.

Avec plusieurs trillions de dollars de produits dérivés qui pendent au-dessus des marchés tels des épées de Damoclès, le risque d’un effondrement financier global n’est pas à ignorer.

Ici, dans la petite ville agricole de Cafayate, je pense qu'un effondrement du système global n’affecterait personne, si tant est que tout le monde ait du liquide et des produits qui puissent être troqués. Je doute qu’il en ira de même dans les grandes villes.

Leçon: Demandez-vous comment vous satisferiez vos besoins de base si le système financier s’effondrait demain, ou si nous assistions à un nouveau 11 septembre – peut-être même à une cyber-attaque – qui suspendrait les opérations commerciales et les livraisons de nourriture.

Restez actif et faites attention aux excès

Les Argentins sont généralement très actifs physiquement. Peut-être cela a-t-il quelque chose à voir avec leur culture qui apprécie ceux qui ont l’air soigné, ou un attribut de leur héritage Italien que commentent fréquemment les visiteurs. Mais quelle qu’en soit la raison, en dehors de la période de sieste, les Argentins ne cessent pas de bouger.

Ils font beaucoup de sport – football, tennis, golf, polo – jusqu’à leurs vieux jours. Ils font du vélo, du cheval, vont à la gym et marchent beaucoup. Pour lier cette caractéristique à leur société résiliente, disons que les gens savent qu’ils ne dépendent que d’eux-mêmes et que s’ils tombent malade, ils seront un fardeau pour leur famille.

Bien que je connaisse beaucoup d’Argentins qui fument, d’après ce que j’ai pu en voir, ils ne fument pas constamment. Ils ne consomment que quelques cigarettes par jour, pour ponctuer la fin d’un repas, par exemple. Et bien qu’il existe des piliers de comptoir dans chaque société, à Cafayate, vous avez plus de chance de croiser quelqu’un qui boit un café en terrasse. Ici, le vin est généralement réservé pour le dîner.

Leçon: La vie peut être difficile pour ceux qui perdent leur santé, particulièrement si le climat économique est mauvais. Restez actif et souvenez-vous : consommez avec modération.

Il existe d’importantes opportunités de profits sur les marchés désordonnés

J'ai brièvement abordé ce sujet dans l'un de mes récents articles. Sur les marchés en désordre – comme le marché Argentin sur lequel on ne sait jamais quelle folie régulatoire viendra s’abattre – il existe d’importantes opportunités de profit.

Un propriétaire Argentin à La Estancia, ancien employé d’une société qui fabrique des produits électroniques à l’international, m’a une fois expliqué qu’il était possible pour sa société de tirer des marges quatre fois supérieures à celles qu’elle pouvait obtenir sur des marchés plus calmes.

La raison à cela est évidente. Si un environnement est simple et organisé, il est rapidement inondé de nombreux compétiteurs, ce qui réduit les marges.

D’autre part, lorsque l’idée même d’entrer un marché fait trembler les hommes d’affaire Occidentaux jusqu’à la moêlle, le nombre de compétiteurs se trouve très affaibli et les marges peuvent aller aussi haut que peut le supporter le marché.

Ainsi, lorsque la sélection de biens électroniques et de produits ménagers est relativement restreinte, vous pouvez toujours obtenir ce dont vous avez besoin localement – et à un prix raisonnable, si tant est que vous n’ayez pas que des pesos et que l’inflation n’ait pas rendu tous les prix trop chers pour vous. Les sociétés que je vois dominer le marché, c’est-à-dire celles qui ont le courage d’aller où les autres n’osent pas, sont Phillips, Samsung, LG, et dans une moindre mesure, Sony. Sachez qu’aucune de ces firmes n’est Américaine.

(Bien que je n’aie pas observé les données publiées par ces firmes, il semblerait que Samsung domine le marché. Si la société répète de tels succès à l’international, elle pourrait offrir une opportunité d’investissement).

Plus tôt cette semaine, je traversais Salta City après un court séjour en Uruguay et me suis arrêté au supermarché Jumbo, dont le siège, si je ne m’abuse, se trouve au Chili. Il ressemble à n’importe quel centre commercial que vous pouvez voir aux Etats-Unis. Ce genre de société peut s’en sortir dans un environnement aussi changeant que celui de l’Argentine. Et si elles le peuvent, alors elles peuvent fonctionner n’importe où.

Leçon: Une chose difficile ne signifie pas qu’elle ne doit pas être faite… tout ce qu’il faut, c’est être plus intelligent et plus courageux que la compétition.

