Depuis
quelques semaines, les médias se font échos d’un certain
nombre de morts survenues en maison de retraite. Le 12 février
dernier, on pouvait lire sur le site d’Europe
1 : »une dame souffrant
d'Alzheimer a été retrouvée morte dans le jardin. Le Gouvernement
veut agir. »
Agir contre
quoi au juste ?
Toutes nos
prières vont bien sûr au salut de l’âme de cette
pensionnaire, mais nous avons été étonnés par la
réaction officielle de la Ministre en charge des personnes
âgées. En effet, si elle est souvent triste, la mort n’est
pas un « accident », et il n’est sans doute pas
nécessaire d’ouvrir une enquête parlementaire pour
vérifier qu’elle est l’issue inéluctable de nos
vies de contribuables.
Le ressort
émotionnel est en réalité un moyen de justifier une
nouvelle couche de réglementations dans le secteur du grand âge.
L’idée d’imposer l’utilisation de dispositifs de
géolocalisation des résidents est évoquée par le gouvernement.
Un boitier autour du cou ? Une puce sous-cutanée ? Une
montre GPS ?... N’est-on pas loin du problème numéro
1 en matière de maison de retraites et cela ne risque-t-il pas de
l’aggraver?
Car quelle que
soit la solution adoptée, elle viendra s’ajouter au cahier des
charges déjà très lourd pesant
sur les structures d’accueil pour personnes âgées. Marc
D., promoteur immobilier dans le secteur hôtelier,
confie : « Devant les difficultés que nous avons
rencontré pour trouver une place en maison pour ma mère, (…)
j’ai voulu lancer une chaine de résidences sénior
discount, mais j’ai finalement dû renoncer très rapidement
devant la jungle réglementaire et les coûts fixes qu’elle
suppose (personnel, normes sanitaires et architecturales, etc.) ».
Or, le gouvernement
n’a rie trouvé de mieux que de vouloir
encadrer les loyers des maisons de retraites, les jugeant excessifs. En
effet, une place en maison revient en moyenne à 1 857 euros par mois
au résident, soit 61 euros par jour, (2 242 euros en
Île-de-France) indique une étude
du cabinet d'audit KPMG publiée le 7 février dernier.
L’encadrement
des loyers aura malheureusement un effet mécanique de contraction de
l’offre, et in-fine, aggravera le problème de la pénurie
de places en maison de retraite. Or, la question est bien celle de
l’élargissement de l’offre. Aussi, pour multiplier les
places en maison, il est inutile de demander aux établissements les
plus chers de diminuer leurs prix, mais il faut permettre à des
acteurs d’émerger avec des coûts moindres, qui pourront proposer
leurs services à des tarifs plus bas.
La seule
solution réaliste qui permettrait de lutter contre la hausse du
coût de la pension des personnes âgées, et la
rareté des places disponibles passe donc par une simplification des
normes en vigueur.
Pour prendre
un exemple récent, ce n’est pas en encadrant le prix des
forfaits de téléphonie mobile que l’on a
accéléré l’équipement des Français,
mais en permettant à de nouveaux acteurs très motivés
d’émerger, et en laissant le marché proposer un large
panel de solutions commerciales (du low-cost au service
platinium).
Le gouvernement
devrait prendre très au sérieux cette question de la pension
des personnes âgées, qui sera assurément un secteur
incontournable de l’économie tertiaire des prochaines
années, et qui pourrait, à coups de réglementations et
d’encadrements, se transformer en cauchemar humain et donc national.
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