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S’il y a
bien un domaine où l’État agit de manière
légitime, c’est dans l’usage de la force pour
protéger ses citoyens. Frédéric Bastiat l’avait
souligné dans son texte sur la Loi en rappelant que l’Etat
n’est rien d’autre que « l’organisation
collective du droit individuel de légitime
défense ». Il ajoute que « c’est la
substitution de la force collective aux forces individuelles […] pour
garantir les Personnes, les Libertés, les Propriétés,
pour maintenir chacun dans son Droit, pour faire régner entre tous la
Justice. » Or dans cette dernière phrase, il parlait des
personnes, des libertés, des propriétés des individus
qui avaient décidé de constituer librement un État :
l’armée doit être utilisée pour protéger ces
individus-là et leurs intérêts puisque c’est eux
qui paient. Ayn Rand l’avait
souligné : l’État doit utiliser « l’armée,
pour vous protéger des envahisseurs étrangers. » Dans cette perspective, les maliens en
sont pour leur frais : il est évident que leur État ne
peut pas remplir son devoir envers eux.
En se portant
au secours de l’ancienne colonie française, François
Hollande substitue l’armée française à l’armée
malienne, en d’autres termes plus clairs et directs, il utilise l’argent
français pour assurer la protection de la population malienne. Mais alors, pour justifier que l’État
français engage ainsi l’argent de ses citoyens pour une autre
mission que celle de leur protection propre, la France doit avoir un
intérêt national évident au Mali ? La réponse
est non. François Hollande est explicite : « Les
terroristes doivent savoir que la France sera toujours là
lorsqu’il s’agit non pas de ses intérêts
fondamentaux mais des droits d’une population, celle du Mali, qui veut
vivre libre et dans la démocratie. » François
Hollande, comme presque tous ses prédécesseurs
d’ailleurs, détourne le rôle fondamental de l’armée
française qui est de protéger ses propres citoyens. Il fait endosser à la France le
rôle de gendarme de l’Afrique, prêt à utiliser le
droit d’ingérence pour intervenir partout où les droits
de l’homme seront en danger.
Afin de saisir
les conséquences de cette ligne politique pour chacun d’entre
nous, il faut se souvenir de cette réalité : la guerre
est une dépense publique. À ce titre, elle pèse sur
l’activité économique puisqu’il faut la financer. Quelques
chiffres pour avoir une idée du coût global : le
bombardement en Libye ordonné en 2011 par Nicolas Sarkozy avait
coûté officiellement 320 millions d’euros sur un budget
annuel des opérations extérieurs de 600 millions d’euros.
Il s’agissait seulement d’opérations aériennes.
Aujourd’hui, 2500 soldats sont engagés sur le terrain, soutenus
par des frappes aériennes, dans une guerre de reconquête avec
une perspective d’occupation pour sécuriser le Nord-Mali puisque
cet Etat est incapable de constituer une armée digne de ce nom. La
facture ira bien au-delà du milliard d’euros. Pour
mémoire, et toute proportion gardée, l’occupation de
l’Afghanistan et de l’Iraq par l’armée
américaine a couté près de 86 milliard d’euros par
an selon un bilan préparé en 2010 pour le Congrès
américain.
Cette dépense publique peut
être assumée si le pays possède une économie
solide. Or la France n’est pas un pays en bonne santé
économique, bien au contraire : une croissance flirtant avec le
0%, un chômage en constante augmentation, une pression fiscale qui fait
fuir les entrepreneurs, une industrie qui n’emploie plus, ce sont
autant de ressources financières qui se tarissent pour l’État.
Le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault parlait ces derniers temps de diminuer
la dépense publique, mais avec la guerre elle risque au contraire de
déraper et les quelques économies faites ici et là seront
inutiles. Dans ce cadre, la vraie question concernant la Guerre du Mali est :
la France a-t-elle aujourd’hui les moyens de mener cette guerre et
d’en assumer toutes les conséquences ?
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