Soyez multitâche

En raison des régulations socialistes qui imprègnent tout, les sociétés Argentines ont peur d’embaucher. Mon ami propriétaire de café m’a expliqué que son cuisinier, en plus d’être cuisiner, nettoie aussi les toilettes, fait la vaisselle, balaye le trottoir, lave les vitres… En clair, il fait tout ce qu’on lui demande de faire. C’est ce caractère multi-tâche qui permet aux sociétés de tirer une marge intéressante de leurs ventes et de survivre malgré un climat économique défavorable. Elles évitent ainsi toute taxe liée à l’embauche.

Les entreprises recherchent également la moindre opportunité d’éviter d’avoir des inventaires trop importants et des coûts fixes. L’un de mes exemples favoris est la carte des vins du café d’à côté, qui liste les vins que vend le magasin de vin d’en face – avec une marge, bien entendu. Quand vous commandez votre vin, le serveur traverse la rue, achète une bouteille qu’il place sur votre table. Aucun inventaire nécessaire, et le café tire profit de la transaction. (Un jour, alors que le café était particulièrement bondé, j’ai aidé le serveur en allant chercher le vin qu’il me vendrait ensuite).

Leçon: Si vous avez une entreprise, employez des technologies qui économisent le temps de travail, et combinez les tâches de vos employés pour réduire vos coûts. Prévoyez également une hausse de 20% de vos revenus et apprenez à gérer tous ces nouveaux chiffres pendant que vous en avez encore le temps.

Pas de politiquement correct

Bien que la voie vers le socialisme soit pavée de nombreuses briques, je pense qu’adopter une attitude politiquement correcte est un bienfait. Parce qu’une fois que vous cessez d’accepter le fait que d’autres puissent être différents de vous, la seule position qu’il vous reste est de dire que tout le monde est pareil, ou en d’autres termes, que tout le monde est égal.

Et pourtant, le plus bref coup d’œil suffit à se rendre compte que ce n’est pas le cas. Certains sont plus intelligents et d’autres plus bêtes que la moyenne. Certaines personnes sont charmantes, et d’autres ne sont que des ennuyeux de première classe qui passent leur temps à envoyer des emails à tous ceux qui ont la malchance d’être dans leur carnet d’addresses.

Ici, en Argentine, il est assez drôle et révélateur de voir que les gens reçoivent des surnoms en fonction de leurs caractéristiques physiques ou mentales. Parmi mes amis, je compte Pelado (le chauve), Gordo (le gros), Cuca (diminutif pour cucaracha, le cafard), Flaca (le maigre), Capo (le boss), Turko (le Turc), et mon favori, Grande Cabeza (grosse tête).

Cela n’a rien à voir avec de la méchanceté, ce n’est rien qu’une description que tout le monde juge correcte. Personne n’est jamais offensé de se voir donner un surnom qui serait considéré comme insensible en Occident.

Le politiquement correct de l’Occident pourrait faire perdre ses moyens à un Argentin, voir le faire rire tout haut.

Leçon: Pas vraiment de leçon à tirer ici. Vous pourriez simplement mettre fin au politiquement correct en vous montrant politiquement incorrect à la moindre occasion qui s’offre à vous.

(Mon ami Doug Casey est un expert en la matière, comme vous pourrez le constater si vous lisez son dernier livre, Totally incorrect, disponible sur tablette. Plus ici).

Révisez votre définition de la monnaie

Lorsqu'un Occidental arrive en Argentine, il n’est pas rare pour lui de se sentir coupable d’avoir une aide domestique – quelque chose que 99% des Américains ne connaissent qu’au travers d’anciens contes.

Et pourtant, après avoir passé quelques temps avec des gens qui font des travaux subalternes, vous réaliserez que la monnaie n’a rien à voir avec le bonheur. Pour toute personne en-dessous d’un certain niveau social vivant dans une économie frontière, la vie a toujours impliqué de travailler dur pour un salaire modeste.

Lorsque j’examine le travail accompli par les maçons qui construisent ma maison, je suis toujours étonné. Pas seulement par l’effort que leur travail demande, mais par l’attention et la fierté avec laquelle ils l’accomplissent. Je me suis presque senti coupable d’avoir une si belle maison à un endroit si magique où les gens ont si peu.

Et puis je me suis demandé : ‘Si peu de quoi ?’

S’amusent-ils au travail ? cela pourrait vous surprendre, mais oui… il existe ici beaucoup de camaraderies entre collègues. Mangent-ils bien ? Absolument. La nourriture est peu chère, et je n’ai jamais vu personne qui avait l’air d’avoir faim. Passent-ils du bon temps avec leur famille ? Oui. Ils ont plus de jours de repos qu’un Américain moyen. Vivent-ils dans un endroit merveilleux ? Evidemment.

De quoi manquent-ils ? Ils n’ont certainement pas beaucoup d’argent – bien qu’ils conduisent tous une mobilette ou une voiture en état de marche. Certains peuvent n’avoir qu’un vélo, mais dans une ville si petite, que demander plus ? Besoin d’aller en ville ? Il existe des services de bus et des taxis qui coûtent bien moins cher que de conduire sa propre voiture.

Je ne dis pas qu’avoir plus de sous ferait du mal à qui que ce soit, mais l’argent est-il essentiel pour vivre heureux ? Je ne pense pas. Comme me l’a dit mon ami Argentin Leo, ‘David, je connais des gens qui n’ont pas d’argent et qui sont toujours heureux, et je connais des gens qui ont de l’argent et qui sont sans cesse misérables. Pour moi, l’argent n’a rien à voir avec le bonheur’.

Lorsque j’étais jeune et collectionnais les petits boulots, j’étais heureux que quelqu’un m’offre un travail. De la même manière, ici, ceux qui construisent ma maison sont heureux de travailler et ne partent pas du principe qu’ils devraient haïr les gens plus riches qu’eux. Les bénéfices d’un tel état d’esprit se ressentent dans les deux sens. Les employés sont heureux de vivre, et les employeurs sont heureux d’améliorer leur qualité de vie.

Leçon: Aux Etats-Unis, beaucoup de gens se concentrent trop sur l’argent et ne font pas assez attention aux plaisirs que leur apporte la vie. Les médias et les hommes politiques sont responsables de cette obsession de la même manière qu’ils sont responsables des divisions entre classes économiques et bords politiques. Tout le monde ne peut pas être chef d’entreprise, mais cela ne devrait pas empêcher qui que ce soit de vivre une belle vie. Lorsque les temps se compliquent, recalibrez votre vie en fonction de vos moyens, et vivez du mieux que vous pouvez.

Quant à la qualité de vie, grâce à la disponibilité d’aides domestiques ici en Argentine, toute personne qui dispose de moyens modestes peut s’offrir sa propre vie de château et ne jamais avoir à laver une assiette, une maison ou faire le linge – à moins de le vouloir, bien évidemment. Vous voulez un café ? Le voilà déjà sur la table. Voilà qui vous laisse bien plus de temps pour vous adonner à des activités plus intéressantes.

L’importance de la réputation

 Ici, en Argentine, l’analyse de crédit qui semble endémique en Occident n’existe pas – parce que les crédits personnels y sont quasiment inexistants.

En conséquence, les gens font plus attention à la manière dont ils commercent avec les autres. Si vous voulez installer le wifi chez vous, il y a des chances que vous ayez à payer la moitié du coût d’installation d’avance.

De la même manière, tout le monde fait très attention à sa réputation. Tout le monde connait tout le monde ou du moins, c’est ce qu’il paraît. Dans tous les cas, il ne faut jamais attendre longtemps avant de croiser quelqu’un qui connaît la personne sur laquelle vous cherchez des renseignements.

Les gens hésitent toujours avant de vous dévoiler la réputation de quelqu’un d’autre, et utilisent généralement une variété d’euphémismes. Par exemple, une personne peut être ‘non éduquée’, ce qui est la pire des insultes dans une culture qui est fière de son éducation. Quelqu’un peut-être décrit comme un ‘maviviendo’ – une personne aux très mauvaises habitudes.

En général, lorsque quelqu’un cherche des renseignements au sujet de quelqu’un d’autre, on lui dit souvent ‘el es un buen gente’ – c’est un bon gars.

Leçon: Les gens n’agissent pas d’une certaine manière simplement parce que les règles le leur demandent – mais parce qu’ils savent que pour être acceptés dans la société, ils doivent coopérer avec les autres. En d’autres termes, toute action a des conséquences. Lorsque les temps deviennent difficiles, votre réputation peut être la chose la plus importante dont vous disposez.

Apprenez à prendre des coups

Comme je l’ai dit en introduction, les Argentins ont tous vécu des périodes de crise, ce qui les a rendus très résilients et leur a donné un sens de l’humour qui persiste aussi bien au travers de périodes calmes que de périodes de troubles. Je ne fais bien entendu que généraliser ici, mais je trouve l’optimisme fataliste des Argentins infectieux.

J’entends par là qu’ils s’attendent à ce que de mauvaises choses arrivent à l’Argentine – et au vu de leur histoire, comment pourraient-ils ne pas voir les choses ainsi ? – mais ils savent dans le fond de leur cœur que les choses vont finir par s’arranger, parce qu’elles le font toujours.

Entre temps, ils reposent sur leur famille et leur communauté pour traverser des périodes difficiles. Peu importe ce qu’il se passe, ils savent que quand viendra samedi, ils auront droit à un ‘osado’, un plat de viandes, avec leurs amis et leur famille.

La même chose s’applique aux crises bureaucratiques. Plutôt que de s’en énerver, ils se montrent patients, en discutent, puis s’en vont détruire tout ce qui se tient sur leur chemin.

Leçon: Comprenez que le monde n’est pas parfait et ne le sera jamais. Prêtez attention aux bonnes choses, et ne vous concentrez pas sur les mauvaises – si vous conservez une bonne attitude, vous arriverez de l’autre côté en bonne forme.

Diversifiez à l’international

J’ai la ferme impression que les Argentins modestes ont depuis longtemps internationalisé leurs actifs.

Traditionnellement, ils commencent par ouvrir un compte en Uruguay, de l’autre côté de la rivière. Mais les Argentins les plus riches ont des actifs tout autour du monde. Ils s’organisent ainsi parce qu’ils savent qu’ils ne peuvent pas faire confiance à leur gouvernement, mais aussi parce qu’ils savent que leur gouvernement n’a pas les moyens nécessaires de contrôler tous leurs comptes ‘au noir’.

Cette leçon pourrait s’avérer importante pour beaucoup d’entre vous. Un nouveau système de régulations a rendu très difficile l’ouverture et le maintien d’un compte financier en dehors des Etats-Unis – ou devrais-je dire en dehors de la portée du gouvernement Américain.

La semaine dernière, on m’a dit que mon fond international devait fermer ses comptes primaires étrangers, et un ami qui vit en Uruguay depuis des années à récemment dû fermer son compte en banque.

Je devrais certainement me plaindre de la manière dont mon gouvernement croit qu’il peut me dicter où placer mon argent, mais maintenant que je me sens plus Argentin qu’Américain, je ne m’en sens plus l’énergie.

Je me contente donc de prendre le coup et de faire ce que j’ai à faire pour conserver mes actifs hors de la portée du gouvernement des Etats-Unis.

Leçon: Diversifiez à l’international. Que vous achetiez des biens immobiliers ou des certificats Perth Mint en Australie… faites ce que vous pouvez avant qu’il ne soit trop tard.

Pour clarifier ce point, sachez que je ne vous conseille en rien d’aller cacher vos actifs à l’étranger – ce qui serait inutile compte tenu du long bras du gouvernement des Etats-Unis et des gouvernements Occidentaux en général. Votre objectif premier serait de passer vos actifs de l’autre côté de la frontière afin que le gouvernement des Etats-Unis ne puisse pas bloquer vos fonds – ou vous les prendre sans préavis, ce qui pourrait vous arriver si vous les gardiez aux Etats-Unis.

Un petit mot pour la fin

Pour ceux qui vivent dans les démocraties en déclin, attendez-vous à ce que les choses deviennent de plus en plus difficiles dans le futur. Si mon analyse s’avère correcte, le genre de crises auxquel se sont habitués les Argentins s’abattra bientôt sur les Etats-Unis et autres nations développées.

Ce qu’il s’est passé en Grèce n’est qu’un avant-goût de ce qui apparaîtra dans votre quartier au cours de ces prochaines années.

En conséquence, vous devriez prendre le temps dès maintenant de devenir résilient, particulièrement si vous comptez survivre à l’attaque à venir des individus par l’Etat. Aussi loin que cela me concerne, l’Argentine est l’endroit le plus approprié pour cela.

Que le pays soit un paradis ensoleillé empli de bonne nourriture, d’excellents vins et de charmantes personnes n’est que la cerise sur le gateau. Après tout, qui dit qu’il est impossible de s’amuser en s’acclimatant au chaos ?

Je trouve assez intéressant de contempler ce qui est sur le point de se passer globalement. Comme je l’ai dit dans un précédent article, au cours des hyperinflations de ces derniers siècles, les locaux ont toujours eu une devise plus forte qu’ils pouvaient acheter sur le marché noir et conserver pour préserver leur pouvoir d’achat.

Dans l’Allemagne de Weimar, c’était une autre devise. En Hongrie, c’était le mark Allemand. Au Zimbabwe, c’était le rand Sud-Africain. En Argentine, c’était – et c’est encore – le dollar.

Mais que se passera-t-il lorsque le monde tournera le dos au dollar ? Qu’utiliseront les gens pour préserver leur pouvoir d’achat ? L’immobilier ? Probablement. Les métaux précieux ? Absolument – du moins là où il en existe encore de disponible. Des œuvres d’art et pièces de collection ? Probablement. Des boîtes de conserve et autres biens à la consommation tels que des bidons d’essence et des ampoules ? Bien sûr que oui.

Peu importe ce que ce sera, je vous assure que les Argentins seront les premiers à le découvrir.





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merisier - 4/15/2013 at 7:58 AM GMT
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